On a testé l'Apple Vision Pro au ski ! Un vrai potentiel, mal exploité
Par Didier Pulicani - Publié le
C’est parti d’une petite phrase pleine d'ironie prononcée dans les rues de San Francisco
Après-tout, serait-ce si aberrant de skier avec un Vision Pro sur le crâne ? Y’a-t-il un intérêt, au delà de la blague ? Est-il assez immersif pour pratiquer la glisse ? Peut-on profiter de ses applications lors des temps-morts (télésièges, télécabine…) ? Et enfin, peut-on l’utiliser pour filmer en 3D ses enfants ? Nous avons tenté l’expérience le temps d’une petite matinée !
Nous avons déjà testé le casque dans la rue, brièvement au volant, en avion, mais aussi dans certains lieux publics… Si l’utilité réelle fait souvent débat, le simple fait de pouvoir exercer une activité physique exigeante avec le Vision Pro est déjà une interrogation en soi.
En proposant des caméras et des écrans à la pointe de la technologie, le système ne souffre étonnamment d’aucune latence, malgré les conditions difficiles -tels l’ensoleillement extrême et le froid. Comme dans la rue ou au volant, on oublie très vite que l’on regarde finalement un écran à travers le prisme des caméras et l’on finit par l’oublier. On ne voit jamais les pixels et seuls les changements de luminosité nous rappellent que l'on ne voit pas directement notre environnement.
J’étais également surpris de pouvoir utiliser les gestes avec… de gros gants de ski ! Même en déplacement, les mains étaient assez bien reconnues, bien que le taux de réussite ne soit pas aussi bon que sur son canapé.
Grâce à l'ingénieux écran externe qui affiche une représentation de vos yeux, les gens ont aussi parfois l’impression que le Vision Pro est un produit transparents -et qu’il filtre les UV par exemple. En réalité, il est totalement opaque, les fuites de lumières sont d’ailleurs bien gérées par Apple (pour éviter d’être embêté par les reflets), il n’y a donc ici aucune gêne -ni aucun danger- à regarder le soleil en pleine face. On ne sera d’ailleurs jamais ébloui, car nous sommes logiquement limités par la luminosité de l’écran.
La gêne provient plutôt du champ de vision réduit, un problème récurrent sur ce modèle : avec seulement 100° réellement visibles, on perd de l’information sur les côtés, ce qui peut même être parfois dangereux suivant les activités, bien qu’il faille relativiser cette affirmation: il est vrai que certains masques de ski, lunettes de glacier ou même des pathologies, entravent déjà le champ de vision, sans pour autant vous empêcher de skier correctement. Or avec le Vision Pro, si le but est de venir augmenter l’environnement, il est forcément dommage de venir l'amputer dès le départ.
Enfin, n’oublions pas le risque de bug et de plantage : si le casque s’arrête d’un coup, vous perdez alors toute visibilité durant plusieurs secondes, le temps de l’enlever : dans une activité sportive rapide, on peut clairement parler de danger potentiellement grave. Cela nous est arrivé une fois, à l'arrêt, lors d'une prise de photo. (Je précise d’ailleurs, que l’on réalisé nos tests sur des pistes quasi désertes, et avec plusieurs personnes vérifiant les alentours, histoire de ne mettre en danger personnes. Nous avons également évité la prise de vitesse, histoire de minimiser les risques éventuels.)
Si l’on comprend aisément qu’Apple ne souhaite pas encourager des pratiques pouvant lui incomber une certaine responsabilité, il est assez étonnant que le casque ne puisse pas être configuré dans un mode de déplacement autre que le
En effet, dès que vous prenez de la vitesse, le casque affiche des alertes qui entravent le champ de vision et qui sont difficiles à faire disparaitre facilement. On aurait pu imaginer au contraire, pouvoir afficher la vitesse, activer une forme de détection d’obstacles, placer certains widgets (comme le plan des pistes) en surimpression, comme l’avait fait Oakley il y a quelques années -on l’avait testé !
Pourtant, la firme de Cupertino n’interdit pas certaines pratiques, comme le fait de… filmer ! L’intérêt est d’ailleurs vanté par la publicité, à savoir de pouvoir revivre le moment comme si vous y étiez - à travers le casque évidemment. On a pu enregistrer sans problème les enfants au ski, et il est vrai que l’expérience est assez incroyable à regarder le soir, surtout pour ceux qui ne peuvent pas se rendre sur les pistes -comme la grand-mère par exemple !
Le plus ironique, dans ce cas de figure, est de voir qu’Apple réduit volontairement la luminosité et le champ de vision au moment de la prise de vue, ce qui rend la pratique parfois pénible pour le caméraman amateur. Paradoxalement, il n’y a pas moyen de filmer de façon passive -sans devoir regarder à travers le casque.
A noter qu’on peut aussi prendre des photos… en 2560 x 2560 (6MP). Aucune utilité, autant utiliser son téléphone pour le coup !
Avec des remontées mécaniques toujours plus confortables (mais aussi de plus en plus rapides), l’idée de pouvoir s’occuper pendant 10 à 15 minutes n’est pas totalement délirante-certains en profitent d’ailleurs déjà avec leurs smartphones.
Le
La raison est simple, le casque ne fonctionne pas avec le GPS, mais bien avec la spatialisation de l’environnement via le LIDAR et les caméras. Si vous êtes dans une cellule fermée, cela va fonctionner (télécabine, téléphérique), mais dans un environnement instables et ouvert, aucune chance d’y parvenir -on a le même problème en marchant.
A la manière des smartphones, le Vision Pro peut être utilisé pour faire passer le temps -et pourquoi pas travailler- lors des pauses ou des moments de détente.
On pourrait imaginer manger tout en regardant un film, en lisant l’actualité ou en réalisant un appel FaceTime - ce qui fonctionne déjà très bien. En attendant les enfants, nous avons par exemple lancé un petit Solitaire dans un coin de notre champ de vision, et l’on pourrait même imaginer traiter quelques mails entre deux pistes, avec tout le confort d’un poste de travail.
On peut aussi envisager des applications totalement nouvelles, comme un cours de ski qui serait illustré par des vidéos virtuelles, la suggestion d’une trajectoire par une IA prédictive, ou que sais-je, un DJ qui mixe via l’application DJay à la Folie Douce… -ne rigolez pas, c’est bien ce dernier exemple qui fonctionne le mieux pour l’instant !
Le problème aujourd’hui se trouve plutôt du côté du form-factor : difficile de manger et de boire avec ce gros casque sur la tête ! Quant-à partir se trimballer un tel engin pour quelques minutes de pause récréative n’a que peu d’intérêt. Il faudrait en fait qu’il se substitue à un vrai masque de ski, et qu’il se fonde dans nos équipements habituels -on n’en est peut-être pas si loin.
Un dernier point concernant l'autonomie : après 2H d'utilisation, il nous restait environ 40% de batterie ! Alors certes, nous n'avons pas fait grand chose sur le plan logiciel, mais le casque était allumé en permanence et nous avions l'enregistrement de l'écran actif ainsi que plusieurs enregistrement vidéo 3D durant les descentes... Avec nos deux batteries, on aurait aisément pu tenir la journée.
S’il est encore trop tôt pour parler de véritable intérêt au ski, le potentiel est donc bien là.
Apple a prouvé qu’elle possède déjà la technologie permettant de pratiquer une activité physique complexe et exigeante avec quasiment la même aisance que dans la vie réelle. Avec un dispositif plus discret, un champ de vision amélioré, et un système redondant pour minimiser le risque de panne, on pourrait tout à fait imaginer porter un Vision Pro (ou équivalent) dans un sport comme le ski.
D’ailleurs, si la première question que l'on me posait dans l’avion, était de savoir si je pouvais lancer des jeux (bien trop rares chez Apple), on m’a surtout demandé ici, si ce dernier affichait la vitesse, le tracé des pistes et d’autres informations utiles en surimpression -et j’ai senti beaucoup de déceptions après ma réponse.
D’ici une dizaine d’année, je ne serais pas étonné de voir des masques de ski connectés ou peut-être, une version plus sportive du Vision Pro d’Apple, destiné à un usage de réalité augmentés dans certaines activités. Et vous ? Pensez-vous qu’il y a un réel intérêt à ce genre de produit au ski, en VTT, en trail, ou dans une course automobile ?
Hey, il est sympa ton masque de ski !. Vous avez également été nombreux à faire l’analogie dans les commentaires : il est vrai que le Vision Pro ressemble beaucoup à un masque UV, que l’on est désormais très nombreux à porter au ski ! Et pourquoi ne pas tenter l’expérience ?
Après-tout, serait-ce si aberrant de skier avec un Vision Pro sur le crâne ? Y’a-t-il un intérêt, au delà de la blague ? Est-il assez immersif pour pratiquer la glisse ? Peut-on profiter de ses applications lors des temps-morts (télésièges, télécabine…) ? Et enfin, peut-on l’utiliser pour filmer en 3D ses enfants ? Nous avons tenté l’expérience le temps d’une petite matinée !
Suffisamment réactif pour skier ?
Nous avons déjà testé le casque dans la rue, brièvement au volant, en avion, mais aussi dans certains lieux publics… Si l’utilité réelle fait souvent débat, le simple fait de pouvoir exercer une activité physique exigeante avec le Vision Pro est déjà une interrogation en soi.
En proposant des caméras et des écrans à la pointe de la technologie, le système ne souffre étonnamment d’aucune latence, malgré les conditions difficiles -tels l’ensoleillement extrême et le froid. Comme dans la rue ou au volant, on oublie très vite que l’on regarde finalement un écran à travers le prisme des caméras et l’on finit par l’oublier. On ne voit jamais les pixels et seuls les changements de luminosité nous rappellent que l'on ne voit pas directement notre environnement.
J’étais également surpris de pouvoir utiliser les gestes avec… de gros gants de ski ! Même en déplacement, les mains étaient assez bien reconnues, bien que le taux de réussite ne soit pas aussi bon que sur son canapé.
Grâce à l'ingénieux écran externe qui affiche une représentation de vos yeux, les gens ont aussi parfois l’impression que le Vision Pro est un produit transparents -et qu’il filtre les UV par exemple. En réalité, il est totalement opaque, les fuites de lumières sont d’ailleurs bien gérées par Apple (pour éviter d’être embêté par les reflets), il n’y a donc ici aucune gêne -ni aucun danger- à regarder le soleil en pleine face. On ne sera d’ailleurs jamais ébloui, car nous sommes logiquement limités par la luminosité de l’écran.
La gêne provient plutôt du champ de vision réduit, un problème récurrent sur ce modèle : avec seulement 100° réellement visibles, on perd de l’information sur les côtés, ce qui peut même être parfois dangereux suivant les activités, bien qu’il faille relativiser cette affirmation: il est vrai que certains masques de ski, lunettes de glacier ou même des pathologies, entravent déjà le champ de vision, sans pour autant vous empêcher de skier correctement. Or avec le Vision Pro, si le but est de venir augmenter l’environnement, il est forcément dommage de venir l'amputer dès le départ.
Enfin, n’oublions pas le risque de bug et de plantage : si le casque s’arrête d’un coup, vous perdez alors toute visibilité durant plusieurs secondes, le temps de l’enlever : dans une activité sportive rapide, on peut clairement parler de danger potentiellement grave. Cela nous est arrivé une fois, à l'arrêt, lors d'une prise de photo. (Je précise d’ailleurs, que l’on réalisé nos tests sur des pistes quasi désertes, et avec plusieurs personnes vérifiant les alentours, histoire de ne mettre en danger personnes. Nous avons également évité la prise de vitesse, histoire de minimiser les risques éventuels.)
Peu d’usages prévus par Apple
Si l’on comprend aisément qu’Apple ne souhaite pas encourager des pratiques pouvant lui incomber une certaine responsabilité, il est assez étonnant que le casque ne puisse pas être configuré dans un mode de déplacement autre que le
Mode Voyage.
En effet, dès que vous prenez de la vitesse, le casque affiche des alertes qui entravent le champ de vision et qui sont difficiles à faire disparaitre facilement. On aurait pu imaginer au contraire, pouvoir afficher la vitesse, activer une forme de détection d’obstacles, placer certains widgets (comme le plan des pistes) en surimpression, comme l’avait fait Oakley il y a quelques années -on l’avait testé !
Pourtant, la firme de Cupertino n’interdit pas certaines pratiques, comme le fait de… filmer ! L’intérêt est d’ailleurs vanté par la publicité, à savoir de pouvoir revivre le moment comme si vous y étiez - à travers le casque évidemment. On a pu enregistrer sans problème les enfants au ski, et il est vrai que l’expérience est assez incroyable à regarder le soir, surtout pour ceux qui ne peuvent pas se rendre sur les pistes -comme la grand-mère par exemple !
Le plus ironique, dans ce cas de figure, est de voir qu’Apple réduit volontairement la luminosité et le champ de vision au moment de la prise de vue, ce qui rend la pratique parfois pénible pour le caméraman amateur. Paradoxalement, il n’y a pas moyen de filmer de façon passive -sans devoir regarder à travers le casque.
A noter qu’on peut aussi prendre des photos… en 2560 x 2560 (6MP). Aucune utilité, autant utiliser son téléphone pour le coup !
Regarder un film sur le télésiège ?
Avec des remontées mécaniques toujours plus confortables (mais aussi de plus en plus rapides), l’idée de pouvoir s’occuper pendant 10 à 15 minutes n’est pas totalement délirante-certains en profitent d’ailleurs déjà avec leurs smartphones.
Le
Mode Voyage(Travel Mode) permet justement de fixer les fenêtres dans votre environnement en mouvement, on l’a vu en avion, dans le métro etc. Mais est-ce que cela fonctionne sur un télésiège ? La réponse est… pas vraiment. En effet, le système propose bien le Travel Mode de lui-même mais panique immédiatement, car il n’arrive pas à se ”bloquer” dans votre champ de vision.
La raison est simple, le casque ne fonctionne pas avec le GPS, mais bien avec la spatialisation de l’environnement via le LIDAR et les caméras. Si vous êtes dans une cellule fermée, cela va fonctionner (télécabine, téléphérique), mais dans un environnement instables et ouvert, aucune chance d’y parvenir -on a le même problème en marchant.
Occuper les temps morts
A la manière des smartphones, le Vision Pro peut être utilisé pour faire passer le temps -et pourquoi pas travailler- lors des pauses ou des moments de détente.
On pourrait imaginer manger tout en regardant un film, en lisant l’actualité ou en réalisant un appel FaceTime - ce qui fonctionne déjà très bien. En attendant les enfants, nous avons par exemple lancé un petit Solitaire dans un coin de notre champ de vision, et l’on pourrait même imaginer traiter quelques mails entre deux pistes, avec tout le confort d’un poste de travail.
On peut aussi envisager des applications totalement nouvelles, comme un cours de ski qui serait illustré par des vidéos virtuelles, la suggestion d’une trajectoire par une IA prédictive, ou que sais-je, un DJ qui mixe via l’application DJay à la Folie Douce… -ne rigolez pas, c’est bien ce dernier exemple qui fonctionne le mieux pour l’instant !
Le problème aujourd’hui se trouve plutôt du côté du form-factor : difficile de manger et de boire avec ce gros casque sur la tête ! Quant-à partir se trimballer un tel engin pour quelques minutes de pause récréative n’a que peu d’intérêt. Il faudrait en fait qu’il se substitue à un vrai masque de ski, et qu’il se fonde dans nos équipements habituels -on n’en est peut-être pas si loin.
Un dernier point concernant l'autonomie : après 2H d'utilisation, il nous restait environ 40% de batterie ! Alors certes, nous n'avons pas fait grand chose sur le plan logiciel, mais le casque était allumé en permanence et nous avions l'enregistrement de l'écran actif ainsi que plusieurs enregistrement vidéo 3D durant les descentes... Avec nos deux batteries, on aurait aisément pu tenir la journée.
Un potentiel certain
S’il est encore trop tôt pour parler de véritable intérêt au ski, le potentiel est donc bien là.
Apple a prouvé qu’elle possède déjà la technologie permettant de pratiquer une activité physique complexe et exigeante avec quasiment la même aisance que dans la vie réelle. Avec un dispositif plus discret, un champ de vision amélioré, et un système redondant pour minimiser le risque de panne, on pourrait tout à fait imaginer porter un Vision Pro (ou équivalent) dans un sport comme le ski.
D’ailleurs, si la première question que l'on me posait dans l’avion, était de savoir si je pouvais lancer des jeux (bien trop rares chez Apple), on m’a surtout demandé ici, si ce dernier affichait la vitesse, le tracé des pistes et d’autres informations utiles en surimpression -et j’ai senti beaucoup de déceptions après ma réponse.
D’ici une dizaine d’année, je ne serais pas étonné de voir des masques de ski connectés ou peut-être, une version plus sportive du Vision Pro d’Apple, destiné à un usage de réalité augmentés dans certaines activités. Et vous ? Pensez-vous qu’il y a un réel intérêt à ce genre de produit au ski, en VTT, en trail, ou dans une course automobile ?