Apple et Google épinglés au Brésil à cause de FaceApp
Par Vincent Lautier - Publié le
Pourquoi FaceApp pose problème
FaceApp, une application de retouche photo connue pour ses filtres d’âge ou d’apparence, est sous le feu des critiques depuis plusieurs années. En cause, des conditions d’utilisation jugées floues et l’absence de traduction en portugais, ce qui empêche les utilisateurs brésiliens de comprendre pleinement ce à quoi ils consentent. Selon la loi brésilienne, la collecte massive de données sans consentement explicite est strictement interdite.
Le juge Douglas de Melo Martins, qui a prononcé le jugement, considère qu’Apple et Google, en rendant l’application accessible via leurs plateformes respectives, ont facilité ces pratiques. Résultat : une double sanction. Outre l’amende de 3,1 millions de dollars, les entreprises devront verser 82 dollars à chaque utilisateur brésilien ayant téléchargé FaceApp depuis juin 2020. Une note qui pourrait grimper rapidement si l’on tient compte du nombre d’utilisateurs concernés.
Apple et Google réagissent
Sans surprise, Apple et Google contestent cette décision. Ils se défendent en affirmant n’avoir aucun contrôle sur les conditions d’utilisation ou la politique de confidentialité de FaceApp, qui sont établies par l’éditeur tiers de l’application. Les deux entreprises soutiennent également que les données collectées respectent des
standards internationaux. Mais peu importe, pour le juge, cela ne les exonère pas de leur rôle, et ils feraient bien partie du problème.
Une décision qui pourrait faire jurisprudence
Cette affaire pourrait bien ouvrir la porte à des décisions similaires ailleurs dans le monde. En rendant les plateformes responsables des applications qu’elles distribuent, la justice brésilienne met en lumière une problématique plus large : le rôle des hébergeurs face aux abus potentiels des éditeurs tiers.
Parallèlement, le régulateur brésilien CADE pousse Apple à autoriser le sideloading, c’est-à-dire l’installation d’applications hors App Store. Une pratique qui pourrait compliquer la surveillance des applications suspectes, mais qui répondrait aux demandes croissantes pour plus de liberté d’installation. Pas simple de trouver le bon équilibre entre ces deux postures.
L’amende imposée à Apple et Google pourrait sembler dérisoire face à leurs revenus, mais elle envoie un signal : les plateformes ne pourront plus se contenter de distribuer des applications sans s’assurer de leur conformité légale. Un sujet qui risque de rester au centre des débats pendant quelques années, tant il prend de l’importance.