Test et installation de la borne de recharge BENY avec délestage pour voiture électrique
Par Didier Pulicani - Publié le
Il faut dire que le marché est plutôt vaste, les prix font le grand écart et les informations difficiles à obtenir vu le nombre d'acteurs (installateurs, certifications, marques...). Le plus compliqué est également de savoir si acheter une WallBox est vraiment utile, tant les besoins sont variés... Bref, un sujet complexe, qu'on va tenter de clarifier dans ce test de la borne BENY !
Avez-vous vraiment besoin d'une WallBox ?
Avant d'investir 500 à 700€ dans une borne et encore autant pour l'installation, posez-vous la question de savoir si une WallBox vous est réellement utile.
Avec un simple chargeur 16A/3,6kW (comme celui-ci que je vous présentais en vidéo ci-dessous), vous pouvez remettre environ 43 kWh en une nuit, soit 80 à 90% de la capacité d'une Zoé/e208 et les deux tiers d'une batterie de Tesla Model 3 Propulsion (60 kWh).
Plutôt que de toujours vous pousser à la consommation, sachez que pour un usage modéré de la voiture, y compris le trajet maison-travail, un chargeur sur prise renforcée suffit largement. Même en arrivant le dimanche soir à 0%, vous aurez assez d'énergie le matin pour aller au boulot ou rejoindre la prochaine borne rapide sur autoroute. A la maison, je ne charge les véhicules électriques que je teste, uniquement avec le chargeur pour prise renforcée, et ce, depuis 2 ans maintenant ! Et pourtant, je fais entre 30 et 40 000Km chaque année...
Il existe cependant quelques cas d'usage qui peuvent justifier l'achat d'une WallBox, notamment sur les gros véhicules. Avec une batterie de 80 kWh (Tesla Model 3/Y Grande Autonomie, ID4/Q4, XC40, Polestar...), il faut plus de 24H pour charger le véhicule entièrement sur une simple prise, ce qui peut parait un peu casse-pied à la longue.
Les professionnels (taxis, artisans...) apprécient également d'avoir un véhicule à 100% le matin, car ils ne savent pas toujours combien de kilomètres ils vont réaliser sur la journée. En une nuit, ils sont ainsi certains que la voiture sera au maximum de sa capacité le lendemain.
Enfin, une WallBox permet de charger la moitié d'une batterie en quelques heures seulement, ce qui peut être pratique durant la pause de midi ou si vous repartez pour un grand trajet dans la foulée. Cela permet aussi d'arriver à 0% le soir, sans le stress de se retrouver bloqué pendant la nuit en cas d'urgence ou le lendemain matin.
Quelle puissance ? 7, 11 ou 22 kW ?
Il existe 3 principaux types de bornes AC sur le marché et le modèle que l'on teste (BENY) propose bien ces trois puissances :
- 11 kW (triphasé)
- 22kW (triphasé)
Evidemment, la différence se fait surtout sur votre installation (mono ou tri), mais pas seulement. Dans notre cas, nous avons par exemple préféré installer une borne monophasée alors que nous avions le triphasé car la gestion du délestage est plus simple, et surtout, cela évite d'avoir trop de câbles à tirer. Vous pouvez aussi installer plusieurs bornes plus facilement (une par phase par exemple).
La différence entre une borne de 7 et de 11 kW n'est pas si importante à l'usage. Même avec une grosse batterie (80 kWh), la charge intégrale sera réalisée durant la nuit quelque soit le puissance. La vraie différence se fait surtout avec des bornes de 22kW (32A sur 3 phases), car en 2H seulement vous pouvez remettre la moitié d'une grosse batterie de 80 kWh ! Mais les modèles qui prennent en charge cette puissance se limitent à quelques marques (Mercedes, Smart, BMW, Renault...), et il faut aussi de gros abonnements chez votre fournisseur d'électricité.
Quand la borne fait sauter les plombs !
En Europe, les puissances moyennes des installations oscillent entre 6 et 12 kVA, ce qui reste assez faible à l'heure du tout électrique.
Avec 9 kVA, si vous allumez le four (3000 à 4000W), le fer à repasser et que le chauffe-eau se met en route, vous avez toutes les chances de voir le tableau électrique disjoncter ! Alors imaginez si vous deviez encore rajouter une borne de 7 ou 11 kW !
Le réflexe consiste généralement à augmenter la puissance de son abonnement, une fausse-bonne idée selon moi : passer de 15 à 30 kVA double pratiquement le prix de la souscription, soit 200€ de plus par an ! L'équivalent de 10 charges complètes d'une batterie de 80 kWH ! C'est d'autant plus ridicule que ce n'est tout simplement... pas utile.
En effet, une charge de voiture ne dure en moyenne seulement quelques heures par jour, il
suffitdonc de la brancher la nuit ou lorsqu'on n'utilise pas de gros électroménager. Plus facile à dire qu'à faire pas vrai ? Même si la plupart des véhicules proposent des créneaux de charge programmables, cela demande une petite gymnastique : vais-je faire du repassage ce soir ? Les enfants vont-ils se doucher tard ? Quid de mon petit chauffage d'appoint ? Et comment faire avec ma pompe à chaleur, dont le compresseur est intermittent ?
Certaines bornes, comme ce modèle de BENY que nous testons aujourd'hui, proposent plus de souplesse, en s'adaptant automatiquement à la consommation de la maison -c'est ce qu'on appelle du délestage. Plus besoin de programmer ou de jouer avec les puissances, il suffit de brancher sa voiture... et la borne s'occupe de tout !
Une borne pratique et complète
BENY est une marque chinoise forte de plus de 30 ans d'expérience, il ne s'agit donc pas d'un nouveau venu sur le segment. En cas de problème ou de garantie à faire jouer, vous n'aurez aucun mal à trouver des pièces de rechange ou des réparateurs.
Les bornes BENY ressemblent beaucoup à celles de Tesla, avec un design très inspiré -ce qui est plutôt flatteur.
Elles proposent un look assez sympa, avec des coques interchangeables et parfois colorées, construites sur la hauteur, ce qui permet de les caler facilement dans un coin. Attention tout de même à ne pas trop la coller au mur, car pour l'ouvrir, il y a des vis de chaque côté ! (On préfère vous le dire, car on a fait l'erreur...)
Une petite LED verticale indique si la borne est connectée, en charge et fonctionnelle. C'est surtout pratique la nuit, quand on rentre tard...
Elle résiste aux intempéries (IP65) et peut être placée à l'extérieur, même dans les contrées les plus extrêmes, avec des températures de fonctionnement de - 25 °C à 55 °C. Ici à Chamonix, elle n'a jamais flanché, malgré des gelées très basses la nuit (notre garage n'est pas chauffé).
Le câble est attaché, ce qui évite d'en racheter un séparément (comptez 150 à 200€ à rajouter sur la facture chez la concurrence). Il mesure 6 m de long sur notre version, ce qui permet de placer la borne à l'intérieur et de faire glisser le câble sous une porte de garage par exemple. A la montagne, autant ménager l'électronique, n'est-ce pas ?
Enfin, il y a un emplacement pour ranger le pistolet et vous pouvez aussi enrouler le câble facilement autour de la borne (qui est légèrement
pointuesur la partie haute)
La finition est globalement satisfaisante, la borne ne semble pas trop prendre les éraflures et les matériaux paraissent assez durables, même s'il s'agit essentiellement de plastiques durs, un peu laqués pour la partie supérieure.
Installation facile ? Ça dépend !
La borne est livrée avec tout la matériel nécessaire pour l'installation rapide :
- le manuel (en anglais)
- Le module DLB (délestage) avec sa pince ampèremétrique
- un câble ethernet (un peu court)
Evidemment, il vous faudra plusieurs outils (tournevis, perceuse...) mais aussi quelques éléments supplémentaires, comme :
- un disjoncteur 40A (au niveau de la borne)
- un différentiel 30mA
- un boitier électrique (proche de la borne)
- du câble Ethernet supplémentaire, si le tableau est éloigné
- Un second disjoncteur de 40A au niveau du tableau (conseillé)
Attention, la borne est équipée d'un système de contrôle actif de la Terre, veillez donc à bien vérifier que la vôtre est correctement reliée au sol, sans quoi elle refusera de fonctionner.
L'installation nous a pris une bonne journée, principalement pour réaliser les gaines entre la borne et le module de délestage. Il en faut une pour le courant et une autre pour le câble Ethernet. C'est la seule vraie contrainte de ce système car la borne ne communique pas en WiFi avec le module DLB, et a besoin d'une liaison Ethernet physique. Ça ne fonctionnera pas non plus en CPL, car le câble Ethernet est aussi utilisé pour alimenter le boitier de délestage, et l'ensemble ne respecte apparemment pas la norme Ethernet (vous ne pouvez pas le relier à votre réseau par ce biais).
Je ne détaillerai pas toutes les étapes ici, il n'y a rien de très compliqué et le pas à pas est correctement expliqué dans le manuel. On pourrait juste regretter qu'il y ait 3 livrets (un pour la borne, un pour le module et un troisième pour l'app mobile), alors que toutes proviennent du même fournisseur.
Le module de délestage
Particularité de cette borne, elle peut utiliser un module de délestage au niveau du tableau électrique.
Ce petit boitier DLB est composé de trois parties :
- une pince ampèremétrique
- un câble Ehternet pour la liaison à la borne
Le système est très simple : il va mesurer en temps réel la consommation de la maison et remonter l'info à la borne.
Vous pouvez régler directement sur le boitier (avec +/-) l'intensité maximale de votre installation (en Ampères), dans notre cas réglé à 45. Le reste du temps, il affichera l'ampérage du courant de la maison (1 à 2A dans notre exemple).
(La puissance correspond à la multiplication de la tension par l'intensité)
Dans une maison, sauf exception, la tension est constante (230V) et seul l'ampérage varie. On assimile souvent la tension (V) comme la force du courant, et l'intensité (A) comme la quantité d'électricité -j'aime bien cette métaphore qui est facile à comprendre. Bref, tout cela pour dire que nous allons surtout parler ici d'Ampères, car c'est la seule variable de notre système.
Une fois l'installation terminée, vous pouvez vous amuser à allumer le four ou les plaques, et vous gagnerez immédiatement 10 ou 20A supplémentaires (2000 à 4000W) sur l'afficheur ! Ce genre de dispositif, comparable à un EcoJoko ou un nrLINK, est aussi visualisable sur son Linky, mais la mise à jour de l'info est moins régulièrement que sur ce boitier. Par ailleurs, le Linky est franco-français alors que notre borne peut être installée en Belgique, en Suisse ou partout ailleurs sans aucun souci.
Pour vérifier que le délestage fonctionne, on s'est livré à un petit exercice :
• Le DLB est monté à 34A (32A voiture + 2A de la maison)
• On a allumé le four et les plaques
• Le boitier affiche 45A (notre limite maximale)
• La voiture ne charge plus qu'à 25A
(45A - 20A du four/plaques)
• La borne s'est donc bien adaptée !
Bref, le délestage se fait correctement : le courant n'a pas sauté, et la voiture profite du courant résiduel. Si l'on éteint le four et les plaques, elle récupèrera naturellement les 32A.
Une application mobile
On est bientôt en 2024 et toute borne de charge qui se respecte doit posséder sa propre application mobile.
Le système utilise l'app Z-BOX développée par le fabricant. Elle se connecte en WiFi ou en Bluetooth avec la borne, via un simple identifiant (qui se trouve sur le boitier).
Seule contrainte de ce système, vous devez être sur le même réseau WiFi local pour voir la borne et interagir avec elle. Ce n'est pas très gênant car vous êtes souvent à la maison quand la voiture charge, finalement. Par ailleurs, cela limite les risques de piratage, car il faut à la fois avoir accès au WiFi et à l'application, verrouillée par un identifiant (à configurer).
Le programme affiche en temps réel toutes les infos utiles :
• la consommation de la borne
• la tension de l'installation
• la puissance utilisée
• la température
Dans la partie délestage, une représentation graphique de l'installation apparait, avec les flux de courant en temps réel -pratique. Un historique de la consommation est également disponible, même s'il est assez minimaliste.
Il est possible de désactiver la charge dynamique (le délestage), mais aussi de définir une puissance minimale de charge. De notre côté, on a préféré le mode
Extrême, qui permet de toujours charger, sauf si la maison engloutit l'ensemble du courant disponible.
On peut aussi programmer des horaires de charge, pour profiter du courant de nuit par exemple). Pratique, si vous avez une offre Tempo par exemple !
En option, ces bornes peuvent également embarquer un lecteur RFID (pour les entreprise ou les apps de partage de bornes type Recharge+). La configuration se fera également dans l'application. N'ayant pas de modèle RFID, on n'a pas pu tester cette fonctionnalité.
Le programme permet aussi de désactiver certaines fonctions, comme le contrôle de la mise à la terre, le bouton d'arrêt d'urgence (pour éviter les abus) ou encore de définir une consommation mensuelle maximale.
Enfin, nous avons pu mettre à jour la borne plusieurs fois sans souci depuis l'application.
Bilan : on achète ?
Après plusieurs semaines de tests, la borne BENY fonctionne comme attendu, avec un délestage actif très efficace.
Nous l'avons testée avec de nombreux véhicules, y compris Tesla, MG, Mercedes et plusieurs marques généralistes sans aucun problème. Les véhicules s'accommodent très bien de cette puissance variable, même si beaucoup proposent aussi de la modifier manuellement dans la voiture ou l'application.
Le rapport qualité/prix/fonctionnalité nous semble ici parmi les meilleurs du marché. La plupart des bornes du commerce (y compris la fameuse borne Tesla) ne propose jamais de délestage, pas toujours de câble attaché et l'application mobile n'est pas forcément au rendez-vous.
Seule inconnue, la durée de vie ! On fera certainement un petit bilan au bout de deux ans, pour voir comment a évolué notre système. En attendant, hormis l'électronique, le schéma électrique est suffisamment simple et facile à mettre en place pour envisager une bonne pérennité de cette borne BENY.
Les tarifs et la note !
Les bornes de recharge BENY existent dans plusieurs configurations, entre 400 et 800€ environ.