Test du MacBook Retina 12" 2016 (modèles 1.1Ghz, 1.2Ghz et 1.3Ghz)
Par Didier Pulicani - Publié le
Pas de révolution cette année, la mise à jour peut être qualifiée de
mineure, avec quand-même quelques petites surprises, comme cette couleur
Or Roseapparue sur l'iPhone 6s ou alors l’arrivée de processeurs Skylake, de sixième génération.
Le choix du coeur
Lorsque nous testons un nouveau Mac sur Mac4Ever, nous avons instauré une petite règle de bonne conduite : l’article doit absolument avoir été rédigé intégralement depuis la machine en question, qui devient alors notre Mac principal le temps d'écrire son papier. L’expérience est d’autant plus intéressante avec ce MacBook, que son format et ses spécifications se trouvent assez éloignées des
grosMacBook Pro Retina que l’on utilise au quotidien.
Apple fait partie de ces marques qui parviennent à créer une véritable
relation émotionnelleentre l’utilisateur et le produit. Cette année encore, je dois l’avouer, j’étais excité comme une puce à l’idée de devoir repasser une semaine à travailler non-stop sur ce petit MacBook. Il faut dire que cette machine sait se faire désirer et que les qualificatifs ne manquent pas : silencieuse, légère, extrêmement bien finie, elle est également dotée d’un superbe écran Retina de 12”. C’est tout simplement LE portable que l’on rêve d’emmener en voyage… ou un peu moins loin, comme sur le canapé du salon par exemple.
Le clavier est également une franche réussite. Malgré le faible débattement des touches, la frappe est douce et très agréable. Je ne comprends pas qu'Apple n'ait pas encore équipé tous ses Mac d'un tel dispositif ! Même s'il faut prendre le pli au début, lorsqu'on revient à un clavier plus traditionnel, on a souvent l'impression que les touches font 5cm de haut ! Le trackpad
haptiqueest si bien conçu qu'on oublie vite l'absence de mouvement mécanique. Seul bémol, je trouve qu'il est situé trop près du clavier, ce qui fait souvent sauter le curseur au moment de la frappe, lorsque les doigts viennent le toucher par inadvertance.
Apple a réussi un véritable tour de force avec ce portable, qui ferait presque passer le MacBook Air pour un dinosaure. La carte-mère est minuscule et à l’image des iPad, et c’est en fait la batterie qui occupe l’essentiel de l’espace interne. On imagine que la bataille a dû être rude entre les ingénieurs et les designers, afin de trouver un compromis poids/autonomie/finesse à la hauteur des ambitions de Jonathan Ive.
Ce MacBook est également -dans une certaine mesure- un tueur d’iPad Pro. Car même si Apple se refuse toujours à intégrer des écrans tactiles sur ses Mac, la machine se montre bien plus agréable que n’importe quelle tablette de la Pomme lorsqu’on souhaite réellement travailler. On peut aussi tenir le MacBook par l’écran ou le clavier sans risquer -comme sur l’iPad- de voir les deux éléments se désolidariser. Par ailleurs, si vous adjoignez un clavier (350g pour celui d’Apple, le plus léger) à l’iPad Pro 12,9” (713g), son poids dépasse largement celui du MacBook (920g) ! Enfin, contrairement à la tablette, il n’y ici aucun compromis d’usage, avec un vrai trackpad et surtout, le même système d’exploitation que sur tous les Mac.
Plus qu’un simple choix du coeur, ce MacBook répond surtout à un vrai besoin d’ultra-mobilité et de productivité, deux domaines pas toujours très conciliables. D’ailleurs, comme nous allons le voir, cette année encore, les compromis restent importants.
Le choix de la raison
L’analogie entre l’automobile et l’informatique est souvent décriée, et pourtant, j’ai l’impression d’avoir en face de moi l’équivalent d’une voiture électrique moderne, où, malgré les progrès notables d'une année sur l'autre, les atouts ne compensent pas toujours les (trop nombreuses) contraintes.
Dès le départ, ce MacBook montre en effet ses limites. A commencer par la capacité du disque, qui ne dépasse toujours pas les 512Go alors que mon MacBook Pro, vieux de 3 ans, affichait déjà 1To de SSD à l’époque. Impossible, donc, de migrer toutes mes données sans en déporter une partie sur un disque externe. Entre les photos et la musique, il faudra choisir quels fichiers seront réellement indispensable au quotidien. Cette stagnation des capacités est incompréhensible à ce niveau de prix, on trouve désormais dans le commerce des capacités de 2 à 3To, alors qu'Apple ne dépasse toujours pas le téraoctet dans ses machines professionnelles.
L’autre compromis, c’est le manque de puissance. A première vue pourtant, rien ne semble différencier ce Mac d’une machine moderne : le système est fluide, les apps se lancent rapidement et l’ensemble ne souffre d’aucun manque de réactivité. Si votre usage de l’informatique se limite à de la petite bureautique, il n’y a pas tellement à craindre du moindre ralentissement. Les plus taquins me disent souvent que ce MacBook convient très bien à tous ceux
qui ne font rien de leur Mac, je n’irai pas jusque là, mais il faut aussi comprendre qu'une proportion importante de la population a effectivement une activité plus limitée de l'outil informatique.
Pour les autres, les problèmes de lenteur arrivent en fait très vite, dès que l’on s’éloigne du mail et de la petite consultation web. Certes, vous pourrez bien-sûr lancer Final Cut Pro ou Photoshop sur votre MacBook, mais uniquement en dépannage. La machine affiche assez rapidement ses limites et nous fait replonger quelques années en arrière, avec les performances d’un MacBook Air de 2010… ou d’un MacBook Pro de 2008/2009. A la rédac’, nous passons nos journées à rédiger et pourtant, il n’est pas rare d’avoir quantité de programmes ouverts : Twitter, Safari (avec bon nombre d’onglets), Photoshop, Slack, Skype, Message, iTunes… Mis bout à bous, ces logiciels consomment vite de la RAM et finissent pas demander un peu de puissance. Il suffit de lancer des vidéos HD sur YouTube et d’avoir quelques sites un peu gourmands ouverts en arrière plan pour ressentir des ralentissements.
J’ai même poussé le vice à essayer de monter une vidéo sur iMovie de bout en bout, un programme qui finira d’achever notre valeureux portable lorsque vous appliquez quelques effets ou que vous tenter de lire plusieurs flux 4k simultanés. L’ordinateur n’est pas non plus taillé pour Lightroom ou la suite Adobe, dans un contexte professionnel : le moindre traitement de photos en série prend entre 5 et 10 fois plus de temps que sur un MacBook Pro ! Il suffit d'ouvrir un document InDesign ou un PSD de quelques centaines de Mo pour comprendre ce que le mot
patiencesignifie.
Le problème de la connectique est un peu différent car la philosophie de la machine n’est pas vraiment de rester attachée à un bureau, mais bien de passer sa vie sur les tablettes des avions ou sur les genoux de son propriétaire. Pourtant, Apple aurait pu se montrer un peu moins chiche en plaçant un second port USB C sur le côté droit, ce qui aurait évité de se balader avec un adaptateur pour simplement brancher une souris et un chargeur en même temps.
Lorsque je discute avec mes amies blogueuses -public a priori idéal pour le MacBook- toutes m’ont répondu utiliser abondamment leur Reflex, et passer leur temps à décharger des cartes SD sur leur MacBook Air. Sans lecteur SD ou microSD, Cupertino se prive de tout un public amateur de photos, pourtant assez courant en mobilité. Mais le plus étonnant, c’est de voir qu’Apple n’a pas fait grimper la vitesse de l’USB à 10Gbps ni même opté pour le récent Thunderbolt 3, ce qui aurait permis de
sédentariserun peu la machine. Actuellement, on ne peut le brancher qu’en HDMI sur un écrans Full HD, mais pas (encore ?) sur un moniteur Apple (sauf en bricolant avec 2/3 adaptateurs successifs) ni sur un écran 4k à 60FPS. C’est d’autant plus dommage que la puce Core M d’Intel prend nativement en charge tous les nouveaux standards.
Lorsqu’on envisage d’acheter une voiture électrique, on imagine toujours le pire : comme faire pour partir en week-end (ou en vacances), avec les limites inhérentes en terme d’autonomie et de ravitaillement ? Ici, c’est un peu la même chose : si le MacBook est parfaitement taillé pour la mobilité, impossible d’en faire son Mac principal pour une bonne partie de la population. Deuxième voiture, deuxième machine… et deuxième budget, voilà tout l’enjeu de cette nouvelle gamme, qui ne répond qu’à une partie du problème. Le plus frustrant est sans doute d’avoir sous les yeux la
machine du futuravec les performances du passé et de se dire qu’il faudra attendre encore 5 à 10 ans pour ne plus avoir à choisir entre les deux.
La vie en rose
iPhone rose, iPad rose… il ne manquait plus que des Mac pour boucler la boucle ! Destiné à l’origine à un public asiatique -principal relais de croissance d’Apple- ce coloris
or rosesemble finalement se frayer petit à petit un chemin à travers nos contrées occidentales.
Si sur les tables des Apple Store, cet éventail de couleur est très enivrant, opter pour un ordinateur rose n’est pas une mince affaire. Suivant la lumière, la machine apparait tantôt avec de superbes reflets cuivrés, tantôt vraiment
rose bonbon, un ton que la gent masculine a souvent bien du mal à assumer. Lorsque j’ai sorti ce MacBook dans le train, j’ai bien senti quelques regards intrigués en ma direction… une personne ayant même eu l’audace de me demander si j’avais emprunté l’ordinateur de ma copine ! Pour autant, les PC (et les Mac) sont devenus un peu tristes ces derniers temps, oscillant entre le noir et le gris, y compris chez Apple. Cette petite touche d’originalité -que l’on retrouve aussi sur le modèle doré- n’a pas vraiment d’égal sur le marché !
CPU : petit mais pas costaud
A force de voir les CPU stagner d'année en année, on finit par se demander si Intel n'est pas sérieusement dans une impasse. L'époque où l'on doublait pratiquement la puissance tous les 2/3 ans est désormais révolue et l'on se contente maintenant de +10 à +20% d'une génération sur l'autre.
Mais en mobilité, les choses sont un peu différentes. Même si en apparence, la firme de Santa Clara semble faire du surplace, elle avance pratiquement sans concurrence, ses vrais rivaux sont plutôt à chercher du côté d'ARM que chez AMD. C'est dans cette optique que les Core M ont été développés : ils ne consomment que quelques watts (entre 5 et 10), tout en offrant des performances suffisantes pour une activité informatique moderne. Quelque part, on pourrait comparer cette puce au dernier A9X d'Apple qui équipe l'iPad Pro et dont le rapport performances/consommation est assez voisin.
Le problème, c'est qu'Intel a bien du mal à les faire évoluer. Cette année, on douterait presque que l'architecture ait réellement changé, avec à peine 10 à 15% de puissance supplémentaire. Il faut dire que l'essentiel de l'espace de la puce est désormais occupée par le GPU (cf ci-dessus), qui lui (on le verra après), progresse bien plus rapidement.
Pour cette cuvée 2016, les fréquences sont donc assez stables, même si les Turbos ont été légèrement revus à la hausse :
Comme prévu, le gain obtenu est donc assez faible, entre 10 et 15% suivant les applications. Cela suffit toutefois pour hisser l'entrée de gamme 2016 au niveau du haut-de-gamme 2015. Mais attention à ne pas tirer de conclusions trop hâtives : il s'agit ici d'une vraie bataille d'escargot !
Ce n'est pas la première fois que l'on aborde la question, mais il convient de prendre cette notion de fréquence -et notamment du Turbo- avec des pincettes. Par exemple, sur notre modèle de base, le Turbo est affiché à 2.2Ghz, soit pratiquement un doublement de la fréquence de base lorsque le CPU est sollicité. Dans les faits, on arrive bien à obtenir 2.2Ghz lorsqu'un programme a besoin de ressources pour un calcul précis, mais cette fréquence n'est jamais maintenue sur la durée. En effet, si on lance un jeu par exemple, la puce aura à la fois besoin du CPU et du GPU, et va alors chauffer très vite. Une fois que l'on aura atteint une température trop élevée (autour de 90°), le processeur va alors faire redescendre immédiatement sa fréquence à un niveau plus faible, le temps de dissiper un peu de chaleur. Ce phénomène est ici amplifié par l'absence de ventilation, un choix qui se paie cher, comme vous allez le voir :
Résultat des courses, sur un traitement long, les fréquences des Turbos seront rarement disponibles plus de quelques dizaines de secondes, voire une ou deux minutes tout au plus. Si vous lancez un filtre sur une vidéo 4k dans Final Cut Pro, il y a de grandes chances de voir le processeur redescendre autour de 1.5, voire 1.1Ghz. En l'absence de ventilateur, cette variation des fréquences est bien plus marquée sur un MacBook que sur un MacBook Air par exemple. Du coup, nos tests de performances (geekbenchs, cinebench...) doivent être quelque peu relativisés, puisqu'ils ne reflètent que la puissance maximale que la machine est capable de délivrer pendant un petit laps de temps.
A l'arrivée, il faut donc bien comprendre qu'un MacBook n'est absolument pas taillé pour le moindre calcul long et encore moins pour des traitements multimédias. En revanche, ce yoyo des fréquences permet -comme sur nos iPhone- de bénéficier d'une petite dose de puissance ponctuelle, qui permet d'offrir un bon niveau de réactivité au quotidien.
Quant à savoir s'il vaut mieux opter pour le CPU le plus rapide (et donc, le plus cher), rien n'est moins sûr : à l'usage, la différence entre le modèle à 1.1Ghz et celui à 1.3Ghz est absolument imperceptible. A l'inverse, si vous avez besoin ponctuellement de puissance (conversion d'image, de vidéos...), un Turbo élevé pourra vous faire gagner quelques dizaines de secondes sur un traitement long. Mais d'une manière générale, le différence de performances ne nous parait pas suffisamment justifiée pour débourser entre 200 et 300€ supplémentaires pour un CPU à peine plus rapide, à l'heure où de plus en plus de calculs (on le verra plus bas) sont désormais réorientés sur la partie graphique (GPU).
GPU : un miracle en OpenCL et du mieux en OpenGL
A défaut de vrais progrès côté CPU, Intel parvient tout de même à faire évoluer le GPU. Il faut dire que la firme est aujourd’hui le premier constructeur mondial de puces graphiques, avec environ 70% des ventes ! Avec les années, AMD et Nvidia sont désormais cantonnés à un
marché de niche, celui des joueurs et des professionnels, pour qui la puissance 2D/3D s'avère vitale.
Pour l’utilisateur, difficile de prendre position. Car d’un côté, cette unification du CPU et du GPU a permis de faire chuter les prix des machines, et également leur consommation. A l’inverse, on assiste depuis quelques années à un nivellement vers le bas, la plupart des acheteurs se contentant de la puce intégrée pour la 2D/3D. Sur les portables, et notablement les UltraBook (comme notre MacBook Retina), il est parfaitement impossible d’intégrer un GPU externe sans en sacrifier l’autonomie.
Sur ce Core M, et plus généralement sur l’architecture Skylake, Intel a donc logiquement placé toutes ses ressources sur l’IGP, qui occupe désormais la plus grande partie de la puce. Cette année, Apple annonce 25% d’augmentation, mais pour une fois, le chiffre parait bien modeste. Suivant les usages, vous verrez que les performances sont parfois multipliées par deux !
A l’intérieur de notre MacBook, on retrouve donc un GPU intégré qui porte le nom d'
Intel HD Graphics 515, et qui remplace la puce Intel HD 5300 (GT2) de l'an dernier, un modèle qui se plaçait au niveau de l'Intel HD 4000 bien connue sur Mac.
Côté puissance, cette HD 515 regroupe toujours 24 unités d'exécution et des fréquences oscillant entre 300Mhz et 1Ghz (850Mhz pour le MacBook de base, 900MHz pour le 1.2Ghz et 1Ghz pour la version 1.3Ghz, mais ce chiffre peut varier à l'utilisation), rien ne bouge donc vraiment depuis l'an dernier... si ce n'est le changement d'architecture !
Cinebench met surtout en scène les propriétés OpenGL mais le rendu est assez basique. Cela permet toutefois d’observer une variation brutes des performances 3D d’année en année :
Dans les jeux vidéos, les résultats sont plus variables. Sur d’anciens titres, le gain reste assez proche de celui observé avec CineBench, alors que dans des jeux plus récents, on parvient parfois à doubler le nombre d’images par seconde !
On précisera tout de même qu’aucun titre récent (et exigeant) n’est utilisable sur cette machine. Même un
vieuxStarCraft 2 est presque injouable, sauf à mettre tous les détails au mini et à éviter d’avoir des armées trop fournies ! Rien de surprenant à tout cela, le MacBook n’est pas (mais alors, pas du tout !) taillé pour la 3D.
Reste que le GPU est désormais utilisé, plus seulement dans les jeux, mais absolument partout, y compris par le système. Même lorsque vous lancez
Pland'Apple, c'est le circuit graphique qui détermine la fluidité des animations (zoom, 3D, déplacements...). Exiger de bons GPU n'est donc pas qu'une affaire de
Gamercomme on l'entend souvent.
Pour illustrer ce que je vous raconte, nous avons soumis la machine à nos tests
professionnels, et tout d'abord sur LuxMark, spécialisé dans le calcul OpenCL. Théoriquement, le modèle à 1.1Ghz, dont le GPU et le CPU sont plus lents, devrait s'incliner face à ses grand-frères. C'est en réalité tout le contraire qui se produit, pour les raisons évoquées plus haut : quand CPU et GPU sont très sollicités, le modèle à 1.3Ghz chauffe trop rapidement et doit baisser ses fréquences pour revenir à un niveau plus convenable.
Les résultats se jouent donc dans un mouchoir de poche, mais c'est notre modèle de base qui remporte le match ! Incroyable, n'est-ce pas ? On notera surtout que face aux modèles de l'an dernier, les performances sont quand-même doublées, preuve qu'Intel a bien travaillé sur l'OpenCL.
Histoire d'enfoncer le clou, nous avons lancé notre second test sous Final Cut Pro, un calcul de
Flou gaussiensuivi d'une amélioration des contrastes, deux rendus qui exigent CPU et GPU, et qui utilisent abondamment OpenCL.
Là encore, notre modèle à 1.1Ghz garde l'avantage et l'ensemble offre un gain très net par rapport aux machines de 2015. Pas d'emballement toutefois, lorsque vous comparez ces chiffres avec ceux d'un MacBook Pro Retina 15", on voit bien qu'on ne joue pas dans la même cour.
Si vous hésitiez à prendre l'option CPU la plus chère, un conseil, gardez votre argent ! La version à 1.3Ghz se montre vraiment très décevante. Elle ne garde en fait l'avantage que pendant les premières secondes du calcul, avant de s'effondrer lamentablement. Un peu comme si une Ferrari se faisait doubler par une Clio RS au bout de 500m en départ arrêté, alors qu'elle abat le 0 à 100 presque trois fois plus rapidement !
Disque : des SSD de compétition (mais pourquoi ?)
Sur ce nouveau MacBook, en sus du CPU/GPU, la seconde
grossenouveauté, c'est l'arrivée de SSD bien plus rapides !
Comme sur les derniers portables de la marque, les disques sont donc connectés en PCIe au format NVMe, ce qui permet de profiter des dernières avancées en matières de transferts SSD. La machine n'offre toujours que 2 lignes de PCIe mais connectés en PCIe 3.0, (contre 4 lignes en PCIe 2.0 sur les MacBook Pro Retina). En clair, cela permet d'offrir des débits doublés sans augmenter le nombre de connexions.
Cela permet tout de même d'atteindre des débits assez importants, comme vous le verrez ci-dessous. Apple annonce un triplement des performances, et c'est effectivement ce qu'on constate sur certains tests (pas tous).
Nos machines sont équipées du modèle de base (256Go) mais également de la version de 512Go, la plus grosse capacité disponible. D'après ces tests, les gains les plus importants se font surtout en lecture, plus qu'en écriture.
Sur de
grosfichiers, l'augmentation des performances est également impressionnante. Suivant les capacités choisies, on parvient à doubler les débits de l'an dernier. Notez qu'avec une capacité pourtant équivalente, nos deux modèles dotés de 512Go de SSD affichent des performances sensiblement différentes (nous avons refait nos tests plusieurs fois) :
Enfin, en poussant la machine dans ses derniers retranchements, on parvient à friser les 1,5Go/s en écriture séquentielle et 1,2Go/s en lecture. C'est moins bien que les MacBook Pro Retina mais très honorable pour un ultrabook.
A l'arrivée, le SSD de cette machine affiche donc des performances parmi les plus élevées du marché. C'est un beau cadeau de la part d'Apple, mais qui sera difficile à mesurer pour le client moyen. Car à moins de faire du montage en 4k sous Final Cut Pro ou de traiter des PSD de plusieurs Go, la différence sera pratiquement imperceptible face aux modèles de 2015.
Nous assistons ici à nouveau à l'un des paradoxes de ce MacBook : d'un côté, on vous offre -sur certains éléments- des performances dignes des meilleures machines de bureau, mais de l'autre, Apple ne lui permet pas de les utiliser pleinement, en limitant notamment les capacités à 512Go ou en n'offrant aucun système d'extension comparable. Si vous branchez un SSD en UCB C, il sera en moyenne 3 à 4 fois plus lent que le disque interne !
Autonomie : peut mieux faire !
Si vous faites le tour des sites spécialisés, l'autonomie mesurée peut varier du simple au triple. Suivant les usages, il est assez facile de vider les accus en 2/3H, alors qu'en faisant un peu attention, on parvient tout de même à lui faire tenir la journée.
En utilisant ces machines pour travailler sur cet article, tout comme l'an dernier, j'ai eu un peu de mal à tenir une journée complète. Il faut dire que je n'aime pas trop baisser la luminosité ni me limiter dans les usages. Ainsi, avec l'écran à 100%, plusieurs programmes ouverts (iTunes, Safari, Twitter, Slack, Message, Outlook et par moment quelques apps d'Adobe...), le MacBook s'éteignait en début, voire milieu d'après-midi. On peut donc travailler autour de 5/6H convenablement, et sans trop faire d'effort. Si vous baissez la luminosité et que vous vous limitez à certains programme, vous gagnerez encore 2 ou 3H sans problème. On reste néanmoins bien en dessous des MacBook Air 11" et autres MacBook Pro Retina, dont la batterie est plus conséquente, malgré une consommation nettement plus élevée.
Notre liste de doléances
Peut-être avons-nous été trop gourmands, peut-être qu'Apple n'a pas été assez ambitieuse, mais il est vrai que l'on aurait aimé que ce petit portable -bourré de qualités- évolue plus nettement cette année.
Parmi les petites choses qui nous ont manqué, nous pourrions citer :
- un CPU plus rapide : un petit Core iX dans une coque légèrement plus épaisse aurait-il vraiment grevé l'autonomie ?
- un SSD plus gros : 512Go de base et une option à 1 ou 2To auraient été appréciables. Question de consommation, peut-être ?
- le retour du MagSafe adapté à l'USB C : durant notre semaine de test, la machine a déjà failli
volerau moins deux fois
- un second port USB C à 10Gbps ou en Thunderbolt 3
- une caméra Facetime Full HD : on est en 2016, Mr Cook et avec un écran Retina, le 480p est nettement insuffisant !
- des tarifs plus contenus : 2000€ pour 512Go de disque et un CPU anémique, ça reste très cher payé
- qu'Apple arrête de créer des machines avec les composants collés et soudés à tous les étages, ce qui empêche tout remplacement, extension ou réparation en dehors des Apple Store. D'ailleurs cette année, les vis embarquent même un enduit qui permet de savoir si vous avez tenté d'ouvrir la machine :
Bilan : trop cher, trop lent, trop mignon
Comme dans certaines histoires pour enfant, on pourrait vous proposer deux fins différentes pour clôturer ce test.
La première, très américaine, se terminerait comme ceci.
Chers lecteurs, il faut bien le dire, j'ai pris un tel pied à utiliser ce MacBook pendant une semaine, que j'ai fini par en oublier sa fiche technique. A la manière dont un craque pour un cabriolet ou un bracelet Hermès pour Apple Watch, il est avant tout question de coeur lorsqu'on parle du MacBook. A ceux qui vous disent qu'il n'est pas assez puissant, je leur réponds avoir monté un petit film de vacances en 4k intégralement sous iMovie !Pour apprécier le MacBook, il faut en effet jouir d'une certaine abstraction et également se remettre un peu en question. Et pour ceux qui ne rentrent toujours pas dans les cases, le plus difficile est sans doute d'imaginer qu'il existe un public totalement conquis par ce qui apparait souvent comme une succession de compromis rédhibitoires.
A ceux qui se plaignent de la connectique, je leur rétorque qu'en 2016, les fils ne servent plus qu'à recharger les ordinateurs. Et si vous auriez aimé un SSD plus conséquent, il est peut-être grand temps de vous intéresser au Cloud !
L'autre manière de terminer ce papier serait nettement plus pragmatique et c'est souvent celle-ci qui prédomine sur les sites
tech. Si l'on garde les pieds sur terre, difficile en effet de conseiller à ses lecteurs une machine qui frise les 2000€, avec une fiche technique digne d'un MacBook Air d'il y a 5 ans. La recherche en matière de design et de légèreté ne peut pas tout excuser et l'on a parfois l'impression que ce bon vieux Jonathan Ive n'écoute plus du tout l'ingénierie, et encore moins ses clients. Il aurait parfois suffi de rajouter un simple port ou une connectique plus moderne (comme le TB3) pour parvenir à élargir son champ d'action.
Le problème de la puissance n'est en revanche pas vraiment du ressort d'Apple, qui a choisi un facteur de forme où seuls les Core M peuvent s'intégrer sans un gros système de ventilation. Si vous acceptez cette vision des choses, le salut viendra sans doute du prochain MacBook Pro que l'on attend de pied ferme d'ici l'été et peut-être même pour la WWDC.
Quel modèle choisir ?
L'an dernier, vu les tarifs, nous vous conseillions alors d'opter pour le modèle de base pour une raison simple : la différence de performance reste finalement assez faible entre les trois versions. Mais cette année, la donne est un peu différente : un disque de 256Go, ça devient un peu serré dans un Mac de 2016 (même pour une seconde machine) et l'on optera plutôt pour le modèle à 1.2Ghz, bien que la différence de prix ne soit pas pleinement justifiée à nos yeux.
En revanche, la petite nouveauté, c'est que l'ancienne gamme est toujours en vente sur le Refurb ! Du coup, on peut espérer obtenir une machine munie de 512Go pour seulement 1359€ là où la gamme actuelle démarre à 1449€ pour 256Go ! Quant au modèle de base de 2015, on le trouve dès 1059€, une belle affaire !