Apple Watch : le co-inventeur de la montre Swatch refuse de se voiler la face
Par Laura Tibourcio de la Corre - Publié le
Swiss Madene prennent pas part aux évolutions en cours sur le marché.
Elmar Mock est un ingénieur horloger suisse et son fait d'arme principal est d'avoir co-inventé la montre Swatch avec Jacques Müller, sous la direction d'Ernst Thomke dans les année 1970. Aujourd'hui, il dirige une entreprise d'ingénierie et de consultations techniques, et semble donc pouvoir s'exprimer plus
librementque les patrons des fameux groupes horlogers que nous avons entendus depuis mardi.
Pour lui, le fait qu'une entreprise comme Apple souhaite conquérir le poignet de ses fans a du sens, puisque cela représente un potentiel économique colossal. Si tout n'est pas encore parfait, Elmar Mock considère qu'il n'y a qu'en faisant qu'on apprend, et que pour le moment, l'Apple Watch est tout de même
nettement plus attrayante que les autres montres connectées présentes sur le marchéet nous offre un parallèle avec le lancement de l'iPhone :
Personnellement, je la porterais. N’oublions pas que les smartphones de la première génération n’ont pas immédiatement remplacé les anciens téléphones portables. Lorsque les iPhones sont apparus, Blackberry affirmait qu’Apple n’aurait aucune chance de convaincre le consommateur en le privant de clavier et Nokia était persuadé que les grands écrans rebuteraient les clients…
Lorsqu'on lui parle de la position des patrons de l'horlogerie suisse quant aux montres connectées, son avis est tranché, et il pointe même du doigt une
désinvolture évidentede la part de Nick Hayek, directeur de Swatch Group, par rapport à ce marché :
Il est choquant de constater que les barons de l’horlogerie suisse trouvent ce marché inintéressant. En prenant un chiffre réaliste de 100 millions de smartwatches vendues par an, ce marché pourrait peser dans les 30 milliards de dollars, soit davantage que l’ensemble de l’horlogerie suisse.
Pour lui, les acteurs du domaine sont en train de réitérer l'erreur qu'ils ont faite dans les années 1970, lorsqu'ils ont négligé la concurrence des montres à quartz japonaises, ce qui a bien failli détruire ce pan de l'économie helvéte.
L’horlogerie suisse ressemble de plus en plus à une réserve d’Indiens. Elle a choisi délibérément de ne pas prendre part aux mutations actuelles. Non par manque d’idées, de créativité et d’innovation, mais par choix stratégique. Malheureusement, la Suisse manque d’un Steve Jobs, d’un vrai patron capable de se projeter dans l’avenir. Cela ne veut pas forcément dire qu’on a fait faux, mais les dés sont désormais jetés en ce qui concerne la montre connectée.
Merci à Romain de nous avoir envoyé cette interview.