Echec de l'Apple Car : les mauvais choix de Tim Cook en question
Par Didier Pulicani - Publié le
Dans les petits papiers de la direction d'Apple depuis plusieurs années déjà, Mark Gurman se risque à révéler ce soir quelques dysfonctionnements internes autour du Projet Titan, qui a vu le jour dès 2014, période durant laquelle Elon Musk préparait justement la Tesla Model 3.
Echec de l'Apple Car : les mauvais choix de départ
D'après le journaliste, Apple avait dressé la problématique de deux manières :
• Changer le monde avec un véhicule autonome à part entière, transportant les passagers d'un point A à un point B sans aucune intervention du conducteur. Et faites en sorte que personne n'ait rien vu auparavant.
Evidemment, Apple s'est engagée dans la seconde voie, persuadée de parvenir à
craquerla problématique de la conduite 100% autonome, ce qui se révélera une erreur majeure pour la suite des événements
D'après Gurman, cette stratégie ambitieuse explique aussi pourquoi la firme s'est montrée si orgueilleuse vers 2014 : forte de son succès sur le marché des smartphones et des tablettes, elle s'est persuadée de pouvoir enterrer toute l'horlogerie suisse avec son Apple Watch, avant de se montrer plus pragmatique, en se repositionnant sur le sport et la santé.
Une Tesla-like ? Oui, mais trop tard !
Lorsqu'Apple s'aperçoit de son erreur, il est déjà trop tard : Tesla lance sa Model 3 avec succès et la Pomme estime qu'il n'y pas d'intérêt à produire un clone de la berline, qui possède déjà une belle avance technique. Cependant, Apple a une carte à jouer avec l'écosystème de ses clients, une meilleure intégration avec ses appareils iOS... Bref, une belle proposition, mais l'axe d'un véhicule 100% autonome semblait avoir torpillé cette idée de véhicule plus traditionnel, Apple a pris trop de retard.
D'après Gurman, qui cite des sources impliquées dans le projet,
c'est comme si apple avait voulu inventer l'iPhone X à la place du premier iPhone.... Apple semblait également obnubilée par l'autonomie, une problématique pas si importante in fine aujourd'hui.
Finalement, les marges limitées, le prix finalement trop élevé du véhicule envisagé et les sommes colossales déjà englouties, ont fini par avoir eu raison du projet.
Le marché automobile est plus difficile à percer que celui des smartphones, des ordinateurs et des lecteurs MP3. Il a évolué sur un siècle et compte beaucoup plus de concurrents et de chaînes d’approvisionnement plus complexes – et nécessite une masse de capital. C’était un pari d’essayer ne serait-ce que de créer un clone de Tesla, sans parler d’un véhicule qui transformerait l’industrie. Mais je pense toujours qu’Apple aurait pu faire la première chose.estime Gurman qui rappelle que les premiers iPod et iPhone n'étaient pas parfaits, loin de là -il manquait la 3G sur l'iPhone 1 par exemple.
Quel sera LE produit de Tim Cook ?
In fine, avec ce coup d'arrêt sur le projet
Apple Car, c'est aussi la capacité de Tim Cook à créer de nouveaux segments de marché qui est remise en question.
Depuis la mort de Steve Jobs, Cook a réussi avec brio à consolider le marché de l'iPhone, de l'iPad et dans une moindre mesure, celui du Mac. Mais peut-on vraiment dire que l'Apple Watch ou les AirPods sont des produits majeurs et révolutionnaires ? Cela reste des
accessoires de l'iPhonequi n'ont pas fondamentalement changé notre mode de vie. Quant au Vision Pro, le dispositif n'est encore pas prêt pour capter le grand public, malgré des progrès techniques indéniables et un potentiel certain.
Bref, Apple est toujours à la recherche de son segment de marché qui lui permettra d'attendre son troisième
trillion de dollars, la voiture figurant pourtant comme parfaite candidate. Gurman évoque la piste de la réalité augmentée avec des lunettes plus accessible, la santé, les écrans pliables... ou encore l'énergie et l'autoconsommation.
Pour suivre la firme de Cupertino depuis plus de 20 ans maintenant, l'Apple de Tim Cook donne quand-même le sentiment de rater de nombreuses révolutions technologiques, de la voiture électrique, en passant par l'IA, les jeux vidéo ou plus récemment, les solutions autour de l'énergie. Moins visionnaire que son prédécesseur, Cook avance lentement et à tâtons, une stratégie pas toujours payante pour une firme qui nous avait habitués à se montrer disruptive, quitte à se planter de temps en temps...