Des belles révélations sur les relations tendues entre Apple et la presse
Par Didier Pulicani - Publié le
Malgré la taille de la société, seules quelques dizaines de personnes sont chargées de la communication et des relations avec la presse. Cette équipe resserrée permettait à Katie Cotton -baptisée le
tyranen interne- de contrôler plus efficacement ses troupes et de verrouiller au maximum la moindre déclaration.
Autre révélation, on y apprend qu'une équipe est en charge de lister et de monitorer tous les articles autour de la marque. Fait amusant, même les
news peoplesont analysées, et les célébrités arborant un produit de la marque seraient consciencieusement fichées. La pratique est assez similaire du côté des journalistes : suivant les conclusions des articles déjà publiés, Apple effectuerait une sorte de
classementet de tri des différentes personnalités du secteur, une système qui permet en quelque sorte de dresser la liste des journalistes les plus dociles (ou non) avec la Pomme.
Notre confrère revient également sur une pratique rarissime chez Apple : la prêt de produits avant la sortie officielle (entre vous et moi, ce serait déjà bien si on pouvait les avoir le jour de la sortie sans devoir faire la queue à 4H du mat' devant les Apple Store...). Là encore, le tri est extrêmement sélectif, et la société ne donne pas toujours les mêmes appareils aux mêmes journalistes. Suivant leurs
notesinternes, la firme distribue les iPhone et autres MacBook Pro aux rédacteurs dont le potentiel de tests positifs est le plus élevé. Pour la petite histoire, en France, Apple distribue quelques rares iPhone -avant la commercialisation- uniquement à la presse généraliste (Figaro, MétroNews...) qui n'en sort d'ailleurs souvent que quelques lignes, rarement critiques.
Les invitations durant les keynotes sont également très contrôlées. Suivant le type d'événement, certains ont des accès plus ou moins garantis. Une petite sélection triée sur le volet peut par exemple être invitée à tester les produits. Là encore, avec les années, Apple a largement durci sa politique, il faut dire que le nombre de médias qui désirent assister aux keynote est de plus en plus élevé. En Europe, par exemple, si vous n'êtes pas un grand quotidien reconnu, il est pratiquement impossible de se faire accréditer pour une conférence à San Francisco. Au mieux, Apple invite une poignée de journalistes (souvent mainstream) à Londres pour une diffusion en temps réel et jouer rapidement avec les produits à l'issue de la keynote. Étonnamment, les sites et les magazines les plus spécialisés sur la marque sont rarement les bienvenus...
Entre reporters, le service de presse d'Apple est d'ailleurs souvent sujet à de vastes blagues et arbore l'étiquette de
pire service de presse au monde. Le
No Commentest de rigueur pour 99% des questions posées à la marque, qui se contente souvent de rediriger les médias vers les communiqués de presse officiels ou les pages produit. La tâche s'avère d'ailleurs certainement très frustrante pour la plupart des employés travaillant dans ce petit service, qui n'a finalement qu'une autonomie très limitée et qui craint de commettre LA boulette qui pourrait lui coûter son poste.
Avec le départ de Cotton, l'ensemble des journalistes (nous compris) se réjouit d'un possible changement d'attitude face aux médias. D'ailleurs, Cupertino a donné un premier signe aux blogs spécialisés, puisque Gizmodo a été invité à la keynote, alors que le site en avait été banni
à viesuite aux fuites de l'iPhone 4 oublié dans un bar...
Si vous comprenez l'anglais, je vous invite à lire ce dossier absolument passionnant.