MacBook Pro Retina 13" : Apple manque le coche - le test complet
Par Arnaud Morel - Publié le
C'est Sarah qui nous fait le tour du propriétaire en vidéo. Et la charmante demoiselle n'a pas sa langue dans sa poche !
Mais la popularité du modèle 13" tient-elle au format, bien portable, de l'engin, ou à son prix qui en fait la machine la plus abordable de la gamme Pro (à égalité avec le MacBook Air 13", le 11" étant le moins cher des portables Apple) ? Nul doute que la popularité du modèle Retina donnera la réponse à cette question : celui-ci est vendu 500 € plus cher que son frère doté d'un écran classique (1249 € pour le MacBook Pro 13" et 1749 € pour le MacBook Pro 13" Retina). Par comparaison, l'option Retina pour le 15" n'est facturée "que" 400 € (1879 € pour le MacBook Pro 15" et 2279 € pour le MacBook Pro 15" Retina).
Avant de tester cette machine, les questions affluent : qu'espérer, sur le plan des performances graphiques, d'une machine équipée d'un chipset Intel HD 4000 à mémoire partagée, quand il s'agit de manier les 4,1 millions de points de l'écran Retina 13" (2560x1600 pixels) ? Comment l'autonomie va-t-elle être "impactée" par ce magnifique écran ? Et quelles performances attendre d'une machine dont la mémoire n'est pas susceptible d'être augmentée après l'achat et qui ne dispose que de processeurs double-cœur, sans option quad disponible ? Au final, le compromis que constitue ce portable, vendu cher, est-il simplement acceptable ? Réponse dans notre test !
Le design à son sommet
Toujours aussi sympathiquement "packagé", le MacBook Pro 13" Retina est un ordinateur portable magnifique. Si, si, il faut le dire : finesse des lignes (1,9 cm d'épaisseur, contre 2,41 pour le 13" classique), poids fort modeste (1,6 Kg contre 2,06 kg pour le 13" classique), ajustement impeccable, pris en main agréable, l'engin est un summum du design du moment.
Il brouille les pistes avec le MacBook Air 13", un poil plus léger encore (1,35 kg) et un poil plus fin également (de 0,3 à 1,7 cm d’épaisseur), mais au final affichant une portabilité très voisine, l'un adoptant un design plat et courbe, l'autre un profil vaguement triangulaire.
L'écran en lui-même est d'une incroyable finesse, sans que celle-ci influe sur la rigidité du capot, qui inspire confiance et respire la solidité. Bref, cette machine est magnifique, à la fois compacte, harmonieuse et légère à transporter. En même temps, c'est le moins à attendre d'Apple.
Ce qu'il y a dedans, c'est moins bien
La liste des choix douteux effectués par Apple sur cette machine force l'admiration :
• La RAM ne peut être étendue. Les 2 "barrettes" soudées de DDR3 1600 MHz de 4 Go (soit 8 Go) sont votre seule option. Le modèle 15" Retina, lui, peut-être configuré jusqu'à 16 Go.
• Le SSD n'est pas standard mais peut être, cependant, changé pour d'autres modèles compatibles. Il est toujours vendu bien cher. L'option 512 Go est ainsi facturée 500 €, alors qu'on trouve des M4 512 Go autour de 350 €...
• Le processeur bicœur par défaut, le i5 à 2,5 GHz, ne supporte le Turbo Boost que jusqu'à 3,1 GHz. De fait, sur certaines tâches qui ne mobilisent qu'un cœur, la montée en charge est limitée. L'option i7 2,9 GHz permet de faire passer ce mode jusqu'à 3,6 GHz. Elle est facturée 200 €.
• Le gros point noir reste le chipset graphique Intel HD 4000. Si le fondeur a réalisé de vrais progrès avec cette puce, l'absence de carte dédiée se fait cruellement sentir. N'escomptez pas faire tourner correctement un jeu récent en pleine résolution. À vrai dire, même en résolution native (1280x800 pixels), si vous poussez un peu les détails, vous arriverez à lagguer avec Stracraft II. En 2012...
• L'écran Retina est formidable (on y revient de suite) mais le choix d'Apple en matière de résolution est bien étrange. Le MacBook Pro 13" Retina affiche nativement votre bureau en 1280x800 pixels en mode Retina.
En clair, le bureau est affiché comme sur un MacBook Pro non Retina - les icônes font la même taille - mais 4 fois mieux définis (résolution réelle 2560x1600 pixels). Apple permet, cependant, de fonctionner à des résolution de 1680x1050 pixels - les icône sont plus petites mais on affiche plus de chose à l'écran - mais dès lors la résolution n'est plus native (1 pixel ne correspond pas à 4 pixels Retina mais à 3,xx pixels). L'opération se fait au prix du calcul d'une image de résolution supérieure, réduite pour s'adapter au ratio. Et pénalise, de fait les performances. Rien de vraiment rédhibitoire pour du surf, cependant.
• Les connectiques sont réduites à leur plus simple expression : 2 ports Thunderbolt, deux port USB 3, un port HDMI et un port SD Card. C'est tout. Adieu, donc, FireWire 800, Ethernet (adaptateur USB disponible), lecteur de DVD.
• Un bon point pour les deux ports USB 3, forts véloces : Début juillet, nous avions réalisé quelques tests USB 3 avec une clef USB Sony USM16GQ, une des plus rapides du marché, revendiquant 120Mo/s en lecture.
Sur le MacBookPro 15", on a ainsi atteint des valeurs assez proches (112Mo/s ici), bien qu'en écriture, le type de mémoire utilisé ne permette pas d'atteindre plus de 25Mo/s.
Sur la dernier petit MacBookPro Retina 13", les performances sont un peu meilleures, ici les 120Mo/sec sont effectivement atteints et les débits sont globalement plus élevés sur les blocs de taille moyenne.
Difficile de savoir ce qui procure une telle différence, Apple n'a pas -a priori- changé ses contrôleurs et notre clef a été formatée et vidée de la même manière. Nous avons répété le test sur les deux ports USB, sans réel changement. Nous sommes pourtant loin des débits théoriques (5Gbps), soit environ 400Mo/s en conditions réelles.
Retina, Retina, Retina
Le tableau, un brin sombre, que nous venons de brosser ne doit, cependant, pas faire oublier le gros plus de ce MacBook Pro 13" Retina : son écran, évidemment. Le choc visuel est intense : votre œil est comme interpellé par les icônes du Dock, incroyablement définies. Imaginez un peu, tout de même, l'exploit là derrière, dans cet écran de 13" dont la résolution dépasse celle de l'iMac 27". La densité de pixels s'établit à 226 pixels par pouces (220 ppp pour le Retina 15", 113 ppp pour le 13" non Retina).
Au delà de cette résolution, l'écran du MacBook Pro 13" Retina est également parmi les tout meilleurs du marché en matière de respect des couleurs, se permettant le luxe de se classer premier ou second dans 4 des 5 tests poussés réalisés par Anandtech et devançant légèrement son grand frère Retina 15". Noirs très denses, couleurs saturées, blancs bien blancs, cet écran est l'état de l'art aujourd'hui, ni moins, ni plus.
De bonnes perfs grâce au CPU et au SSD
Avec un processeur bicœur i5 3210M à 2,5 GHz, le MacBook Pro 13" Retina s'avère une machine offrant un niveau de performance CPU en phase avec les besoins du moment. La machine fit jeu égal avec le modèle i7 2,7 GHz de la gamme MacBook Pro 2011. Cependant, on peut regretter qu'Apple ne propose pas, en option, l'accès au processeur quadricœur i7 disponible chez Intel. Le fondeur propose à son catalogue un modèle 35W - comme le doublecœur i5 présent en standard - mais celui-ci est presque 70% plus cher que le double i5 utilisé.
Niveau stockage, le MacBook Pro 13" Retina embarque dans sa configuration la moins onéreuse (1749 € quand même) un SSD de capacité assez ridicule de 128 Go. Mieux vaut,- l'option 256 Go (+300 €), voire pour les plus aisés 512 Go (+800 €). Dans les deux modèles que nous avons testé (128 et 256 Go), nous avons trouve un disque Samsung PM830 - le même que celui qui équipe le MacBook Pro Retina 15" - et celui-ci délivre des performances d'un très bon niveau, assurant sans broncher les 450 Mo/s en lecture séquentielle et les 410 Mo/s en écriture séquentielle sur le modèle 256 Go. Le modèle 128 Go, Samsung également, est un peu moins véloce en écriture, mesuré à 310 Mo/s. La lecture séquentielle atteint les 450 Mo/s.
Grâce au couple CPU / SSD, le Macbook Pro13" Retina délivre des performances correctes, un temps de démarrage de l'ordre de la dizaine de secondes et un lancement éclair des applications.
Un chipset graphique sous-dimensionné
Ce MacBook Pro 13" Retina n'est pas du tout une machine taillée pour les joueurs un peu exigeants, il faut être clair. La faute au chipset Intel HD 4000, nette amélioration par rapport à la version HD 3000 précédente, mais largement insuffisant pour animer correctement les jeux récents, a fortiori en pleine résolution Retina.
Dans la plupart des cas, la machine a pu faire tourner les titres que nous lui avons soumis, mais a au mieux délivré des performances supportables en résolution 1280x800 pixels. Sur de nombreux titres 3D, en outre, l'image s'avère souvent moins plaisante qu'avec une carte dédiée, la HD 4000 ne bénéficiant pas de certains effets "câblés" disponibles sur les vraies cartes graphiques. Ça a notamment été le cas avec Rage d'Id Software.
StarCraft II, avec un niveau de détail moyen et en 1280x800 pixels s'avère à peine jouable. Les phases de combats intenses font chuter le nombre d'images affichées par seconde en dessous des 20 FPS. Impossible pour un amateur du titre de Blizzard de se contenter de performances aussi médiocres.
Call Of Duty BlackOps s'avère à peu près jouable mais n'épargne pas les lags dès que l'action s'intensifie un peu.
Sorti des jeux, l'engin a même parfois du mal avec... le scrolling des pages web. Pour peu que vous ayez ouvert quelques onglets, surfiez sur un site lourd - au hasard Facebook - les performances de scrolling s'effondrent le le Macbook Pro Retina 13" peine à assurer une cadence de 20 FPS. Redimensionner une fenêtre avec 20 onglets ouverts est une forme de calvaire.
Heureusement, du mieux va arriver prochainement, Apple optimisant Safari. on apprenait qu'Apple avait apparemment corrigé le problème dans le
WebKit, le moteur de rendu de Safari, qui est mis à jour de façon continue sur son site officiel.
Dans la vidéo qui suit, on a donc comparé Safari (celui qui est livré avec la machine), avec la dernière version du webKit en date :
Cette fois, c'est net, la Pomme a bien corrigé un bug, et pratiquement divisé par deux la consommation en ressource sur les sites riches en contenu, comme sur notre page Facebook (que nous avons utilisée dans ce test). Autre point à noter : ce n'est apparemment pas -pour une fois- la puce HD4000 qui est responsable de ce manque de ressources, mais bien le CPU. On passe ainsi d'un thread nécessitant 100% d'utilisation à seulement 67% en moyenne.
On espère donc que ces améliorations seront rapidement incluses dans Safari, car à l'usage, cette lenteur chronique avait de quoi faire regretter son achat, pourtant salé.
Autonomie batterie, toujours mieux
Le Macbook Pro Retina 13" embarque une batterie de 74Wh, dimensionnée pour assurer un bon compromis entre poids de la machine et autonomie de celle-ci. Comptez 6 heures en usage bureautique / sur web intensif. Notre protocole de test n'a pas varié : une page web se charge, en Wi-Fi, toutes les 10 secondes, la luminosité étant poussée à son maximum et tous les réglage d'économie d'énergie désactivés, sauf l'abaissement de luminosité lorsque utilisé sur batterie.
En lecture continue d'une vidéo HD 720p, dans les même conditions qu'indiquées plus haut, le MacBook Pro 13" Retina assure 4h30 de fonctionnement, une bon score qui le place tout de même en dessous du MacBook Air 13" 2012.
Silence... Et musique
Apple a raffiné son système de refroidissement, l'air s'écoule par deux ventaux d'aération situés sous la machine. Le ventilateur à pales asymétriques est également de la partie. Dans l'ensemble, nous n'avons jamais entendu ronfler l'ordinateur, qui est resté d'un silence de fonctionnement impressionnant. Un excellent point.
Autre plus de ce MacBook Pro 13" Retina en matière d'accoustique sont ses deux haut-parleurs qu'Apple a revu. Le système affiche des performances audio assez voisines de celles du Macbook Pro Retina 15", c'est à dire en nette hausse par rapport à ce qu'Apple proposait avant. Le son est assez puissant, relativement clair et précis. On arrive même a obtenir quelques basses (pas de quoi fait vibrer la machine non plus). Vous ne disposez évidemment pas d'une restitution sonore Hi-Fi mais d'une qualité d'écoute acceptable et surtout peu fatigante. Suffisant pour regarder un film dans des conditions correctes par exemple.
En conclusion
Nous n'allons pas vous le cacher, cette machine nous laisse dubitatifs. MacBook Pro 13" Retina est une magnifique machine, avec un design totalement réussi et un écran bluffant mais ce au prix de compromis qui font que cette première génération de Retina 13" laisse un goût d'inachevé. Nul doute que les principaux points noirs - les performances graphiques généralement - seront résolus dès la génération prochaine mais pour l'heure, faire le choix de ce modèle induit un impact sur les interfaces graphiques, les jeux, et même le surf qu'on trouve assez pénalisant.
Plus que tout, le MacBook Pro 13" Retina est un appareil coûteux, vendu à partir de 1749 € mais dans une configuration vraiment sous dimensionnée niveau espace de stockage. Il faut donc compter au minimum 2000 € pour s'équiper d'une machine à tout faire (sauf les jeux) 13" Retina. Le seul gain - pourtant considérable - lié à l'écran ne nous paraît pas suffidant pour préférer ce MacBook Pro au MacBook Air 13", moins coûteux, plus léger, plus autonome et d'une puissance très voisine.
Cependant, nous n'avons pas, au final, le même jugement sur ce MacBook Pro 13" Retina et malgré des discussions acharnées, Didier, qui a testé le modèle 128 Go, et moi (le 256 Go) ne sommes pas tombés d'accord sur tout. Si nous sommes sur la même ligne pour déplorer les médiocres performances graphiques, le prix et un positionnement incertain face au Macbook Air, nous n'avons pas le même avis sur cette machine.
Didier : Quel public Apple vise-t-elle, au juste, avec cette machine ?
Quel public Apple vise-t-elle, au juste, avec cette machine ? Certainement pas les étudiants, vu le tarif : pour le prix du modèle de base, autant se payer un MacBook Air bien boosté, qui offrira 512Go de SSD et un Core i7, ou alors carrément un MacBook Pro standard, qui embarquera une vraie carte graphique et un SuperDrive. Quant au professionnel, il sera plutôt tenté d'aller voir du côté du 15" Retina : qui peut aujourd'hui prétendre travailler longtemps sur un 13", à une résolution de 1280x800 pixels ? Le retina ne prend d'ailleurs tout son sens que chez le pro, sous Final Cut ou Photoshop, et non chez le particulier, pour lire une page web (non retina) ou ses e-mail. Mais sans carte graphique, ces logiciels sont encore une fois pénalisés. Alors pour qui ? Qui va oser craquer pour une telle bécane, qui est par ailleurs bien à la peine dès qu'on lui adjoint un écran externe ou dès qu'on veut se faire un petit plaisir ludique ? J'ai beau chercher, je ne trouve pas. Sans doute la Pomme cible-t-elle sa clientèle un peu bobo, prête à dépenser 2000 euros pour une carrosserie de Ferrari équipée d'un moteur de Twingo RS.
Arnaud : Pour ceux qui veulent du Retina en 13"
Plutôt onéreux, passablement poussif sur le plan graphique, ce MacBook Pro Retina 13" n'est clairement pas la machine qui correspondra à tous les utilisateurs. Cependant, l'apport d'un écran Retina est, à l'usage, un gain bien supérieur aux quelques compromis de puissance requis pour en disposer. Évidemment, si vous êtes dû genre à ouvrir 30 onglets, ou un hard core gamer, ce n'est pas la machine qu'il vous faut. Tournez-vous plutôt vers le MacBook Pro Retina 15". Les budgets serrés et les utilisateurs très mobiles peuvent de leur côté opter pour le MacBook Air. Cependant, les photographes, les vidéastes, les graphistes, les designers trouveront dans ce MacBook Pro 13" Retina de quoi les combler d'aise. Et tant pis si Starcraft rame un peu au final, tant qu'on peut jouir du Retina pour ses retouches et visionnages d'images !