Bornes de recharge en vacances : 2022, premier été chaotique pour les voitures électriques
Par Didier Pulicani - Publié le
Il y a encore 1 ou 2 ans, croiser une voiture électrique n'était pas rare, mais très ponctuel. Sur autoroute, les stations étaient rarement occupées. En 2022, il devient difficile de sortir sans en apercevoir une bonne dizaine, que ce soit en ville, sur voie rapide ou dans les petits villages !
Les habitués de l'autoroute des vacances auront même remarqué le boum des VE hollandais et danois, qui arrivent sur les aires tels des nuées de frelons et qui saturent très rapidement les 4 ou 6 bornes rapides généralement disponibles. Si vous avez le malheur de partie un week-end ou un jour de grand-départ, les files d'attente sont monnaie courante, parfois plus d'une heure pour charger sa voiture. Et même en semaine, il est désormais habituel de voir 2 ou 3 voitures charger chez Ionity, surtout sur les grands-axes.
Pourtant, le réseau s'est bien étoffé en deux ans : Fastned, Allego, Total, Electra et même l'ouverture chez Tesla... La France, comme de nombreux pays Européens (Suisse, Allemagne, Belgique...) offrent un maillage très complet, les
Soyons sincères, Ionity s'est avéré plutôt fiable dans l'ensemble : durant nos essais, on est toujours arrivé à charger sur ce réseau, même si, dans de très rares cas, des stations sont parfois HS pendant quelques heures. Même chose chez Fastned, dont les bornes sont protégées des intempéries et de bonne qualité. Mais ce n'est pas le cas partout...
Malgré un développement rapide, Total, par exemple, n'est pas aussi efficace que ses voisins : comme vous pouvez le voir dans la vidéo récemment publiée par l'association FAUVE sur l'aire Total de Salon-de-Provence, la moitié des personnes interrogées ne sont pas enchantée du service
Et chez Tesla ? Le constructeur semble bien meilleur pour gérer son réseau. Certes, il existe encore quelques stations très encombrées (Nîmes, Lausanne, par exemple) mais l'américain réagit rapidement : les SuperCharger de Lyon, de Chambéry, de Mâcon ou de Montélimar ont été largement renforcées ces derniers mois, avec parfois plus d'une vingtaines de stelles ! Malgré l'ouverture (partielle) de son réseau, les files d'attente sont rares. Nous avons même vu du personnel gérer les véhicules pour minimiser l'attente. Tesla empêche également automatiquement (si besoin) de charger à plus de 80% et surfacture le temps au-delà, histoire de favoriser les rotations. Oui mais voilà, Tesla reste une entreprise tournée vers la tech, ce qui manque aux constructeurs traditionnels ou aux gestionnaires de réseaux de bornes de
Ionity a repris quelques idées chez Tesla cet été, mais les personnes que nous avons rencontrées n'avait aucun pouvoir sur l'accès aux bornes, et se contentaient de prodiguer quelques conseils (charge à 80% etc.) L'opérateur a placé de nombreux encarts (ci-dessous) pour sensibiliser les clients à ne pas trop squatter les bornes et à favoriser des charges courtes. Mais du côté des applications ou des bornes, aucun système n'a été mis en place pour favoriser les rotations de véhicules par exemple.
Cette saison 2022 a été (je pense) un excellent test pour cette montée en charge progressive, mais très nette, des voitures électriques sur les voies rapides. Le réseau s'est étoffé, beaucoup ont compris que les stations devaient grossir et mieux gérer les périodes d'affluence. En 2023, on peut espérer toujours plus de bornes et une meilleure gestion des rotations de véhicules. Seulement voilà, c'est plutôt le réseau secondaire qui ne suit plus ! Il suffit de se rendre dans une grande métropole (Paris, Lyon, Marseille...) pour voir que rares sont les parking à proposer plus d'une dizaine de bornes (plutôt 4 ou 5 dans le meilleur des cas). Pire, à Lyon par exemple, la charge est souvent limitée entre 4 et 7kW, soit à peine la vitesse d'une grosse prise électrique.
Sur le bord de mer, et sur les lieux de vacances, les petites villes sont aussi victimes de leur surpopulation estivale. Si le reste de l'année, une dizaine de bornes à Arcachon peut paraitre suffisant, il faut avoir de la chance pour trouver une bornes libre en plein été. Même chose à Chamonix, qui compte pourtant 4 ou 5 parking équipés, mais souvent squattés, faute d'un nombre suffisant de prises. Récemment, j'étais à Gruyère en Suisse, qui comptait 2 bornes : l'une était prise, et l'autre renversée sans doute par un camping-car environnant. Il a fallu attendre la fin de journée pour trouver une place... par chance.
Etonnamment, la relève vient plutôt des supermarchés : Carrefour et Geant proposent maintenant des bornes rapides, certains centres commerciaux (comme à Sallanches, ci-dessus) affichent parfois jusqu'à une vingtaine de bornes (gratuites) sur un parking extérieur ! Beaucoup connaissent aussi Leclerc ou Lidl, avec leurs bornes gratuites (entre 2 et 6 suivant les régions), idéales pour remettre quelques dizaines de kilomètres le temps de ses courses.
Faut-il pour autant céder à la panique pour 2023 ? Comme les stations essence en leur temps (qui se rappelle des premières pompes "sans plomb" bien trop rares ?), les bornes de recharge se développent à mesure que le parc progresse, et malgré quelques moments de tension, les utilisateurs actuels trouvent toujours des solutions. Mais pour la première fois cette année, les réactions sont unanimes chez les habitués : le réseau est déjà limite face à la croissance rapide du marché. Il faudra un immense effort de la part des opérateurs, collectivités et même des privés (hôtels, restaurants, commerces...) pour que l'été 2023 ne soit pas vécu comme un enfer pour ceux qui ont osé franchir le pas.
Les habitués de l'autoroute des vacances auront même remarqué le boum des VE hollandais et danois, qui arrivent sur les aires tels des nuées de frelons et qui saturent très rapidement les 4 ou 6 bornes rapides généralement disponibles. Si vous avez le malheur de partie un week-end ou un jour de grand-départ, les files d'attente sont monnaie courante, parfois plus d'une heure pour charger sa voiture. Et même en semaine, il est désormais habituel de voir 2 ou 3 voitures charger chez Ionity, surtout sur les grands-axes.
Pourtant, le réseau s'est bien étoffé en deux ans : Fastned, Allego, Total, Electra et même l'ouverture chez Tesla... La France, comme de nombreux pays Européens (Suisse, Allemagne, Belgique...) offrent un maillage très complet, les
trousde plus de 100 à 150Km sont devenus très rares. Le problème intervient lorsqu'une station tombe en panne, et oblige les conducteurs à faire entre 40 et 100Km pour la suivante : s'il ne vous reste que 5 ou 10% de batterie, il va alors falloir trouver une solution de secours, car sur voie rapide, 100Km nécessitent au moins 20 à 40% d'autonomie, suivant les modèles.
Le WE dernier vers Mâcon -Merci Rémy
Soyons sincères, Ionity s'est avéré plutôt fiable dans l'ensemble : durant nos essais, on est toujours arrivé à charger sur ce réseau, même si, dans de très rares cas, des stations sont parfois HS pendant quelques heures. Même chose chez Fastned, dont les bornes sont protégées des intempéries et de bonne qualité. Mais ce n'est pas le cas partout...
Malgré un développement rapide, Total, par exemple, n'est pas aussi efficace que ses voisins : comme vous pouvez le voir dans la vidéo récemment publiée par l'association FAUVE sur l'aire Total de Salon-de-Provence, la moitié des personnes interrogées ne sont pas enchantée du service
On nous envoie aucun techniciense plaint une femme, dont la borne ne fonctionne pas.
Je ne suis qu'à 33kW alors que c'est une borne de 50kWrétorque un autre, en DS3 électrique.
Il y a 6 bornes mais seulement 4 places !peut-on également entendre dans l'interview. Même les plus pragmatiques avouent à demi-mot qu'il
ne faut pas être trop pressé, tout est dit. Je vous remets ici l'extrait de la vidéo que nous avions tournée en début d'année chez Total, sans beaucoup de succès :
Et chez Tesla ? Le constructeur semble bien meilleur pour gérer son réseau. Certes, il existe encore quelques stations très encombrées (Nîmes, Lausanne, par exemple) mais l'américain réagit rapidement : les SuperCharger de Lyon, de Chambéry, de Mâcon ou de Montélimar ont été largement renforcées ces derniers mois, avec parfois plus d'une vingtaines de stelles ! Malgré l'ouverture (partielle) de son réseau, les files d'attente sont rares. Nous avons même vu du personnel gérer les véhicules pour minimiser l'attente. Tesla empêche également automatiquement (si besoin) de charger à plus de 80% et surfacture le temps au-delà, histoire de favoriser les rotations. Oui mais voilà, Tesla reste une entreprise tournée vers la tech, ce qui manque aux constructeurs traditionnels ou aux gestionnaires de réseaux de bornes de
l'ancien monde.
Ionity a repris quelques idées chez Tesla cet été, mais les personnes que nous avons rencontrées n'avait aucun pouvoir sur l'accès aux bornes, et se contentaient de prodiguer quelques conseils (charge à 80% etc.) L'opérateur a placé de nombreux encarts (ci-dessous) pour sensibiliser les clients à ne pas trop squatter les bornes et à favoriser des charges courtes. Mais du côté des applications ou des bornes, aucun système n'a été mis en place pour favoriser les rotations de véhicules par exemple.
Cette saison 2022 a été (je pense) un excellent test pour cette montée en charge progressive, mais très nette, des voitures électriques sur les voies rapides. Le réseau s'est étoffé, beaucoup ont compris que les stations devaient grossir et mieux gérer les périodes d'affluence. En 2023, on peut espérer toujours plus de bornes et une meilleure gestion des rotations de véhicules. Seulement voilà, c'est plutôt le réseau secondaire qui ne suit plus ! Il suffit de se rendre dans une grande métropole (Paris, Lyon, Marseille...) pour voir que rares sont les parking à proposer plus d'une dizaine de bornes (plutôt 4 ou 5 dans le meilleur des cas). Pire, à Lyon par exemple, la charge est souvent limitée entre 4 et 7kW, soit à peine la vitesse d'une grosse prise électrique.
Sur le bord de mer, et sur les lieux de vacances, les petites villes sont aussi victimes de leur surpopulation estivale. Si le reste de l'année, une dizaine de bornes à Arcachon peut paraitre suffisant, il faut avoir de la chance pour trouver une bornes libre en plein été. Même chose à Chamonix, qui compte pourtant 4 ou 5 parking équipés, mais souvent squattés, faute d'un nombre suffisant de prises. Récemment, j'étais à Gruyère en Suisse, qui comptait 2 bornes : l'une était prise, et l'autre renversée sans doute par un camping-car environnant. Il a fallu attendre la fin de journée pour trouver une place... par chance.
Etonnamment, la relève vient plutôt des supermarchés : Carrefour et Geant proposent maintenant des bornes rapides, certains centres commerciaux (comme à Sallanches, ci-dessus) affichent parfois jusqu'à une vingtaine de bornes (gratuites) sur un parking extérieur ! Beaucoup connaissent aussi Leclerc ou Lidl, avec leurs bornes gratuites (entre 2 et 6 suivant les régions), idéales pour remettre quelques dizaines de kilomètres le temps de ses courses.
Faut-il pour autant céder à la panique pour 2023 ? Comme les stations essence en leur temps (qui se rappelle des premières pompes "sans plomb" bien trop rares ?), les bornes de recharge se développent à mesure que le parc progresse, et malgré quelques moments de tension, les utilisateurs actuels trouvent toujours des solutions. Mais pour la première fois cette année, les réactions sont unanimes chez les habitués : le réseau est déjà limite face à la croissance rapide du marché. Il faudra un immense effort de la part des opérateurs, collectivités et même des privés (hôtels, restaurants, commerces...) pour que l'été 2023 ne soit pas vécu comme un enfer pour ceux qui ont osé franchir le pas.