Essai BYD Sealion 7 : il s'attaque au premium allemand !

Tout le monde connait désormais le constructeur chinois BYD, le numéro un mondial des véhicules électriques qui se dispute régulièrement les chiffres avec Tesla.



Avec le Sealion 7, la marque monte clairement en gamme et attaque frontalement le Tesla Model Y, et même le XPeng G6, quitte à afficher des tarifs dignes du premium allemand. Mais est-ce mérité ? Réponse dans cet essai réalisé sur les hauteurs de Marseille !

Un petit air de Macan...

On peut critiquer BYD sur certains aspects, mais son design fait généralement l'unanimité, et le Sealion 7 ne fait pas exception : la plupart des mes confrères présents sur place étaient franchement emballés.

A l'avant, ce lion des mers reprend la calandre en X bien connue de BYD, avec ses feux très effilés qui rappellent un peu la MG4, avec son museau aplatit au look très sportif.

A l'arrière, que je trouve encore plus réussi, l'inspiration vient plutôt de chez Porsche, avec une ligne de LED qui court tout du long, ces feux en goutte d'eau, le petit spoiler et le béquet percé façon Macan, favorisant l'aérodynamique nous dit-on.

Avec son empattement de près de 3m et son look de coupé, le Sealion 7 ferait presque oublier qu'il s'agit d'un grand SUV, notamment car la garde au sol reste contenue (16cm).

Contrairement à son patronyme, le Sealion 7 n'est qu'un 5 places, alors même qu'il mesure 4,83 mètres de long, contre 4,77 mètres pour le Seal U, et 4,75m pour un Tesla Model Y). Avec près de 2m de large avec les rétros, on aurait aussi pu imaginer caser 3 sièges auto à l'arrière, mais une fois encore, vous allez voir que le cinquième passager n'est pas vraiment chouchouté.

Un grand frunk mais un petit coffre !

Contrairement à certains modèles de la gamme, le BYD Sealion 7 arbore une toute nouvelle plateforme 100% électrique, ce qui permet de caser un frunk de 58 litres, de quoi ranger quelques sacs et les câbles de charge.

Le Sealion 7 propose aussi tous les raffinements technologiques que l'on est en droit d'attendre, comme les feux matrix LED, des caméras pour la conduite semi-autonome ou encore la toute nouvelle Pompe à chaleur (des série) qui peut gérer des températures extrêmes, de -30 à 60 degrés !

A l'arrière, le coffre (électrique, à ouverture au pied) n'est pas immense, avec 520 litres (1789 litres banquette repliée). Vu le gabarit de l'engin, on se serait attendu à plus de place. Un Tesla Model Y dépasse les 800L, incomparable !

A noter qu'un grand sous-coffre permet de compléter le rangement, à condition d'opter pour des sacs un peu mous. On y trouve d'ailleurs un chargeur domestique, ainsi qu'un câble V2L doté d'une multiprise : branchez-le sur le port de charge extérieur et vous pourrez alimenter de nombreux appareils électriques !

3 finitions et deux batteries

Le BYD Sealion 7 est proposé en 3 finitions, 2 ou 4 roues motrices, avec une batterie de 82,5 kWh pour l'entrée de gamme et 91.30kWh sur les versions les plus costaudes.

Les motorisations sont particulièrement puissantes, avec un moteur tournant à 23000 tr/mn, l'un des plus rapides du monde dixit BYD.

Evidemment, l'autonomie WLTP déçoit un peu, car avec des batteries blade LFP, de nouveaux moteurs, un Cx a priori correct (on ne connait pas la valeur) et la fameuse e-Platform 3.0, on s'attendait à dépasser Tesla. Ici, on obtient à peine l'autonomie d'une MG4 à 30 000€ sur un véhicule 20 000€ plus cher et une batterie gargantuesque.

Les vitesses de charge ne sont pas non plus dingues, surtout lorsqu'on sait que Tesla utilise aussi des batteries BYD Blade sur son Model Y berlinois, capable de charger en une vingtaine de minutes.

Un intérieur très bien fini !

Une fois à bord de notre lion des mers, c'est une très belle surprise qui vous attend : les assemblages sont sans fausse note, les matériaux de qualité et l'ensemble est presque digne du premium allemand.

Les sièges sont toujours de très bonne factures, ventilés et chauffants à l'avant, uniquement chauffants à l'arrière, mais inclinables ! On regrette quand-même de ne pas avoir 3 ISOFXI et un vrai fauteuil central à l'arrière vu le gabarit...

Un petit détail qui ne passe pas inaperçu : les surtapis sont doublés, avec une version hiver en caoutchouc bien pratique, qu'il suffit de désolidariser pour les nettoyer. A l'inverse, pas de trape à ski à l'arrière, bien dommage sur un grand SUV comme cela.

A l'arrière toujours, on retrouve 2 prises USB et un accoudoir central avec un petit rangement et des porte-gobelets. A choisir, j'aurais préféré un siège plus confortable, mais c'est l'époque qui veut ça. On adore les petites aumônières incrustées dans les sièges qui permettent de caser un téléphone sans qu'il se retrouve au fond du bac.

A l'avant, BYD propose un intérieur soigné, moderne, mais aussi très pratique. Petit exemple, il reste encore de nombreux boutons physiques (sur le volant, les portières, les boutons des vitres/sécurité enfant...), même si la climatisation, elle, nécessite de passer par l'écran.

La console centrale est très bien pensée, avec son chargeur à induction ventilé et positionné façon Tesla. Un espace de rangement pour le sac à main, qui cache 2 prises USB C, est situé sous la console, qui embarque aussi un rangement dans l'accoudoir. Entre les porte-gobelets et les téléphone, la commande de boite est assez compacte, entourée de raccourcis vers le volume, la climatisation et les modes de conduite.

Le grand toit panormatique apporte beaucoup de luminosité dans l'habitacle et offre même un velum intégré, ce qui manque sur un Model Y. A l'inverse, la lunette arrière parait riquiqui, la faute à cet arrière trop fastback. Heureusement, la caméra de recul compense largement ces problèmes de visibilité, avec une vue 360 degrés, et des caméras de grande qualité.

A ce propose, un mode transparence est disponible, ce qui est bien utile dans les chemins ou les environnements compliqués (comme en ville). La vue 3D de la voiture est aussi très réussie et vraiment fluide, ce qui n'est pas toujours le cas chez les allemands par exemple !

Les écrans

Pour avoir testé quelques BYD précédemment, je n'étais pas très emballé par les écrans, qui présentaient de nombreuses erreurs de traduction et pas mal de bugs.



Mais est-ce vraiment à la hauteur de Tesla ou même de XPeng que l'on a pu tester l'été dernier ? La réponse dans notre vidéo très complète (ci-dessus)

Si tout n'a pas été réglé, force est de constater que le constructeur a bien progressé ces derniers mois. Le système repose sur une base Android Automotive, mais sans les services de Google, ce qui lui offre une bonne stabilité et une excellente réactivité.

L'écran central mesure 15" et a la particularité d'être rotatif. Il peut donc être placé à la verticale, idéale pour le GPS, ou horizontal, ce qui est plus adapté pour visionner des vidéos ou afficher les menus. Un simple clic permet de modifier le positionnement.

Seul hic, CarPlay ne fonctionne (pour le moment) qu'en paysage, ce qui est bien dommage. Cela dit, le GPS intégré est suffisamment efficace pour être utilisé en priorité, surtout sur les longs trajets ou rapidement à travers la commande vocale.

On peut aussi ajuster la fenêtre pour la couper en deux et afficher par exemple le GPS d'un côté et les réglages ou la musique de l'autre.

Il propose d'ailleurs un bon planificateur d'itinéraire, très complet, qui permet de sélectionner les bornes de recharge en fonction de la puissance, mais sans pouvoir les filtrer (sur Ionity par exemple). BYD n'étant pas partenaire d'un réseau européen, il aurait été pratique de pouvoir bloquer la charge sur un seul opérateur.

La page d'accueil est totalement personnalisable, avec une série de widgets situés sur le bas de l'écran, que l'on peut changer à loisir. Par exemple, il est possible de placer les commandes de volumes/pistes ou un accès rapide aux informations électriques.

Un autre menu de raccourcis est appelé depuis le haut de l'écran, et peut également être personnalisé : couper l'ESC, l'afficheur tête haute, les différentes alertes... Tout se fait en un clic (enfin 2, avec le menu) et vous pouvez choisir vos raccourcis.

Le menu électrique n'est pas aussi complet que chez Tesla. On peut tout de même programmer les charges, modifier le pourcentage, la puissance de charge AC et obtenir un aperçu des consommations.

Les réglages sont assez complets, parfois trop, comme pour les aides à la conduites (ADAS) qui n'en finissent plus de proposer des sous-menus. D'ailleurs, les traductions parfois difficiles à comprendre ou totalement erronnées posent plus souvent de questions que de réponses, de même que le nombre d'alertes possibles et pas toujours très claires à désactiver -dont certaines se remettent en route à chaque démarrage, sans qu'on sache lesquelles.

Pour le reste, un petit store propose de télécharger des apps, mais c'est encore assez limité. A terme, j'imagine bien voir arriver du streaming, Netflix et YouTube, mais n'oublions pas qu'en Chine, ces services sont moins populaires, les constructeurs préférant développer leurs équivalents locaux, indisponibles en Europe. En tout cas, sur le plan technique, rien n'est impossible, d'autant que les mises à jour en OTA fonctionnent très bien.

Un mot sur l'application mobile, qui propose de nombreux réglages, comme la clef sur smarpthone, les commandes de climatisation, la pression des pneus, l'état des ouvrants, le préchauffage de la batterie... Nous n'avons pas pu la tester en détails, mais elle semble presque aussi complète que chez Tesla.

Afficheur tête haute et grand écran

Alors que le Model Y ne propose ni afficheur tête haute ni écran d'instrumentation sous le volant, c'est tout le contraire de notre BYD Sealion 7 qui embarque les deux !

Le HUD n'est pas aussi avancé que chez les allemands, qui ont de la réalité augmentée par exemple. Cependant, j'aime beaucoup ne pas quitter les yeux de la rouge pour suivre la vitesse, la lecture de panneaux ou le régulateur.

Un mode neige permet d'afficher la vitesse dans un coloris bleuté, plus lisible en hiver -c'est rare et bien vu ! J'adore ces petites attentions.

L'écran sous le volant est en revanche bien plus intéressant et complet, avec une dalle de 10,25" d'excellente facture. Il est possible de la configurer pour avoir une vue GPS, ADAS ou plutôt des infos classiques (odomètres etc.)

Je la trouve très lisible, avec la partie supérieure dédiée à l'instrumentation pure (vitesse, lecture de panneaux, régulateur) et la partie basse au volet électrique (autonomie, pourcentage de la batterie...)

Les consommations moyennes ou encore la pression des pneus s'affichent en revanche sur un widget flottant que l'on fait apparaitre avec un bouton du volant.

L'intérêt d'avoir un grand écran sous le volant est aussi de pouvoir isoler le conducteur du passager, qui peut effectuer des réglages sans gêner la navigation ou faire une recherche GPS sans perturber le chauffeur.

Au volant, ça donne quoi ?

Au volant, ce BYD Sealion 7 est plutôt plaisant à conduire, déjà car il offre une belle puissance à peine on effleure l'accélérateur.

Pas de suspensions pilotées ou pneumatiques, c'est dommage, d'autant que le typage est plutôt sport que confort, façon Tesla. Ce n'est pas pour me déplaire, mais en famille, on préfère parfois une voiture un peu plus douce sur les pavés et les routes dégradées.

En conduite dynamique, le Sealion 7 affiche très peu de roulis et offre des relances vraiment puissantes, surtout sur les petites routes de montagne. La direction est assez précise et l'on se plait à pousser les watts quand la chaussée est dégagée.

Le freinage est assez mordant, bien équilibré et le passage de la régénération aux plaquettes est totalement transparent. En revanche, le poids se fait quand-même sentir et la voiture n'est pas aussi agile qu'un Model Y qui reste sous les 2 tonnes, contre 200 à 300Kg de plus chez BYD.

L'absence de vraie conduite à un pied est vraiment dommage, mais elle pourrait arriver par mise à jour. La régénération au freinage propose 2 modes (élevé ou normal), mais ce n'est pas suffisant. En fait, la dureté de la récupération semble assez aléatoire, tantôt forte, tantôt inexistante, si bien qu'on ne sait jamais trop comment réagir. En montagne, elle a même tendance à disparaitre, pour une raison qui m'échappe. On peut activer l'aide à la descente, mais là encore, son déclenchement n'est pas systématique.

Enfin, la conduite sur autoroute est assez reposante, avec une bonne isolation phonique et une conduite semi-autonome convenable, sans être incroyable. Pas de changement de voie automatique, un bon suivi dans les zones de travaux et peu d'a-coups, c'est très utilisable, du moins, sur notre trajet entre Marseille et la Ciotat, à vérifier sur un long parcours.

Le bilan est donc assez positif, même si je trouve que ce manque d'homogénéité (pas seulement à conduite) nuit un peu à l'image de la voiture et son positionnement premium.

Véritable alternative à Tesla... ou pas ?

Avec des tarifs assez compétitifs face à Tesla (46 990€ de base, 56 490€ sur notre version), le bilan reste néanmoins contrasté, d'autant que BYD ne bénéficie pas du bonus, contrairement à Tesla.

Les détracteurs du Model Y adoreront comparer l'intérieur, les finitions ou même le design de la voiture à l'américaine, clairement un cran en dessous. Choisir un Sealion 7, c'est aussi un moyen de se démarquer de la concurrence, pour un style qui rappelle le premium allemand.

A l'inverse, si l'on veut rester pragmatique, le Model Y sera plus habitable, offrira un coffre plus généreux, et la voiture sera aussi plus efficiente sur long trajet, à vérifier tout de même en usage réel, car nous n'avons que les homologations WLTP pour nous faire une idée. Durant notre essai, nous étions autour de 22,5 (mixte), une valeur assez élevée en sachant que l'on n'a fait presque que des petites routes, un peu de ville et un peu d'autoroute.

En matière de connectivité, BYD ne se débrouille pas si mal, mais là encore, Tesla est encore devant. Planificateur, application iPhone, jeux, streaming... D'ici quelques années, le chinois aura surement rattrapé l'américain, mais pour l'heure, il faudra encore faire prendre de patience et accepter les erreurs de traduction et les petits bugs ou soucis d'ergonomie. Sur ce plan, je trouve qu'XPeng parait un peu plus abouti, même s'il lui manque encore un planificateur d'itinéraire.

Le choix du coeur ou celui de la raison ? Chaque modèle a ses atouts et ses faiblesses, ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour les consommateurs. Reste que ce BYD Sealion nous parait être une proposition tout à fait valable, surtout pour ceux qui ne veulent pas de Tesla.