Essai Mini Countryman 2024 : électrique, CarKey, écran rond, conduite autonome... la révolution !
Par Didier Pulicani - Publié le
Alors, l'esprit de la petite citadine anglaise est-il toujours bien présent à l'intérieur ? Y'a-t-il assez de place à bord ? Peut-on vraiment partir en vacances avec ce modèle électrique ? Réponse dans notre essai inédit tourné au Portugal il y a quelques jours.
Une mini baroudeuse !
Esthétiquement, pas de doute, l'esprit Mini est bien là : on retrouve la calandre typique, façon
grande bouche ouverte, le logo central qui trône fièrement sur ce long capot tout plat, et même si les feux perdent en rondeur, on reconnait immédiatement le style britannique de ce petit SUV au look très avenant.
J'aime beaucoup cette sensation d'avoir un véhicule baroudeur, avec les renforts au niveau des passages de roues, les protection de bas de caisse, et les barres de toit de série... Ce Countryman semble effectivement taillée pour l'aventure, avec une garde au sol plutôt correcte (165 mm) pour sortir des sentiers battus et ne pas trop accrocher en ville.
La face arrière est plus discutable, avec ce coffre qui tombe droit -c'est mieux pour l'espace à bord- et un style un peu moins rondouillard, surtout au niveau des phares -malgré une signature lumineuse toujours bienbritannique, et qui évolue en fonction des modèles.
Plus gros mais plus aéro !
Avec 4,43 m en longueur, le Countryman grossit à vue d'oeil, c'est tout de même 14cm de plus que l'ancien modèle !
Ce gros capot interpelle, hérité de la plateforme partagée avec le thermique : pas de gros moteur à essence, et beaucoup de place vide, mais pas de frunk ! Décidément, BMW n'en fait toujours pas une priorité, alors même que le Countryman n'a pas un coffre aussi vaste que son cousin le X2.
Bon point, l'effort a été mis sur l'aérodynamique, avec un Cx à 0,26 contre 0,31 précédemment, ce qui bénéficie largement à l'autonomie, comme on le verra plus bas. La hauteur de 1,65 m seulement y contribue d'ailleurs certainement pour beaucoup, tout comme ce pare-brise qui n'est plus aussi vertical qu'auparavant.
Les jantes de 20" sont d'ailleurs à moitié pleines, sans perdre en style, le compromis est donc acceptable.
Les poignées sont également intégrées aux portières, dommage que les capteurs d'ouverture ne soient disponibles qu'à l'avant, surtout dans une familiale !
A noter un empattement de 2,69 m, plutôt généreux pour les passagers, comme on le verra après. Dommage que le rayon de braquage, sous les 12m, ne soit pas exceptionnel pour le segment. Avec 1,84 m en largeur, il a le mérite de se faufiler assez facilement dans la circulation et les places de parking.
Très techno !
A l'avant, c'est l'avalanche de technologie pour ce Countryman ! Caméras, radars pour la conduite semi-autonome, une caméra 360°, des feux matriciels adaptatifs.... il était temps !
Le Countryman est enfin entré dans l'ère des petits SUV Premium, et vu le tarif, tout ceci parait désormais standard à ce niveau de gamme. L'avantage est surtout de pouvoir bénéficier de la quasi-totalité des équipements de BMW.
Par exemple, pour la première fois chez Mini, on hérite de CarKey d'Apple : vous pouvez vous passer totalement de clef physique, et n'utiliser que l'iPhone ou l'Apple Watch pour ouvrir et démarrer la voiture ! Il est même possible de transférer cette clef numérique à n'importe qui, en deux clics.
Un coffre dans la moyenne
Avec 14cm supplémentaires, on aurait pu imaginer un coffre un peu plus vaste, dépassant les 500L.
En réalité, il ne fait que 460 litres, contre 450 sur la précédente génération. C'est assez moyen, même s'il est plutôt bien conçu, avec des montants assez hauts et des rangements creusés sur les côtés.
Un petit sous-coffre permettra de stocker ses câbles et chargeurs, pratique en l'absence de frunk.
On se consolera avec une capacité de remorquage de ce Countryman électrique qui s’élève à 1200 kg.
Petite batterie, petite autonomie
En partageant la même plateforme que les les BMW iX1 et iX2, le Countryman électrique hérite aussi... de la petite batterie.
Avec seulement 66 kWh brut (64,8 net), difficile de dépasser les 462Km de la version traction, et l'on descend même à 433Km pour notre modèle 4x4. C'est un peu juste pour une familiale, qui fera souvent office de voiture principal.
• Autonomie 433 à 462km WLTP
• 250 km max autoroute
• <200km 80% à 130Km/h
Sur autoroute, ne prévoyez pas de dépasser les 250Km à 100% et plutôt 200 chargé à 80%. Une pause toutes les 2H, ce n'est pas si grave avec les enfants, mais c'est plus compliqué lorsqu'il n'y a pas de borne sur un lieu de villégiature et qu'il faut tenir plusieurs jours avec le plein, par exemple.
Il est vraiment étonnant que la batterie de la BMW i4 (82 kWh) ne soit pas proposé en option sur les Countryman, X1 et X2, des véhicules à vocation familiale et routière.
Recharge assez rapide
Le Countryman électrique compense sa petite batterie par de la charge très rapide :
- Plug and charge
- 10-80% 29m
- AC 22kw option
Les 80% sont envoyés en moins de 30mn grâce à une bonne courbe de charge, ce qui limitera les temps de pause sur autoroute. Autre bonne nouvelle, l'option 22 kW est conservée ici, ce qui permet de charger la voiture en 3H30 sur une borne de village, vraiment bien !
Traction ou 4x4 surpuissant
Comme l'iX1 et l'iX2, le Mini Countryman est proposé pour le moment en deux motorisations :
- Moteur 313cv
- 494 nm
- 0 a 100 en 5,6s
- ALL4 (4x4)
- Vmax 180
- 204CV
- 250 Nm
- Traction
- 0 a 100 en 8,6s
La traction est sans doute suffisante, sauf pour les montagnards ou les papas pressés. Le gain en terme de poids et de puissance profite à l'autonomie (+30Km), ce qui n'est pas négligeable sur autoroute.
Dynamique et maniable
Avec 313cv pour la version All4, c'est sans doute le Countryman le plus puissant de l'histoire, avec ~500NM de couple même si la déclinaison John Cooper Works (thermique donc), est légèrement plus rapide au 0 à 100, grâce à son poids plus contenu, car la puissance est assez voisine.
La conduite est vraiment dynamique avec cette version haut de gamme, qui ne souffre pas trop de roulis et offre une direction précise, de quoi se faire plaisir sur les lacets portugais de notre essai. Le freinage est bien dosé, sans à-coups et les reprises sont franches. On prend un vrai plaisir à son volant, croyez-moi !
Mini propose plusieurs types de conduite, du mode très éco jusqu'au
GoKartplus sportif, chacun affublé d'un petit effet sonores rigolo. Un mode Trail optimisera la motricité sur les chemins et les terrains accidentés ou la neige, forçant le 4x4 permanent.
En ville, le mini Countryman est très maniable, avec des dimensions contenues et une bonne visibilité. La One-Pédal permet d'aller jusqu'à l'arrêt complet, ce qui est vraiment confortable pour l'approche des feux, passages pour piétons et autres carrefours.
Un seul mot résume l'engin : la polyvalence ! Et c'est ce qu'on cherche avec une Mini, n'est-ce pas ?
Conduite autonome de luxe !
En récupérant toutes les technologies de BMW, le Countryman propose tout simplement ce qu'il se fait de mieux sur le marché en matière de conduite semi-autonome ! Devant Tesla ? Et comment !
Volant capacitif, dépassement automatique... On peut faire un Paris-Nice sans toucher à la pédale de frein ni l'accélérateur. Le régulateur adaptatif est doux, bien dosé au freinage et permet de bonnes relances en cas de dépassement.
On en regretterait presque de devoir s'arrêter aussi souvent sur autoroute, tant la conduite est agréable. Seul petit bémol, j'ai trouvé les bruits d'air bien plus présents que dans le X2 que l'on a pu tester dernièrement.
Il faudra aussi à penser à désactiver les alertes de survitesse (un appui prolongé sur le bouton SET), une obligation européenne qui nécessite ne conserve pas le réglage d'une fois sur l'autre. C'est agaçant car la voiture ne lit pas bien les panneaux et bipe sans arrêt.
De l'espace à l'arrière !
Grâce à ses formes très carrées, les Mini ont toujours offert beaucoup de place notamment au dessus de la tête et le Countryman ne fait pas exception.
A l'arrière, la banquette est ferme mais agréable, avec de sièges de bonne facture, siglés Mini un peu partout. J'adore aussi les matériaux des portières et sur l'arrière des sièges-avant -le tissus apporte une touche très cosy à un style déjà très travaillé.
Dommage que la place du milieu soit si ferme et qu'elle hérite d'un tunnel central, issu de la version thermique. On se consolera avec 2 prises USB C et des bouches de climatisation réglables mécaniquement.
Enfin, la banquette se fractionne en 40/20/40, ce qui permet de placer des skis ou des cartons très longs tout en préservant les places arrière. Mini a aussi conservé les poignées supérieures, une rareté dans de nombreux véhicules.
La révolution du poste de conduite !
Si j'ai toujours adoré les intérieurs Mini, ce Countryman 2024 change radicalement de ton !
Adieu les compteurs numériques, tout se fait via l'écran central, qui trône au milieu d'un tableau de bord très épuré. Le mélange de tissus, de plastiques et d'aliminium est très réussi, y compris sur le volant qui arbore même une petite lanière inédite sur la partie basse ou encore des aérateurs verticaux du plus bel effet.
Seul l'afficheur tête haute tranche avec le reste : vestige d'un temps où il était projeté sur une lunette en plexiglass au lieu du pare-brise, il n'est même pas agréable à regarder, avec une image beaucoup trop petite et qui
bougetrop rapidement dès qu'on déplace la tête.
On pourra aussi regretter l'absence de cuir, place au simili et aux textures écolos. Si vous voulez de la vachette, il faudra retourner chez BMW. Les sièges du Countryman ne sont d'ailleurs pas très confortables, c'est plutôt la fermeté qui prime, les mousses ne sont pas aussi douce que sur l'iX2.
Au centre, les rangements sont nombreux, avec une petite zones façon boite à bijoux sur la partie centrale. Dommage de n'avoir qu'un seul port de charge sans-fil pour iPhone, mais deux prises USB C viendront compléter le dispositif.
Encore plein de boutons !
Bonne nouvelle pour les détesteurs du tactile, Mini a conservé encore beaucoup de boutons.
Lève-vitre, verrouillage, désembuage, Warning... Le principal est conservé, alors que la climatisation est bel et bien déportée sur l'écran.
Mini a gardé sa petite ligne de commandes en partie basse, hébergeant la commande boite, le frein, le bouton démarrer en forme de clef, les modes de conduite ou encore le bouton du volume. On s'étonne quand-même de voir encore un bouton d'allumage sur une électrique... alors que ce dernier n'a pas de ralenti ou de besoin d'être vraiment allumé/éteint.
Enfin, le volant hérite des commandes typiques de BMW, avec la conduite semi-autonome à gauche et les fonctions multimédia à droite.
Un écran tout rond, tout mignon !
Mais qu'il est beau cet écran central ! Lumineux, très travaillé, c'est mon gros coup de coeur sur cette Mini !
La dalle OLED diam 240 mm est assez atypique et a obligé les designers à adapter les interfaces, qui occupent toute la place à l'écran. Les informations se retrouvent sur les bords arrondis, et c'est du plus bel effet, même si la lisibilité est parfois discutable.
De manière générale, cette adaptation de l'iDrive 9 (Mini OS 9.0) est des plus réussies, avec des polices magnifiques, une surcouche graphique bien plus fun que chez BMW et une base Android qui procure une assez bonne fluidité, même si ponctuellement, les ralentissements sont légion sur notre modèle de pré-série.
On peut personnaliser l'affichage, une grande différence par rapport au X2, et placer au centre la cartographie, la consommation, les compteurs... le tout en fonction des
expérienceschoisies qui viennent adapter la palettes de couleurs. C'est frais, c'est personnalisable et ça plaira beaucoup aux jeunes couples !
Des jeux et des films
Pas de surprises sur le plan logiciel, on retrouve les mêmes applications que BMW, et la même organisation générale.
C'est par exemple le fouillis complet dans le listing d'applications, qui regroupe aussi bien les réglages de la voiture, les applications principales (cartographie etc.), que les jeux ou les apps de streaming !
C'est d'ailleurs la première fois qu'on peut regarder la TV, des films et des séries dans une Mini. Dommage que l'écran soit si petit en mode 16/9, mais avec une dalle ronde, il ne fallait pas s'attendre à des miracles.
On trouve aussi quelques jeux, configurables en quelques secondes avec l'Air Console que l'on avait déjà pu tester sur le X2. Les titres sont de bonne qualité et très réactifs, on peut s'occuper facilement pendant les temps de charge, même si le catalogue est encore assez limité.
Un excellent planificateur d'itinéraire
Rassurant, le planificateur d'itinéraire est extrêmement efficace, c'est le même que chez BMW.
Entrez simplement une destination et il ajoutera les bornes de recharge nécessaires au trajet. Avec le
plug&charge, plus besoin de badge, la charge démarre directement ou au pire, se lance depuis la voiture.
Il est possible de filtrer les services (pour n'avoir que du Ionity par exemple), mais aussi d'indiquer un pourcentage à l'arrivée aux bornes ou à destination... Bref, il ne manque rien.
Une application complète
Un copier-coller de l'app BMW, c'est effectivement le même programme sur un X1 que sur ce nouveau Countryman... et c'est tant mieux !
Ouvrir la voiture, la faire klaxonner, activer les phares, déclencher la climatisation... toutes les fonctions de base sont présentes et même au delà. On peut programmer un itinéraire, déclencher le préchauffage du véhicule à horaires réguliers.
Il y a même un mode de surveillance de l'habitacle, avec photo et vidéo, comme cher Tesla ! Par rapport à un Model Y, il manque quelques fonctions, comme baisser les vitres ou les remonter, démarrer la voiture à distance, ou encore l'ouverture du coffre.
J'en parlais plus haut, CarKey permet de partager la clef avec n'importe qui via un simple message, un très bon point. Mini débarque directement dans la cours des grands en matière de connectivité et c'est très réjouissant de voir que BMW fait très peu de segmentation de gamme, contrairement à Volkswagen pour ne pas le citer.
Conclusion : cher mais bien équipé
A environ 50 000€/CHF en entrée de gamme, il faudra rajouter environ 5000€/CHF supplémentaires pour la version ALL4 et encore quelques milliers d'euros en fonction des packs d'option -comptez donc plutôt 60 000 pour une version convenable.
Le tarif est donc assez salé, même si le véhicule est dans l'ensemble très bien équipé de série. L'intérieur est réussi, le montée en gamme est évidente et l'on est même surpris de voir qu'une Mini peut enfin devenir très logeable à l'arrière !
La partie électrique est plutôt bien gérée (bon planificateur, charge rapide, 22kW...) malgré une plateforme partagée. Mon seul regret viendra de l'autonomie : à ce tarif, on aurait aimé pouvoir faire au moins 300Km sur autoroute chargé à 80%, une batterie de 80 kWh aurait été bien plus adaptée, au moins en option.
A la conduite, le moteur électrique semble né pour le Countryman : silencieux, coupleux et réactif, c'est un vrai plaisir en ville, sur les petites routes comme les autoroutes ! D'ailleurs, la conduite autonome excelle sur ce modèle, qui devient de facto une vraie routière !
Pour avoir rapidement testé le Countryman thermique JCW, bruyant, peu élégant et finalement pas beaucoup plus puissant, autant opter pour cette version bien plus polyvalente, et qui ne sera pas bannie de sitôt des centres urbains.