Pourquoi Arc est devenu mon navigateur préféré après un an d'utilisation
Par Nicolas Sabatier - Publié le
Si vous êtes comme moi et que vous avez des dizaines d’onglets ouverts en permanence, le navigateur Arc va vous intéresser car il va vous permettre de mieux organiser votre navigation.
Je ne suis pas quelqu'un de fidèle en matière de logiciel (uniquement en matière de logiciel, je le précise, bisous à ma femme que j’adore). Je papillonne d'une solution à une autre, toujours à l'affût du meilleur compromis pour mon utilisation. Les navigateurs ne font pas exception. D’Internet Explorer, à Firefox, puis Opera, Safari, Google Chrome, Brave, Vivaldi, etc, je n’arrête pas de passer d’une solution à une autre. Cependant, cela fait plus d'un an que j'utilise Arc comme mon navigateur par défaut sur mes Mac (depuis sa beta sur invitation) et je suis conquis. Je ne me vois pas l’abandonner de sitôt.
La plupart des navigateurs fonctionnent de la même manière. Ils héritent tous des paradigmes de leur ancêtre Netscape. Rien n’a vraiment changé depuis l’introduction de la barre d’onglets il y a plus de 20 ans. Et les navigateurs grand public comme Chrome, Firefox ou encore Safari ne peuvent pas tout changer au risque de perdre leurs utilisateurs et leurs habitudes. Par contre, une jeune start-up peut se permettre de renverser la table et de commencer à partir d’une page blanche. Du moins, pas complétement car Arc utilise le moteur de rendu de Chrome : Chromium, ce qui, je le comprends, peut en rebuter, moi le premier. Ceci étant, c’est compréhensible : Chromium est le moteur de rendu le plus populaire et le plus compatible. Impossible pour le développeur de partir de zéro et économiquement, il serait moins intéressant de partir de Gecko (moteur de Firefox) ou de Webkit (Safari). Ceci étant, une fois Arc lancé, difficile de reconnaître le lien de parenté avec Chrome, si ce n’est l’utilisation gargantuesque de RAM. Un autre avantage est qu’Arc est compatible avec les extensions de Chrome.
Arc : une solution pour la gestion du surplus d'onglets ouverts
Les navigateurs servaient au départ à ouvrir quelques pages web. Mais au fur et à mesure du temps, nous passons beaucoup plus de temps à travailler sur un navigateur. C’est devenu un outil pour chercher et organiser toutes nos informations. Ils n’ont pas été conçus pour gérer une grande masse de données. Pour ma part, il m’arrivait régulièrement d’avoir une fenêtre de navigateur avec des dizaines d’onglets. Et quand cela était trop compliqué à gérer, j’ouvrais une nouvelle fenêtre avec des dizaines d’onglets et le cercle infernal continue. Jusqu’au moment où je suis obligé de perdre du temps afin de faire un peu le ménage dans mes fenêtres et onglets mais le processus recommence au bout de quelques semaines.
La première chose qui saute aux yeux quand on utilise Arc est l’absence d’onglets. La raison principale pour moi de passer d’Internet Explorer 6 à Firefox (alors encore appelé Firebird) était la gestion des onglets, bien plus simple que d’avoir une fenêtre par site. Arc n’abandonne évidemment pas cela mais nous force à repenser comment nous travaillons sur un navigateur. Les onglets sont présents mais sur le côté. Cela a plusieurs avantages : nos écrans d’ordinateurs sont plus larges que haut. Or, la plupart des sites ont un affichage en hauteur avec une largeur limitée : nous avons donc plus d’espace en largeur qu’en hauteur. Le fait de voir apparaître les onglets sur le côté nous permet ainsi de mieux voir leur titre (qu’Arc nous permet de changer d’ailleurs, ainsi que les icônes, très pratique pour voir en coup d’œil la page qui nous intéresse) et d’en avoir si besoin beaucoup car on peut descendre dans la liste facilement, plus facilement que de faire défiler horizontalement. Vous pouvez en plus mettre vos onglets dans des dossiers afin de mieux les organiser.
La deuxième chose qui frappe est que le logiciel est bien fait et bien fini. Même s’il partage la même base que Google Chrome, Arc se trouve à sa place sur Mac. On sent que les développeurs sont amoureux de la plateforme et font tout pour que le navigateur soit un plaisir à utiliser. Même si Arc est disponible depuis peu sur Windows, les développeurs ont commencé le développement sur Mac et c’est clairement sa plateforme de prédilection. Cela est difficile de décrire à quel point Arc est sympa à utiliser.
Arc est, pour l’instant, disponible qu’en anglais. Ainsi, je vais utiliser les termes originaux en anglais, faisant de ma prose un doux mélange de français et d’anglais que Jean-Claude Van Damme n’aurait pas renié.
Cette zone à gauche, (appelée Sidebar),est délimitée en 3 parties :
- Favorite : cette partie est commune à tous les espaces de travail. Ce sont de gros boutons pour aller aux sites que vous visitez très fréquemment. Par exemple, votre gestionnaire de mail, votre gestionnaire d’emploi du temps, Slack, Notion, qu’importe. Nous avons cela dans la plupart des navigateurs mais ici l’affichage est plus proéminent, sous forme de carré plus ou moins gros en fonction de leurs nombres. De plus, certains services sont bien intégrés : par exemple, pour Gmail, quand le curseur passe sur le lien, il m’affiche les derniers mails reçus sans que j’ai besoin de cliquer.
- Pinned : la deuxième partie concerne les pages principales de votre espace. Elles seront toujours présentes mais changent d’un espace à l’autre.
- Today’s tab : la troisième partie concerne les pages que vous avez ouverts lors de vos pérégrinations du jour mais qui n’ont pas d’importance sur le long terme. Dès que vous ouvrez une nouvelle page, elle sera à cet endroit. Attention, par défaut, Arc ferme ces pages au bout de 12 heures pour vous éviter d’avoir trop de pages ouvertes inutiles en même temps. Vous pouvez bien sûr retrouver cette page dans les archives et vous pouvez aussi changer le laps de temps après lequel les onglets sont fermés (pour ma part, j’ai mis 7 jours parce que je ne suis pas quelqu’un d’organisé et je suis lent).
Cette fermeture intempestive est présentée comme un moyen de ne pas se laisser déborder par des dizaines, voire des centaines, d’onglets ouverts. Arc a souvent les louanges des professionnels de la productivité, vous savez ceux qui passent des heures à faire des pages Notion (ou Obsidian ou Logseq…). Néanmoins, pas besoin de faire partie de ces gens-là pour apprécier tout ce qu’Arc a à offrir.
Rien que la réorganisation en Favorite, Pinned et Today’s Tab est suffisant pour en faire une expérience beaucoup plus plaisante que la plupart des navigateurs.
Dans les espaces, personne ne vous entendra crier...
Outre la Sidebar avec ses trois parties, vous pouvez créer autant d’espace que vous voulez, chacun ayant sa propre Sidebar. Non seulement chaque espace a ses propres sites dans les parties Pinned et Today’s Tab, mais chaque espace a son propre thème et sa propre icône pour les reconnaître en un seul coup d’œil (et que vous pouvez personnaliser). Vous pouvez avoir un espace personnel et un autre pour le travail, avoir un autre espace pour un projet spécifique et même temporaire : il est très facile de créer et de supprimer un espace.
Mon meilleur profil
Associé aux espaces, il y a la notion de profil. Arc vous permet d’associer des profils différents pour chaque espace. Par exemple, si vous avez un compte Google personnel et un autre professionnel, il suffit d’associer chaque compte à un espace et vous n’aurez plus à vous déconnecter. Cela parait comme une fonctionnalité tout à fait annexe, mais croyez-moi, quand vous avez plusieurs comptes différents pour un même service, cela fait toute la différence au bout du compte.
Des fonctionnalités à foison
Arc ne manque pas de fonctionnalités, il y en a même trop pour pouvoir toutes les décrire et utiliser. Néanmoins, vous n’avez pas besoin de le faire, il suffit de trouver un certain nombre qui vous correspond et vous allez vous rendre compte à quel point ce navigateur est spécial.
Le mode Picture-in-Picture (PiP) est intéressant : si vous regardez une vidéo sur YouTube et que vous changez d’onglets, la vidéo continuera sa lecture en PiP dans une fenêtre flottante. Cette fenêtre peut être bougée et redimensionnée. C’est très utile pour moi car je l’ai configuré pour que le PiP se mette sur mon écran secondaire, très pratique quand on fait du multitâche.
La Split View est, comme son nom l’indique, une façon de séparer l’écran afin d’avoir deux pages (ou trois au maximum) côte à côte. Tout se fait en glisser déposer.
Air Traffic Control vous permet de sélectionner certains liens pour qu’ils s’ouvrent à certains endroits. Par exemple, vous pouvez indiquer que tous les liens Google Sheet s’ouvrent automatiquement dans votre espace travail. Fonctionnalité pour les utilisateurs avertis, elle est très puissante.
Arc Boost personnalise pour vous n’importe quel site web. Non seulement vous pouvez choisir la couleur de fond et les polices de caractère mais la fonction zap vous permet aussi de supprimer certaines parties (YouTube Short ?). Enfin, il est possible de partager ses Boosts ainsi que d’installer les plus populaires.
Arc Max
Comme c’est dans l’air du temps, Arc a intégré des technologies issues des IA génératives. Mais pour le coup, elles sont pour la plupart assez pratique.
Tidy Tabs : permet de faire le ménage automatiquement parmi ses onglets dans le cas où vous avez plus de 6 onglets dans la partie Today’s Tab. Cela réorganise les onglets en sous-parties avec chacune un titre qui correspond à l'organisation.
Instant Links : si vous faites une recherche en faisant Maj Entrée (au lieu d'Entrée), vous aurez accès directement à un lien au lieu de résultats de recherche.
Ask on Page : en faisant CMD F sur une page, vous pouvez rechercher un mot sur la page, classique, ou vous pouvez poser une question sur le contenu de la page. Par exemple, sur une page de recette, vous pouvez demander le temps de cuisson.
5-second Previews : résumé instantané sur un lien en appuyant sur Maj.
Tidy Tab Titles : change le titre des onglets pour un titre plus court et explicite.
Tidy Downloads : change le nom des fichiers téléchargés pour des noms plus compréhensibles. Que ce soit Tidy Downloads et Tidy Tab Titles, cela ne fonctionne pas très bien pour tout ce qui est en langue française. Dommage.
ChatGPT in the Command Bar : faire une demande à ChatGPT directement dans la barre de recherche.
Vous n’êtes évidemment pas obligé d’utiliser toutes les fonctionnalités d’Arc pour l’apprécier. Mais une fois qu’on s’habitue à une poignée d’entre elles, difficile d’utiliser un autre navigateur.
Des raccourcis vraiment utiles
Je ne vais pas tous les passer en revue, mais certains valent le coup d’être partagés.
CMD Option N : active Little Arc, fenêtre flottante sans interface. Pratique pour faire une recherche rapide et fermer la fenêtre.
CMD S : permet d'afficher ou de cacher la barre latérale (S pour Sidebar).
CMD Shift D : met la barre d’adresse en haut (ce que je préfère au lieu d’être coincé au-dessus de la Sidebar). Refaire et elle revient à gauche.
CMD OPTION SHIFT C : quand vous faites ce raccourci sur une URL, cela la copie en Markdown. C’est pas cool ça ?
Conclusion
Vous l’avez compris, je suis un utilisateur conquis par Arc et je pourrais continuer à écrire sur le sujet encore longtemps. Mais il est temps de conclure ce test. Le nombre de fonctionnalités et l’attention aux détails sont remarquables et forcent le respect. Ce n’est pas pour rien que depuis plus d’un an, Arc est mon navigateur par défaut sur tous mes Mac (à ce propos, Arc intègre évidemment un système de compte avec synchronisation des espaces sur Mac mais aussi sur iPhone).
Ceci étant, il y a quelques points qui peuvent poser problèmes. Premièrement, Arc est gratuit. Comment est financé son développement ? Les développeurs assurent qu’Arc restera gratuit et qu’il sera financé en faisant payer des entreprises pour l’utiliser et en rendant certaines fonctionnalités payantes. Nul doute que celles autour de l’IA pour Arc Max vont à terme le devenir. Le développeur s’engage aussi à ne pas collecter (et donc revendre) d’informations privées et que leur modèle économique ne sera jamais associé aux publicités. Peut-on les croire ? Je ne sais pas mais en tout cas c’est écrit noir sur blanc sur leur site.
On peut aussi critiquer le choix d’utiliser la base Chromium. En effet, Arc est très gourmand en RAM comme son grand frère Chrome. Il en va de même pour l’utilisation de la batterie pour les ordinateurs portables qui est incomparablement plus importante que Safari. De plus, ce choix est d’autant plus dommage à cause de la politique de Google contre les bloqueurs de contenu avec l’arrivée de Manifest 3. À ce sujet, le développeur a indiqué vouloir intégrer un bloqueur de contenu dans Arc mais il sera toujours assujetti aux règles du dernier Manifest intégré au moteur Chromium. J’ai essayé, en vain, de modifier Firefox afin qu’il se comporte comme Arc. Il existe bien des projets, comme Zen qui est une modification de Firefox pour ressembler à Arc, mais ils en sont encore qu’au début de leur développement. Ce qui se rapproche le plus d’une alternative viable à Arc est SigmaOS, basé sur le moteur Webkit de Safari, qui est très prometteur.
En attendant, j’utilise Arc tous les jours et je fais un don une fois par an à la fondation Firefox, le prix de ma culpabilité.