Essai BMW i4 eDrive 40 : autonomie d'une Tesla, conduite et finitions BMW !
Par Didier Pulicani - Mis à jour le
Avec un tarif débutant désormais à 53 550€, soit à peine plus qu'une Model 3 Propulsion, le prix des options peut tout de même friser les 100 000€ sur le haut-de-gamme ! Pour cet essai longue durée, nous avons choisi la version 40, le meilleur rapport prix/autonomie de la gamme.
Dans la première vidéo consacrée à la BMW i4, on vous présente le véhicule sous toutes ses coutures, on teste l'autonomie réelle sur autoroute ainsi que les temps de charge, et il est également question de conduite semi-autonome... et bien-sûr de sensations au volant !
Une seconde vidéo suivra, avec le détail des intérieurs, des écrans et de la connectivité !
Une vraie concurrente de la Tesla Model 3 !
BMW n'est pas un nouveau-né de l'électrique, avec les i3 et i8, le constructeur bavarois avait déjà proposé des modèles pertinents (pour l'époque), même s'il aura fallu attendre l'iX3 (2021) pour voir arriver le premier véhicule familial 100% électrique dans la gamme.
Pour cette berline concurrente de la Tesla Model 3, Polestar 2, ou encore Mercedes EQE et contrairement à certains concurrents, BMW a fait des choix techniques pertinents, avec une grosse batterie, tout en conservant des moteurs puissants et une bonne aérodynamique : le combo-gagnant en électrique !
Comme une Serie 4 thermique
Le dessin de notre i4 n'est pas aussi futuriste que le grand iX (SUV), mais c'est normal : elle reprend stricto-sensu les traits de la Serie 4 thermique. Seul caractère différenciant, on retrouve des éléments bleus (que l'on peut enlever, sans frais), une calandre pleine ou un grand diffuseur sans l'échappement, évidemment.
Notre i4 est très aérodynamique, avec un coefficient de pénétration dans l'air plutôt correct (Cx 0,24), un format de berline très basse, et des jantes semi-pleine, façon
aérode chez Tesla.
Plus longue qu'une Tesla Model 3 de 10cm (4,78m) mais pas trop large (1,8m), elle n'est pas non plus très haute (1,45m), des proportions idéales pour fendre l'air et proposer une bonne sportivité, malgré la poids des batteries. En revanche, avec son empattement de 2,8m, elle braque assez mal et les petites rues de Fréjus dans lesquelles nous avons pu évoluer, posent parfois souci lorsqu'il s'agit de faire un dem-tour !
Assez basse, on a souvent peur d'accrocher, notamment dans les parking sous-terrains ou à la montagne. En pratique, j'ai souvent été moins gêné que la Tesla, dont les garde-boue sont encore plus bas et où la protection de bas-de-caisse est parfois plus capricieuse.
On notera également la présence d'une suspension pilotée (absente chez Tesla), mais qui compense aussi l'excédent de poids -200 à 300Kg de plus qu'une Model 3 !
Où est le frunk ?
A l'extérieur, notre BMW est bien équipée, avec ses feux laser BMW, de nombreux radars, caméras pour la conduite semi-autonome, ses essuie-glace hyper efficaces... L'avantage d'être un constructeur historique, c'est aussi tout cet héritage et le savoir-faire que les petits nouveaux (Tesla, Fisker, Polestar...) ont parfois plus de mal à proposer. En revanche, cette i4 n'a pas la fameuse calandre auto-cicatrisante de l'iX ni l'ingénieux système de liquide lave-glace caché dans le logo.
Autre déconvenue, l'un des plus gros défauts de cette version d'ailleurs : malgré l'énorme capot-avant et l'absence de bloc thermique, il n'y a pas de frunk -ce petit coffre typique des électriques ! Si l'on peut tout de même ouvrir le tout (contrairement à l'iX), un cache en plastique recouvre le contenu interne... qui se révèle en fait assez vide ! Il y aurait largement eu la place d'y mettre ses câbles. On a vraiment une sensation de place perdue et surtout, de véhicule thermique adapté, à peine repensé pour l'électrique.
Heureusement, cette i4 se rattrape avec son grand coffre (470L, dans la moyenne), muni d'un hayon, et très pratique à charger. Un espace de rangement sous le plancher permet de stocker câble et chargeur, mais ce n'est pas aussi pratique qu'un frunk, surtout quand la voiture est chargée ! Par ailleurs, l'option audio avec caisson de basse... supprime la moitié de l'espace !
CarKey : une clef sur son Apple Watch !
BMW a longtemps été un partenaire privilégié d'Apple, en étant par exemple la première marque à proposer CarPlay WiFi ou en intégrant le second écran de CarPlay/Apple Maps.
Cet été, quel bonheur d'avoir un véhicule compatible CarKey ! En effet, BMW est toujours le seul à proposer ce système de clef sur iPhone, via Wallet. La clef apparait comme une carte de crédit et il suffit de passer le téléphone devant la poignée pour ouvrir la voiture.
Mieux, vous pouvez partager la clef avec un tiers, mais aussi la mettre sur votre Apple Watch ! J'ai enfin pu partir à la plage sans téléphone ni aucun objet de valeur, tout en ayant les clef de la voiture au poignet. L'air de rien, c'est une fonction qui n'existe nulle part, y compris chez Tesla !
Enfin, vous pouvez même démarrer le véhicule -une seconde zone NFC à l'intérieur est présente sur la console centrale. Si vous n'avez plus de batterie ou perdu votre iPhone, une petite carte, façon Tesla, est également capable de tout faire. Finalement, plus vraiment besoin de la grosse clef !
Seul regret, BMW ne propose pas un vrai
mode sentinelle, un système de surveillance utilisant les caméras, mais uniquement une prise de photos extérieures permettant de
voirà côté de la voiture. A plus de 80 000€/CHF pour notre modèle d'essai (avec option et sans bonus), cela aurait été vraiment rassurant au quotidien.
Autonomie 590 WLTP et 340CV
Je vous le disais, BMW a fait des choix techniques vraiment pertinents sur ce modèle. La BMW i4 existe en fait en trois versions eDrive 35, 40 et M50.
• Batterie de 68,0 kWh (utile)
• 286CV (Propulsion)
• 430nm
• à 100 km/h en 6s
• Autonomie 483 Km WLTP
eDrive 40 (notre version)
• Batterie de 80,7 kWh (utile)
• 340CV (Propulsion)
• 430nm
• à 100 km/h en 5,7s
• Autonomie 590 Km WLTP
eDrive 50
• Batterie de 80,7 kWh (utile)
• 544CV (Propulsion)
• 795nm
• à 100 km/h en 3,9s
• Autonomie 510 Km WLTP
La plus intéressante est sans conteste la eDrive 40, avec son autonomie WLTP de près de 600Km. Le modèle M50, plus puissant et offrant 4 roues motrices (4x4) nous fait perdre directement 100Km. Quand à la version eDrive 35, sortie récemment, elle peine à atteindre les 500Km, là où une Tesla Model 3 d'entrée de gamme les dépassent allègrement (avec les jantes aéro). Cela étant, même sur cette version abordable, les autonomies sont très convenables face à Tesla, ce qui n'est pas le cas de nombreuses concurrentes !
En pratique, la consommation nous a étonnés. On est tombé autour de 18/19 kWh/100Km sur autoroute (soit environ 400Km d'autonomie), des mesures rarement obtenues chez les berlines concurrentes en dehors de Tesla. Sur les petites routes, cela dépend de votre conduite, mais l'on peut aisément rester sous les 15 kWh/100Km en ville et en périurbain, ce qui permet de dépasser les 500Km à petite vitesse. Pour avoisiner les 600Km, il faudra vraiment avoir le pied léger et ne pas sortie de ville, ni trop allumer la climatisation...
Une conduite très "BMW"
Le plaisir de conduire, slogan désormais incontournable lorsqu'on évoque une BMW, est-il encore possible en électrique ?
Malgré son poids supplémentaire, cette Serie 4 électrifiée est étonnamment dynamique. Même notre
petitmoteur de 340CV se montre largement suffisant pour envoyer les 2125 à 2290Kg en moins de 6s sur le 0 à 100. C'est mieux qu'une Model 3 Propulsion (6,1 s), mais moins bien qu'une Model 3 Grande Autonomie (4,4 s). Il faut dire que la Model 3 pèse près de 200Kg de moins...
Sur les petites routes de montagne, dans les cols entre Martigny, Megève et Chamonix, le plaisir est bien là : notre i4 est collée à la route, le freinage est mordant, la direction précise, et le mode B se montre bien utile pour éviter de taper tout le temps dans les disques . Moins puissante que la M50, la propulsion reste sécurisante grâce à une répartition des masses très homogène, et même sur route glissante, on ne se fait jamais surprendre. Nous n'avons pas eu l'occasion de la tester sur la neige, mais même sur les petites montée de garage terreuse, notre i4 s'en sortait divinement bien -y compris lorsqu'elle se retrouve perchée sur trois roues ! Une version 4x4 reste quand-même plus rassurante dans certaines régions, mais la perte d'autonomie est parfois rédhibitoire.
La meilleure conduite semi-autonome ?
Il y a 5 ans, Tesla dominait largement le segment de la conduite semi-autonome, avec un système fiable, performant et largement en avance sur la concurrence. Mais ça, c'était avant.
Désormais, ce sont plutôt BMW et Mercedes qui dominent notre classement -subjectif, certes. Moins intrusif, avec une IA désormais bien fiable, le système de notre i4 est beaucoup plus plaisant à l'usage : le volant est capacitif -pas besoin de donner de force pour manifester sa présence- les alertes sont d'abord visuelle avant de devenir sonore et l'affichage des 3 voies de circulation offre une bonne granularité (moto, camions, voitures sont différenciés). Enchainer les kilomètre avec la conduite semi-autonome de l'i4 est un vrai plaisir, n'est-ce pas justement ce qu'on demande à une vraie routière ?
Un planificateur d'itinéraire discutable
Si le nombre de bornes rapides a explosé depuis un an, l'intérêt d'un planificateur d'itinéraire reste entier en 2022 sur une voiture électrique : optimiser ses temps de charge en fonction des itinéraire enlève un immense poids lorsqu'on fait des grands trajets.
Lorsque vous programmez un parcours sur l'iDrive 8, il ne se passe... rien. BMW ne vous propose pas de chargeurs, comme chez Tesla, ni différentes options d'itinéraire et le temps de parcours est similaire à celui d'une thermique. Il faut en réalité attendre quelques minutes, parfois bien plus, pour que le système affiche un trajet optimisé, avec les bornes et des estimations de temps de charge. Il y a donc bien un planificateur, mais un peu caché... et pas très paramétrable. Impossible par exemple, de privilégier certains réseaux ou puissance de charge. En pratique, ça fonctionne à peu près (les bornes proposées sont généralement rapides, sur Ionity et bien placées), mais j'aurais du mal à m'y fier à 100% -notez que c'est également le cas chez Audi ou encore Mercedes, dont l'implémentation reste très basique.
Une recharge "rapide, sans +"
La trappe de notre BMW i4 se trouve à l'arrière droit, l'inverse des Tesla : c'est plus pratique pour se brancher le long d'une rue car le câble sort côté trottoir. En revanche, je trouve les prises situées à l'avant plus aisée (pas besoin de faire des manoeuvre pour reculer sur une borne Ionity ou dans les places en épis). Ici, tout est manuel : il faut retirer 2 caches pour accéder à la prise -un peu rébarbatif, Tesla, Audi ou Porsche offrent une trape électrique !
Sur les bornes rapides, la charge plafonne théoriquement à 210kW mais ce débit n'est atteint que très brièvement en début de charge. Comme vous pouvez le voir sur la courbe, on descend très vite à 180, puis 120 et très vite autour de 100kW. Il faut plus de 30mn pour atteindre les 80% et encore 30mn pour les 20 derniers pourcents.
Sur les bornes en courant alternatif (AC), BMW n'offre aucune option 22kW, on reste en 11kW, soit 8H30 pour une charge de 0 à 100%, là où Renault, Audi et quelques autres préfèrent 22kW (souvent en option), une puissance bien plus intéressante (4H30 pour une charge complète) mais jamais proposé chez BMW.
Sur les prises 230V, BMW a la bonne idée de proposer un chargeur 16A (la puissance maximale) et avec un embout détachable : vous pouvez alterner une prise suisse, européenne, espagnole etc. En une nuit, vous remettez la moitié de la batterie, mais il faudra une journée complète pour le 0 à 100% -c'est généralement suffisant pour les trajets du quotidien. Si vous avez la possibilité, une petite borne de 7 ou 11kW à la maison sera un vrai plus pour charger un peu plus rapidement (charge complète en une nuit).
Enfin, BMW offre une petite carte de charge permettant d'obtenir 1 an de charge gratuite sur Ionity, et un tarif préférentiel (0,30€ ou 0,37CHF/kWh) au delà, avec abonnement (13€ ou 14,50CHF/mois). En revanche, pas de connexion automatique, comme chez Tesla ou Mercedes, où il suffit de se brancher (sans aucune carte) pour que la voiture soit reconnue.
Une seconde partie dédiée aux intérieurs, aux écrans et à la connectivité arrivera dans quelques jours !