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Comment devenir un hacker ?

Par Contributeur - Publié le

La culture :



Si vous faites partie de cette culture, si vous y avez contribué et si d'autres personnes qui en font partie savent qui vous êtes et vous considèrent comme un hacker, alors vous êtes un hacker.
L'état d'esprit d'un hacker ne se réduit pas à cette culture des hackers du logiciel. Il y a des gens qui appliquent l'attitude du hacker à d'autres domaines, comme l'électronique ou la musique. En fait, on trouve cet esprit à l'état le plus avancé dans n'importe quel domaine de la science ou des arts. Les hackers du logiciels reconnaissent cette similitude d'esprit, et certains affirment que la nature même du hacker est indépendante du domaine particulier auquel le hacker se consacre réellement. Mais dans la suite de ce document, nous nous concentrerons sur les aptitudes et les attitudes des hacker du logiciel, et sur les traditions de la culture partagée qui a créé le terme "hacker".

NB : il y a un autre groupe de personnes qui s'autoproclament des "hackers", mais qui n'en sont pas. Ces gens (principalement des adolescents de sexe masculin) prennent leur pied en s'introduisant à distance dans les systèmes informatiques et en piratant les systèmes téléphoniques. Les vrais hackers appellent ces gens des "crackers" et ne veulent rien avoir à faire avec eux. Les vrais hackers pensent que les crackers sont des gens paresseux, irresponsables, et pas très brillants. Malheureusement, de nombreux journalistes se sont laissé abuser et utilisent le mot "hacker" quand ils devraient utiliser le mot "cracker". Cela ne lasse pas d'irriter les vrais hackers. La différence fondamentale est la suivante : les hackers construisent des choses, les crackers les cassent.

Si vous voulez devenir un hacker, alors continuez cette lecture. Si vous voulez devenir un cracker, allez lire le newsgroup alt.2600, c'est tout ce que j'ai à en dire.

L'attitude des hackers



Les hackers résolvent des problèmes et construisent des choses, et ils croient à la liberté et à l'entraide volontaire. Pour être accepté comme un hacker, vous devez vous comporter comme si vous aviez ce type d'attitude vous-même. Et pour vous comporter comme si vous aviez ce type d'attitude, vous devez vraiment y croire.

Mais si vous pensez qu'adopter l'attitude d'un hacker n'est qu'un moyen pour être accepté dans la culture des hackers, alors vous avez raté le point essentiel: il faut croire à ces principes pour en tirer la motivation personnelle pour continuer à apprendre. Comme pour tous les arts créatifs, la façon la plus efficace de devenir un maître est d'imiter l'état d'esprit des maîtres -- non seulement intellectuellement mais aussi émotionnellement.

Donc, pour devenir un hacker, répétez les phrases suivantes jusqu'à y croire réellement :

1) Le monde est plein de problèmes fascinants qui n'attendent que d'être résolus :



C'est très amusant d'être un hacker, mais c'est un amusement qui demande beaucoup d'efforts, et l'effort demande de la motivation. Les champions sportifs tirent leur motivation d'un plaisir physique à accomplir des performances avec leur corps, à dépasser leurs propres limites physiques. De façon similaire, pour être un hacker, il faut ressentir une certaine excitation à résoudre des problèmes, à affûter ses compétences, à exercer son intelligence.

Si pour vous cette façon de penser n'est pas naturelle, il faut qu'elle le devienne si vous voulez devenir un hacker. Autrement, vous allez découvrir que votre énergie va se disperser dans des distractions comme le sexe, l'argent ou la reconnaissance sociale.

(Vous devez également développer une certaine foi en votre propre capacité d'apprentissage: même si vous ne savez pas tout ce qu'il faut pour résoudre un problème, si vous en traitez seulement une partie et que vous en apprenez quelque chose, alors vous allez réussir à traiter la partie suivante, et ainsi de suite jusqu'à ce que le problème soit résolu.)

2) Personne ne devrait jamais avoir à résoudre le même problème 2 fois :



Les cerveaux créatifs sont une ressource précieuse et limitée. Il ne faut pas la gâcher en réinventant la roue quand il y a tant de problèmes fascinants qui attendent.

Pour vous comporter comme un hacker, vous devez vous convaincre que le temps de pensée des autres hackers est précieux, à tel point que c'est pour vous une obligation morale de partager vos informations, de résoudre des problèmes et d'en donner les solutions pour que les autres hackers puissent résoudre de nouveaux problèmes au lieu de perpétuellement revenir sur les mêmes.

(Il n'est pas nécessaire de vous croire obligé de donner toute votre production créative, bien que les hackers les plus respectés soient ceux qui le font. Il est tout à fait compatible avec les valeurs des hackers d'en vendre une partie suffisante pour payer sa nourriture, son loyer et ses ordinateurs, d'entretenir une famille et même de devenir riche, à condition de ne jamais oublier que vous êtes un hacker pendant tout ce temps.)

3) La routine et l'ennui sont inacceptables :



Les hackers (et les gens créatifs en général) ne devraient jamais se consacrer à des tâches ennuyeuses ou répétitives, parce que cela signifie qu'ils ne font pas pas ce qu'eux seuls savent faire: résoudre de nouveaux problèmes.

Pour se comporter comme un hacker, vous devez vous en convaincre suffisamment pour automatiser les parties ennuyeuses de votre travail, non seulement pour vous-même mais aussi pour tous les autres (et particulièrement les autres hackers).

(Il y a une exception apparente à cette règle: un hacker va parfois faire des choses qui semblent répétitives ou ennuyeuses à un observateur pour se vider l'esprit, ou pour acquérir une nouvelle compétence, ou pour faire une expérience particulière. Mais c'est toujours par choix: une personne capable de penser ne devrait jamais être forcée à faire un travail ennuyeux.)

Vive la liberté !



Les hackers sont naturellement anti-autoritaristes. Si une personne peut vous donner des ordres, elle peut vous empêcher de résoudre le problème particulier, quel qu'il soit, par lequel vous êtes fasciné à un instant donné. Et, vu la façon dont les esprits autoritaristes fonctionnent, elle trouvera en général une raison particulièrement stupide de le faire. Par conséquent, les attitudes autoritaristes doivent être combattues partout où elles se trouvent.

(Ce n'est pas la même chose que de combattre toute forme d'autorité. Les enfants ont besoin d'être guidés, et les criminels d'être arrêtés. Un hacker peut accepter de se soumettre à une certaine forme d'autorité pour obtenir quelque chose qu'il désire plus que le temps perdu à suivre les ordres. Mais c'est un marchandage limité, conscient. Une soumission totale à une autorité donnée est hors de question.)

Les autoritaristes se nourrissent de censure et de secrets. Et ils se méfient de l'entraide mutuelle et du partage d'informations. Ils n'apprécient la "coopération" que quand ils peuvent la contrôler. Donc, pour vous comporter comme un hacker, vous devez développer une hostilité instinctive vis-à-vis de la censure, du secret et de l'usage de la force ou de la ruse pour dominer des adultes responsables. Et vous devez vous tenir prêt à agir conformément à cette conviction.

5) L'attitude n'est pas un substitut à la compétence :



Pour être un hacker, vous devez développer un certain nombre de ces attitudes. Mais cela seul ne suffira pas à faire de vous un hacker, pas plus qu'un champion sportif ou une rock star. Pour devenir un hacker, il faut de l'intelligence, de l'expérience, de la persévérance et beaucoup de travail.

Par conséquent, vous devez apprendre à vous méfier des attitudes et à respecter les compétences, quelles qu'elles soient. Les hackers ne se laissent pas impressionner par les poseurs, mais ils apprécient les compétences, particulièrement les compétences de hackers, mais aussi toutes les autres. Les compétences dans les domaines exigeants maîtrisées par une élite sont particulièrement appréciées, et plus particulièrement celles qui nécessitent un esprit perçant et une grande concentration.

Si vous respectez la compétence, alors vous aimerez travailler à vous améliorer sans cesse, et celà sera plus un plaisir qu'une routine. C'est vital pour devenir un hacker.

Les compétences de base du hacker :



Il est vital d'avoir une attitude de hacker, mais encore plus vital d'en avoir les compétences. L'attitude n'est pas un substitut pour la compétence, et il convient de développer un ensemble minimal de compétences avant que l'idée n'effleure un autre hacker de vous accepter comme son pair.

Cet ensemble change lentement au cours du temps, au fur et à mesure que l'évolution technologique crée de nouvelles compétences et en rend d'autres obsolètes. Par exemple, à une certaine époque il convenait de savoir programmer en assembleur, et il n'était pas question, jusqu'à une date récente, de HTML.

En tout état de cause, il est clair que cela inclut, fin 1996 :

6) Apprendre à utiliser le World Wide Web et à écrire en HTML :



La plupart des choses créées par la culture des hackers travaillent dans l'ombre, en aidant à faire tourner des usines, des bureaux et des universités, sans impact direct sur les vies des non-hackers. Il y a une grosse exception, le Web, ce jouet de hacker énorme et lumineux dont même les politiciens admettent qu'il est en train de changer la face du monde. Rien que pour cette raison (et pour de bonnes raisons par ailleurs), vous devez apprendre à travailler avec le Web.

Cela ne signifie pas seulement apprendre à utiliser un browser [navigateur, butineur... NDT], mais aussi apprendre à écrire en HTML, le langage de balisage du Web. Si vous ne savez pas programmer, le fait d'écrire en HTML vous apprendra quelques habitudes mentales qui vous aideront à démarrer. Donc, faites-vous une home page [page-maison? NDT].

Mais ce n'est pas seulement d'avoir une home page qui fera de vous un hacker. Le Web est plen de home pages. La plupart sont d'un intérêt absolument nul, parfois jolies à regarder mais nulles quand même (pour plus d'information voir The HTML Hell Page).

Pour être utile, votre page doit avoir du contenu. Elle doit être intéressante et/ou utile pour les autres hackers. Cela nous conduit à notre sujet suivant...

Les status dans la culture des hackers :



Comme pour la plupart des cultures sans économie monétaire, le fondement de la culture des hacker est la réputation. Vous essayez de résoudre des problèmes intéressants, mais seuls vos pairs, ou vos supérieurs dans la hiérarchie technique, sont à même de juger si ces problèmes sont intéressants, et si ces solutions sont vraiment correctes.

Par conséquent, si vous jouez le jeu du hacker, vous apprenez le score principalement à partir de ce que les autres hackers pensent de vos capacités, et c'est pour ça que l'on n'est vraiment un hacker que lorsque les autres hackers vous considèrent comme tel. Ce fait est obscurci par l'image du hacker comme un travailleur solitaire, aussi bien que par un tabou de la culture des hacker (qui s'estompe progressivement mais qui reste présent) : le fait d'admettre qu'une partie de sa motivation vient de son ego ou de la recherche d'une acceptation externe.

De façon spécifique, le monde des hacker constitue ce que les anthropologues appellent une culture du don. On obtient un statut ou une réputation non pas en dominant les autres, en étant beau, ou en possédant des choses que les autres désirent, mais en faisant des dons: de son temps, de sa créativité, du résultat de ses compétences.

Il y a principalement cinq types de choses à faire pour être respecté par les hackers :

7) Ecrire des logiciels libres :



La première, la plus centrale et la plus traditionnelle, est d'écrire des programmes dont les autres hackers pensent qu'ils sont amusants ou utiles, est de faire don du code source pour que toute la communauté des hacker puisse les utiliser.

Les "demi-dieux" les plus respectés dans l'univers des hackers sont ceux qui ont écris des programmes importants, utiles, qui correspondent à un besoin répandu, et qui en ont fait don à la communauté, de sorte que maintenant tout le monde s'en sert.

8) Aider à tester et à débugger des logiciels libres:



Il est également utile d'aider à débugger et à perfectionner les logiciels libres. Dans ce monde imparfait, nous passons inévitablement la part la plus importante du temps de développement d'un logiciels dans la phase de débuggage. C'est pour cela que les auteurs de logiciels libres savent que des bon béta-testeurs (ceux qui savent décrire les symptômes clairement, localiser précisément les problèmes, qui peuvent tolérer quelques bugs dans une distribution rapide et qui sont prêt à appliquer une procédure de diagnostic simple) valent leur pesant d'or. Un seul d'entre eux peut faire la différence entre une séance de débuggage cauchemardesque et une simple nuisance salutaire.

Si vous êtes un débutant, essayez de trouver un programme en cours de développement qui vous intéresse et de devenir un bon béta-testeur. C'est une progression naturelle que de commencer par aider à tester des programmes, puis d'aider à les débugger, puis d'aider à les modifier. Vous apprendrez beaucoup de cette façon, et vous vous ferez un bon karma par rapport à des gens qui vous aideront plus tard.

9) Aider à faire tourner l'infrastructure :



La culture des hacker (et le développement technique de l'Internet) marche grâce à des volontaires. Il y a beaucoup de travail peu excitant, mais nécesaire, qui doit être fait pour que ça continue à tourner : administrer les mailing lists [listes de distributions, NDT], modérer les newsgroups, gérer les sites d'archives de logiciels, écrire les RFC [Requests For Comments, les "normes" de l'Internet] et autres standards techniques.

Les gens qui font ce genre de choses sont très respectés, parce que tout le monde sait que c'est un boulot qui demande énormément de temps et qui n'est pas aussi drôle que de jouer avec du code.

10) Servir la culture des hackers elle-même :



Pour finir, vous pouvez servir et propager la culture elle-même (par exemple, en écrivant une introduction précise sur comment devenir un hacker :-)). Ce n'est pas quelque chose qu'il vous sera possible de faire avant d'avoir été dans le bain pendant un certain temps et d'être devenu bien connu pour l'une des quatre premières choses.

La culture des hackers n'a pas de chefs, au sens précis du terme, mais elle a des héros, des historiens et des porte-parole. Quand vous aurez été dans les tranchées pendant assez longtemps, vous pourrez peut-être devenir l'un de ceux-ci. Mais attention: les hackers se méfient des egos surdimensionnés chez les anciens de leur tribu. Il faut donc éviter de montrer ouvertement que l'on recherche à obtenir ce genre de célébrité. Il vaut mieux faire en sorte qu'elle vous tombe toute cuite dans votre assiette, et toujours rester modeste à sujet de votre statut.

Le rapport entre les hackers et les nerds :



Contrairement à un mythe populaire, on n'a pas besoin d'être un nerd pour être un hacker. Cela aide, cependant, et de nombreux hackers sont en fait des nerds. D'être un proscrit social vous aide à vous concentrer sur les choses importantes, comme penser et hacker.

C'est pour cette raison que de nombreux hackers ont adopté l'étiquette "nerd" et utilisent même le terme plus cru de "geek" comme un insigne honorifique; c'est une façon de déclarer leur indépendance vis-à-vis des attentes normales de la vie sociale. Voir The Geek Page pour une discussion exhaustive.

Si vous arrivez à vous concenter suffisamment sur le hack pour y exceller et vivre votre vie par ailleurs, tant mieux. C'est beaucoup plus facile à présent que lorsque j'étais un débutant. La culture dominante est beaucoup plus tolérante de nos jours vis-à-vis des techno-nerds. Il y a même un nombre croissant de gens pour penser que les hackers forment un matériel de premiers choix en tant que petit(e) ami(e) / mari / femme. (Consultez par exemple Girl's Guide to Geek Guys.)

Si vous voulez devenir un hacker parce que vous n'avez pas de vie privée, pas de problème : au moins il n'y aura rien pour vous empêcher de vous concentrer. Et vous finirez peut-être par en avoir une un jour.

Style de vie :



Encore une fois, pour être un hacker, il faut entrer dans l'état d'esprit du hacker. Pour cela, il y a quelques activités que l'on pratique loin d'un ordinateur qui semblent aider. Ce ne sont évidemment pas des substituts à la pratique de l'informatique, mais de nombreux hackers les pratiquent, et pensent qu'elles sont reliées de façon fondamentale à l'essence du hack.

  • Lire de la science-fiction.
  • Pratiquer le Zen et/ou les arts martiaux (pour la discipline mentale).
  • Ecouter et analyser de la musique, apprendre à apprécier des formes particulières de musique. Apprendre à bien jouer d'un instrument, ou à chanter.
  • Apprécier les jeux de mots.
  • Apprendre à bien écrire dans sa langue maternelle.
  • Plus vous pratiquez ces disciplines, plus il est probable que vous pourrez naturellement faire un bon hacker. Les raisons pour lesquelles ces activités sont importantes ne sont pas claires, mais il semble que ce soit parce qu'elles font intervenir à la fois les parties gauche et droite du cortex (les hackers ont besoin de passer de façon instantanée d'un raisonnement logique à une perception plus subjective d'un problème).


Pour finir, une liste de choses à ne pas faire :

  • Ne pas utiliser des noms de login grandiloquents ou stupides.
  • Ne pas intervenir dans les flame wars [guerres au lance-flamme] dans les newsgroups Usenet ou ailleurs.
  • Ne pas s'autoproclamer "cyberpunk", et ne pas perdre son temps avec quelqu'un qui le fait.
  • Ne pas poster de message rempli de fautes d'orthographe ou de grammaire.
  • La seule réputation que vous vous ferez de cette façon est celle d'un parfait idiot. Les hackers ont la mémoire longue. Cela pourra vous prendre plusieurs années avant que de telles erreurs soient oubliées.


Article de Jonathan