Test Apple Vision Pro après 6 mois
Par Didier Pulicani - Publié le
L'Apple Vision Pro est enfin arrivé en France, mais faut-il craquer ? Ce casque est-il vraiment utile ? Peut-on travailler avec ? Est-ce qu'Apple a tenu ses promesses d'ordinateur spatial ?
Après 6 mois à l'utiliser régulièrement, après avoir installé visionOS 2.0 (beta) sur le casque, il est temps de dresser un premier bilan ! Top ou flop ? La réponse dans cette nouvelle vidéo !
Ce n'est pas tous les jours qu'Apple lance une nouvelle ligne de produits, la dernière fois, c'était en 2015 (pour l'Apple Watch) et il fallait ensuite remonter en 2010 avec le lancement de l'iPad ! C'est dire si nous étions dans les starting-blocks pour être les premiers à tester le Vision Pro !
Avec une disponibilité unique aux Etats-Unis, il fallait être sacrément motivé pour faire le déplacement, et se faire délester de plus de 4000 dollars pour enfin placer le casque sur notre petite tête d'européen, passionnés depuis toujours par la marque à la Pomme et les technologies innovantes.
Après un déballage en direct plutôt suivi malgré l'heure tardive, il a fallu ensuite apprivoiser les bestiau. Evidemment, on s'est empressés de sortir en ville avec, un épisode souvent moqué sur les réseaux sociaux et les forums, mais qui traduisait en réalité la nécessité de tester l'acceptabilité sociale, tout comme ce fut le cas pour les premiers téléphones portables.
Beaucoup ont rapidement déchanté, car Apple n'avait pas du tout prévu que ses clients se promènent avec le Vision Pro. Le casque se contente de filmer en 3D ou prendre de (mauvaise) photos, mais rien de plus : pas de traduction en temps réel des conversation, pas d'infos en surimpression des produits dans les supermarché, c'en était même assez déconcertant.
Prenant le fameux commentaire au mot, j'ai décidé d'aller skier avec le masque. Le simple fait de pouvoir descendre une piste à vive allure avec le Vision Pro sur le bonnet était déjà complètement dingue : ce casque n'est pas une paire de lunettes, mais bien un jeu de caméras et d'écrans, dont la réactivité, le niveau de détails et le champ de vision permet donc de faire du sport à haute vitesse, n'est-ce pas déjà là une performance inouïe ?
Mais là encore, Apple vous décourage vite de vous déplacer avec le casque, il n'est même pas possible de naviguer depuis un télésiège ! Seuls les transports classiques (train, avion...) sont autorisés, à condition d'être dans un espace fermé : le Vision Pro, ce n'est pas pour s'amuser ! Apple a positionné son produit autour de
Mais est-il vraiment aussi à l'aise qu'un Mac sur un bureau ? La promesse de l'informatique spatiale est-elle tenue ?
Le Vision Pro est-il vraiment un ordinateur ? Cette question s'était déjà posée un millier de fois pour l'iPad, et Apple nous refait donc le coup avec son casque AR/VR. Le Vision Pro se prend pour un Mac et sur le papier, il en a bien toutes les caractéristiques : stockage, mémoire, interfaces, système d'exploitation, gestionnaire de fichiers, applications...
En pratique, on peut donc éditer des documents, lancer des jeux, utiliser des applications professionnelles, lancer des appels vidéo, bref, vous l'avez vu jusque là, la transposition dans un univers 3D fonctionne bien, Apple ayant réussi à proposer un système de navigation plutôt efficace avec les yeux et les gestes. Après quelques minutes seulement, on se sent carrément à l'aise avec les interfaces, ce qui n'était pas toujours le cas avec la concurrence.
Mais peut-on vraiment remplacer un Mac par le Vision Pro ? Pas vraiment, et pour une raison simple : le clavier virtuel n'est pas du tout pratique. Cela fait 6 mois que je peste dès que je dois entrer un mot de passe, alors imaginer pour taper un article comme celui-ci... J'ai bien essayé quelques heures, mais n'étant pas de nature à me faire du mal trop longtemps, je suis rapidement revenu à mon bon vieux MacBook Pro.
Je me suis souvent posé la question de savoir si un clavier 100% virtuel serait un jour réellement utilisable. Valider les lettres une par une avec les mains en l'air, il faut oublier. Quant à taper dans le vide, toujours les bras levés, ce n'est pas viable non plus, d'autant que cela vous oblige à regarder vos doigts (virtuels) plutôt que le document que vous êtes en train d'éditer. Apple n'a pas non plus prévu de pouvoir
A l'arrivée, la prise en charge des claviers physiques est tout simplement indispensable pour travailler avec le Vision Pro. J'ai pu taper ce texte sans problème, et sans me fatiguer, l'expérience étant assez proche d'un Mac. Avec visionOS 2.0 (on y revient plus bas), il est même possible d'y ajouter une souris sans-fil et donc, un pointeur, ce qui évite là encore les gestes dans le vide et les bras en l'air.
Du coup... problème résolu ? Et bien pas vraiment ! Car si le Vision Pro doit m'accompagner partout, je dois donc lui rajouter un clavier et une souris, ce qui commence à faire beaucoup en matière d'encombrement ! En effet, le sac (en option) est déjà bien volumineux, et le clavier ne rentre évidemment pas dedans. L'ensemble est donc bien plus encombrant qu'un Mac, et surtout, la nécessité d'utiliser un clavier et une souris impose... d'avoir une table devant soi, ce qui n'est pas toujours simple dans les transports.
Bien décidé à poursuivre mon expérience , je choisis quand-même de jouer le jeu et d'utiliser le Vision Pro pendant quelques mois au clavier et à la souris -plutôt au trackpad dans un premier temps, car les souris sans-fils sont arrivées avec visionOS 2.0.
Avec un peu d'habitude, tout fonctionne et l'on peut naviguer sur le web, éditer des documents, rédiger des mails, écrire des tweets sans contrainte d'interface, faire du glisser-déposer... Il faut parfois jongler avec les gestes ou les boutons du casque, car il n'est pas possible de tout faire au clavier et à la souris, rien d'insurmontable.
Mais sur la durée, l'expérience est un peu frustrante, en grande partie car visionOS dérive en fait d'iPadOS et non de macOS, ce qui génère de nombreuses contraintes. Par exemple, impossible de prendre les fenêtre par les bords comme sur Mac, il faut utiliser la barre située en partie basse, comme avec la gestuelle.
Le redimensionnement est également bridé sur la plupart des applications conçues pour l'iPad -les programmes natifs acceptent en revanche une mise à l'échelle personnalisée. Essayez de placer X sur la hauteur, le format accepté sera celui d'un écran de tablette, ce qui est vraiment étrange ici.
Autre exemple casse-pied, si vous placez les fenêtres côte à côte, ou en légère superposition, Apple applique arbitrairement une sorte de flou de fondu, très esthétique au demeurant, mais parfaitement inutile, si vous souhaitez visualiser le contenu d'une page web pendant une prise de note par exemple. Cela oblige donc à sur-espacer les fenêtres, alors même que le champ de vision du casque est déjà limité (autour de 100°). Conséquence immédiate, vous passez votre temps à tourner la tête de façon exagérée...
Comme sur l'iPad, le pointeur n'est pas une flèche, mais un petit disque quasi-transparent, qui peine à être précis. Pourquoi diable imposer ce pointeur pour enfant à des habitués de la souris ? On manque de précision et l'on perd souvent son curseur au milieu des fenêtres...
Difficile de comprendre pourquoi Apple ne se repose que sur une UI d'interfaces tactiles, alors même que le visionPro permet d'utiliser un bureau comparable à celui d'un Mac. Les boutons grossiers et les fenêtres aux larges bordures n'ont que peu d'intérêt ici, car on manipule l'ensemble soit avec les yeux, soit avec un curseur, mais pas avec les doigts sur un écran en verre, comme sur une tablette.
Un bureau avec seulement un clavier et une souris sans-fil, voilà enfin le setup rêvé des youtubeurs, amateurs de studios épurés pour tourner leurs vidéos !
Il est vrai que l'idée est séduisante et peut-être que l'on tient là le futur des OpenSpaces, déjà bien impersonnels, depuis l'apparition des
Blague à part, j'aime bien l'idée d'un bureau épuré, d'autant que ça marche : le moniteur virtuel est tout à fait utilisable, avec une bonne luminosité, une définition façon
Le problème n'est pas tellement l'absence d'écran physique, mais plutôt l'environnement physique. Déjà, le bénéficie d'avoir un bureau épuré ne compense pas les contraintes de travailler des heures avec un casque sur la tête : au bout d'une heure, j'ai déjà des marques sur le nez, sur les joues, et à la fin de la matinée, l'expérience se transforme en sacrée punition. Avec cette version du casque, personne ne peut travailler 8H par jour avec un Vision Pro de 650g sur le front, croyez-moi ! En été, c'est encore plus désagréable, et les filles à qui j'ai prêté le casque craignaient même de voir leur maquillage couler à cause de la transpiration ou du frottement des mousses.
En bout de quelques heures, on fatigue aussi de devoir tourner la tête un peu trop souvent, surtout avec le poids de l'engin. On a beau dire, mais ce système de lentilles n'est pas aussi confortable que lorsqu'on regarde un écran classique. En bougeant la tête, les fenêtres tremblent un peu, certaines zones ne sont pas toujours nettes, et je trouve que le champ de vision limité oblige à réaliser ces mouvements du crâne de façon beaucoup trop marquée.
Enfin, n'étant pas un androïde 100% virtuel, j'ai encore besoin de boire, de manger, d'aller aux toilettes... Ces petites choses du quotidien vire rapidement à la blague entre collègues, surtout lorsque vous essayez de viser votre bouche avec la tasse à café ! Vous avez besoin d'utiliser votre iPhone ? Face ID ne fonctionne pas, et même en supprimant le code, l'écran de l'appareil ne sera pas aussi net que dans la
Bref, l'inconfort est permanent, et je n'ai pas encore narré la problématique de cette fichue batterie liée au casque, qu'on oublie souvent de prendre avec soi quand on se déplace et qui tombe régulièrement du bureau... Tout cela mis bout à bout rend l'expérience contraignante, pénible, pour ne pas dire presque délétère au bout de quelques jours -j'ai déjà renoncé à boire pendant toute une matinée, juste pour finir un article sans être embêté.
Histoire de finir sur une note positive, j'aime beaucoup le fait de masquer mon écran à mon entourage direct. Un peu de confidentialité dans les transports ou même entre collègue évite le petit regard par dessus votre épaule du chef ou du voisin taquin, curieux de vos dernières créations ou de votre dernière commande amazon pour madame... Le fait d'être un peu isolé n'est pas une mauvaise chose, tant pour la créativité que pour conserver un peu de vie privée dans les lieux publics.
Avec le Vision Pro, il faut se projeter dans le futur et imaginer que le casque sera forcément un jour plus léger, avec batterie intégrée, et que tous les problèmes physiques et esthétiques seront peut-être comblés grâces aux avancées de l'électronique et de la miniaturisation.
En faisant abstraction de ces contraintes, y'a-il vraiment des usages, une façon de travailler qui nécessite d'avoir un Vision Pro plutôt qu'un Mac ? Apple a-t-elle ré-inventé une informatique spatiale, comme on peut le lire à chaque paragraphe de son site web ?
La question pourrait être posée ainsi : Apple a-t-elle suffisant repensé ses interfaces pour les adapter à un univers en trois dimensions ? Avec des fenêtres toujours très plates, on a l'impression ici d'utiliser un univers 2D bridé par l'iPad, dans un monde 3D aux possibilités bien plus larges.
Comme beaucoup, j'avais gardé l'image de cette séquence de Jurassic Park, dans lequel une jeune fille utilisait un OS
Si Apple a choisi de rester très conservatrice, on imagine qu'elle a ses raisons et que la 3D n'apporte peut-être pas grand chose en terme d'ergonomie des interfaces. Reste que l'on s'étonne de l'absence de prise de risque : pourquoi ne pas essayer quelques concepts façon
Le concept d'écran infini est en revanche déjà plus intéressant : avec le Vision Pro, on n'est plus limité par les bords de l'écran et l'on peut ainsi placer des fenêtres un peu partout, y compris dans sa
Plus prosaïquement, il est possible de travailler avec un écran à 180°, d'une largeur/hauteur quasi infinie. Le jeu consiste donc à placer ses mails, Slack, X, Safari et toutes ses applications en mosaïque, et sans limite. Sur le papier, c'est cool, même si les écran modernes offrent déjà une belle surface d'affichage.
Au bout de quelques heures, on se rend vite compte que notre champ de vision direct sera toujours limité. A moins de vouloir vous tordre le coup pour lire vos mails, vous aurez tendance à garder les fenêtres en face de vos yeux. In fine, on se retrouve alors dans une configuration assez standard pour travailler, avec 2-3 applications sur la largeur, et rarement plus d'une sur la hauteur. Tout ça pour ça ? Oui, car Apple ne permet pas encore d'incurver les fenêtre pour optimiser la surface dans le champ de vision, ce qui pourrait être un bon compromis.
On continue notre jeu d'abstractions, en imaginant que toutes les contraintes matérielles et logicielles disparaissent ces prochaines années.
Si je vous confie un Vision Pro une journée, le premier réflexe sera de télécharger vos applications... et là, c'est la douche froide, car le Vision Pro ne propose que très peu d'apps, et encore moins d'apps professionnelles. Les seules versions disponibles sont celles développées pour l'iPad, souvent castrées en fonctionnalités, et avec les soucis de format de fenêtres comme on l'a vu plus haut.
Où sont les apps professionnelles d'Apple ? Final Cut Pro, Logic ? Vous n'aurez pas non plus Photoshop, Illustrator ou Outlook, uniquement leurs déclinaisons pour tablettes. Même pour Pages, Numbers et Keynote, il s'agit de dérivés de la version iPad, dont il manque souvent des fonctions, sans parler des menus souvent très chiches en options. Ironiquement, on ne peut même pas traiter les vidéos 3D du Vision Pro... sur le Vision Pro !
Le seul moyen de retrouve ses apps, c'est... de connecter son Mac. Et là, le Vision Pro redevient
Dès lors, une question me taraude : si pour que le Vision Pro redevienne Pro, il faut lui rajouter un Mac, un clavier, une souris... Quel est la valeur ajoutée du casque ? De jouer le simple rôle d'écran externe ? Avons que l'intérêt est minime, surtout à ce niveau de prix !
Comme tout bon produit Apple, le Vision Pro est fourni avec une connectivité sans-fil complète : WiFi, bluetooth... du classique.
Pour s'échanger des fichiers, on utilisera donc surtout AirDrop, presque sans équivalent dans le monde PC/Android.... tant qu'on ne doit pas envoyer ou récupérer de grosses archives. Avec seulement du WiFi 6, le Vision Pro n'excèdera jamais les 500 Mbps, alors que le WiFi 6E aurait permis d'atteindre 1 à 1,5Gbps, voire même 4Gbps avec du WiFi 7 ! Quel dommage !
Il y a bien un port USB C sur la batterie, mais impossible de l'utiliser pour connecter un SSD. Le Vision Pro est 100% sans-fil, ce qui n'est pas idéal pour un appareil
Plus étonnant encore, la firme de Cupertino n'a pas (encore ?) prévu de moyens simples de s'échanger des fichiers avec des appareils Apple. Pourquoi ne pas profiter de cet environnement 3D pour faire du glisser-déposer vers un iPhone ou un MacBook Pro avec un geste de la main par exemple ? Si une autre personne possède un casque et se trouve dans la même pièce, Apple n'a pas envisagé qu'on puisse se partager une fenêtre par exemple ou même tout un environnement.
Une fois encore, ces limitations rendent le Vision Pro plus contraignant à utiliser qu'un.... simple iPad, qui accepte des périphériques comme des micros, des SSD, des écrans, des lecteurs de cartes, des sondes... Bref, des accessoires courants dans le milieu professionnels.
Si j'ai préféré attendre quelques mois pour publier ce test du Vision Pro, c'est aussi pour laisser à Apple le temps de mettre à jour son OS et ses apps, avec l'arrivée de visionOS 2.0 en beta lors de la WWDC 2024.
L'arrivée de la langue française est une bonne chose, et l'App Store devrait également nous permettre d'utiliser un identifiant européen pour se connecter à la boutique et récupérer nos abonnements ad-hoc.
Apple a également rajouté un geste bien pratique pour afficher les apps et le centre de contrôle, via un petit pincement virtuel rapide à réaliser, c'est vraiment plus pratique que de devoir lever les yeux au ciel pour régler simplement le volume sonore ou enregistrer l'écran.
La grille d'applications est désormais personnalisable, même si elle arbore toujours le même fonctionnement par
Parmi les petites choses pratiques, Apple a rajouté un mode invité, et enregistre les données de ses yeux et de ses mains pendant 30 jours, ce qui évite de refaire la calibration dès qu'on prête le casque. Cependant, comme vous l'avez vu dans la vidéo, le Vision Pro reste un produit très personnel, qu'il est toujours compliqué de faire essayer à des tiers.
Peu de nouvelles fonctions sont apparues, mais signalons cette possibilité de transformer une photo prise à l'iPhone (avec les données de profondeur) en une véritable image 3D, que l'on peut visualiser avec un effet immersif. C'est assez sympa, à défaut d'être vraiment aussi impressionnant que les vidéos 3D.
En mode immersif (par exemple, sur une plage à Hawaï), vous voyez enfin vos mains et votre clavier ! Apple a pensé à détourer l'accessoire, mais pas la souris ! C'est un peu étrange, mais ce sera sûrement corrigé bientôt.
La nouveauté que j'attendais le plus n'est toujours pas disponible à l'heure où j'écris ces lignes : Apple va permettre d'utiliser un écran élargi et incurvé lorsqu'on partage le moniteur de son Mac. Jusqu'à présent, on était limité à de la 4K, ce qui souvent une définition inférieure à ce qu'on peut avoir sur un vrai bureau (2 écrans 4K par exemple ou une dalle 6K comme le Pro Display XDR).
Et voilà pour les nouveautés ! C'est assez maigre n'est-ce pas ? A contrario d'iPadOS qui n'évolue que par petites touches, j'en attendais davantage sur un produit aussi jeune, et dont les possibilités sont encore nombreuses. visionOS 2.0 s'apparente plutôt à une version 1.5 qu'une 2.0, et il douche un peu nos espoirs de voir le casque réellement évoluer d'ici la prochaine WWDC.
L'une des fonctionnalités réellement innovantes qui m'avait le plus
Nous l'avions testé ensemble à notre retour des USA, non sans un peu de gêne devant le regard des passagers, mais avec un certain succès. Le système fonctionne bien, est très réactif et permet effectivement de travailler sur un écran 4K virtuel. De ce point de vue, Apple a donc tenu sa promesse.
Pourtant, je ne que très rarement retenté l'expérience, principalement à cause de l'encombrement du casque. Ce dernier est très fragile et impose un sac dédié, presque aussi gros que celui de mon Mac, sans parler du clavier et de la souris, indispensables pour réellement travailler.
Dans l'avion, il y a toujours ces soucis d'interactions avec l'environnement direct, que ce soit pour boire/manger, utiliser le casque dans le noir (on ne voit pas ses voisins ni les hôtesse quand la lumière est trop sombre) et je mets de côté le poids, la transpiration... Bref, c'est quand-même assez inconfortable sur de longs trajets.
6 mois plus tard, je reste toujours un peu mal à l'aise à sortir ce casque en public. Outre l'acceptabilité sociable, il y a un petit côté ostentatoire maintenant que les gens savent que le dispositif coûte à lui seul 4000€ minimum, sans parler du Mac, de l'iPhone et du reste... vous vous baladez donc avec près de 8/10 000€ de matériel bien visibles, de quoi attiser parfois la convoitise. Avant de pouvoir utiliser le Vision Pro dans le RER, il faudra sans doute attendre quelques décennies...
Le volet récréatif a souvent été mis en avant par Apple, notamment la possibilité de regarder des films
Que ce soit pour des films classiques, projetés sur une toile géante, ou pour des vidéos 3D immersives qu'Apple distille au compte-goutte depuis le mois de février, il est vrai que l'expérience est assez incroyable pour qui aime le 7e art ou la 3D.
J'ai même découvert certains usages inédits, comme le fait de pouvoir regarder un film dans un environnement bruyant, ou au contraire, pendant que votre compagne/compagnon dort profondément. Etre dans sa bulle a ses avantages, même si je préfère quand-même partager une série avec mes proches que d'imaginer chaque membre de la famille qui regarde son émission dans son coin... tous sur le même canapé !
Quand je demande à des tiers la raison qui les pousserait à remettre le casque, il est souvent question de vidéos. Il est vrai qu'Apple propose une expérience fascinante, avec une excellente définition, du HDR, des écrans de bonne qualité et même du son spatial de qualité.
Le hic, c'est que tout cela existait déjà, bien avant le Vision Pro. La résolution était parfois moindre, certes, mais souvent suffisante pour une expérience déjà envoutante. Je suis surtout gêné que dans l'expérience globale, ce ne soit finalement que la vidéo qui ressorte vraiment comme LA nouveauté majeure, alors qu'Apple n'a ici rien inventé de bien disruptif.
Pour finir sur une note positive, je trouve sympa l'idée de filmer des vidéos en VR avec son iPhone (de ses enfants par exemple) pour les montrer plus tard à sa famille ou les revoir d'ici 10 ans -en imaginant que le format soit toujours compatible. J'ai pu ainsi faire découvrir le ski
Alors que la quasi-totalité du marché VR mise sur les jeux (Meta, HTC, PSVR...), l'usage récréatif semble totalement oublié par Apple.
Pourtant, le Vision Pro est aujourd'hui le casque le plus abouti techniquement, le jeu aurait été une formidable vitrine pour promouvoir ses capacités 2D/3D et les interactions virtuelles qui en découlent. Malheureusement, Apple ne lui a pas (encore ?) prévu de manettes, tout juste peut-on utiliser celles de PS5 pour jouer à des titres prévus pour le Mac ou l'iPad.
A ce propos, malgré Apple Arcade, l'offre ludique est vraiment maigre et souvent, il ne s'agit que de jeux en 2D, sans immersion. C'est une vraie déception, Tim Cook aurait largement eu les moyens de se payer un gros studio de développement ou quelques exclusivités temporaires, histoire de faire baver un peu les joueurs.
Plus étrange encore, Apple semble refuser tout partenariat avec des organismes de standardisation, comme OpenXR. Oubliez aussi les films VR diffusés sur les plateformes comme YouTube, du moins pour l'instant. Le Vision Pro fonctionne encore en circuit fermé, ce qui le coupe de nombreux contenus.
Enfin, on aurait pu imaginer que le Vision Pro se connecte... au Mac ! Certes, la facture finale serait indécente pour jouer à Tomb Raider en 3D, mais pour un professionnel, pouvoir se servir du casque pour du monitoring pendant le montage à 360° par exemple, pourrait avoir du sens. Encore une fois, cela viendra peut-être, mais sans branchement filaire et avec du WiFi limité, pas sûr que ce soit réellement possible techniquement.
Malgré toutes ces critiques, on ne peut enlever une chose au Vision Pro : son niveau de réalisme est tout simplement bluffant.
Lorsque vous prêtez le casque à des néophytes pour la première fois, beaucoup ont l'impression de regarder à travers des lunettes. Même si l'environnement trahit rapidement le fait qu'il ne s'agisse que d'écrans et de caméras, ce n'est pas toujours aussi évident pour le premier venu.
Si certains se sont moqué de moi lorsque j'ai tenté de skier avec le casque, ils sont surtout passés à côté du plus important : c'est la première fois qu'on peut réellement skier sans trop de contrainte avec juste une caméra et un écran sur le nez ! A part l'angle de vision, j'ai été très peu gêné, le Vision Pro était prévis, réactif et parfaitement calibré pour une telle activité -quoiqu'en disent les messages d'alertes m'implorant de m'arrêter !
Sans sortir de son salon, l'expérience est tout aussi impressionnante quand vous intégrez une télévision en 3D dans votre environnement. On pouvait déjà le faire avec l'iPhone, mais avec le casque sur la tête, c'est
Le Vision Pro est souvent qualifié de
C'est d'ailleurs le point qui me gêne le plus avec le Vision Pro : à l'image de certains PC ou téléphones Android, on a l'impression que c'est la fiche technique qui prime, et que les usages restent à découvrir.
Tim Cook nous refait le coup de l'Apple Watch, qui a mis plusieurs années à trouver son positionnement autour du sport et de la santé, là où Steve Jobs avait plutôt tendance à imaginer les usages avant la fiche technique. Résultat ? Beaucoup de contraintes pour peu d'avantages à utiliser le casque au quotidien, y compris pour des tâches basiques comme de la bureautique où le Vision Pro aurait pu se frayer un espace.
L'informatique spatiale, avec des fenêtre 2D, un clavier et une souris quasi indispensables et un appareil pas très agréable à porter... ce n'est pas demain qu'on remplacera notre Mac avec le Vision Pro. Quant aux fans de jeux vidéo, peu de chances qu'ils se laissent séduire par les titres d'Apple Arcade, qui n'arrivent pas à la cheville de ce qu'il se fait sur PC ou sur le Meta Quest.
Je suis encore plus étonné qu'Apple n'ait presque pas capitalisé sur les interactions : un casque capable de traduire en temps réel une conversation, d'agir simultanément sur un document en 3D, de décrire des produits en temps réel... Il faut dire que la Pomme a pour l'instant raté le virage de l'IA, les promesses de la WWDC ayant totalement fait l'impasse sur le Vision Pro... J'espère que ce n'est qu'un oubli et que le casque ne devra pas attendre encore 4 ou 5 ans pour en bénéficier !
Bref, le Vision Pro me fait beaucoup penser au récent iPad Pro M4 : une fiche technique de Formule 1, mais qui doit tourner sur un circuit de karting. Ces produits s'ennuient un peu, faute de logiciel capable d'en tirer vraiment parti.
Sauf à disposer d'un budget illimité, difficile de vous conseiller ce casque, surtout avec la promesses de l'informatique spatiale qui n'est clairement pas au rendez-vous.
Difficile aussi de se contenter de vidéos immersives et de salles de cinéma virtuelles pour justifier les 4000€ (hors accessoires) nécessaires pour se procurer l'engin. A moins d'être développeur ou d'y trouver une utilité business (pour de la formation, des outils 3D etc.), mieux vaut dépenser son argent dans un MacBook Pro ou une console de jeux.
Quant à la VR version Jeux Vidéo, elle sera bien plus amusante avec un Meta Quest 2 ou 3 qu'avec le Vision Pro. C'est non seulement 7 fois moins cher, mais surtout, vous aurez 100 fois plus de jeux pour le prix du Vision Pro !
Quelles options s'offrent à Apple ? Sortir un modèle moins cher, assurément. Sans doute un Vision
En attendant, Apple doit absolument proposer un OS à la hauteur de ses ambitions. C'est bien de prendre des risques à sortir un tel produit, il est maintenant temps de tester des choses sur les UI, de mettre les moyens dans les applications et de ne pas oublier le B2B, moins regardant sur l'aspect tarifaire.
Bref, si l'on ne veut pas que le Vision Pro finisse au fond d'un placard dans 6 mois, Apple a intérêt à mettre les bouchées doubles. Pour le moment, il passe plus de temps sur une étagère que sur ma tête, et ce n'est pas faute de me forcer à l'utiliser.
Après 6 mois à l'utiliser régulièrement, après avoir installé visionOS 2.0 (beta) sur le casque, il est temps de dresser un premier bilan ! Top ou flop ? La réponse dans cette nouvelle vidéo !
Découverte et acceptabilité sociale
Ce n'est pas tous les jours qu'Apple lance une nouvelle ligne de produits, la dernière fois, c'était en 2015 (pour l'Apple Watch) et il fallait ensuite remonter en 2010 avec le lancement de l'iPad ! C'est dire si nous étions dans les starting-blocks pour être les premiers à tester le Vision Pro !
Avec une disponibilité unique aux Etats-Unis, il fallait être sacrément motivé pour faire le déplacement, et se faire délester de plus de 4000 dollars pour enfin placer le casque sur notre petite tête d'européen, passionnés depuis toujours par la marque à la Pomme et les technologies innovantes.
Après un déballage en direct plutôt suivi malgré l'heure tardive, il a fallu ensuite apprivoiser les bestiau. Evidemment, on s'est empressés de sortir en ville avec, un épisode souvent moqué sur les réseaux sociaux et les forums, mais qui traduisait en réalité la nécessité de tester l'acceptabilité sociale, tout comme ce fut le cas pour les premiers téléphones portables.
Après tout, si nous devons remplacer nos iPhone et nos Mac par ce casque, pourquoi ne pas le porter dans la rue, au Starbucks ou dans les bars ?
Beaucoup ont rapidement déchanté, car Apple n'avait pas du tout prévu que ses clients se promènent avec le Vision Pro. Le casque se contente de filmer en 3D ou prendre de (mauvaise) photos, mais rien de plus : pas de traduction en temps réel des conversation, pas d'infos en surimpression des produits dans les supermarché, c'en était même assez déconcertant.
Tu as juste l'air ridicule avec ton masque de ski !m'avait lancé un commentaire sur TikTok, et la personne avait sans doute raison.
Prenant le fameux commentaire au mot, j'ai décidé d'aller skier avec le masque. Le simple fait de pouvoir descendre une piste à vive allure avec le Vision Pro sur le bonnet était déjà complètement dingue : ce casque n'est pas une paire de lunettes, mais bien un jeu de caméras et d'écrans, dont la réactivité, le niveau de détails et le champ de vision permet donc de faire du sport à haute vitesse, n'est-ce pas déjà là une performance inouïe ?
Mais là encore, Apple vous décourage vite de vous déplacer avec le casque, il n'est même pas possible de naviguer depuis un télésiège ! Seuls les transports classiques (train, avion...) sont autorisés, à condition d'être dans un espace fermé : le Vision Pro, ce n'est pas pour s'amuser ! Apple a positionné son produit autour de
l'informatique spatiale, ce qui a rapidement découragé les utilisateurs à se balader dans la rue avec.
Mais est-il vraiment aussi à l'aise qu'un Mac sur un bureau ? La promesse de l'informatique spatiale est-elle tenue ?
Informatique spatiale : pas sans clavier/souris !
Le Vision Pro est-il vraiment un ordinateur ? Cette question s'était déjà posée un millier de fois pour l'iPad, et Apple nous refait donc le coup avec son casque AR/VR. Le Vision Pro se prend pour un Mac et sur le papier, il en a bien toutes les caractéristiques : stockage, mémoire, interfaces, système d'exploitation, gestionnaire de fichiers, applications...
En pratique, on peut donc éditer des documents, lancer des jeux, utiliser des applications professionnelles, lancer des appels vidéo, bref, vous l'avez vu jusque là, la transposition dans un univers 3D fonctionne bien, Apple ayant réussi à proposer un système de navigation plutôt efficace avec les yeux et les gestes. Après quelques minutes seulement, on se sent carrément à l'aise avec les interfaces, ce qui n'était pas toujours le cas avec la concurrence.
Mais peut-on vraiment remplacer un Mac par le Vision Pro ? Pas vraiment, et pour une raison simple : le clavier virtuel n'est pas du tout pratique. Cela fait 6 mois que je peste dès que je dois entrer un mot de passe, alors imaginer pour taper un article comme celui-ci... J'ai bien essayé quelques heures, mais n'étant pas de nature à me faire du mal trop longtemps, je suis rapidement revenu à mon bon vieux MacBook Pro.
Je me suis souvent posé la question de savoir si un clavier 100% virtuel serait un jour réellement utilisable. Valider les lettres une par une avec les mains en l'air, il faut oublier. Quant à taper dans le vide, toujours les bras levés, ce n'est pas viable non plus, d'autant que cela vous oblige à regarder vos doigts (virtuels) plutôt que le document que vous êtes en train d'éditer. Apple n'a pas non plus prévu de pouvoir
poserle clavier sur une table, ce qui offrirait un peu de repos à nos poignets. Même dans ce cas là, je doute que l'absence de retour haptique nous permette de taper comme sur un véritable clavier. Reste la dictée vocale, mais dans un train ou même un Open Space, ce n'est pas viable, surtout que celle d'Apple comprend tout de travers...
A l'arrivée, la prise en charge des claviers physiques est tout simplement indispensable pour travailler avec le Vision Pro. J'ai pu taper ce texte sans problème, et sans me fatiguer, l'expérience étant assez proche d'un Mac. Avec visionOS 2.0 (on y revient plus bas), il est même possible d'y ajouter une souris sans-fil et donc, un pointeur, ce qui évite là encore les gestes dans le vide et les bras en l'air.
Du coup... problème résolu ? Et bien pas vraiment ! Car si le Vision Pro doit m'accompagner partout, je dois donc lui rajouter un clavier et une souris, ce qui commence à faire beaucoup en matière d'encombrement ! En effet, le sac (en option) est déjà bien volumineux, et le clavier ne rentre évidemment pas dedans. L'ensemble est donc bien plus encombrant qu'un Mac, et surtout, la nécessité d'utiliser un clavier et une souris impose... d'avoir une table devant soi, ce qui n'est pas toujours simple dans les transports.
visionOS ou iPadOS ?
Bien décidé à poursuivre mon expérience , je choisis quand-même de jouer le jeu et d'utiliser le Vision Pro pendant quelques mois au clavier et à la souris -plutôt au trackpad dans un premier temps, car les souris sans-fils sont arrivées avec visionOS 2.0.
Avec un peu d'habitude, tout fonctionne et l'on peut naviguer sur le web, éditer des documents, rédiger des mails, écrire des tweets sans contrainte d'interface, faire du glisser-déposer... Il faut parfois jongler avec les gestes ou les boutons du casque, car il n'est pas possible de tout faire au clavier et à la souris, rien d'insurmontable.
Mais sur la durée, l'expérience est un peu frustrante, en grande partie car visionOS dérive en fait d'iPadOS et non de macOS, ce qui génère de nombreuses contraintes. Par exemple, impossible de prendre les fenêtre par les bords comme sur Mac, il faut utiliser la barre située en partie basse, comme avec la gestuelle.
Le redimensionnement est également bridé sur la plupart des applications conçues pour l'iPad -les programmes natifs acceptent en revanche une mise à l'échelle personnalisée. Essayez de placer X sur la hauteur, le format accepté sera celui d'un écran de tablette, ce qui est vraiment étrange ici.
Autre exemple casse-pied, si vous placez les fenêtres côte à côte, ou en légère superposition, Apple applique arbitrairement une sorte de flou de fondu, très esthétique au demeurant, mais parfaitement inutile, si vous souhaitez visualiser le contenu d'une page web pendant une prise de note par exemple. Cela oblige donc à sur-espacer les fenêtres, alors même que le champ de vision du casque est déjà limité (autour de 100°). Conséquence immédiate, vous passez votre temps à tourner la tête de façon exagérée...
Comme sur l'iPad, le pointeur n'est pas une flèche, mais un petit disque quasi-transparent, qui peine à être précis. Pourquoi diable imposer ce pointeur pour enfant à des habitués de la souris ? On manque de précision et l'on perd souvent son curseur au milieu des fenêtres...
Qui voit la souris sur cette image ?
Difficile de comprendre pourquoi Apple ne se repose que sur une UI d'interfaces tactiles, alors même que le visionPro permet d'utiliser un bureau comparable à celui d'un Mac. Les boutons grossiers et les fenêtres aux larges bordures n'ont que peu d'intérêt ici, car on manipule l'ensemble soit avec les yeux, soit avec un curseur, mais pas avec les doigts sur un écran en verre, comme sur une tablette.
Un bureau sans écran physique ?
Un bureau avec seulement un clavier et une souris sans-fil, voilà enfin le setup rêvé des youtubeurs, amateurs de studios épurés pour tourner leurs vidéos !
Il est vrai que l'idée est séduisante et peut-être que l'on tient là le futur des OpenSpaces, déjà bien impersonnels, depuis l'apparition des
bureaux volants. Les managers réfléchissent peut-être déjà à réduire la taille des tables, histoire de gagner en espace et en personnels au mètre carré !
Blague à part, j'aime bien l'idée d'un bureau épuré, d'autant que ça marche : le moniteur virtuel est tout à fait utilisable, avec une bonne luminosité, une définition façon
retina, une bonne réactivité et l'ensemble est déjà parfaitement mature.
Le problème n'est pas tellement l'absence d'écran physique, mais plutôt l'environnement physique. Déjà, le bénéficie d'avoir un bureau épuré ne compense pas les contraintes de travailler des heures avec un casque sur la tête : au bout d'une heure, j'ai déjà des marques sur le nez, sur les joues, et à la fin de la matinée, l'expérience se transforme en sacrée punition. Avec cette version du casque, personne ne peut travailler 8H par jour avec un Vision Pro de 650g sur le front, croyez-moi ! En été, c'est encore plus désagréable, et les filles à qui j'ai prêté le casque craignaient même de voir leur maquillage couler à cause de la transpiration ou du frottement des mousses.
En bout de quelques heures, on fatigue aussi de devoir tourner la tête un peu trop souvent, surtout avec le poids de l'engin. On a beau dire, mais ce système de lentilles n'est pas aussi confortable que lorsqu'on regarde un écran classique. En bougeant la tête, les fenêtres tremblent un peu, certaines zones ne sont pas toujours nettes, et je trouve que le champ de vision limité oblige à réaliser ces mouvements du crâne de façon beaucoup trop marquée.
Enfin, n'étant pas un androïde 100% virtuel, j'ai encore besoin de boire, de manger, d'aller aux toilettes... Ces petites choses du quotidien vire rapidement à la blague entre collègues, surtout lorsque vous essayez de viser votre bouche avec la tasse à café ! Vous avez besoin d'utiliser votre iPhone ? Face ID ne fonctionne pas, et même en supprimant le code, l'écran de l'appareil ne sera pas aussi net que dans la
vraievie pour lire vos message Snapchat...
Bref, l'inconfort est permanent, et je n'ai pas encore narré la problématique de cette fichue batterie liée au casque, qu'on oublie souvent de prendre avec soi quand on se déplace et qui tombe régulièrement du bureau... Tout cela mis bout à bout rend l'expérience contraignante, pénible, pour ne pas dire presque délétère au bout de quelques jours -j'ai déjà renoncé à boire pendant toute une matinée, juste pour finir un article sans être embêté.
Histoire de finir sur une note positive, j'aime beaucoup le fait de masquer mon écran à mon entourage direct. Un peu de confidentialité dans les transports ou même entre collègue évite le petit regard par dessus votre épaule du chef ou du voisin taquin, curieux de vos dernières créations ou de votre dernière commande amazon pour madame... Le fait d'être un peu isolé n'est pas une mauvaise chose, tant pour la créativité que pour conserver un peu de vie privée dans les lieux publics.
De la 2D dans la 3D
Avec le Vision Pro, il faut se projeter dans le futur et imaginer que le casque sera forcément un jour plus léger, avec batterie intégrée, et que tous les problèmes physiques et esthétiques seront peut-être comblés grâces aux avancées de l'électronique et de la miniaturisation.
En faisant abstraction de ces contraintes, y'a-il vraiment des usages, une façon de travailler qui nécessite d'avoir un Vision Pro plutôt qu'un Mac ? Apple a-t-elle ré-inventé une informatique spatiale, comme on peut le lire à chaque paragraphe de son site web ?
La question pourrait être posée ainsi : Apple a-t-elle suffisant repensé ses interfaces pour les adapter à un univers en trois dimensions ? Avec des fenêtres toujours très plates, on a l'impression ici d'utiliser un univers 2D bridé par l'iPad, dans un monde 3D aux possibilités bien plus larges.
Comme beaucoup, j'avais gardé l'image de cette séquence de Jurassic Park, dans lequel une jeune fille utilisait un OS
futuristeoù elle se baladait dans une sorte de Finder 3D sur son PC Silicon Graphics. Pas forcément très pratique, cette UI avait le mérite de rompre les codes et c'est peut-être ce qu'on attendait d'Apple avec le Vision Pro.
Si Apple a choisi de rester très conservatrice, on imagine qu'elle a ses raisons et que la 3D n'apporte peut-être pas grand chose en terme d'ergonomie des interfaces. Reste que l'on s'étonne de l'absence de prise de risque : pourquoi ne pas essayer quelques concepts façon
Minority Reportdans Keynote ? Pourquoi se limiter avec des applications fenêtrées et ne pas exploser les interfaces dans l'environnement 3D ? De voir que le futur ressemble à des applications iPad qui flottent dans un monde VR est un brin décevant.
Le concept d'écran infini est en revanche déjà plus intéressant : avec le Vision Pro, on n'est plus limité par les bords de l'écran et l'on peut ainsi placer des fenêtres un peu partout, y compris dans sa
maison: iTunes aux toilettes, la bourse dans le salon, AppleTV dans la chambre à coucher... C'est rigolo et bien pensé, même si Apple ne permet pas d'avoir une vraie persistance : vous redémarrez le casque, et la position des fenêtres est définitivement perdue.
Plus prosaïquement, il est possible de travailler avec un écran à 180°, d'une largeur/hauteur quasi infinie. Le jeu consiste donc à placer ses mails, Slack, X, Safari et toutes ses applications en mosaïque, et sans limite. Sur le papier, c'est cool, même si les écran modernes offrent déjà une belle surface d'affichage.
Au bout de quelques heures, on se rend vite compte que notre champ de vision direct sera toujours limité. A moins de vouloir vous tordre le coup pour lire vos mails, vous aurez tendance à garder les fenêtres en face de vos yeux. In fine, on se retrouve alors dans une configuration assez standard pour travailler, avec 2-3 applications sur la largeur, et rarement plus d'une sur la hauteur. Tout ça pour ça ? Oui, car Apple ne permet pas encore d'incurver les fenêtre pour optimiser la surface dans le champ de vision, ce qui pourrait être un bon compromis.
Un Vision "Pro" sans apps "Pro"
On continue notre jeu d'abstractions, en imaginant que toutes les contraintes matérielles et logicielles disparaissent ces prochaines années.
Si je vous confie un Vision Pro une journée, le premier réflexe sera de télécharger vos applications... et là, c'est la douche froide, car le Vision Pro ne propose que très peu d'apps, et encore moins d'apps professionnelles. Les seules versions disponibles sont celles développées pour l'iPad, souvent castrées en fonctionnalités, et avec les soucis de format de fenêtres comme on l'a vu plus haut.
Où sont les apps professionnelles d'Apple ? Final Cut Pro, Logic ? Vous n'aurez pas non plus Photoshop, Illustrator ou Outlook, uniquement leurs déclinaisons pour tablettes. Même pour Pages, Numbers et Keynote, il s'agit de dérivés de la version iPad, dont il manque souvent des fonctions, sans parler des menus souvent très chiches en options. Ironiquement, on ne peut même pas traiter les vidéos 3D du Vision Pro... sur le Vision Pro !
Le seul moyen de retrouve ses apps, c'est... de connecter son Mac. Et là, le Vision Pro redevient
Pro: une grande fenêtre 4K apparait au milieu de l'écran et vous avez enfin accès à tout ! Xcode, Photoshop, Chrome, Final Cut Pro... Même si ces programmes ne peuvent sortir de la fenêtre du Mac, il est possible d'utiliser la clavier et la souris de la machine pour aller jouer avec les fenêtres de visionOS, que vous pouvez placer de part et d'autres de celle de macOS.
Dès lors, une question me taraude : si pour que le Vision Pro redevienne Pro, il faut lui rajouter un Mac, un clavier, une souris... Quel est la valeur ajoutée du casque ? De jouer le simple rôle d'écran externe ? Avons que l'intérêt est minime, surtout à ce niveau de prix !
Echanger des fichiers, c'est compliqué !
Comme tout bon produit Apple, le Vision Pro est fourni avec une connectivité sans-fil complète : WiFi, bluetooth... du classique.
Pour s'échanger des fichiers, on utilisera donc surtout AirDrop, presque sans équivalent dans le monde PC/Android.... tant qu'on ne doit pas envoyer ou récupérer de grosses archives. Avec seulement du WiFi 6, le Vision Pro n'excèdera jamais les 500 Mbps, alors que le WiFi 6E aurait permis d'atteindre 1 à 1,5Gbps, voire même 4Gbps avec du WiFi 7 ! Quel dommage !
Il y a bien un port USB C sur la batterie, mais impossible de l'utiliser pour connecter un SSD. Le Vision Pro est 100% sans-fil, ce qui n'est pas idéal pour un appareil
professionnelqui possède pourtant un stockage interne important, entre 256 à 1To ! Pour sauvegarder, télécharger ou exporter des fichier, le Cloud reste donc la seule issue, surtout dans un parc hétérogène avec des PC et des systèmes Android.
Plus étonnant encore, la firme de Cupertino n'a pas (encore ?) prévu de moyens simples de s'échanger des fichiers avec des appareils Apple. Pourquoi ne pas profiter de cet environnement 3D pour faire du glisser-déposer vers un iPhone ou un MacBook Pro avec un geste de la main par exemple ? Si une autre personne possède un casque et se trouve dans la même pièce, Apple n'a pas envisagé qu'on puisse se partager une fenêtre par exemple ou même tout un environnement.
Une fois encore, ces limitations rendent le Vision Pro plus contraignant à utiliser qu'un.... simple iPad, qui accepte des périphériques comme des micros, des SSD, des écrans, des lecteurs de cartes, des sondes... Bref, des accessoires courants dans le milieu professionnels.
visionsOS 2.0 : une mise à jour cosmétique ?
Si j'ai préféré attendre quelques mois pour publier ce test du Vision Pro, c'est aussi pour laisser à Apple le temps de mettre à jour son OS et ses apps, avec l'arrivée de visionOS 2.0 en beta lors de la WWDC 2024.
L'arrivée de la langue française est une bonne chose, et l'App Store devrait également nous permettre d'utiliser un identifiant européen pour se connecter à la boutique et récupérer nos abonnements ad-hoc.
Apple a également rajouté un geste bien pratique pour afficher les apps et le centre de contrôle, via un petit pincement virtuel rapide à réaliser, c'est vraiment plus pratique que de devoir lever les yeux au ciel pour régler simplement le volume sonore ou enregistrer l'écran.
La grille d'applications est désormais personnalisable, même si elle arbore toujours le même fonctionnement par
pages, similaire à un... écran d'iPad. Impossible d'avoir un Dock pour des accès rapides, ni de placer des applications dans son environnement, à sa guise en terme de positionnement. L'écran illimité, oui, mais pas pour tout !
Parmi les petites choses pratiques, Apple a rajouté un mode invité, et enregistre les données de ses yeux et de ses mains pendant 30 jours, ce qui évite de refaire la calibration dès qu'on prête le casque. Cependant, comme vous l'avez vu dans la vidéo, le Vision Pro reste un produit très personnel, qu'il est toujours compliqué de faire essayer à des tiers.
Peu de nouvelles fonctions sont apparues, mais signalons cette possibilité de transformer une photo prise à l'iPhone (avec les données de profondeur) en une véritable image 3D, que l'on peut visualiser avec un effet immersif. C'est assez sympa, à défaut d'être vraiment aussi impressionnant que les vidéos 3D.
En mode immersif (par exemple, sur une plage à Hawaï), vous voyez enfin vos mains et votre clavier ! Apple a pensé à détourer l'accessoire, mais pas la souris ! C'est un peu étrange, mais ce sera sûrement corrigé bientôt.
La nouveauté que j'attendais le plus n'est toujours pas disponible à l'heure où j'écris ces lignes : Apple va permettre d'utiliser un écran élargi et incurvé lorsqu'on partage le moniteur de son Mac. Jusqu'à présent, on était limité à de la 4K, ce qui souvent une définition inférieure à ce qu'on peut avoir sur un vrai bureau (2 écrans 4K par exemple ou une dalle 6K comme le Pro Display XDR).
Et voilà pour les nouveautés ! C'est assez maigre n'est-ce pas ? A contrario d'iPadOS qui n'évolue que par petites touches, j'en attendais davantage sur un produit aussi jeune, et dont les possibilités sont encore nombreuses. visionOS 2.0 s'apparente plutôt à une version 1.5 qu'une 2.0, et il douche un peu nos espoirs de voir le casque réellement évoluer d'ici la prochaine WWDC.
Le Vision Pro dans les transports
L'une des fonctionnalités réellement innovantes qui m'avait le plus
hypéconcerne l'utilisation dans les transports : travailler comme au bureau, mais dans le train, l'avion... en voilà une idée intéressante !
Nous l'avions testé ensemble à notre retour des USA, non sans un peu de gêne devant le regard des passagers, mais avec un certain succès. Le système fonctionne bien, est très réactif et permet effectivement de travailler sur un écran 4K virtuel. De ce point de vue, Apple a donc tenu sa promesse.
Pourtant, je ne que très rarement retenté l'expérience, principalement à cause de l'encombrement du casque. Ce dernier est très fragile et impose un sac dédié, presque aussi gros que celui de mon Mac, sans parler du clavier et de la souris, indispensables pour réellement travailler.
Dans l'avion, il y a toujours ces soucis d'interactions avec l'environnement direct, que ce soit pour boire/manger, utiliser le casque dans le noir (on ne voit pas ses voisins ni les hôtesse quand la lumière est trop sombre) et je mets de côté le poids, la transpiration... Bref, c'est quand-même assez inconfortable sur de longs trajets.
6 mois plus tard, je reste toujours un peu mal à l'aise à sortir ce casque en public. Outre l'acceptabilité sociable, il y a un petit côté ostentatoire maintenant que les gens savent que le dispositif coûte à lui seul 4000€ minimum, sans parler du Mac, de l'iPhone et du reste... vous vous baladez donc avec près de 8/10 000€ de matériel bien visibles, de quoi attiser parfois la convoitise. Avant de pouvoir utiliser le Vision Pro dans le RER, il faudra sans doute attendre quelques décennies...
Un cinéma à domicile
Le volet récréatif a souvent été mis en avant par Apple, notamment la possibilité de regarder des films
comme au cinémadepuis son siège d'avion (en classe éco), son lit ou son canapé.
Que ce soit pour des films classiques, projetés sur une toile géante, ou pour des vidéos 3D immersives qu'Apple distille au compte-goutte depuis le mois de février, il est vrai que l'expérience est assez incroyable pour qui aime le 7e art ou la 3D.
J'ai même découvert certains usages inédits, comme le fait de pouvoir regarder un film dans un environnement bruyant, ou au contraire, pendant que votre compagne/compagnon dort profondément. Etre dans sa bulle a ses avantages, même si je préfère quand-même partager une série avec mes proches que d'imaginer chaque membre de la famille qui regarde son émission dans son coin... tous sur le même canapé !
Quand je demande à des tiers la raison qui les pousserait à remettre le casque, il est souvent question de vidéos. Il est vrai qu'Apple propose une expérience fascinante, avec une excellente définition, du HDR, des écrans de bonne qualité et même du son spatial de qualité.
Le hic, c'est que tout cela existait déjà, bien avant le Vision Pro. La résolution était parfois moindre, certes, mais souvent suffisante pour une expérience déjà envoutante. Je suis surtout gêné que dans l'expérience globale, ce ne soit finalement que la vidéo qui ressorte vraiment comme LA nouveauté majeure, alors qu'Apple n'a ici rien inventé de bien disruptif.
Pour finir sur une note positive, je trouve sympa l'idée de filmer des vidéos en VR avec son iPhone (de ses enfants par exemple) pour les montrer plus tard à sa famille ou les revoir d'ici 10 ans -en imaginant que le format soit toujours compatible. J'ai pu ainsi faire découvrir le ski
comme si elle y étaità la grand-mère des enfants, qui ne peut plus les suivre sur les pistes.
Où sont les jeux ?
Alors que la quasi-totalité du marché VR mise sur les jeux (Meta, HTC, PSVR...), l'usage récréatif semble totalement oublié par Apple.
Pourtant, le Vision Pro est aujourd'hui le casque le plus abouti techniquement, le jeu aurait été une formidable vitrine pour promouvoir ses capacités 2D/3D et les interactions virtuelles qui en découlent. Malheureusement, Apple ne lui a pas (encore ?) prévu de manettes, tout juste peut-on utiliser celles de PS5 pour jouer à des titres prévus pour le Mac ou l'iPad.
A ce propos, malgré Apple Arcade, l'offre ludique est vraiment maigre et souvent, il ne s'agit que de jeux en 2D, sans immersion. C'est une vraie déception, Tim Cook aurait largement eu les moyens de se payer un gros studio de développement ou quelques exclusivités temporaires, histoire de faire baver un peu les joueurs.
Plus étrange encore, Apple semble refuser tout partenariat avec des organismes de standardisation, comme OpenXR. Oubliez aussi les films VR diffusés sur les plateformes comme YouTube, du moins pour l'instant. Le Vision Pro fonctionne encore en circuit fermé, ce qui le coupe de nombreux contenus.
Enfin, on aurait pu imaginer que le Vision Pro se connecte... au Mac ! Certes, la facture finale serait indécente pour jouer à Tomb Raider en 3D, mais pour un professionnel, pouvoir se servir du casque pour du monitoring pendant le montage à 360° par exemple, pourrait avoir du sens. Encore une fois, cela viendra peut-être, mais sans branchement filaire et avec du WiFi limité, pas sûr que ce soit réellement possible techniquement.
Matrix pour de vrai !
Malgré toutes ces critiques, on ne peut enlever une chose au Vision Pro : son niveau de réalisme est tout simplement bluffant.
Lorsque vous prêtez le casque à des néophytes pour la première fois, beaucoup ont l'impression de regarder à travers des lunettes. Même si l'environnement trahit rapidement le fait qu'il ne s'agisse que d'écrans et de caméras, ce n'est pas toujours aussi évident pour le premier venu.
Si certains se sont moqué de moi lorsque j'ai tenté de skier avec le casque, ils sont surtout passés à côté du plus important : c'est la première fois qu'on peut réellement skier sans trop de contrainte avec juste une caméra et un écran sur le nez ! A part l'angle de vision, j'ai été très peu gêné, le Vision Pro était prévis, réactif et parfaitement calibré pour une telle activité -quoiqu'en disent les messages d'alertes m'implorant de m'arrêter !
Sans sortir de son salon, l'expérience est tout aussi impressionnante quand vous intégrez une télévision en 3D dans votre environnement. On pouvait déjà le faire avec l'iPhone, mais avec le casque sur la tête, c'est
Matrix dans la vraie vie. Vous avez vraiment l'impression que certains éléments sont bien là, même s'il ne s'agit que de réalité augmenté. En fait, tout ce que vous voyez n'existe pas réellement, donc libre à Apple de venir enrichir la scène, ce que votre cerveau n'a aucun mal à assumer pleinement.
La fiche technique avant les usages ?
Le Vision Pro est souvent qualifié de
belle démonstration techniquepar tous ceux qui l'ont essayé, une manière de dire qu'il est réussi sur le plan hardware, à défaut d'être abouti sur la partie logicielle.
C'est d'ailleurs le point qui me gêne le plus avec le Vision Pro : à l'image de certains PC ou téléphones Android, on a l'impression que c'est la fiche technique qui prime, et que les usages restent à découvrir.
Tim Cook nous refait le coup de l'Apple Watch, qui a mis plusieurs années à trouver son positionnement autour du sport et de la santé, là où Steve Jobs avait plutôt tendance à imaginer les usages avant la fiche technique. Résultat ? Beaucoup de contraintes pour peu d'avantages à utiliser le casque au quotidien, y compris pour des tâches basiques comme de la bureautique où le Vision Pro aurait pu se frayer un espace.
L'informatique spatiale, avec des fenêtre 2D, un clavier et une souris quasi indispensables et un appareil pas très agréable à porter... ce n'est pas demain qu'on remplacera notre Mac avec le Vision Pro. Quant aux fans de jeux vidéo, peu de chances qu'ils se laissent séduire par les titres d'Apple Arcade, qui n'arrivent pas à la cheville de ce qu'il se fait sur PC ou sur le Meta Quest.
Je suis encore plus étonné qu'Apple n'ait presque pas capitalisé sur les interactions : un casque capable de traduire en temps réel une conversation, d'agir simultanément sur un document en 3D, de décrire des produits en temps réel... Il faut dire que la Pomme a pour l'instant raté le virage de l'IA, les promesses de la WWDC ayant totalement fait l'impasse sur le Vision Pro... J'espère que ce n'est qu'un oubli et que le casque ne devra pas attendre encore 4 ou 5 ans pour en bénéficier !
Bref, le Vision Pro me fait beaucoup penser au récent iPad Pro M4 : une fiche technique de Formule 1, mais qui doit tourner sur un circuit de karting. Ces produits s'ennuient un peu, faute de logiciel capable d'en tirer vraiment parti.
Faut-il acheter le Vision Pro ?
Sauf à disposer d'un budget illimité, difficile de vous conseiller ce casque, surtout avec la promesses de l'informatique spatiale qui n'est clairement pas au rendez-vous.
Difficile aussi de se contenter de vidéos immersives et de salles de cinéma virtuelles pour justifier les 4000€ (hors accessoires) nécessaires pour se procurer l'engin. A moins d'être développeur ou d'y trouver une utilité business (pour de la formation, des outils 3D etc.), mieux vaut dépenser son argent dans un MacBook Pro ou une console de jeux.
Quant à la VR version Jeux Vidéo, elle sera bien plus amusante avec un Meta Quest 2 ou 3 qu'avec le Vision Pro. C'est non seulement 7 fois moins cher, mais surtout, vous aurez 100 fois plus de jeux pour le prix du Vision Pro !
Quelles options s'offrent à Apple ? Sortir un modèle moins cher, assurément. Sans doute un Vision
Non Prod'ici un an et peut-être des lunettes façon Meta/Ray-Ban avec quelques fonctionnalités reprises du casque. Quant à la VR au quotidien, elle nécessite selon moi des avancées technologies qui prendront sans doute au moins 10 à 15 ans avant de pouvoir offrir un système léger, peu intrusif et facile à porter -des lunettes ou des lentilles par exemple.
En attendant, Apple doit absolument proposer un OS à la hauteur de ses ambitions. C'est bien de prendre des risques à sortir un tel produit, il est maintenant temps de tester des choses sur les UI, de mettre les moyens dans les applications et de ne pas oublier le B2B, moins regardant sur l'aspect tarifaire.
Bref, si l'on ne veut pas que le Vision Pro finisse au fond d'un placard dans 6 mois, Apple a intérêt à mettre les bouchées doubles. Pour le moment, il passe plus de temps sur une étagère que sur ma tête, et ce n'est pas faute de me forcer à l'utiliser.
La promesse de l'informatique spatiale était belle, la réalité beaucoup moins exploitable. Formidable démonstration technique de l'AR/VR, le Vision Pro se révèle peu exploitable en production, manque cruellement d'applications et Apple n'a pas assez travaillé ses interface pour tirer parti du casque. Avec un produit plus léger, moins cher et un système plus abouti, Apple a encore une chance de nous séduire, mais saura-t-elle la saisir ?