Essai inédit du Tesla Cybertruck !
Par Didier Pulicani - Mis à jour le
Tout droit sorti d'un film de science fiction, le Tesla Cybertruck est enfin arrivé sur les routes américaines ! Fruit de l'imaginaire du délirant Elon Musk, ce gros 4x4 électrique est surtout l'occasion pour la marque de dévoiler des technologies inédites, que l'on retrouvera bientôt sur le reste de la gamme.
Profitant d'un voyage en Californie pour récupérer le Vision Pro d'Apple, nous avons pu tester l'engin pendant tout un week-end, le temps de vous produire un bel essai de ce 4x4 venu du futur ! Alors, coup marketing ou véritable révolution ? Quelle que soit la réponse, le Cybertruck ne vous laissera pas indifférent !
Un public captivé par son design !
Pour avoir testé des dizaines de véhicules électriques, c'est bien la première fois que l'on a dû abandonner nos spots de tournage tant le public ne pouvait s'empêcher de venir nous poser des question sur une voiture -pardon, un
truckcomme on le dit en Amérique !
Le propriétaire de notre exemplaire me confiait qu'il était sidéré par le décalage entre les commentaires en ligne (souvent assez agressifs) et la réaction du public, qui plébiscite unanimement l'objet -au moins pour son originalité.
Avec ses ailes saillantes et sa carrosserie en inox, le Cybertruck rappelle une autre icône de l'automobile : la célèbre DeLorean ! Le rendu physique de l'acier
brutest d'ailleurs assez étrange au toucher (on a l'impression de caresser son frigo), et le coloris change au fil de la luminosité ambiante, apparaissant tantôt très homogène, tantôt plutôt sale, mais rien de choquant au regard du positionnement du véhicule -brut de décoffrage.
Ce qui choque, en revanche, ce sont les saillies sur les bords, sur lesquelles on pourrait vraiment se blesser. Les assemblages restent assez sommaires, ce qui a aussi du bon pour remplacer chaque panneau d'acier en cas d'accident, mais qui laissent un peu pantois vu le tarif demandé.
Cette carrosserie a aussi l'avantage de mieux résister à la corrosion, à la grêle, et aux petits chocs. Si le prétendu blindage pare-balle n'a pas grand intérêt dans l'absolu, la robustesse conférées ici est parfaitement adaptée à un utilitaire.
Enorme mais très maniable !
Le Cybertruck est très long (5,6m), ce qui est parfois casse-pied, notamment pour reculer dans les SuperChargers -la trape électrique est en effet située à l'arrière.
Il est aussi assez haut (1,79m) au niveau des portières, mais plutôt bas à l'avant -contrairement à ce qu'on pourrait croire sur les photos. La largeur (2,40m) poserait sans doute problème en Europe, surtout sur les parking ou dans les petites ruelles moyenâgeuses des centre-villes.
Pour autant, on y accède assez facilement, car malgré la présence des batteries et une garde eau sol élevée (43 cm), l'épaisseur du bas de caisse n'est pas aussi importante que dans une Jeep Wrangler ou un Rivian, dans lequel il faut littéralement
monter-le Cybertruck n'a d'ailleurs pas de marche-pied.
L'ensemble reste imposant et surtout très lourd, avec près de 3 tonnes à vide sur la balance, soit seulement 500Kg de charge utile en Europe, avant de passer sur un permis poids-lourd. Ce problème est inhérent aux pick-up électriques, car les batteries (ici, 700Kg !) pèsent lourd dans la balance.
Pas de capteur de parking mais une caméra !
A l'avant, le Cybertruck tranche avec les autres modèles avec cette immense barre de LED qui court tout du long -une signature lumineuse très réussie et vraiment impressionnante de nuit !
Les
vraisphares sont en fait placés plus bas sous la calandre, et ils sont étonnamment efficaces, malgré leur taille compacte et leur positionnement inférieur. Sur la partie basse et centrale, on peut apercevoir une petite caméra, inédite sur une Tesla, et calée sous la calandre : elle permet enfin d'avoir une vue de l'avant du véhicule, ce qui devrait permettre d'obtenir une image à 360 degrés très bientôt. Etonnamment, elle est même munie d'un petit jet d'eau, qu'on ne retrouve pas à l'arrière, alors même que cette dernière sert de rétroviseur si la ridelle est couverte.
Le Cybertruck n'a pas de capteur ultrasoniques pour le parking, et sur notre exemplaire, Tesla Vision n'était toujours pas disponible. En clair, nous n'avions que la caméra (et nos yeux) pour manoeuvrer -tout un challenge avec presque 6m de long et 2m40 de large !
Une grosse benne pleine de surprise
Comme tous les pick-up, le Tesla Cybertruck offre une immense benne ouverte : on peut y caser 1 134 Kg, soit plus d'une tonne de graviers et autres matériels, qu'on peut directement placer sur le plancher composite, très résistant.
Avec la ridelle totalement fermée, vous pouvez stocker 1 897L de bagages, de quoi partir en vacances avec femme, enfants, valises, vélos, et la moitié de la maison ! En revanche, il n'y a pas d'équivalent du tunnel des Rivian R1T, ce petit espace réduit mais pratique et toujours
proprepour y caser du petit matériel (comme son sac d'ordinateur, une petite valise...)
On se consolera avec un sous-coffre (pas très accessible une fois la benne remplie) d'une taille impressionnante :
Evidemment, l'idée est aussi d'utiliser cette benne pour différents usages, et l'imagination ne manque pas. Tesla proposera bientôt un système de cellule légère pour campeur, mais aussi une batterie supplémentaire de 50 kWh (voir plus bas)...
Enfin du V2L/V2H !
Après des années de rumeurs, Tesla adopte enfin le V2L, cette possibilité de sortir l'énergie de la batterie en courant alternatif et donc, d'alimenter des appareils gourmands en énergie.
• 1x 240 V 40 A dans la benne
• 11 kW en V2H (avec Tesla PowerWall)t
Indispensable sur un utilitaire électrique, pouvoir sortir de la puissance pour de l'outillage, alimenter un chantier, des accessoires est vraiment pratique... Tesla grimpe jusqu'à 11 kW, un record pour la catégorie, de quoi fournir une petite maison en électricité.
Le système est même compatible V2H (Vehicule to home) à condition d'être équipé 100% Tesla (PowerWall etc.), ce qui permet de renvoyer du courant dans la maison directement et de gérer sa production solaire intelligemment. Aux USA, le prix du courant est fluctuant, et il faut ruser pour limiter ses factures...
Enfin, le système d'alimentation basse tension (multimédia, phares etc.) passe de 12 à 48V, ce qui permet de minimiser l'effet joule et les pertes qui en découlent. Tout ceci devrait arriver sur le reste de la gamme ces prochaines années.
En ville, comme une Twingo !
Avec sa garde au sol de camion, ses roues de tracteur et sa longueur de près de six mètres, on se dit que le Cybertruck n'est pas vraiment l'ami des villes... Mais que nenni !
En effet, les roues arrières directrices débarquent enfin chez l'américain, ce qui permet d'offrir un rayon de braquage de clio à un gros bébé à benne, qui tourne pratiquement sur lui-même sur les parking ! En revanche, l'insonorisation est médiocre et l'on entend beaucoup trop la pompe depuis l'habitacle, surtout à l'arrière... Un peu décevant à ce niveau de prix.
Evidemment, le Cybertruck intègre une suspension pneumatique, avec une course de plus de 300mm, permettant de s'élever à plus de 43cm du sol. C'est assez rapide et plus efficace, même si le Rivian fait mieux -il peut se positionner à plat grâce à une suspension indépendante sur chaque roue, idéale pour le camping -cela viendra peut-être sur le Cybertruck.
Enfin, autre innovation qui devrait débarquer sur les prochaines Tesla, le
Steer By Wire, en clair, l'absence de colonne de direction reliée aux essieux des roues. Comme dans un jeu vidéo, le volant est donc à retour de force et ça fonctionne très bien !
La démultiplication est très efficace à petite vitesse et permet de réaliser des manoeuvres à une main ! D'ailleurs, le problème des clignotants (désormais disposés sur le volant) est bien plus acceptable ici, car même en sortie de rond-points, vous n'effectuer qu'un quart de tour maximum...
Vivement que tout ceci arrive sur les Model 3 et Y !
Autonomie et recharge : peut mieux faire
Le Cybertruck embarque pour le moment un gros pack de batterie lithium-ion (816 V, 150 Ah) de 123 kWh, un monstre de 700 Kg !
L'autonomie de notre modèle 4WD est d'environ 547Km, ce qui est correct pour un gros pick-up électrique, mais assez moyen au regard des trajets américains. Voilà pourquoi Tesla propose une extension amovible de batterie (dans la benne) de 50 kWh permettant d'atteindre les 700Km...
Notre consommation oscillait entre 24 et 40 kWh/100Km, soit entre 300 et 400Km réels, ce qui n'est vraiment pas si mal. Si vous tapez dedans, il est vrai que la conso s'envole mais sur autoroute, à vitesse raisonnable (90 à 100 Km/h, comme un peu partout aux USA), on doit pouvoir faire les 300 à 350 Km de 100 à 0%. Nous n'avons pas pu charger la benne à bloc, faute de temps, mais l'on imagine que le poids n'arrange rien à ces consommations.
En passant de 400 à 800V, le Cybertruck est la première Tesla à gérer les très hautes tensions, censées améliorer les vitesses de charge.
En pratique, on a plafonné autour de 200/220 kW, et la puissance n'était pas longtemps maintenue, mais il y a une explication. Pour l'instant, les SuperCharger ne sont encore qu'en 400V aux USA et le Cybertruck n'accepte pas encore les 800V des bornes ElectrifyAmerica & co. On repassera pour la charge ultra-rapide et il nous a fallu attendre au moins 40/45mn pour récupérer les 80%, ce qui reste acceptable vu la taille des accumulateurs.
Aussi rapide qu'une Model 3 !
Il existe trois déclinaisons du Cybertruck :
- AWD
- CyberBeast
Notre modèle (4WD) sera certainement le plus demandé car il est suffisamment puissant (600 CV - 0 à 100 en 4,3s), et surtout 4x4, de quoi satisfaire la plupart des usages. La propulsion sera réservée à ceux qui souhaitent maximiser l'autonomie sur la route. Enfin, la monstrueuse CyberBeast se veut être un gros délire de puissance (3 moteurs, 845CV...) qui peut toutefois s'avérer utile pour tracter de grosses charges, comme des caravanes, des remorques de grande taille ou un petit bateau.
A la conduite, le Cybertruck n'est pas vraiment sportif, on le voit aisément à petite vitesse où il se tord comme une chenille si l'on force la direction. En revanche, sentir les trois tonnes s'éjecter du bitume en quelques secondes reste toujours très impressionnant. Sur les petites routes torturées de Californie, son comportement est étonnamment dynamique (toutes proportions gardées), la prise de roulis est bien plus contenue que dans un Rivian par exemple malgré le poids et la hauteur de caisse.
L'expérience est un peu gâchée par les bruits des vérins de direction et autres éléments mécaniques, qui s'entendent largement dans l'habitacle si l'on force un peu en courbe. Finalement, le Cybertruck est surtout confortable sur autoroute à vitesse stabilisée, où sa largeur de camion ne pose plus réellement de problème et où l'on peut (normalement) se laisser conduire.
Nous n'avons pu tester le Cybertruck en
off-road(la prochaine fois peut-être), mais c'est peut-être mieux pour le moment : le système de blocage de différentiel n'est pas encore actif, ce qui explique sans doute toutes les vidéos où le véhicule peine à s'en sortir dans la neige ou sur les chemins boueux...
A noter que le Cybertruck peut tracter jusqu'à 5 tonnes, ce qui est assez inédit pour les utilitaires électriques. Pour certains usages, c'est une valeur plutôt intéressantes, surtout aux USA où ces engins atteignent des dimensions hors-normes.
Trois vraies places à l'arrière
A l'arrière, on se faufile facilement dans l'espace volumineux qui héberge trois vraies places assises. Attention tout de même aux portières et à leurs finitions façon Opinel, de véritables coupe-doigts !
Il est possible de replier les sièges pour transporter du matériel, ou de repasser en configuration deux sièges, avec l'accoudoir central, tout dépend de vos priorités. En pratique, rien de bien dingue par rapport à un gros SUV, le Cybertruck n'est disponible qu'en 5 places et la position centrale hérite d'un dossier vraiment très dur pour de longs trajets à trois.
Un grand écran de presque 10" trône au centre, avec réglage de climatisation, des sièges chauffants, et bien-sûr Netflix et YouTube. Les jeux Steam devraient également bientôt arriver... Je le trouve un peu bas pour regarder des films, les passagers risquent surtout d'avoir la nausée...
Juste en dessous, deux prises USB permettent de charger ses appareils (Pourquoi ne pas en mettre dans les portières plutôt ?) et une prise électrique permet de brancher un ordinateur, brancher un aspirateur... C'est inédit dans une Tesla !
Malgré des montants de portières assez hauts (et je ne parle pas des boutons d'ouverture), la lumière arrive largement par l'immense toit panoramique (non-ouvrant), qui inonde tout l'habitacle. Pour avoir passé quelques dizaines de kilomètres à l'arrière à regarder des vidéos, j'ai trouvé l'espace agréable, lumineux et très confortable pour de longs trajets.
Un poste de conduite futuriste
Avec son petit volant compressé sur la hauteur et son tableau de bord quasi vide, le poste de conduite du Cybertruck affiche tout de suite la couleur ! Bienvenue dans le futur !
Les matériaux sont assez travaillés, avec ce grand bandeau blanc en faux-cuir qui habille la ceinture intérieure, des plastiques moussés sur les parties hautes et un plancher robuste, prêt à être lavé à pleines eaux. Un petit bandeau LED (configurable) vient enfin apporter une petite touche de modernité à cet intérieur très dépouillé. L'ensemble est correctement assemblé, rien ne grince même à haute vitesse.
Partout, les formes sont taillées à la serpe, des boutons de réglages des sièges en passant par la console centrale, les rétroviseurs ou encore ces pare-soleils bizarroïdes qui se déplie en deux fois :
Autre étrangeté, le rétroviseur central est minuscule et peu utile : si la ridelle est fermée, le rétro passe sur l'écran... pourquoi ne pas avoir mis un modèle numérique directement, comme chez Renault ou Honda ?
On regrette quand-même que Tesla n'ait pas profité de ce modèle pour intégrer un volant capacitif. Pour traquer l'attention du conducteur, Elon Musk préfère se fier à sa caméra intérieure, encore largement perfectible.
Comme sur le reste de la gamme, finis les commodos, que ce soit pour les phares, les commandes de boite, les essuie-glaces ou les clignotants. Pour certains,
on s'y fait(c'est l'expression à la mode chez les Tesla-Fans en ce moment), pour d'autres, c'est assez casse-pied, car il faut en permanence regarder le volant ou l'écran tactile. Par exemple, pour maintenir les plein-phares quelques secondes, il faut effectuer une pression longue sur le bouton ad-hoc... contre une petite tirette sur un commodo.
La console centrale est
flottante, ce qui est courant dans les utilitaires car cela permet de dégager l'espace pour passer plus facilement d'un siège à l'autre ou pour entreposer du matériel. On retrouve ici tout le panel classique de Tesla, avec 2 ports de charge Qi, des prises USB C puissantes (60W !) et AC, ainsi qu'un grand rangement central. Seul le plateau de séparation fait un peu cheap et nécessite d'être totalement enlevé pour accéder au fond de la console...
Signalons enfin les 15 haut-parleurs avec 2 caissons de basse, qui offrent l'un des meilleurs sons que l'on ait pu découvrir dans un utilitaire. Rappelons qu'il est possible de regarder des films dans la voiture et qu'avec un écran de presque 19", on peut effectivement parler de Home Cinema mobile !
Un grand écran et une interface revue
Au centre, on ne peut passer à côté de l'immense écran de 18,5” qui trône au centre de la console, de quoi faire passer celui de la Model 3 pour une GameBoy ! D'ailleurs, Tesla a totalement revu l'interface, avec une nouvelle police de caractère arborant fièrement les codes Cybertruck (j'adore !) et la possibilité de mieux réorganiser l'écran.
L'engin apparait en 3D, façon jeu vidéo et visible à 360 degrés. Il est même possible de lui
casser les vitres, comme dans la démo ratée d'Elon Musk (avec la bande son de la keynote s'il vous plait !), un trait d'auto-dérision qui manque beaucoup à certaines sociétés californiennes de nos jours...-suivez mon regard.
En jouant avec les menus, on a remarqué un phénomène étonnant lorsqu'on appuie sur la dalle : elle s'enfonce légèrement, de quoi être un peu surpris à ce niveau de prix. Reste que Tesla propose aujourd'hui toujours le meilleur OS du marché automobile, c'est soigné, réactif, et l'ergonomie est exemplaire.
La disposition, les applications, ou encore les réglages du véhicules sont très complets et sensiblement les mêmes que sur nos Tesla européennes. On ne reviendra donc pas en détail sur toutes les fonctionnalités, car elles ne diffèrent que très peu du reste de la gamme.
Parmi les quelques menus inédits, on retrouve un mode off-road encore assez sommaire (comme vous avez pu voir la vidéo), sur lequel il manque surtout le blocage de différentiel, ce qui explique sans doute pourquoi le Cybertruck se tanke souvent sur les réseaux sociaux ! Avec le mode
Baja, on peut tout de même jouer avec la motricité avant/arrière, la suspension, le contrôle de descente... ou encore sélectionner un type de terrain (sable, rock etc.)
Tesla offre également quantité d'infos de températures et de pression des roues/moteurs, de quoi monitorer plus facilement d'éventuelles surchauffes ou crevaison...
On peut également activer les prises électriques de la cabine et de la benne. Tesla permet aussi de rajouter des éléments électriques sur le toit ou dans le frunk, notamment pour des accessoires de camping ou de l'outillage. Je regrette juste qu'il ne soit pas possible de laisser ces prises actives H24, mais j'imagine que les onduleurs consomment beaucoup d'énergie lorsqu'ils sont inutilisés.
La connectivité est complétée par une application mobile, toujours parmi les plus fiable et efficace du marché. Vous pouvez contrôler la ridelle, les coffres, les prises, la suspension... et bien-sûr accéder aux caméras et aux ouvrants à distance. Dommage que Tesla ne propose toujours pas CarKey ni d'app officielle sur Apple Watch (Les programmes tiers ne m'inspirent pas toujours confiance)
Peut-on vraiment conclure ?
Malgré toute l'excitation autour de ce véhicule, lorsque le moment est venu de faire le bilan, la discussion a pris une toute autre tournure. En effet, nous étions trois personnes présentes sur le tournage, avec des profils assez différents, et à l'issue de cet essai, aucun d'entre-nous ne semblait emballé outre mesure par le véhicule.
Ce Cybertruck est en fait aussi incroyable que décontenançant. En dehors de son look résolument futuriste, il n'apporte finalement rien de bien révolutionnaire par rapport à un F-150 ou un Rivian, pour ne citer que ses deux principaux concurrents. Au quotidien, ses bords tranchants, l'absence (a priori temporaire) de Tesla Vision et son insonorisation de tracteur viennent d'ailleurs un peu gâcher l'expérience.
Les fans de la marque rétorqueront qu'il s'agit avant tout d'une Tesla, un ordinateur sur roue associé à l'incroyable réseau de SuperChargers (surtout aux SUA), le savoir-faire électrique et l'excellence logicielle -et ils ont raison sur tous ces points. Ces éléments pèsent évidemment dans la balance, lorsqu'on doit investir 60 à 100 000€ dans un utilitaire 100% électrique. Aux USA, le réseau de charge de Tesla est nettement plus fiable que la concurrence, et au quotidien, l'argument pèse son poids.
Il n'empêche, j'ai été bien plus
hypépar Rivian, qui propose une expérience proche de Tesla, mais sans les délires d'Elon Musk, comme cette histoire de commodos, de retrait des capteurs de parking ou encore les punitions en mode Autopilot... Durant notre essai du Rivian R1S, on avait bien remarqué que la firme héberge d'anciens ingénieurs de Tesla et d'Apple, mais qui avancent de façon plus pragmatique sans pour autant se priver de bonnes idées et d'innovations intéressantes.
Et c'est peut-être ce manque sur ce véhicule : un peu de passion pour la VanLife, le camping, l'aventure... La Cybertruck n'est ni une Jeep, ni un Range Rover, une sorte d'entre-deux qui risque de se retrouver plus souvent à Hollywood que dans les champs. Rivian a sans doute trouvé un compromis bien plus intéressant, et propose de son côté quelques petites fonctions bien pensées, comme un compresseur intégré au coffre, un système de suspensions indépendantes permettant de stabiliser le véhicules à plat, ou encore des gadgets d'aventuriers, comme cette enceinte portable intégrée à la console centrale, une lampe torche en charge permanente dans la portière, ou un kit complet de survie dans la boite à gant...
Le Cybertruck devrait malgré tout bien se vendre, du moins aux USA et sur les territoires comparables (Australie, Canada...). En Europe, peu de chance de voir arriver le bestiau, ou peut-être dans une version plus sage. D'ici là, Rivian aura sans doute commercialisé son fameux R2, qui sera d'ailleurs dévoilé très bientôt...