Test du MacBook Air 11", modèle 2012
Par Didier Pulicani - Publié le
Design et légèreté
Avant de rentrer dans le vif du sujet, un mot tout de même sur le concept de ces portables d'un genre nouveau : la gamme MacBook Air a créé un segment très particulier, celui de l'ultra-mobilité. A l'image des
netbooks PC, ces machines se transportent aussi facilement qu'une tablette, avec un encombrement réduit. Les commerciaux ou les professionnels souvent en déplacement l'ont vite adopté : contrairement à l'iPad, ils permettent de réellement travailler dans l'avion, le train ou chez le client sans surcharger sa mallette.
Les lignes sont superbes, et la finesse de l'appareil permet de le glisser dans n'importe quelle saccoche. Un MacBook Air de 11" ne prend pas plus de place qu'un iPad, et son poids-plume -1Kg pour ce modèle 11"- permet de le garder sur soi sans que le dos en souffre. Mesdames, si votre sac à main est de taille raisonnable, il ne parait pas absurde de lui trouver une place à l'intérieur, c'est dire si l'objet a permis d'en transformer l'usage.
11", une taille d'écran à ne pas négliger
11", c'est déjà bien suffisantentend-on parfois dans les AppleStore. C'est en fait souvent le prix qui pousse à choisir cette machine, plutôt que la version 13". Mais il faut bien se rendre compte que malgré sa résolution honnête -1366x768-, un écran de 11", c'est riquiqui !
Nul besoin de vous dire que si vous ne masquez pas le Dock, il ne reste plus beaucoup de place à l'écran. La résolution est large, mais pas très haute. C'est bien pour regarder un film, un peu moins pour lire un PDF ou un document Word un peu long.
Sur Safari, rares sont les sites à s'afficher entièrement sur une telle dalle. Il faut souvent faire défiler l'écran pour accéder aux informations
Alors bien-sûr, ces 11" ne sont pas rédhibitoires pour travailler. Pour de la petite bureautique, du web, de la compta, tant que vous n'avez pas des documents de 5000 lignes sous Excel ou de la mise en page à faire sous Indesign, ce petit portable convient tout à fait. Mais encore une fois, il s'agit là surtout de travail d'appoint, idéal pour l'avion et le train, où il est difficile de trouver de l'espace. A l'inverse, au bureau, ne comptez pas travailler sur cette machine sans un écran externe, vos yeux (et le dos) ne vous le pardonneraient pas.
Coup d'oeil sur la connectique et le nouveau MagSafe 2
Cette ultra-mobilité se fait au prix d'une connectique assez faible. Le MacBook Air 11" n'offre que deux ports USB 3, une prise casque (qui fait aussi micro) et le fameux port Thunderbolt, salvateur.
En effet, le Thunderbolt a l'avantage de pouvoir faire transiter à peu près tout, au prix d'un adaptateur : FireWire, DisplayPort et Ethernet sont disponibles sur cette machines grâce à un câble vendu chez Apple.
En revanche, pour le HDMI et la lecture de carte SD, Apple ne propose pas grand chose, il faudra aller voir du côté des accessoiristes.
Enfin, petit coup d'oeil sur MagSafe2, le nouveau connecteur au secteur d'Apple, qui reprend désormais la prise droite en T de la première version :
Outre le fait que les anciens chargeurs ne sont plus compatibles (sauf, encore une fois, à investir dans un adaptateur à 10 Euros/11CHF chez Apple), cette connectique laisse songeur : pourquoi être revenu sur un câble droit, alors que ces derniers semblaient se tordre un peu trop facilement ?
Au niveau du connecteur, Apple a simplement élargi la partie métallique sur les côtés, mais les "pin" sont les mêmes. Il est possible que la prise saute plus facilement lorsqu'on tire dessus. Il faut aussi savoir que la modification a permis de gagner un peu de place sur la hauteur, ce qui permet de faire des machines plus fines.
SSD interne : des performances en nette hausse
Intéressons-nous maintenant au SSD interne du nouveau MacBook Air.
Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous, Apple ne s'est pas moquée de ses acheteurs, en proposant des débits largement au dessus de la gamme précédente. On atteint ainsi les 450Mo/sec sur la copie de gros fichiers.
Le disque est donc tout à fait à la hauteur des SSD du marché. Notez que nous avons réalisé ce test sur le modèle 11" avec un disque de 64Go.
Pour comparer, voici ce que donnait un modèle 2011 :
Enfin, ce graphique compare les performances avec les anciens modèles de portables avec disque à plateaux, histoire de vous donner une idée de l'intérêt d'un SSD :
USB3 : un bon coup de pouce, même pour les disques à plateaux
Voici un premier bench que l'on trouve plutôt intéressant : nous avons testé les performances d'un disque de type Western Digital MyBook des plus standards : compatible USB 2 et USB 3, il possède un disque dur à plateaux de 1To à 7200Tr/mn :
Sur le nouveau MacBook Air 11", on est évidement loin des 5Gbps théoriques (640 Mo/s), les limites du disques sont presque atteintes, autour de 80/85Mo/sec (soit 680 Mbps).
En USB2 (sur les machines de 2011 et précédent), c'est bien la connectique qui limite le débit, et non le disque. Pour rappel, le débit théorique de l'USB 2 est de 480 Mbit/s (soit 60 Mo/s). Ici, nous atteignons péniblement les 30Mo/sec.
A titre de comparaison, un SSD interne permet d'obtenir des débits autour de 450Mo/seconde.
Quelques benchs !
Les tests de performances sous Geekbench et Cinebench n'ont rien de bien surprenant.
Sur la partie CPU, l'architecture Core d'Intel -et notamment la nouvelle plateforme Ivy Bridge- permet à ce petit Mac de manger des cycles comme ses grand-frères :
La machine s'affiche au même niveau qu'un
ancienMacBook Pro 15" Core i7 à 2,66Ghz, pas mal !
En matière de 3D, par contre, pas de miracle, les chiffres confirment ce qu'on a vu plus haut, dans les jeux :
Autonomie toujours décevante
5h contre 7H pour le modèle 13", c'est peu pour une machine que l'on est censé avoir sur soi toute la journée. Si vous rajouter le très lourd chargeur de 45Watts dans votre sac, l'appareil ne s'avère plus aussi intéressant question mobilité. En pratique, avec le wifi, l'écran à 50% et une page web rafraichie toutes les 30 secondes, nous atteignons 5H17 :
Avec un film HD 720p lu en boucle, WiFi activé, et écran au maximum, on descend cette fois à… 2H10 ! Autant vous le dire, il faut oubliez tous les longs métrages de plus de 2H, au risque d'une grosse frustration.
Un écran toujours bien brillant
Contrairement à la gamme
Air, l'écran du nouveaux MacBook Pro Retina a bénéficié d'un traitement de faveur : sa dalle est moins sujette aux reflets que le reste de la gamme, Apple revendique 75% de réflexions en moins. Ce n'est donc pas le cas pour notre petit portable. Sur ce 11", effectivement, mieux vaut travailler face aux vitres, qu'en leur tournant le dos :
Reste que ma Pomme planche sur le sujet depuis des années, et les écrans brillants de 2012 sont beaucoup moins sujets au reflet que ce qu'on a pu connaitre au début des années 2000. En tout cas, à la rédac', nous travaillons tous sur des dalles brillantes depuis des années, et nous n'avons jamais été gênés outre mesure pour travailler.
3D : jouer sur son MacBook Air 11" ?
Le nouveau MacBook Air n'embarque pas de carte graphique NVidia ou AMD, mais se contente de la puce Intel intégrée. La HD 4000 a été testée sous toutes ses coutures par la presse spécialisée, et il en ressort un gain d'environ 30% par rapport à la génération précédente, la HD 3000. Evidemment, on n'est pas encore au niveau d'une GT 650 M, qui équipe les MacBook pro. A résolution native de la machine, on atteint des performances suffisantes pour gouter au plaisir ludique, comparables à ce qu'on trouvait sur les MacBook Pro de 2 ou 3 ans. Certains parlent de performances au niveau du 330M (qui équipaient les anciens MacBook Pro), mais dans les jeux un peu gourmands, dans nos tests, une 330M avec 512Mo s'en sort largement mieux.
Notez que notre modèle possède un Core i5 à 1.7Ghz, et 4Go de RAM, ce qui peut s'avérer un peu juste dans les jeux récents. Par ailleurs, de nombreux titres exigent plusieurs Go d'installation (parfois plus de 10Go pour des jeux comme StarCraft 2), on vous conseille donc d'éviter le modèle 64Go si vous êtes un joueur, même occasionnel.
Nous avons essayé quelques jeux sur lesquels nous avons passé plusieurs heures, période nécessaire pour vous donner notre ressenti.
Driver, tout d'abord, le dernier né d'Ubisoft que nous avons testé ici, exige simplement une carte de 512Mo de VRAM. Dans les faits, le titre s'en sort assez bien en réglage "Medium" : la voiture se contrôle bien, et les décors, même complexes, s'affichent sans problème particulier. Sur les scènes avec beaucoup de véhicules, de buildings et de vitesse, le titre s'avère plus difficilement maniable, on est largement sous les 25FPS nécessaires. Le titre rate des images et le contrôle devient alors aléatoire. Avec les graphismes au minimum, c'est déjà beaucoup plus fluide, mais le jeu est évidemment beaucoup moins agréable à regarder. Notez que le titre nous a planté dans les doigts plusieurs fois (par manque de mémoire ?) nous obligeant à redémarrer la machine.
StarCraft 2 n'est plus tout jeune, pourtant le titre nécessite beaucoup de ressources pour fonctionner. C'est typiquement le genre de jeu qu'on lance sur un MacBook Air et dont on se dit "Oui, il tourne bien". Sauf que, dès la première partie engagée, en 3vs3 par exemple, on comprend mieux sa douleur. Non seulement l'écran de la machine est trop petit (il faut être chirurgien pour cliquer sur la bonne unité), mais le titre est vraiment à la peine dès que l'on se retrouve en plein combat -même en baissant les graphismes. Avec tout au minimum, en résolution native, le titre tourne autour de 25/27FPS. Ce chiffre tombe à 16/18 (cf capture) dès qu'il y a trop d'unités à l'écran. Pour faire simple, StarCraft 2 n'est pas jouable sur cette machine, sauf vraiment en cas de dépannage ou à rester sur la partie solo.
Deus Ex Human Revolution tourne bien, à première vue, en résolution native. Dans les faits, le sentiment est plus mitigé : régulièrement, l'écran se fige (par manque de mémoire vidéo, sans doute), et il faut attendre parfois une bonne seconde pour que l'animation reprenne. Nous avons essayé de baisser la résolution sans noter d'améliorations.
Bioshock 2, sorti assez récemment sur Mac (bien qu'il date de 2010 sur PC), est un FPS plutôt sympa et graphiquement encore assez correct. Etonnemment, pas de lag à résolution native sur notre MacBook Air, le jeu est parfaitement jouable, même en zone de combats. Nous avons pourtant laissé les réglages par défaut sans que la machine n'accuse de blocage.
Le dernier TomRaider UnderWorld nous a offert une jolie surprise au lancement :
Une fois les graphismes modifiés (suppression de l'anti-aliasing), nous avons enfin une image correcte. Le jeu est fluide à résolution native, sans faire trop d'impasse dans les réglages. Mais lorsque la scène se complexifie, on note des saccades, probablement dues à la mise en mémoire des textures. Alors oui, la belle Lara s'affichera de toutes ses formes sur votre nouveau MacBook Air, mais il ne faudra pas s'attendre à une réactivité exemplaire de ses mouvements de bras. On tourne autour de 25/30FPS en moyenne, mais ce chiffre perd 5 à 10 points dès que la belle se met à remuer un peu.
Sur des titres avec le moteur d'ID, généralement bien optimisés, comme Quake 4 ou Rage, il faudra baisser les réglages au minimum, voire descendre un peu en résolution pour obtenir un bon framerate. Mais les FPS de Carmack ne s'en tirent pas si mal, ce dernier prenant un soin particulier à optimiser ses titres sur l'ensemble du parc installé.
Puisqu'il ne s'agit pas ici de réaliser un test complet de jeux sur cette machine, précisons que les performances sont toujours un cran au dessus en utilisant BootCamp/Windows. Sur un titre comme StarCraft 2, la différence est nettement perceptible. Cependant, sur une machine comme le MacBook Air, où les SSD sont limités, il parait bien difficile d'aller encore perdre 10Go pour y installer Windows, additionnés aux Go nécessaires à chaque jeu.
Vous l'avez compris, ce petit portable est capable de jouer de manière occasionnelle dans des conditions assez moyennes. Rien de vraiment rédhibitoire pour s'amuser, mais s'il s'agit de votre unique machine, il faudra bien essayer des démos avant de sortir la carte bleue ! Reste que la cible -notamment les étudiants- risque d'être un peu frustrée au regard des performances 3D. Si les jeux de 2010/2011 ont déjà du mal à tourner, on n'imagine mal comment vont se comporter ceux à venir...
Une camera (enfin) HD
Si la caméra du modèle précédent était vraiment médiocre, la nouvelle remet enfin le MacBook Air au niveau de ses grand-frères. Apple la certifie
Facetime HD 720p, ce qui permet d'avoir une image acceptable. Malgré cela, dans un environnement sombre, le capteur est de plutôt décevant. Si le but n'est pas de faire des photos (sauf peut-être un peu de Photobooth avec les potes), la webcam est parfaite pour la visio. L'angle de prise de vue est assez large, et en pleine lumière, l'image est nette et éclatante.
Quelles options choisir ?
Le MacBook Air 11" se décompose en deux modèles :
Pour 100 Euros / 100 CHF d'écart, vous obtenez donc un disque de 128Go au lieu de 64, ce qui n'est vraiment pas du luxe ! Aujourd'hui, Mac OS X seul occupe déjà presque 10Go et la moindre application en demande plusieurs centaines. Si vraiment votre budget est serré, le choix sera difficile entre la montée en RAM de 4 à 8Go et le passage de 64Go à 128Go. Si 4Go de RAM suffisent pour de la petite bureautique, 8 sont appréciables si vous envisagez de la photo, de la vidéo ou des jeux. Par ailleurs, vous pouvez très bien brancher un second disque SSD en Thunderbolt à l'avenir, alors que la RAM, elle, sera soudée à la machine. Notez également que des solutions existeront probablement pour changer le SSD, qui se situe sur une carte fille, mais l'opération n'est pas simple, et le prix assez variable.
Si votre budget est moins strict, on vous conseille donc le modèle 128Go avec 8Go de RAM. Cette configuration vous donnera accès à des options plutôt sympas. Par exemple, le passage à un Core i7 à 2Ghz (+ 180 Euros / 190 CHF) peut s'avérer intéressant si vous avez besoin de puissance brute de manière régulière : photos, 3D, jeux peuvent espérer des gains d'environ 20% suivant les tâches. Côté SSD, l'option à 256Go (+ 300 Euros / 330 CHF) sera vite indispensable s'il s'agit de votre machine principale. Le modèle à 512Go (+ 800 Euros) s'avère vraiment trop cher. Il est probable que des solutions du commerce permettent d'atteindre cette capacité pour un tarif plus raisonnable, d'ici quelques mois.
Notre verdict
Vous l'avez compris, cette machine n'est pas notre préférée, et de loin : écran trop petit, autonomie limitée, disque dur faiblard, options surfacturées, l'achat d'un MacBook Air 11" doit être murement réfléchi et correspondre à un besoin très précis.
Pour autant, la cible d'Apple n'est pas le monteur vidéo sous Final Cut Pro, ni le graphiste sous Photoshop, mais bien l'étudiant à budget serré ou le commercial pour qui la mobilité a une importance capitale. Les usages de ce petit Mac sont donc clairement assumés, se voulant plus proches du dépannage que de la grande productivité.
Mais pour le prix, une autre question se pose : pourquoi ne pas choisir un iPad, finalement ? La surface d'écran est proche, l'objet moitié moins lourd, et Apple propose suffisamment de logiciels de bureautiques (Pages, Numbers, Keynote) pour satisfaire l'usage ponctuel. Microsoft doit également porter sa suite d'ici la fin 2012 et l'AppStore regorge désormais d'applications optimisées. Mais là, nous entrons dans l'éternel débat ordinateur contre tablette, qui n'est pas toujours aussi simple et sans avis tranché. L'iPad n'est pas tout à fait un ordinateur, il ne donne pas accès au système de fichiers, ne permet pas de programmer, de brancher de stockage externe… Bref, vous l'avez compris, l'important est de bien définir ses usages avant de faire son choix.
Reste que pour 1049 Euros/1079CHF (prix de base), vous avez accès à un Mac ultra-portable, muni d'une bonne puissance de calcul, de capacités à jouer occasionnellement et surtout, de tous les atouts de Mac OS X. Le produit est extrêmement bien fini, et taillé pour la mobilité, tout autant que pour les compromis.
Liens et récap' !
Le MacBook Air sur l'AppleStore (le meilleur moyen pour le configurer)