La PDG de Peugeot demande aux États d’investir dans les bornes de recharge
Par Vincent Lautier - Publié le
Les infrastructures électriques : c’est aux gouvernements de s’en charger
Lors du récent salon de l’automobile de Paris, Linda Jackson, PDG de Peugeot, a déclaré que la mise en place des infrastructures pour les véhicules électriques ne devrait pas incomber aux constructeurs automobiles, mais aux gouvernements. Selon elle, ces derniers doivent encourager l’adoption des véhicules électriques en investissant dans les bornes de recharge et en proposant des incitations financières. Jackson a rappelé qu’il n’appartient pas aux fabricants de déployer des infrastructures, citant en exemple le marché des stations-service, historiquement géré par des tiers. Son intervention fait écho aux critiques fréquentes des utilisateurs, et futurs utilisateurs, concernant le manque d’infrastructures pour répondre à la demande croissante de véhicules électriques.
Des incitations nécessaires pour les voitures électriques
En plus des infrastructures, Linda Jackson a plaidé pour des incitations financières en faveur des véhicules électriques destinées aux particuliers. Actuellement, les subventions pour les véhicules électriques sont principalement orientées vers les entreprises, surtout pour les véhicules utilitaires. Les aides aux particuliers sont plus faibles et souvent remises en question. Peugeot, qui excelle sur le marché des fourgonnettes électriques, aimerait voir les mêmes avantages étendus aux voitures destinées aux consommateurs. Selon Jackson, ces incitations sont essentielles pour dynamiser le marché des voitures électriques et aider les constructeurs à atteindre leurs objectifs en matière de transition énergétique.
Peugeot évite le sujet des taxes sur les véhicules chinois
Bien que les taxes imposées aux véhicules électriques chinois aient suscité des débats lors du salon, Linda Jackson a choisi de ne pas aborder ce sujet. Cette prudence s’explique en partie par la stratégie de Stellantis, la société mère de Peugeot. Le groupe a conclu un partenariat stratégique avec Leapmotor, un constructeur chinois. Ce partenariat permet à Stellantis de détenir 51 % des ventes de Leapmotor hors de Chine et 21 % de sa production en Chine. Cette alliance positionne Stellantis de manière avantageuse sur le marché chinois, tout en contournant les conflits commerciaux liés aux tarifs.
Jackson a également clarifié les motivations derrière le partenariat de Stellantis avec Leapmotor, en déclarant :
Pour être totalement directe, c’est notre façon de défier les Chinois. Elle a repoussé toute suggestion d’une menace pour le potentiel de croissance du constructeur français.
Comme garder vos amis près de vous, et alors vous apprenez quelque chose sur eux, n’est-ce pas ?, a-t-elle ajouté, confirmant que l’accord représente aussi une opportunité d’apprendre des technologies utilisées par Leapmotor, sans affecter sa position chez Peugeot.
Leapmotor, de son côté, ambitionne d'accroitre le nombre de pays où vendre ses modèles C10, T03 et B10 dès l’année prochaine. Ces modèles, très connectés et abordables, représentent un atout stratégique pour Stellantis, et offrent une réponse interessante aux défis croissants du marché mondial des véhicules électriques, où de nouvelles réglementations et taxes, comme celles de l’UE et des États-Unis, viennent compliquer la situation.
Un équilibre précaire mais indispensable
Avec ce partenariat, Peugeot et Stellantis veulent montrer leur capacité à s’adapter aux conditions économiques mondiales tout en restant compétitifs sur le marché européen. Pour Linda Jackson, cette stratégie, qui combine expertise locale et alliances internationales, permet à Stellantis de mieux répondre aux défis posés par la transition vers l’électrique, qui se fait de plus en plus pressante. Mais, une fois encore, sans l’implication des gouvernements dans l’infrastructure et les incitations financières, cette transition pourrait rester limitée.
Jackson a également mentionné que son équipe travaille dur pour réduire les coûts des véhicules électriques et se conformer aux nouvelles règles de production.
Nous travaillons très, très dur pour réduire le coût des véhicules électriques. Mais tout ce qui peut stimuler le marché est essentiel, a-t-elle ajouté, soulignant l’importance de maintenir un marché dynamique pour assurer le succès de cette transition.
Êtes-vous d’accord avec ce constat ? Qu’est-ce qui vous empêche, vous, de passer à l’électrique ?