Dangereux ? On a testé un vrai taxi sans chauffeur à San Francisco !
Par Didier Pulicani - Publié le
Grâce à Cyril, un français qui habite sur place et qui a déjà fait quelques "rides" via l'opérateur Cruise, vous allez vivre avec nous cette nouvelle forme de Uber-autonome. Cette course a même suscité beaucoup de questions et y compris quelques (petites) frayeurs...
Taxi autonome : uniquement la nuit
Pour le moment, la ville de San Francisco n'autorise Cruise à prendre des passagers que la nuit, ce qui n'a d'ailleurs pas facilité le tournage de cette vidéo ! (On s'excuse au passage pour les images parfois un peu sombres et scabreuses...)
En effet, malgré des routes très rectilignes, la circulation est particulièrement dense et compliquée en journée, il faudra donc attendre 21H pour pouvoir commander son véhicule et se laisser guider.
A noter qu'en journée, on croise malgré tout ces voitures sans chauffeur en pleine ville, y compris sur certains grands axes plus rapides. Elles circulent à vide et de façon plutôt fluide. On a tout de même pu observer quelques véhicule -avec les feux de détresse- arrêtés en pleine voie, ou encore certains automobilistes s'agacer de les voir hésiter aux stops, finissant parfois par les klaxonner !
Une application façon Uber
Le fonctionnement est assez proche d'Uber : via une application dédiée, il faut sélectionner une adresse d'arrivée, puis vous commandez votre véhicule en essayant de ne pas changer de lieu de prise en charge.
La voiture utilisée ici est une Chevrolet Bolt 100% électrique (il s'agit de Jaguar i-Pace chez Waymo), mais quelque peu modifiée : bardée de capteurs et de LIDAR, elle n'offre que 2 places arrière et l'on n'a pas accès ni au volant, ni à la place à côté du
conducteur. Le gabarit est assez modeste pour les USA, mais cela permet aussi de mieux se faufiler dans la circulation.
Durant notre test, la voiture s'est bien arrêtée, puis est repartie sans nous... car nous n'étions apparemment pas au bon endroit. Pour ouvrir les portes, il faut impérativement passer par l'application, une sécurité nécessaire dans les lieux très fréquentés.
Une fois dans la voiture, il suffit de cliquer sur
Start Ridepour que la voiture démarre son trajet. Vous avez donc le temps de charger vos bagages ou de monter tranquillement dans la voiture, c'est vous qui décidez quand il faut partir.
Des trajets encore un peu longs
Une fois dans la voiture, un écran permet de piloter la climatisation et même la musique -vous pouvez par exemple choisir une station de radio.
Le trajet est affiché en temps réel sur l'écran, une fonction bien pratique qu'on aimerait d'ailleurs voir arriver sur les taxis conventionnels. Mieux encore, vous pouvez modifier votre trajet en temps réel, chose plus compliquée avec un vrai chauffeur, qui s'agacera sans doute plus vite que le robot.
Pour le moment, les itinéraires empruntés sont un peu plus longs qu'avec un taxi classique : notre trajet de 28 minutes aurait pris moitié moins de temps avec un vrai conducteur. En réalité, Cruise préfère pour le moment se limiter à des routes les plus droites possibles, en limitant les carrefours compliqués.
Malgré des villes sous forme d'échiquier, les USA ont une façon de conduire assez spéciale : de nombreux carrefours possèdent 4 stops, et c'est au premier arrivé de passer -il y a peu de priorités à droite, de fond-points ou de cédez le passage. Et lorsqu'il y a des feux, il est souvent possible de tourner à droite au rouge, l'équivalent de la flèche clignotante chez nous. Il est aussi possible de tourner à gauche, mais il n'y a pas toujours de voie dédiée.
En choisissant les itinéraires les plus rectilignes et évitant le plus possible les virage à gauche, les trajets ont souvent des allures d'automate de jeux vidéo des années 80... mais il s'agit surtout d'un garde-fou, car les voitures sont généralement capables de gérer ces situations compliquées -les opérateurs souhaitent surtout, du moins au début, ne prendre aucun risque afin de ne pas se faire interdire de circuler après un accident de la route. Il est d'ailleurs assez ironique de voir que l'on n'admet plus difficile l'erreur d'une IA que celle d'un humain, même si ce dernier est sur le papier, souvent beaucoup plus dangereux au volant.
Une expérience à vivre !
Plutôt curieux au début, l'inquiétude a ensuite envahi quelque peu l'habitacle, surtout lorsque le véhicule commençait à prendre des vitesses assez élevées en pleine circulation, avant de finalement oublier totalement l'absence de conducteur et de discuter, comme si de rien n'était.
A l'usage, j'ai même trouvé la conduite plus douce qu'avec bon nombreux de chauffeurs Uber qui se prennent souvent pour des pilotes de Rallye, pour gagner juste quelques secondes à un carrefour... Ici, c'est fluide, rassurant et plutôt fiable, selon les entreprises concernées. Les accidents sont d'ailleurs rarissimes, les voitures s'arrêtent généralement très vite lorsqu'elles ne savent pas gérer une situation compliquée.
Durant les 30 minutes de notre traversée de la ville, nous n'avons pas vécu de grosses frayeurs, même si certains changements de voie sont parfois très rapides et que le véhicule frôle les voitures garées le long du trottoir. Mais chaque déplacement s'opère sans heurt grâce à la précision offerte par les fameux capteurs LIDARs qui permettent d'éviter le moindre obstacle sur la chaussée.
Evidemment, cela enlève totalement le contact humain : lorsqu'on voyage, on aime parfois prendre le pouls de la ville avec les chauffeur de taxi et de VTC, on lui demande des conseils... en attendant une IA conversationnelle, la voiture se contentera des annonces de trajet, comme dans une rame de métro -cela reste donc assez froid pour le client. Mais après tout, c'est désormais le cas partout : distributeurs, cinémas, McDo, péages, stations service...
Bientôt au bout du fil, il n'y aura plus personnechantait déjà très justement Jean-Louis Aubert dans les années 70.
On appréciera quand-même d'être à nouveau le
décideurprincipal du véhicule : changer la radio, régler la climatisation, modifier le trajet... Cette sensation de reprendre le contrôle de son voyage est rassurante : comme beaucoup, je n'aime pas spécialement être à la merci d'un chauffeur et de ses petites habitudes. Certaines jeunes femmes apprécieront aussi ce sentiment de sécurité face à certains conducteurs un peu trop insistants...
Comment tester Waymo ou Cruise ?
Ces systèmes ne sont pas encore disponibles en Europe, où la législation est encore très restrictive sur le sujet. Si vous êtes de passage aux USA, vous pouvez tester :
L'expérience vaut le détour et coûtera moins cher qu'un
rideà Universal Studio !