Essai Microlino : la petite voiture électrique trop mignonne, taillée pour la ville !
Par Didier Pulicani - Mis à jour le
Nous avons eu la chance d'en prendre le volant pendant 2 jours (et 2 nuits), une expérience déroutante et enivrante, comme vous le verrez dans cette vidéo ultra-complète !
La Microlino en video
Micro-moteur, micro-batterie
Comme son nom l'indique, la Microlino est une voiturette, plus exactement un quadricycle lourd à moteur côté français, l'équivalent d'une moto 125cm3 en Suisse.
Alors forcément, les spécifications sont également très
micro:
• Batterie : 6, 10,5 ou 14 kWh
• Autonomie WLTP : 91, 177 et 230km
• Poids : 496kg, 513 et 530kg
• VMax : 90 km/h
• 0 à 50 en 5s
• 89nm de couple
• Chauffage PTC 1,8kw
Habitué aux puissances démentielles des voitures électriques modernes, il est vrai que l'on se sent ici bien plus proche d'un scooter électrique que d'une voiture. Malgré cela, les citadines à piles (Fiat 500, Mini et autres Mazda MX30) n'offre souvent pas beaucoup plus d'autonomie, avec des accumulateurs pourtant deux fois plus gros.
Ces spécifications de trottinettes font pourtant la force de ces voiturettes électriques : avec leur poids mini, leur moteur peu puissant, leurs consommations sont assez ridicules, entre 5 et 8kWh au 100Km, moitié moins qu'une voiture électrique citadine classique. C'est non seulement peu coûteux à recharger, mais aussi à l'entretien, alors que l'autonomie est tout à fait suffisante, y compris pour faire entre 10 et 100Km par jour.
Charge un peu lente
Avec une batterie entre 6 et 14kWh, on se dit que le charge sera rapide. Mais que nenni !
En fait, la recharge est assez lente, et ne nécessite qu'une prise électrique :
• Entre 3h et 4h
• PMax : 1,6kw (6kwh) à 2,6kw (10 et 15kwh)
Même si vous pouvez la brancher sur une borne publique, cela n'a que peu d'intérêt car elle n'excédera jamais 2 à 3kW, comme sur une prise standard. Du coup, notre petite voiturette chargera moins vite qu'une Zoe, qui accepte 22kW en triphasé et peut donc charger ses 50kWh en 2H30 ! Evidemment, pas de CCS, donc on oublie les bornes de type Ionity en courant continu.
En clair, les longs trajets sont presque impossibles avec cette voiture, et les personnes habitant un immeuble (sans prise) seront un peu coincés, sauf à avoir une borne au bureau ou une station publique pas trop loin de chez eux.
Amusant, avec une batterie nomade (type EcoFlow, Jackery etc.), vous pouvez récupérer jusqu'à 20/30% de capacité, pratique pendant un repas ou en dépannage. Durant notre tournage, cela nous a permis de gagner sensiblement en autonomie et même de la charger dans des garage non équipés de prises électriques (même si ça reste du dépannage car nos batteries n'excèdent que rarement les 2 à 3kWh, soit 20 à 30% de la batterie de la Microlino)
Cote d'amour maximale
Extérieurement, la Microlino reprend les codes de la BMW Isetta sortie dans les années 50 : 2 places, encombrement limité, petite bouille toute ronde et une ouverture par devant. Sans parler de plagiat, l'inspiration est très claire et le constructeur allemand ne semble pas avoir intenté une seule action en justice, malgré les similitude très nettes.
Dans la rue, la Microlino possède une cote d'amour inédite ! De mémoire, je n'ai jamais vu autant de sourires lors d'un essai automobile : si son design peut être clivant, elle est simplement
rigolote. Peut-être qu'avec les années, on s'habituera à voir ces petites voiturettes en ville, mais pour le moment, elle fait son effet ! On m'a pris en photo au moins 5 ou 6 fois en 2 jours, et je ne compte plus les
pouces en l'airsur les passages pour piétons !
Ses dimensions sont vraiment idéales pour la ville, avec une bonne garde au sol (pour les dos d'âne et les trottoirs), un empattement minimal, pour une longueur de seulement 2m50 et 1m47 de large. Il est donc possible de les garer dans les deux sens sur les places classique, et en Suisse, il serait même légal de lui faire occuper deux emplacements moto -ça va râler chez les motards ! Dommage qu'elle n'ait pas des pare-chocs plus rustiques, comme sur l'AMI, car toute la carrosserie est peinte et dont facilement sujette aux éraflures.
Parmi les petits détails amusants, on remarquera ces rétroviseurs en forme de petites fusées et hébergeant des phares très efficaces de nuit, un toit ouvrant (manuel) bien pratique pour faire de l'air en été (il n'y a pas de climatisation), des bandeaux à LED très efficaces pour se faire repérer en soirée, ou encore ces petites jantes pleines de 13" offrant d'ailleurs un excellent rayon de braquage.
Enfin, le coffre est très vaste pour le gabarit : 230L, c'est mieux qu'une Fiat 500 ou qu'une Honda e (moins de 200L), ce qui permet de mettre ses courses, des bagages pour deux personnes... Bref, une vraie limousine !
Intérieur soigné
A l'intérieur, la Citroën AMI passe pour une voiture de Golf ! Chauffage, essuie-glace avec gicleur, porte électrique, double-écran (dont un tactile)... c'est le grand luxe !
Seul le frein à main et l'absence de direction assistée nous rappelleront que la Microlino se destine plutôt aux jeunes qu'aux personnes âgées, qui auront d'ailleurs un peu de mal à se glisser dans la voiture et à attraper la poignée pour fermer la porte depuis le poste de conduite.
La banquette peut héberger deux personnes. Assez confortable, elle n'est réglable qu'en profondeur, mais cela ne m'a pas posé de souci malgré ma taille modeste (1m70). Les très grands gabarits (>1m90) seront sans doute un peu gênés sur la hauteur, mais au pire, ils peuvent ouvrir le toit !
Pas de système audio ? Que nenni ! Micro a intégré une petite enceinte portable qui se chargera sur l'un des 3 ports USB A disponibles. Et pour le GPS (absent des écrans, il n'y a pas non plus CarPlay), il faudra accrocher son iPhone au support intégré (fourni), très pratique une fois encore.
Finalement, il ne manque pas grand chose au quotidien en terme de confort. Si vous êtes habitué au frein automatique, aux phares automatiques et aux essuie-glace automatiques... ce retour de 20 ans en arrière a aussi son charme, quoiqu'on en dise.
Taillée pour la ville
La ville, c'est évidemment le terrain de jeux de la Microlino. Elle braque bien, se gare dans un trou de souris, et se faufile parfaitement dans les embouteillages. Dommage qu'en Suisse, elle ne bénéficie pas de parking ou de charge gratuite, comme à Monaco.
Son moteur est même assez pêchu, je n'ai eu aucune difficulté à gravir les pentes vertigineuse du Lavaux près de Lausanne ! Attention tout de même, car la voiture est une propulsion, avec une silhouette haute et étroite ; un virage un peu serré en descente pourra (peut-être) la faire basculer -bien que le centre de gravité très bas (merci les batteries) permette effectivement de limiter la prise de roulis.
Seule la direction non-assistée rendra les manoeuvres difficiles à petite vitesse. Cette porte à l'avant n'est pas non plus si pratique à l'usage : si vous avez oublié de fermer le coffre, se dégager rapidement du poste de conduite (surtout si vous avez un passager) devient vite agaçant.
Enfin, pas de mode
1-pédale, il faudra freiner pour s'arrêter, malgré une bonne récupération en descente. Dommage, car la conduite à un pied est vraiment idéale en ville et limite l'usure des plaquettes.
Et sur autoroute ?
Interdite en France sur autoroute, les Suisse sont plus tolérants (pour une fois) : même limitée à 90Km/h, il vous sera possible de prendre les voies rapides dans tout le pays !
Pour autant, la conduite à haute vitesse n'est pas très rassurante. Il y a beaucoup de bruit d'air, de moteur, on ne s'entend plus parler et même les clignotants ou les alertes sonores. Se faire doubler par un poids-lourd nous rappellera vite de rester bien attentif.
Mais le plus inquiétant concerne plutôt la sécurité active : pas d'airbag, d'ABS, d'ESP, de détecteur de collision, d'aide au freinage d'urgence.... Nul besoin de préciser qu'il faut bien garder ses distance et le pied sur le frein ! En cas d'accident à 90Km/h, autant vous dire qu'on ne préfère pas y penser.
Malgré cela, pouvoir ponctuellement prendre une voie rapide reste confortable, d'autant que les nationales ne sont pas forcément plus sécurisantes. Si votre trajet quotidien passe par des zones à 90 ou 100Km/h, ce n'est clairement pas la voiture idéale, mais elle pourra le faire, au même titre qu'une moto par exemple, qui offre finalement que peu de sécurités supplémentaires.
A noter que l'autonomie de notre version de 10,5kWh à 90Km/h est de 90Km maximum (avec chauffage, température hivernale et phares allumés), voire 100/110 km en été et de jour -c'est presque autant qu'une Mazda MX-30 à 130Km/h dans les mêmes conditions !
Trop chère ?
Proposée autour de 15 000CHF/€ en version de base (6kWh), 20 000 CHF pour notre version 10,5kWh bien équipée, et plus de 25 000 CHF/€, la Microlino est tout sauf abordable.
Par rapport à la Citroën AMI par exemple (à moins de 8 000€) ou même une Dacia Spring (moins de 20 000€ hors bonus), notre voiturette est plutôt mal née. A ce prix, on peut même commencer à regarder du côté des Fiat 500 ou des Zoé, même si les tarifs ont bien augmenté ces derniers mois.
En attendant que les chaînes de production amortissent un peu les coûts de fabrication, il est clair que la Microlino se destine plutôt à un public assez aisé, urbain, et en quête d'une seconde voiture vraiment compacte.
Peut-être que son originalité, et sa petite bouille inédite pourra en faire craquer certains, d'autant que les offres en leasing (LOA/LDD) vont certainement fleurir ces prochaines années. Si sa valeur résiduelle est élevée, les loyers peuvent parfois être assez bas.
Enfin, sachez que la version de base, limitée à 45Km/h pourra être conduite dès 14 ans en France, les autres modèles nécessitent le permis de conduire. Mais là encore, à plus de 15 000€ pour aller à l'université, ce genre de véhicule est encore loin d'être accessible à tous.