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Divorce et réseaux sociaux : qui garde le compte ?

Par Vincent Lautier - Publié le

Pour les créateurs de contenu dépendants de leurs réseaux sociaux pour gagner leur vie, le divorce pose une nouvelle question épineuse : qui garde les comptes partagés ? Entre valeur monétaire évidente, surtout pour les plus influents, et notoriété en ligne, la justice peine encore à encadrer ce domaine, laissant aux avocats le défi d’évaluer ces actifs numériques, parfois cruciaux dans le patrimoine d’un couple.

Kate Stickler, qui a pu garder le compte de leur couple "MikeAndKat".
Kate Stickler, qui a pu garder le compte de leur couple "MikeAndKat".


Les influenceurs divorcent aussi



C’est le Wall Street Journal qui raconte cette histoire. Lors de la séparation de Kat et Mike Stickler, le partage de leur compte TikTok commun, MikeAndKat, suivi par des millions de fans, s’est révélé être le principal enjeu pour chacun d’entre eux et pour leurs avocats. Kat a fini par conserver le compte, qu’elle a rebaptisé à son nom, ce qui a augmenté sa popularité. Grâce à ce gain directement monétisable, elle a pu investir et acquérir un logement. De son côté, Mike a récupéré leur compte YouTube, bien moins actif, et a changé de voie professionnelle. Ce cas révèle vraiment toute la complexité d’estimer la valeur d’un compte avec un grand nombre d’abonnés, souvent essentiel pour des influenceurs qui basent leur vie professionnelle sur leur notoriété en ligne.

Comme vous le savez, les revenus des influenceurs reposent largement sur des partenariats commerciaux, les marques payant cher pour toucher leur audience. Avec cet élément en main, les avocats évaluent les revenus de chaque compte pour proposer des options de rachat ou une répartition équitable. Mais au-delà des revenus passés, estimer la valeur future des comptes, en fonction de la fidélité des abonnés et de l’engagement potentiel, complique clairement les négociations. On imagine que des avocats ou des juges peu à l’aise avec les nouvelles technologies ou l’économie du Web pourraient vite se casser les dents devant de telles problématiques.

Ayumi Lashley
Ayumi Lashley


Rebranding et baisse d’audience après un divorce



Certains influenceurs, comme Ayumi Lashley, ont également exprimé à quel point il est difficile de maintenir une audience après une séparation. Ses abonnés étaient attachés à son image de couple, et sa popularité a énormément chuté après la rupture. À l’inverse, ceux qui sont connus pour des contenus indépendants du contexte familial (conseils, tutoriels) réussissent forcément mieux à rebondir. Pour ceux ayant bâti leur image sur leur vie personnelle, le rebranding post-divorce peut mettre en péril leur notoriété et, du coup, leurs revenus.

Vivian Vu elle a listé ses comptes sociaux dans son contrat de mariage
Vivian Vu elle a listé ses comptes sociaux dans son contrat de mariage


Protéger ses actifs numériques dès le départ



Anticipant ces risques, l’influenceuse Vivian Tu, spécialisée en finance, a inclus ses comptes dans son contrat de mariage, reconnaissant leur importance professionnelle. Cette précaution lui assure de garder le contrôle sur son image en cas de séparation. D’autres créateurs envisagent aujourd’hui de diversifier leurs revenus, en prévision d’éventuels changements d’algorithmes ou d’une rupture, pour pérenniser leur avenir financier.

Que pensez-vous de cette problématique ? À votre niveau, lors d’une séparation, vous êtes-vous déjà posé la question de savoir qui garderait un compte social utilisé en commun ? Pour être très honnête, j’ai moi-même dû me poser cette question pour un compte Instagram partagé avec une de mes anciennes compagnes. La seule bonne solution que nous avons trouvée a été de fermer le compte !