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Autonomie mensongère, détestation de Musk : le Tesla bashing bat son plein !

Par Didier Pulicani - Publié le

Depuis quelques jours, la presse (majoritairement généraliste) s'est emparée d'un dossier très complet de Reuters consacré à l'autonomie des Tesla, qui estime en substance, que la marque triche sur l'estimation affichée sur le tableau de bord.

Autonomie mensongère, détestation de Musk : le Tesla bashing bat son plein !


Un ancien employé aurait révélé qu'Elon Musk himself aurait commandité une sorte de formule mathématique destinée à valoriser l'autonomie restante des voitures, tout en sachant pertinemment qu'elle ne serait jamais atteinte. L'homme affirme qu'au delà de 50%, les chiffres affichés sont volontairement trop élevés et se réajusteraient une fois la moitié des accumulateurs vidée -en revanche, il évoque une décision prise il y a 10 ans sur les Model S et X, et ne précise pas si la triche serait toujours d'actualité.

On y apprend au passage que Tesla applique un petit tampon (comme presque tous les constructeurs) permettant de rouler encore une vingtaine de kilomètres même après le fameux 0%.

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Point d'orgue de l'article, Tesla aurait même une équipe spéciale basée à Las Vegas chargée de classer sans suite les demande de rendez-vous suite à des soucis d'autonomie présentés par les propriétaires. De nombreux clients se seraient en effets vu refusés une quelconque prise en charge dès que le sujet concernerait justement les rayons d'action supposé des voitures.

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Aussi sérieux puisse-t-il paraitre, l'article semble pourtant écrit de façon bien candide pour qui suit de près le monde automobile. Déjà, chacun sait, que ce soit dans l'univers du thermique ou de l'électrique, que les consommation affichées sont toujours bien loin de la réalité. Les normes WLTP sont réalisées dans des conditions telles qu'elles ne reflètent absolument pas les usages de la vraie vie, alors que les équivalents américains (EPA) sont souvent cités (à raison) comme plus pessimiste, et donc, beaucoup plus justes. A ce propos, l'organisme US Environmental Protection Agency (EPA) a exigé de Tesla en 2020 qu'il abaisse de 3% les autonomies annoncées : en matière de triche, cela reste modeste !

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A titre de comparaison, qui croit encore dans les autonomies affichées par Apple sur ses iPhone 14 (26H de lecture vidéo) ou ses derniers MacBook Air (15H en navigation web) ? Durant nos tests, on a pu diviser ces chiffres au moins par 2 ou 3 ! Ce n'est pas un hasard si Tim Cook a supprimé toutes les estimations de temps restant sur ses Mac, préférant évoquer simplement le pourcentage de batterie.

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En réalité, Tesla a toujours affiché sur le tableau de bord, les autonomies maximales de ses voitures, proches des normes EPA/WLTP. En clair, elles sont atteignables uniquement en ville et avec le pied léger -mais certainement pas sur autoroute. Quand Tesla affiche une autonomie de 600Km WLTP sur la Model 3, n'espérez pas dépasser les 400Km sur autoroute -mais rien de neuf sous le soleil, car ces différences sont relativement identiques chez tous les constructeurs.

Chez certaines marques, le choix de l'autonomie affichée prend souvent en compte le dernier trajet (parfois les X derniers KM, parfois la consommation moyenne du trajet entier...) si bien que sur une ID.3 de Volkswagen, il n'est pas rare de voir seulement 220Km d'autonomie sur une voiture vendue à 420Km WLTP. Chez Tesla, on aurait plutôt affiché autour de 400Km, malgré la température extérieure ou les récentes consommation. Et Reuters de conclure que Porsche, Ford ou Mercedes proposerait des autonomies bien plus réalistes sur le tableau de bord.

Sur certains tests très poussés, comme chez nos amis de la chaîne EV, les écarts d'autonomie WLTP et mixte constatés sont assez proches quelque soit les constructeurs, Tesla étant d'ailleurs plutôt dans la moyenne haute. Sur autoroute, Tesla reste toujours leader en terme de consommation et d'autonomie, pas si mal pour un tricheur, n'est-ce pas ?

Quant à la fameuse brigade de diversion basée à Las Vegas, difficile de se prononcer, Tesla n'ayant évidemment pas confirmé l'information. Peut-être que le constructeur ne souhaite pas perdre le temps de ses techniciens avec des clients qui ne comprennent pas la différence entre autonomie théorique et réelle sur leurs véhicules ? L'article précise d'ailleurs que Tesla réalise souvent des diagnostic à distance, avant d'annuler un rendez-vous physique -il n'est donc pas question d'une absence de prise en charge, comme j'ai pu le lire ici et là.

Elon Musk, cause de désertion de la marque ?



L'autre sujet polémique de la semaine concerne cette fameuse étude réalisée cette fois par Bloomberg sur 5000 possesseurs de Tesla ayant choisi de vendre la voiture.

On y apprend ici que 21% de ces déserteurs auraient été motivés par la désapprobation d'Elon Musk, 18% pour la qualité du service et 17% seraient déçus de la perception de la marque. A noter que 7% seraient repassés au thermique -déçus sans doute par l'autonomie. Il est vrai que le CEO de Tesla, Twitter/X et SpaceX n'a pas la langue dans sa poche, et peut se montrer particulièrement clivant.

Autonomie mensongère, détestation de Musk : le Tesla bashing bat son plein !


Mais l'étude révèle aussi que 87% des acheteurs de Model 3... reprendront une Model 3 ! Des chiffres de rétention de ce type sont assez rares dans l'automobile et pourtant largement passés sous silence par la presse. Quant à la prétendue désapprobation d'Elon Musk, elle ne semble pas jouer un rôle majeur à grande échelle, surtout lorsqu'on sait que la Tesla Model Y est la voiture la plus vendue en Europe au premier semestre 2023 (toute motorisation confondue) et que Tesla est même passé devant Toyota en Californie, une première dans cet état où le japonais trustait les ventes depuis des années.

Un marché son pression ?



La concomitance de ces deux études (plutôt discutables) parait donc assez téléphonée, même si elles soulèvent évidemment de nombreuses questions, notamment au niveau des calculs d'autonomie affichées par les constructeurs et les organismes des certification. N'oublions pas non plus que les grands constructeurs automobiles comptent parmi les plus gros annonceurs chez les médias généralistes, de quoi faire monter la pression dans les rédactions.

Comme toutes les marques automobiles, Tesla n'est pourtant pas exempt de défauts (comme on l'a encore vu récemment avec l'implémentation de l'AutoPilot en Europe, il est également souvent question de qualité de service et de finitions). Mais l'américain arrive aussi à un point de maturité tel qu'il crée de réelles dissensions chez les constructeurs historiques. Encore récemment, Carlos Tavares, CEO de Stellantis, déclarait que Tesla était enfin arrivé dans son monde, moquant d'ailleurs son niveau de marge opérationnelle désormais inférieur à son groupe depuis janvier dernier. Une chose est sûre, Tesla est maintenant pris au sérieux à tous les niveaux et à ce titre, tous les coups sont permis.