Des iMac chez Xavier Niel ? Nos questions à Florian Bucher de l'école "42"
Par Didier Pulicani - Publié le
Pour les geeks les plus observateurs, Niel a créé une (petite) surprise en annonçant que la machine retenue pour chaque étudiant serait un iMac 27" dernier cri. En effet, les écoles d'ingénieurs sont généralement fournies par des assembleurs du monde PC et hormis pour les portables, il est bien rare de croiser dans les salles, autre chose que les bonnes vieilles tours sous Linux ou Windows.
Pourquoi ce choix ? Et comment les Mac sont-ils accueillis par tous ces geeks en puissance ?
Alors que les étudiants sont actuellement en pleine
piscine(une période de sélection très intense), Florian Bucher, Directeur Général Adjoint, a accepté de répondre rapidement à nos questions portant, vous l'avez compris, sur le choix des machines.
Quel ont été les premiers retours des étudiants sur le choix des iMac plutôt que des PC ? C'est peu courant dans une école d'informatique…
Côté retours, il y a de tout. Ceux qui auraient préféré du PC avec Linux ou du BSD, ceux qui sont contents, ceux qui râlent… Au final, ce sont des retours plutôt positifs que je constate sur Twitter et Facebook. Je ne vois pas trop de personnes qui ont l’air de s’en plaindre ici. Nous savons tous que plaire à tout le monde, c'est impossible ! Nous n’avons pris personne en traitre lors de la conférence de presse où nous avions clairement annoncé des iMac 27 pouces pour tous.
Le choix d'opter pour ce type de machine était-il principalement économique, idéologique, pratique ?
Faire des choix par idéologie est une chose que l’on considère comme stupide et dangereuse dans nos métiers. On fait des choix en fonction d’un besoin et pour répondre à une problématique. Notre problématique est la densité, la consommation électrique, l’encombrement, le design mais surtout la pédagogie.
Nous avons testé à peu près tous les constructeurs de modèle
all in one: HP, Lenovo, Apple, Dell… Les Mac consomment 80/90 Watts en charge là où les autres étaient entre 150 et 300W. À ce tarif là, notre installation électrique ne tenait pas. De plus, les iMacs permettent d’installer n’importe quel OS en natif. On pourrait demain si on le souhaitait passer toute l’école sous Linux natif : on redump toutes les machines et c’est reparti. La chose la plus importante est de fournir un outil en adéquation avec la pédagogie et que les moyens mis à disposition permettent aux étudiants de réaliser leur cursus dans les meilleures conditions.
De quelle manière Apple vous a-t-elle aidée ?
En nous faisant un tarif exceptionnel. Tous les constructeurs nous on fait des prix, et certains bien en dessous du tarif Apple. Quand je lis un article affirmant qu'Apple nous a donné 1000 Mac [Florian fait sans doute référence à ce billet assez véhément de MédiaPart, ndlr], ça doit faire doucement rire Xavier :) Ils nous ont aussi aidés sur la partie dump des 900 postes et d'autres problématiques. Au-delà de cela, ils se sont engagés à participer à des projets avec 42, fournir des outils, etc. Nous sommes également engagés avec des acteurs du libre. Je dois rencontrer Redhat bientôt par exemple. Pour nous il n'y a aucune contradiction dans nos actions.
Les étudiants travaillent-ils principalement sous OS X ?
Oui. Ils peuvent cependant mettre des machines virtuelles avec l’OS qu’ils veulent tant que leurs projets rendus fonctionnent sur nos machines de correction. Nous cherchons des étudiants malins et intelligents. Si OS X ne leur convient pas, à eux de s'adapter et de trouver une solution.
Certains étudiants évoquaient une certaine contradiction à utiliser un système –en partie- propriétaire alors que la philosophie de l'école est plutôt portée sur le libre. Que leur répondez-vous ?
Nous n’avons pas fait de choix philosophique mais pratique pour que les étudiants puissent bosser sur du matériel de qualité et que cela réponde aux besoins pédagogiques. Lorsque l'on va remettre des Sun ou des Alpha, ou je ne sais quelle archi bizarre, ils seront bien contents de s'y frotter. Libre ou pas. Jusqu’à preuve du contraire, l’environnement de travail fourni est totalement en adéquation avec ce qu’on demande aux étudiants de faire. S’ils savent le faire dans ces conditions sous OS X, ils sauront le faire sur un autre OS : on reste sur de l’Intel. Pour nous, le libre et le commercial doivent coexister. Une fois de plus on doit choisir un produit en fonction d'un besoin. Cela fait partie des valeurs que nous voulons faire passer à nos étudiants. Faire de l'intégrisme en partant du principe que seul le libre doit exister n'est pas ce que nous voulons faire passer comme message. Nous aimons le monde du logiciel libre. Sans ce monde là, beaucoup de produits commerciaux n'existeraient pas et 42 non plus certainement.
Le libre et le non-libre doivent cohabiter et les entrepreneurs ou créatifs de demain doivent savoir s'appuyer sur ces deux mondes. Après tout, le reste n’est que troll philosophique :)
Si l'on est un "MacFan", et que l'on souhaite se spécialiser sur les technologie Apple, l'école 42 répond-elle à nos attentes ?
En ce moment, nous apprenons les bases de la programmation et pas spécifiquement des technologies Apple ou autres. Avec ces bases et leur cursus, à eux après de se mettre sur les technos qui les intéressent. De façon générale, nous n'enseignons pas ou peu de technos propriétaires ou libres. Nous voulons que les étudiants développent des mécanismes d'apprentissage, qu’ils apprennent à apprendre et non pas à utiliser une techno ou un langage. Les technos évoluant tellement vite qu’à peine sortis sur le marché du travail nos « anciens » seraient déjà obsolètes.
Maintenant je suis ouvert à la discussion ou aux questions. On peut me contacter via Twitter @42Krp où je répondrais avec plaisir.