Des téléchargements alternatifs sur l'iPhone ! Oui, mais à quelles conditions ?
Par Laurence - Publié le
Des magasins alternatifs, oui mais pas n'importe comment !
Pour se conformer à la loi sur les marchés numériques (Digital Market Act), Apple a annoncé des changements radicaux concernant l'App Store. Dans un proche avenir, elle va donc autoriser les téléchargements en dehors de l'App Store, mais sous certaines conditions drastiquement posées.
Contrairement à ses habitudes feutrées et son ton mesuré, Cupertino est formelle, le sideloading c'est le mal ! Cela équivaut à
ouvrir la voie aux logiciels malveillants, à la fraude et aux escroqueries, aux contenus illicites et nuisibles et à d'autres menaces pour la vie privée et la sécurité.!
Avec le DMA, Apple ne va pas autoriser le téléchargement sauvage
Mais si les règles sont respectés, il sera finalement possible d’installer plusieurs stores sur son iPhone -Google, Amazon, Microsoft, Epic Games. En théorie, n’importe quel développeur pourra utiliser les nouvelles API fournies par Apple pour créer son propre magasin.
Mais les boutiques d’apps alternatives devront néanmoins justifier d’une ligne de crédit d’un million d'euros auprès d’un établissement financier. Histoire de sécuriser un petit peu la chose et de rassurer les utilisateurs, Apple a bien blindé ses nouvelles CGU (ici) mais en pratique tout le monde ne pourra pas se le permettre. Ensuite, les applications -qui y seront soumises- devront passer par le même processus de notarisation que pour les apps sur Mac. Pour rappel, il s'agit d'une procédure avec macOS Mojave pour les applications distribuées en dehors du Mac App Store dans le but de protéger les utilisateurs des applications malveillantes.
Un maintien des commissions, mais des taux différents
Apple n'a pas renoncé à son prélèvement à la source ! En revanche, elle a modifié son système de commission. Premier cas de figure : le développeur continue de passer par l'App Store pour le téléchargement et le paiement des apps. Dans ce cas, les anciennes règles continueront de s'appliquer sans modification, il continuera de verser 30 / 15% du prix à Apple.
Deuxième cas de figure : le développeur choisit un App Store alternatif. Dans ces conditions, la commission passe à 17 %, plus 3 % si elles passent par le système d'achat intégré d'Apple (ce qui sous-entend bien qu'elle peut passer par un autre moyen de paiement). Quant à eux, les petits développeurs verseront 10 % (avec toujours les 3 % en plus si l'achat est effectué via Apple), contre 15 % auparavant.
Une taxe supplémentaire
Dans la foulée, Apple a sorti de son chapeau une nouvelle taxe de 0,50€ dite
Core Technology Fee. Ce prélèvement s'appliquera par installation et sur glissement annuel de douze mois ! Une application disponible via l'App Store bénéficiera d'une franchise d'un million de téléchargements en deçà desquels elle ne sera pas impactée. En revanche, une app hébergée sur un magasin tiers n'en bénéficiera pas et sera soumise dès le premier téléchargement.
The “Core Technology Fee” is fifty Euro cents (€.50) per First Annual Install, and applies to First Annual Installs of an Application on iOS in the EU that exceed one (1) million over a rolling twelve-month period, except for Applications that are Alternative App Marketplaces (EU). For an Alternative App Marketplace (EU), the Core Technology Fee applies to each First Annual Install.
En outre, la situation ne va pas être sans conséquence pour les apps fremium, soit les purement gratuites, soit celles qui étaient rémunérées par la pub. Ces dernières sont en effet également concernée par cette taxe ! Dans la foulée, Apple a publié un outil de calcul des frais et une nouvelle section pour
Apple, une nouvelle fois gagnante ?
En pratique, s'il veut passer par un magasin alternatif, un développeur devra concevoir deux applications différentes, une pour l’Union européenne (en respectant les CGU européennes d'Apple), une pour le reste du monde (en respectant les CGU classique d'Apple, sous réserve des exceptions aux USA avec les liens externes, et possiblement des nouveaux textes au Japon et en Corée du Sud).
Cette démarche sera finalement compliquée pour de nombreux développeurs (petits et moyens), qui se contenteraient du système actuel (ou alors qui abandonneraient le Vieux Continent).
En définitive, le statut de l'App Store ne semble pas si affaibli que cela, il pourrait même être renforcé par les nouvelles dispositions. Après tout, Apple pense que 99 % des développeurs resteront fidèles à l’ancien système. De toutes évidences, les pertes financières seront minimes, car, l'App Store européen représente seulement 6% des revenus d'Apple.