La Mazda 6e cache une mauvaise voiture électrique chinoise
Par Didier Pulicani - Publié le
D'apparence, la Mazda 6e est très massive, avec 4,92 m de long et 2,1m de large (avec les rétros), plutôt taillée pour le marché chinois et américain. Mais avec de telles dimensions, on se dit que le constructeur peut proposer un modèle avec une grosse batterie et des technologies de pointe... mais que nenni !
Une Mazda... chinoise !
Déjà, cette Mazda n'a pas grand chose de japonais, c'est tout simplement la cousine technique de la Deepal SL03 de Changan, partenaire chinois de Mazda pour s'implanter dans le pays.
Les chinois possèdent pourtant de bonnes plateformes électriques, mais ce n'est pas le cas de cette Mazda 6e, dont l'architecture multi-énergie impose quelques compromis structurels. En effet, elle existe en Chine en version hybride, même si Mazda ne prévoit (a priori) pas de la commercialiser chez nous.
Le look est assez massif, loin des codes habituels de Mazda, même si l'on retrouve un peu la signature lumineuse ronde à l'arrière et la fameuse calandre de la marque. L'enrobage est assez grossier, d'autant que la voiture est en fait assez haute pour une berline (1,49 m), ce qui n'est pas idéal pour l'aérodynamique.
De la charge à... 95kW !
Deux modèles sont proposés, avec une version standard à petite batterie, qui parait assez inadaptée à une grande routière, l'autonomie étant sous les 500Km :
e-Skyactiv EV
• 258 ch - 320 Nm
• 0 à 100 km/h en 7,6 s
• Batterie LFP de 68,8 kWh
• 479 km d’autonomie (WLTP)
• 200 kW en charge rapide
• 22 mn pour le 10 à 80 %
La version Grande Autonomie est encore plus décevante, jugez plutôt :
• 245 ch - 320 Nm
• 0 à 100 km/h en 7,8 s
• Batterie NMC de 80 kWh (brut)
• 552 km d’autonomie
• 95 kW en charge rapide (!)
• 45 mn pour une recharge 10 - 80 % (!)
Oui, vous avez bien lu, pour gagner seulement 73Km WLTP (50 dans la vraie vie), les temps de charge sont doublés ! Les mauvaises langues rétorqueront que c'est dans la droite lignée de la MX-30, qui imposait environ 40-45mn pour retrouver 80% de batterie, et dont la puissance s'effondrait en hiver.
Par ailleurs, la version Grande Autonomie embarque un moteur... moins puisant, un comble ! Cette propulsion fait même pâle figure face à la concurrence, qui offre généralement un bien meilleur couple et au moins 300ch pour venir à bout des 2 tonnes de ce gros bébé. Un modèle 4x4 pourrait suivre, mais difficile de s'attendre à un miracle en l'état.
Un intérieur techno mais coffre riquiqui
A l'intérieur, on sent bien que l'on n'est pas vraiment chez Mazda, mais plutôt chez Tesla ou BYD !
Tout se passe en effet sur le grand écran central (14,6"), alors que notre MX-30 n'avait même pas d'écran tactile. Ici, fini les boutons physiques, ce qui pourrait déplaire aux clients historiques -mais soit- d'autant que certaines fonctions imposeront des gestes de la main. Un second écran de 10,2" est utilisé pour l'instrumentation numérique, qui complète l'affichage tête haute en réalité augmentée.
Avantage des constructeurs chinois, l'intérieur est plutôt spacieux, confortable et bien fini. L'empattement géant permet d'avoir de l'espace quelque soit la place et les rangements sont nombreux. Un double chargeur sans-fil façon Tesla est positionné en haut de la console centrale, qui offre même un espace pour un sac en contrebas.
En revanche, quand il s'agit de caser les bagages, c'est la douche froide : seulement 330 l de coffre (!!) et ce n'est pas le frunk de 70l qui compensera vraiment cet absence d'espace de rangement pour les valises. La concurrence oscille entre 500 et 600L, même une simple Tesla Model 3, bien plus courte, offre déjà 594 l et un frunk de 88 l ! On imagine que les batteries ont été intégrées au chasse-pied et que les moteurs ne sont pas aussi compacts que dans une Tesla ou une Lucid Air, ce qui réduit d'autant l'espace sous le coffre.
L'avis de Mac4Ever
Avec des tarifs entre 45 000 et 50 000€ (estimation), cette Mazda 6e devra batailler sévère en Europe pour se faire une place en face de Tesla Model 3, Volkswagen ID7 et autres Ioniq 6, meilleures à tout point de vue.
On pourrait rétorquer que la clientèle de Mazda est souvent fidèle à la marque, mais ici, on cherche encore les éléments réellement sortis des usines japonaises, en dehors de quelques segments de design et la surcouche logicielle de l'écran.
Arrivé en retard sur l'électrique, Mazda ne risque pas de convaincre beaucoup de monde avec cette proposition, larguée à tout point de vue.