Tesla va-t-elle vraiment si mal que cela ?
Par Didier Pulicani - Publié le
Il faudrait revenir à [Steve] Jobs chez Apple et Jack Welch chez GE au cours des 40 dernières années pour avoir des similitudes avec ce qui arrive à un PDG à un moment aussi crucial pour l'histoire, se risque Dan Ives, de chez Wedbush Securities.
Vous parlez d'un Thomas Edison des temps modernes qui traverse un moment de Howard Hughes.. Il faut dire que l'article dans lequel a réagir Ives, très à charge envers Tesla que vient de publier TheVerge manque un peu de contradicteurs et... de hauteur de vue.
Tesla n'est pas seul à flancher
Sur un plan purement spéculatif, le constructeur a effectivement perdu les 2/3 de sa capitalisation boursière en un an, avec une inflexion certaine pour la fin 2022 :
En valeur absolue, cela représente quand-même la perte de la capitalisation de plusieurs constructeurs mondiaux cumulés. Il faut dire que Tesla est actuellement coté autant que Volkswagen, Toyota, Hyundai Motor, General Motors, Ford et BMW réunis ! Tiens, d'ailleurs, comment se porte la concurrence en cette fin 2022 plutôt chahutée ? Et bien pas terrible, comme vous pouvez le voir :
D'autres s'en tirent un peu mieux (Mercedes, BMW...) mais la tendance reste à la baisse. La pénurie de composants, la guerre en Ukraine, la paralysie chinoise dûe au Covid, la récession qui se profile, le prix des matières premières... le contexte est assez défavorable à l'automobile, électrique ou non. D'ailleurs, même chez Apple, très dépendante de la Chine (comme Tesla et VW), l'action tire un peu la tronche en cette fin d'année :
Tesla veut finir l'année en beauté
Tesla étant encore un jeune constructeur, avec peu d'usines, et des investisseurs à rassurer, Elon Musk fait tout pour terminer chaque fin de trimestre en beauté. Et ça semble plutôt bien parti, lorsqu'on sait que Tesla a vendu 19 144 Model Y en Europe en novembre (+260 %) en en faisant la voiture la plus vendue sur le Vieux Continent -thermiques comprises, devant la Dacia Sandero.
L'objectif est désormais d'atteindre le chiffre d'un million de véhicules produits en un an, alors que l'usine européenne n'en sort que 3000 par semaine actuellement. Voilà pourquoi les opérations de promotions (baisses de prix, 10 000Km offerts etc.) se sont multipliées ces dernières semaines, afin d'écouler les derniers stocks de 2022.
Dans un e-mail envoyé à ses employés, dont certains sembleraient avoir un peu perdu leur mojo, Musk a déclaré qu'il pensait qu'à long terme, Tesla serait l'entreprise la plus rentable au monde et qu'il ne fallait pas se fier aux trépidations des marchés. Mais pour cela, il faut accélérer les livraisons :
S'il vous plaît, faites tout ce qu'il faut pour les prochains jours et portez-vous volontaire pour aider à livrer si possible. Cela fera une réelle différence !
Toute la question est maintenant de savoir si Tesla poursuivra son rythme infernal en 2023. En un an, le prix d'une Model 3 a pris presque 10 000€, et certains estiment même que le nombre de commande est en forte baisse ces derniers mois. Ces données reste cependant spéculatives, et n'offre aucun point de comparaison d'une année sur l'autre, par exemple. Du côté des usines, en tout cas, Tesla vendre actuellement toute sa production.
2023, l'année charnière ?
En 2023, Tesla devrait continuer à livrer ses Tesla Semi, dont la production a enfin commencé. On attend également le fameux Cybertruck, qui s'est déjà fait doubler en beauté par Rivian, le Ford F-150 et même le Hummer électrique. La Model 3 devrait également être rafraichie, et pas seulement sur le plan esthétique, d'ici la fin de l'année. Enfin, on attend l'annonce d'un Model 2 plus abordable et peut-être des nouvelles du Tesla Roadster, présenté en... 2017.
Bref, Elon Musk a encore du pain sur la planche et le rappel à l'ordre de certains actionnaires (qui estimaient que le CEO ne s'occupait pas assez de son entreprise) est aussi le signal qu'il reste de belles choses à faire chez Tesla, qui n'a pas dit son dernier mot !