Audi A6 : enfin une berline électrique efficiente, merci Porsche ! (Oups !)
Par Didier Pulicani - Publié le
Après un virage électrique compliqué avec l'E-Tron et ses multiples déclinaisons, le constructeur d'Ingolstadt semble en panne d'inspiration. Les Q4 E-Tron ne sont en effet que des ID.4/Enyaq rebadgés, l'E-Tron GT reprend l'essentiel de la Porsche Taycan et même le récent Q6 E-Tron cache en réalité un Macan électrique. Sur le segment électrique, Audi est devenu -en quelques sorte- une sous-marque de Porsche.
Audi A6 : comment se démarquer de Porsche ?
L'audi A6 reprend donc logiquement l'architecture PPE du Q6, pardon, du Macan, mais avec une carrosserie de berline, disponible en version classique, break ou Sportback.
Cette fois, il n'y a pas encore d'équivalent chez Porsche, qui a sûrement hésité à faire passer sa Panamera à l'électrique. On tient là l'exclusivité d'Audi, qui souhaite conserver son rôle de grandes routières du groupe Volkswagen.
Côté look, on retrouve forcément les traits du concept, qui parait déjà un peu daté -2021, excusez du peu. Audi semble aussi en panne d'inspiration dans ses bureaux de design, mais il parait que les clients plébiscitent ce qu'on appellera donc le changement dans la continuité.
Pas de doute, il s'agit bien d'une Audi, mais avec des anneaux qui s'illuminent, une calandre pleine rappelant le Q4 (mouais), et ce gros diffuseur arrière hérité du Q8, un brin pachydermique. Adieu l'audace, qui se limitera à une signature lumineuse plutôt originale, il faut le reconnaitre.
On se consolera aussi avec un Cx entre 0,21 et 0,24 pour le break, plutôt de bons élèves pour la catégorie
efficience, aidés par les rétroviseurs caméras pourtant souvent décriés sur l'E-Tron, mais placés plus haut et avec une plus grande surface d'affichage -à tester, donc.
Ouf, l'A6 propose enfin un frunk à l'avant mais de seulement 27 litres, de quoi ranger ses câbles de recharge sans devoir sortir tout le coffre.
Même moteur, même batterie
Sous le capot, pas de surprise, on retrouve ici quasiment les spécifications du Macan (ou du Q6), à savoir :
• 370 kW (503 ch, 4x4) avec un 0 à 100 en 3,9 s.
Quant à la batterie, elle est énorme, à savoir :
• autonomie entre 721 et 757 Km d'autonomie
En matière d'autonomie, c'est évidemment mieux que les SUV (Q6, Macan...), de quoi rappeler aux clients que les berlines sont toujours les plus efficientes, à défaut d'être les plus logeables.
Enfin, la plateforme PPE brille par ses temps de charge :
• 10 à 80 % en 21 minutes
• Charge AC 11kW (22 kW à venir plus tard)
C'est évidemment très bien, même si les chinois font tout aussi rapide avec des véhicules sensiblement moins chers, comme chez Xpeng, ou du côté des coréens, avec les EV6/Ioniq6 depuis plusieurs années déjà. La puissance des moteurs n'est pas non plus inédite, une Tesla Model 3 Performance abat le 0 à 100Km/h en moins de 3,1s et la Model S Plaid gagne encore une seconde à l'exercice.
Le plein de (petits) écrans
Avec 3 écrans de 11,9" (compteurs), 14,5" (central) et 10,9" (passager), on se dit qu'Audi modernise enfin ses intérieurs, qui n'avaient pas beaucoup évolué depuis la présentation du Virtual Cockpit il y a presque 10 ans.
Nous n'avons pu tester le système, qui semble toutefois repris de celui développé Porsche Digital, qui tente de se démarquer des OS de Cariad/Volkswagen, même si la sous-couche reste la même. On l'a vu sur la Taycan, il y a bien quelques exclusivités (comme le planificateur dans CarPlay que l'on avait testé l'an dernier) mais l'ensemble reste assez pauvre en matière d'applications, de réactivité et de connectivité.
Sans un véritable Android et en attendant le système de Rivian, Audi doit faire avec les moyens du bord. Une petite intégration Chat GPT, des applications YouTube, et Spotify en natif et c'est (a priori) tout ! Pour Netflix, AppleTV+, Disney+ ou encore Amazon Prime, il faudra sans doute repasser. Ce n'est d'ailleurs pas avec un petit écran de 10,9" (en option) que le passager pourra vraiment profiter des longs métrages, une dalle de 15 ou 17" aurait été bien plus adaptée. Enfin, la clef sur smartphone ne semble pas non plus au rendez-vous, dommage. Audi précise avoir développé des jeux pour... l'afficheur tête-haute, est-on vraiment sérieux ?
Sur un véhicule premium, les clients attendent désormais une connectivité premium, et Audi doit se contenter de piocher dans le catalogue de Volkwagen et de Porsche pour la partie digitale, quand les chinois intègrent des Android Automotive (avec toutes les applications déjà disponibles) et des écrans toujours plus grands, sans se poser autant de questions.
Un tarif salé
Les Audi A6 électriques seront commandables dès octobre à partir de :
• 68 000 € pour l'A6 Avant (le break)
• 105 000 € pour la version S6 e-tron, la plus puissante
Une fois les options rajoutées, difficile de descendre sous les 80 à 100 000€, un tarif stratosphérique pour une berline affichant des performances proches d'une Tesla vendue moitié prix, et avec une connectivité d'un autre âge. Finalement, l'ID7 est peut-être un meilleur compromis tarifaire, mais la berline de Volkswagen repose encore sur l'ancienne plateforme MEB, un peu moins performante, sans parler des intérieurs beaucoup moins flatteurs -fallait-il seulement le préciser.
Je vous laisse en compagnie de mon pote Julien qui a pu découvrir le modèle en exclusivité, et qui semble, lui, bien plus emballé ! Bref, à vous de vous faire votre propre idée !