Recharge électrique : la DGCCRF veut mettre de l’ordre et faciliter l’utilisation des bornes
Par Vincent Lautier - Publié le
Je vous raconte une petite histoire ok ?
L’autre jour, en plein trajet entre Clermont-Ferrand et Nîmes, je me suis arrêté sur une borne Ionity pour recharger ma petite Zoé. Rien d’inhabituel jusque-là, sauf qu’un monsieur d’un certain âge est venu me voir, un brin paniqué. Il tenait sa carte bancaire à la main et m’a expliqué qu’il n’arrivait pas à charger sa Peugeot e5008 flambant neuve à 50 000 euros. C’est la première fois qu’il devait utiliser une borne, et sans cette recharge, son périple s’arrêtait là.
Sauf que voilà : chez Ionity, il n’est pas toujours possible d’utiliser directement sa CB. Sur certaines bornes, il faut une carte de recharge spécifique ou, à défaut, télécharger leur application pour y ajouter ses informations bancaires. Une tâche vite compliquée pour quelqu’un peu à l’aise avec la technologie. En l’aidant, on a découvert qu’il ne connaissait même pas le mot de passe de son compte Apple, donc impossible de télécharger l’application. Résultat, je lui ai payé sa recharge avec ma carte Chargemap et il m’a remboursé en liquide. Mais honnêtement, tout ça aurait pu être évité si un terminal classique pour CB avait été installé.
L’AFIR veut simplifier les paiements, mais tout le monde n’est pas prêt
Ce genre de situation est malheureusement fréquent. La réglementation européenne AFIR (Alternative Fuel Infrastructure Regulation), entrée en vigueur en avril 2024, a justement été pensée pour éviter ce genre de galères. Elle impose que toutes les bornes publiques installées depuis cette date permettent un paiement anonyme, sans contrat ni application. Autrement dit, un simple terminal de carte bleue devrait suffire. Les tarifs doivent aussi être affichés clairement pour éviter les mauvaises surprises.
Mais le problème, c’est que toutes les bornes installées avant cette date ne sont pas encore concernées. Et même pour les nouvelles installations, certains opérateurs traînent des pieds. Ils privilégient leurs propres systèmes ou des applications, ce qui laisse parfois les conducteurs dans une impasse, s’ils ne sont pas préparés.
Un problème de pédagogie en concession
Le souci vient aussi des commerciaux qui vendent les voitures électriques. Soyons honnêtes, beaucoup ne prennent pas le temps d’expliquer les subtilités de la recharge. Ils parlent d’autonomie, vantent les performances, mais oublient de prévenir que la carte bleue classique est encore loin d’être acceptée partout. Résultat : des conducteurs mal informés se retrouvent bloqués à des bornes qu’ils ne savent pas utiliser, parfois au beau milieu de nulle part.
Ce manque d’information est d’autant plus dommageable que les bornes avec un terminal bancaire classique existent déjà, mais elles sont encore trop rares. En attendant que la réglementation s’applique pleinement, il faudrait au moins que les nouveaux propriétaires soient formés aux différentes options de recharge. Comme les cartes multi-opérateurs ou les applications à installer en amont (je vous prépare d’ailleurs un article à ce sujet).
2025 : l’année des contrôles et des sanctions
Pour y voir un peu plus clair, la DGCCRF prévoit de lancer une vaste campagne de contrôles en 2025. L’objectif est de vérifier que les opérateurs respectent bien les obligations imposées par l’AFIR. En cas de manquement, les sanctions pourront atteindre 75 000 euros. Ces contrôles doivent permettre de garantir une transparence totale sur les prix, et surtout une simplification des paiements.
En théorie, cette initiative doit inciter les opérateurs à s’adapter rapidement, mais mettre à jour les anciennes bornes risque de coûter une fortune, et tout cela risque de prendre du temps. En attendant, les conducteurs doivent jongler avec les contraintes actuelles : applications multiples, abonnements, et parfois des tarifs peu clairs.
Les opérateurs doivent accélérer le mouvement
Des solutions existent pourtant. Certains opérateurs proposent déjà des bornes équipées de terminaux de paiement classiques. La transition est possible, à condition d’y mettre les moyens. Cela nécessite dans tous les cas un véritable effort de coordination entre opérateurs, constructeurs et pouvoirs publics.
Recharger sa voiture devrait être aussi simple que faire le plein à la pompe. Aujourd’hui, ce n’est pas toujours le cas. Entre les bornes incompatibles avec la carte bleue et le manque de préparation des conducteurs, le système fait peur, en particulier aux futurs acheteurs, qui sont encore dans l’hésitation. Avec ces contrôles de la DGCCRF prévus en 2025 et la généralisation des normes imposées par l’AFIR, on peut espérer que ces galères appartiendront bientôt au passé. En attendant, un conseil : prenez une carte de type Chargemap Pass, ça coûte 20 euros en une seule fois, et ça vous permettra de recharger partout, si besoin.