Notre test définitif de l'Apple Watch : entre objet de désir et préambule d'une révolution
Par Laura Tibourcio de la Corre - Publié le
version 1.0, mais ce type de produit demande du temps pour réellement l'apprivoiser.
Deux mois après notre périple chez Colette, nous avons donc pris le recul nécessaire pour vous faire notre retour
finalet clore notre test de l'Apple Watch.
De vrais efforts sur le design mais peut mieux faire
Une montre connectée qui a du swag
Lorsque Tim Cook a dévoilé l'Apple Watch en septembre 2014, un vent d'excitation a agité les fans de la Pomme, qu'ils soient barbus, ou non. Si Apple n'est pas la première à proposer une montre connectée, elle est la seule à l'avoir positionnée comme accessoire de mode, et à avoir travaillé son design en conséquence.
Quel bonheur d'apprendre que deux tailles seraient disponibles, dont l'une, particulièrement adaptée aux petits poignets ! Contrairement aux horlogers que nous avons rencontrés à Baselworld, Apple n'attend pas de voir le succès de sa montre pour la proposer aux femmes et effectivement,
ça rend bien, surtout sur la belle Mila.
Une fois au poignet, l'Apple Watch est tout de suite reconnaissable.
C'est la montre de la télé ?s'est exclamée dès le premier jour une vendeuse, lorsque nous sommes entrés dans un magasin pour enfants. Envoyer des messages depuis sa montre relève encore de la science fiction pour les non initiés, et le faire de façon ostentatoire dans le métro attire forcément le regard.
Si l'Apple Watch est bien plus swag que ses concurrentes, elle n'atteindra jamais la classe d'une tocante traditionnelle. Loin d'être un véritable bijou, on peut cependant dire que c'est une belle montre connectée, sans pour autant être une belle montre.
Confortable mais épaisse
Nous vous le disions au moment du déballage, l'Apple Watch est agréable à porter. Au quotidien sa présence ne se remarque (presque) pas, sauf les jours de forte chaleur, où avoir quelque chose au poignet n'est jamais agréable.
Le modèle Sport, plus léger, est très discret, et aura l'avantage de moins
marquer. En effet, les micro-rayures sont plus apparentes sur le modèle en acier inoxydable, même s'il faudra mettre le nez sur le boitier pour les apercevoir.
Malgré son volume, l'Apple Watch reste fragile. On a toujours peur de la faire tomber en la manipulant, surtout lorsqu'on possède un bracelet avec une ouverture complète.
Finalement, on apprécie le travail fournit par Apple en termes de design, mais on aurait aimé une montre beaucoup moins épaisse, qui épouse mieux les formes du poignet. Si l'Apple Watch est relativement agréable à porter, elle donne l'impression d'un iPhone posé sur le bras et ses capteurs appuient beaucoup sur la peau.
Est-ce vraiment une montre ?
Donner l'heure n'est pas sa spécialité
C'est pourtant écrit dans son nom, l'Apple Watch est une montre. Pourtant, y jeter un oeil pour lire l'heure n'est pas toujours aisé. Impossible de le faire les mains dans les poches, ou dans une position trop horizontale. On se retrouve souvent obligé de devoir appuyer sur l'écran pour afficher l'heure, avec un léger temps de latence.
Même lorsque la détection du mouvement fonctionne bien, l'Apple Watch met une demi seconde (de trop) à s'allumer, et ne parlons pas de ce délai lorsque la montre est en mode
Réserve. Demander l'heure à un ami serait presque plus rapide.
Un accessoire connecté plus qu'une montre ?
L'affichage de l'heure devra s'améliorer, mais le terme
Apple Watchest probablement trompeur. Peut-être faut-il la considérer comme un objet technologique à porter au poignet et non comme une montre ?
Son autonomie suscitait beaucoup d'interrogations avant sa sortie. Finalement, on passe sans souci le cap de la journée, et on se retrouve même autour des 30% en allant se coucher. En ménageant sa montre, on peut donc tenir une journée et demie et l'Apple Watch a l'avantage de se recharger très rapidement une fois sur son galet.
C'est donc mieux que prévu (et probablement lié aux limitations de la montre), mais insuffisant. Avoir à recharger sa montre tous les jours reste assez pénible, surtout en vacances.
Contrairement aux montres
classiques, l'Apple Watch n'a rien d'intuitif. Il faudra l'apprivoiser, s'habituer aux interactions proposées et aller fouiller dans les paramètres. Rien d'insurmontable, mais cette courbe d'apprentissage est à prendre en compte avant d'espérer maîtriser la montre et ses fonctionnalités.
Finalement, si l'Apple Watch n'arrive pas à la cheville des montres traditionnelles au niveau du design, elle permet de gagner du temps et de la tranquillité d'esprit. La question reste souvent de savoir si sortir son iPhone pour exécuter une tâche est plus rapide ou non. C'est ce que nous allons voir.
Une bonne version 1.0
L'Apple Watch, à quoi ça te sert ?
C'est un objet très personnel. Il s'insère dans l'intimité de son possesseur et le suit au quotidien. Son utilisation varie donc en fonction des styles de vie, et des personnalités. Les avis étant très disparates à la rédaction, nous avons décidé de vous confier nos impressions individuellement :
• Didier :
Je fais partie de cette génération
Yqui a totalement abandonné la montre depuis le début des années 2000 et qui s'est donc un peu forcée à remettre quelque chose à son poignet, surtout par curiosité. Après 2 mois d'utilisation, je peux le dire, quand je l'oublie le matin, l'Apple Watch me manque de plus en plus. Sans être totalement indispensable (aucune de ses fonctions n'est exclusive), elle me facilite nettement la vie et m'évite des dizaines de fois par jour de sortir mon téléphone : lire un SMS, regarder la météo, avoir l'heure (!), suivre ses notifications Twitter, avoir ses rappels... C'est d'autant plus efficace dans les situations où l'on est déjà très occupé (en cuisine, au téléphone, à un dîner, en voiture...) et où il n'est souvent pas simple de regarder son téléphone pour lire un simple message. On se prend même parfois au jeu de répondre à un appel, lorsqu'on a les mains prises. J'ai en revanche beaucoup plus de mal à l'utiliser de manière active : répondre à un message ou à un mail n'est vraiment pas pratique, on a toujours plus vite fait de sortir l'iPhone. Pour moi, Siri n'est pas à la hauteur de l'enjeu et fait encore trop d'erreur pour remplacer un clavier. Quant aux
nouveauxmoyens de communiquer tant vantés par Apple (par des tapotements, des dessins etc.), je ne les ai jamais utilisés au delà de l'aspect découverte. Pour conclure, je dirais que l'Apple Watch se montre vite indispensable si l'iPhone a déjà pris une place importante dans votre vie.
• Arthur :
L'Apple Watch me sert principalement pour le relai des notifications, pour ne rater aucun texto ni appel, tout en gardant un oeil sur l'actualité et mes tâches en cours. Le suivi des activités et les fonctions de santé représentent aussi une des principales motivations pour la porter tout au long de la journée, tout en m'incitant à bouger davantage et à adopter une meilleure hygiène de vie. Même les rappels réguliers invitant à se lever et bouger pendant une minute, qui au début avaient tendance à m'agacer -surtout quand je décidais de m'offrir une bonne sieste dominicale en gardant ma tocante au poignet- ont fini par atteindre leur objectif, et m'aident à présent à en faire de même avec le mien. En fin de journée, l'un de mes premiers réflexes est désormais de consulter l'avancement de mes activités physiques du jour, et de faire le maximum pour remplir les cercles avant le dîner. Mon seul regret à ce niveau est d'ailleurs de ne pas pouvoir fixer un objectif plus élevé pendant ses week-ends et ses jours de repos.
• Laura :
Je porte toujours une montre, même lorsque je dors. Je considère cela comme un bijou, et je déteste devoir sortir mon iPhone pour voir l'heure. D'ailleurs, j'adore laisser mon téléphone au fond de mon sac et ne pas y toucher pendant de longs moments. L'Apple Watch me permet donc d'être joignable, tout en restant à 100% dans mon film, ou mon rendez-vous. Reste que parfois, le naturel revient au galop et je l'enlève pour être de nouveau injoignable (et libérer mon poignet du poids de la montre). Avoir à la recharger tous les soirs est un réel inconvénient, surtout pour moi, qui suis souvent en vadrouille. Dans ma vie privée, la montre n'a pas changé grand chose : je ne bouge pas plus, et mes habitudes sont toujours les mêmes. En revanche, au niveau professionnel, l'Apple Watch me permet d'être plus productive : voir arriver mes mails, mes notifications et mes rappels tout en continuant à travailler est un réel atout, et permet de limiter les distractions.
Après deux mois d'utilisation intensive, le constat est relativement simple : l'Apple Watch permet de se passer de l'iPhone, mais pas complètement. La montre est encore très dépendante du téléphone, et la lenteur avec laquelle les données sont chargées occasionne quelques frustrations. Heureusement, les choses devraient s'arranger à l'automne avec l'arrivée de WatchOS 2 et des applications tierces natives.
De même, les caprices de Siri, notamment pour configurer des itinéraires sur Plans, provoquent quelques crispations et face à l'impossibilité de cliquer sur les liens Twitter, de lire des emails en HTML ou de répondre à des Whatsapp, nombreux sont ceux qui continuent de sortir leur iPhone très régulièrement.
Les applications sont-elles appelées à disparaître ?
Pour le moment, l'Apple Watch nous sert surtout à recevoir des notifications, et à y jeter un oeil rapidement. Rares sont les moments où on ouvre réellement une application pour une utilisation étendue.
Comme nous vous le disions, les interactions sont limitées (impossible de skyper, de vérifier des horaires de trains sur Voyages-sncf, ou de voir plus de quelques photos sur Instagram). On passe souvent plus de temps à regarder la petite roue de chargement qu'à lire du contenu.
D'ailleurs, notre morphologie n'est pas adaptée à une utilisation prolongée de la montre. Le bras fatigue rapidement, et on se retrouve parfois avec des courbatures le lendemain. Alors les applications sont-elles appelées à disparaître ou les éditeurs n'ont-ils pas encore trouvé le bonne formule ?
On attend donc de nombreuses améliorations, aussi bien pour les applications tierces que pour celles d'Apple (les transports en commun dans Plans, les Notes sur l'Apple Watch ainsi que le dictaphone).
Au delà des applications, on attend également d'autres usages (le paiement, le pass Navigo au poignet ou encore l'ouverture de la voiture). Si la montre n'est pas encore indispensable, elle pourrait vite le devenir lorsqu'elle nous permettra de faire tout cela.
Quelle combinaison choisir ?
Changer de bracelet comme on change de chemise
Le choix du bracelet est également extrêmement personnel et dépend des habitudes de chacun, ainsi que du style souhaité. Une nouvelle fois, chaque rédacteur va donc parler de son/ses modèles préférés et de leurs avantages.
• Didier :
Je ne suis définitivement pas fan des bracelets en cuir fournis par Apple. Même s'ils sont de plutôt bonne facture (cf nos tests), je trouve qu'ils ne collent pas avec le style "high-tech" de la montre et que leur attache -qui ne rentre pas dans le boitier- fait bien trop ressortir l'épaisseur proéminente de l'Apple Watch. Petite exception avec le bracelet en Cuir Venezia matelassé (voir le test) qui rentre bien dans le boitier, et qui -malgré le cuir- lui confère un côté moderne et sportif. Comme beaucoup de gens autour de moi (sans oublier Tim Cook !), c'est finalement le bracelet sport (blanc) que j'utilise tous les jours : on n'a pas peur de le mouiller, de l'abimer (il n'est vendu
que59€), il est léger, moderne et il ne claque pas sur la table quand on tape au clavier. Le bracelet à maillons est aussi classe qu'inabordable, mais il conviendra mieux en soirée ou lorsqu'on porte une chemise. C'est un bon
second choixd'autant qu'il faut le ménager pour éviter les rayures. Enfin, bien que d'une franche réussite sur le plan esthétique, je trouve le bracelet milanais un peu trop féminin sur un homme, mais comme toujours en matière de goûts, tous ces avis sont extrêmement subjectifs !
• Arthur :
Avant de porter l'Apple Watch, j'aimais changer régulièrement de montre et adapter ma tocante à mes activités ou ma tenue du moment, voire laisser mon poignet libre et m'en tenir à l'heure affichée sur mon iPhone. Si aujourd'hui je ne laisse se reposer la smartwatch que pour lui permettre de recharger ses accus, j'échappe à la frustration de ne porter qu'une seule montre grâce à ses capacités d'adaptation, et plus précisément au système de changement de bracelet, redoutable de simplicité. La tentation est d'ailleurs d'autant plus forte de multiplier les achats pour retrouver le plaisir de varier au gré du vent et de mes chemises. Le plus souvent, j'opte donc pour un bracelet Sport, généralement le noir, qui me permet de ne pas me soucier d'éventuelles rayures, de pouvoir me laver les mains en conservant la tocante, ou encore de faire du sport sans risquer d'user le fluoroélastomère. J'opte parfois pour un modèle blanc de la même matière, en faisant néanmoins plus attention aux tâches, lesquelles ont jusqu'à présent toujours disparu après un rapide nettoyage à l'eau claire. Le seul
reprocheque je pourrais avoir à faire sur le moins cher des bracelets proposés par Apple est le même que sur la plupart des bracelets-montre, à savoir l'écart trop important entre les perforations, qui laisse souvent le choix entre un ajustement trop serré et un autre trop lâche. Enfin, pour les tenues plus habillées, je reste plus attiré par le bracelet en cuir
boudins, dont j'apprécie le look rétro et les possibilités d'ajustement précis autour du poignet, ainsi que le modèle à maillons en acier, qui offre un look plus classique et cossu à la montre.
• Laura :
Quel bonheur d'avoir le choix entre plusieurs bracelets ! Même s'il manque quelques déclinaisons (des couleurs moins acidulées pour le bracelet Sport, un modèle boucle classique autre que noir), je me suis prise au jeu de faire du
shoppingsur le site d'Apple, comme si je m'achetais véritablement un accessoire de mode. Après avoir hésité entre le bracelet à boucle moderne et le milanais, j'ai finalement opté pour le deuxième car le nouveau fermoir magnétique vanté par Apple était bien trop volumineux (presque la même largeur que la montre en 38mm !). Dans un premier temps, j'ai été très satisfaite de ce choix. Le bracelet est agréable, élégant et peut être réglé très précisément (voir le test). Cela permet notamment de le desserrer un peu lorsqu'il fait chaud pour éviter que les capteurs de la montre soient trop collés à la peau. Seulement avec le temps, l'extrémité magnétique du bracelet s'est beaucoup rayée et la matière est devenue de moins en moins agréable (peut-être à cause de l'été). De plus, il m'arrive régulièrement de me coincer les cheveux dans le bracelet. Face à ces inconvénients, je vais revenir au bon vieux bracelet Sport.
Apple a certes fait l'effort de proposer toute une série de bracelet, elle ne semble pas avoir trouvé la bonne formule pour en faire des accessoires agréables au quotidien. Un vrai problème compte tenu de leur tarif (169€ pour le Milanais, 269€ pour la Boucle Moderne et 499€ pour celui à Maillons).
Les matériaux sont certes de qualité, et les mécanismes travaillés, mais le confort n'y est pas toujours. Seule belle réussite : le bracelet Sport . Tim Cook ne s'y est pas trompé lorsqu'il a choisi le sien ! En revanche, nous avons remarqué que la version blanche peut rapidement changer de couleur, notamment au contact d'un jean brut. Enfin, certains de nos lecteurs nous ont développé une allergie au contact de ce bracelet. Prudence donc.
Reste que ce bracelet en fluoroélastomère ne conviendra pas à toutes les situations. Il s'accordera difficilement avec un costume, même si Romina, notre experte de la mode, n'est pas du même avis :
Porter une Apple Watch est déjà assez hors du commun pour pouvoir le faire avec n'importe quelle tenueexplique-t-elle. Il est vrai qu'avec une petite robe, ça passe comme on dit.
Seulement, on a parfois envie d'un bracelet plus
classepour les grandes occasions, et c'est justement là le modèle économique d'Apple : plus qu'une montre, elle nous vend des bracelets.
L'Apple Watch Sport semble plus "raisonnable"
Pour ce qui est du boitier, le choix ne se porte que sur les matériaux, puisque les fonctionnalités sont les mêmes pour tous les modèles. Ce ne sera donc qu'une question de swag, de bourse (et de statut social).
À partir de là, le choix le plus pragmatique serait d'opter pour le modèle Sport, pour profiter de la montre, sans fâcher son banquier. Reste que la version Watch et son boitier brillant sont très attirants, et s'approchent davantage d'une montre classique.
Avoir un avant-goût du futur, dès maintenant
Comme nous vous le disions, l'Apple Watch est encore loin d'être aussi indispensable que l'iPhone. L'oublier le matin est certes désagréable, mais loin d'être vécu comme un drame.
Si la montre ne joue pas encore un rôle essentiel dans nos vies, elle fait avancer la cause des wearables et contribue à démocratiser le concept. Comme le disait Nick Hayek, PDG de Swatch, Apple va
ouvrir le marchéet
créer une nouvelle opportunité.
L'entreprise a entre autres poussé les industriels à se jeter à l'eau, et à envisager des interactions avec la montre. Les constructeurs automobiles que nous avons rencontrés au Salon de l'Auto étaient tous convaincus qu'un jour, on ouvrira sa voiture avec son Apple Watch. En revanche, ces avancées ne devraient pas arriver
demain, puisque la NFC n'est toujours pas accessible avec WatchOS 2. On imagine qu'en parallèle d'autres acteurs, notamment dans le domaine de la maison connectée, travaillent sur le sujet.
L'Apple Watch est bien entendu évolutive, et dès l'automne prochain, les possesseurs de la tocante devraient avoir le droit à de nombreuses améliorations grâce à Watch OS 2 (des applications natives, le mode table de nuit ou encore la possibilité de répondre aux emails). On imagine que d'autres mises à jour sont prévues, et certaines fonctionnalités comme Apple Pay devraient débarquer prochainement.
Finalement, l'Apple Watch nous donne un avant-goût du futur : tout n'est pas encore là, mais on sent immédiatement son potentiel. Qui sait, peut-être que dans dix ans, la montre sera sur tous les poignets, et seuls quelques pionniers auront la fierté de pouvoir dire
j'ai eu la première Apple Watch alors que personne n'en avait encore. Ceux qui se sont procuré le premier iPhone ne le regrettent probablement pas.
Acheter une Apple Watch