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L'abandon progressif de CarPlay n'est pas forcément une mauvaise nouvelle

Par Didier Pulicani - Mis à jour le

Depuis 2014, CarPlay permet de déporter les applications de l'iPhone dans la voiture, une sorte de second écran pour le téléphone d'Apple, adapté aux contraintes de la conduite.

L'abandon progressif de CarPlay n'est pas forcément une mauvaise nouvelle


D'abord boudé par les différents constructeurs (sans doute trop fiers d'avoir investi des milliards dans des OS maison), le système est devenu au fil du temps un véritable faire-valoir pour la partie multimédia, beaucoup affichant même la fonctionnalité sur les présentations officielles. Mais depuis quelques mois, les annonces d'un abandon de CarPlay se multiplient : General Motors, et plus récemment Rivian, au grand dam des utilisateurs, qui avaient pris leurs habitudes à ne plus utiliser le GPS et le système intégré. Mais d'autres pourraient suivre, ce qui ne serait pas forcément une mauvaise chose !

CarPlay fait du sur-place



Maps, les appels, Waze, les PodCasts, Apple Music... Les applications proposées dans CarPlay restent majoritairement cantonnées à la navigation et à la musique, même si l'on a vu fleurir quelques exceptions, comme de la recherche de bornes de recharge, de stations essence ou encore de la messagerie (Viber, WhatsApp), - et pour ces dernières, les fonctionnalités sont souvent réduites à écouter ses messages.

L'abandon progressif de CarPlay n'est pas forcément une mauvaise nouvelle


Depuis 10 ans, CarPlay n'a que très peu évolué : la vidéo est par exemple, toujours proscrite ! Pas de Netflix, de YouTube ou même d'AppleTV+, alors qu'il aurait été intéressant de pouvoir regarder des films sur les écrans situés côté passager ou pendant les temps de pause (déjeuner, recharge...). Il n'est toujours pas possible de faire cohabiter deux applications sur un même écran, comme Waze et Google Maps par exemple -Apple propose uniquement son écran d'accueil, peu personnalisable. J'aurais aussi aimé pouvoir naviguer dans la musique tout en gardant un oeil sur la navigation... Bref, un véritable système multi-tâche moderne !

Au fil du temps, CarPlay a perdu de son mojo, et manque clairement de modernité ! Certains accessoiristes sont même allés jusqu'à pirater CarPlay pour y lancer un système Android et élargir ses fonctionnalités ! Je trouve aussi que de devoir jongler entre CarPlay et le système intégré au véhicule n'est pas très pratique : parfois, il faut jouer des coudes pour retourner sur CarPlay après avoir réglé la climatisation, le mode sport ou tout simplement regarder les données électriques... Le manque d'intégration de CarPlay est d'autant plus frustrant que les fonctionnalités de la voiture sont toujours plus nombreuses et qu'on préférerait tous un OS unifié !



Car en parallèle, les constructeurs ne sont pas restés les bras croisés. Alors que certains s'entêtent avec un système bancale (comme chez Volkswagen), d'autres tapent à la porte de Google, d'Apple ou tentent de créer un OS maison tout aussi performant -avec plus ou moins de succès. Lorsqu'on rentre dans une Hyundai, une Toyota ou une Mitsubishi récente, on a parfois l'impression de faire de l'archéologie informatique... et il faut s'armer de patience pour afficher les menus !

Android Automotive, Tesla ou carOS ?



Sans grande surprise, celui qui a montré la voie dès 2012 n'est pas Tim Cook mais bien Elon Musk. En privilégiant un développement 100% interne, le CEO de Tesla voulait aussi s'affranchir des GAFA pour conserver et exploiter les données de ses utilisateurs. Même si Tesla utilise des applications tierces (Netflix, YouTube, Apple Music, Spotify...), c'est elle qui les intègre dans ses applications et non l'inverse -sauf pour les jeux et quelques programmes développés en externe. Et surtout, Tesla est parvenu à créer un logiciel fluide, rapide et bien dessiné, notamment grâce à son implantation dans la Silicon Valley.

L'abandon progressif de CarPlay n'est pas forcément une mauvaise nouvelle


En 2023, on compte déjà bon nombre de véhicules utilisant Android Automotive, le système de Google qui remplace totalement le système du véhicule. Renault, Volvo, Polestar et bientôt Stellantis ou encore BMW, une bonne moitié de l'industrie actuelle devrait basculer chez le géant de la recherche d'ici 2 à 3 ans. Certains, comme Mercedes, devraient se limiter à la couche basse, c'est à dire, Android sans les services Google -comme le faisait déjà Fiat par exemple.

L'abandon progressif de CarPlay n'est pas forcément une mauvaise nouvelle


Si vous avez vu notre essai complet de la Megane E-tech, vous savez à quel point le système de Google est désormais abouti lorsqu'il est bien implémenté. Planificateur, carto, vidéos à la demande et bientôt des jeux : s'il part de plus loin, Google est en train de rattraper Tesla tout en proposant aussi des applications inédites, comme un vrai Google Maps, Waze et bien d'autres ! Et l'accès aux réglages du véhicule est totalement personnalisable par les constructeurs, qui sont aussi forcés d'utiliser des interfaces simplifiées et standardisées. Bref, comme sur iOS et Android !



Adieu CarPlay, bonjour CarPlay 2.0 !



L'abandon progressif de CarPlay n'est pas forcément une mauvaise nouvelle


En 2022, Apple a présenté un peu tardivement une ébauche son propre système intégré basé sur CarPlay, mais qui remplace tout le système de la voiture. Plusieurs constructeurs, dont Porsche, ont déjà exprimé leur souhait de l'implémenter rapidement, sans doute car il correspond aussi au profil de ses clients souhaitant prolonger l'expérience de l'iPhone dans leur véhicule, sans devoir réapprendre de nouvelles interfaces et logiciels.

CarPlay -tel que nous le connaissons- vit donc certainement ses dernières années de développement -même si Apple continuera sans doute à le prendre en charge un bon moment pour les véhicules plus anciens.

L'abandon progressif de CarPlay n'est pas forcément une mauvaise nouvelle


Finalement, le vrai risque, pour les utilisateurs iPhone que nous sommes, serait de voir certains services (Siri, Apple Music, HomeKit...) disparaitre dans certains véhicules, en fonction de l'OS choisi par le constructeur. Là où CarPlay était un système transversal, le futur qui se dessine ressemble plutôt à ce qui se passe sur les ordinateurs et les téléphones : une concentration du marché autour de 2 ou 3 OS, avec pour chacun, son App Store et ses applications.