Initiation au morphing
Par Contributeur - Publié le
Introduction
Le morphing (du grec μορφος : la forme) est un effet de transformation visuelle, utilisé en vidéo et au cinéma. Les plus de 20 ans se rappellent certainement de la fin du clip Black or White de Michael Jackson, et de films usant et abusant de cet effet popularisé dans les années 90 par l'apparition des truquages numériques.
Principe
Le morphing naît de la combinaison de deux effets :
Tout d'abord, une image A est progressivement déformée, à différents endroits, de manière à ressembler à l'image B. Par ailleurs, l'image A "fond" dans l'image B, en utilisant un simple fondu enchaîné.
C'est de la simultanéité de ces deux opérations, et de la précision des étapes de la déformation, que naît l'effet de transformation visuelle.
Préparation des sources
Une transformation réussie passe par une fastidieuse mais nécessaire harmonisation des images sources A et B : l'objet A, à déformer en B, devra être le plus similaire possible à sa destination, pour minimiser les étapes de transformations. Évitez par exemple de mélanger un visage de face et un de profil.
Gardez bien à l'esprit qu'il ne s'agit pas ici de créer des images de synthèse, mais bien de déformer/déplacer des pixels existants entre deux images. En plus de choisir des objets de forme relativement similaire, et cadrés dans le même axe/angle de prise de vue, pensez à privilégier des images de même taille / dimensions / ratio, harmonisez les couleurs, prenez-garde à ce que l'arrière-plan derrière le sujet à déformer ne soit pas trop différent d'une image à l'autre...
Idéalement : prenez les images successivement, dans des conditions identiques et contrôlées (appareil sur pied, cadre fixe, lumière identique, arrière-plan fixe et neutre, objets placés au même endroit...)
Ci-dessus : des conditions de prises de vue presque idéales pour un morphing : deux beaux jeunes hommes dans la fleur de l'âge, un cadre fixe, un éclairage artificiel. On aurait pu faire encore mieux : habiller nos modèles de manière identique, et les placer à la même hauteur d'yeux.
Là, ça se complique : malgré l'angle de prise de vue relativement similaire entre les deux objets, ce sont les grandes différences physiques (taille des yeux, couleurs) et l'absence d'homogénéité du fond qui rendent le morphing plus périlleux.
Création du morphing
Une fois les images sources choisies et éventuellement traitées, le morphing proprement dit peut commencer. Dans cet article, nous utiliserons le logiciel Morph Age, de Creaceed, qui dispose d'options avancées :
- Plusieurs morphings enchaînés entre plusieurs images
- Gestion des calques, pour limiter la zone de déformation
- Gestion des keyframes, pour déformer différentes courbes à différents moments
Une déclinaison Pro de Morph Age permet en plus le morphing entre vidéos (qui sera peut-être l'objet d'une prolongation ultérieure de cet article).
Cependant, pour débuter, des logiciels gratuits comme Norrkross MorphX vous permettrons de vous familiariser avec le procédé, avant de décider ou non de passer à la caisse pour les fonctions avancées d'un logiciel payant comme Morph Age. Afin de garder cet article d'initiation court et accessible, nous nous arrêterons à un morphing simple entre deux images fixes (photographies).
La plupart des logiciels de morphing fonctionnent selon le même principe : on définit des zones à l'aide de formes et de courbes sur la première image A, puis on les déplace pour les faire correspondre à l'objet sur l'image B. Le logiciel affiche alors une prévisualisation de la future transformation. Le nombre de points, de courbes et de formes est bien entendu fonction de la différence entre les objets à transformer.
On commence par entourer les zones à déformer sur une des images sources. Ici, la rétine de Sonic, que l'on fera ensuite correspondre à celle de Tails.
En l'absence de déformation, le morphing pour l'instant se limite à un simple fondu enchaîné (surimpression), qui permet aisément de prendre conscience de l'intérêt de la correspondance des sources, afin de limiter les déplacements pour passer de A à B.
Ci-dessus : on déplace ensuite les zones correspondantes sur l'autre image source, qu'il s'agisse de transformer Hadès en Bicus pour créer la créature de Frankenstein, ou de transformer Sonic en Tails. Soyez précis pour le détourage des zones : zoomez, et utilisez les poignées de bézier pour arrondir les courbes.
Un conseil : le trop est l'ennemi du bien. Mieux vaut quelques formes bien placées, que trop de formes qui vont s'entrecroiser. Limitez donc le nombre de zones à déplacer : plus les formes sont nombreuses, plus le risque est grand de tomber sur l'ennemi n°1 du transmorpheur : l'artefact visuel !
Cette merveille d'esthétique cubiste se produit si, au fil du temps (lors de la transformation), deux courbes de déformation sont amenées à se croiser, résultant en une aberration visuelle due à des informations contradictoires.
Ici, c'est la forme ovale qui entoure le visage du milieu (en rose sur l'image) qui est complètement réduite sur le visage de gauche, qui va entrer en "collision" lors de sa transformation avec les formes des yeux, du nez et de la bouche (en bleu).
La règle d'or des transmorpheurs est donc la même que celles des Ghostbusters :
ne pas croiser les effluves !
Enfin, après quelques heures de placement et de déplacement de courbes, et un export en vidéo, on peut espérer parvenir à un résultat satisfaisant (bien que perfectible) :
Vous disposez maintenant des bases pour créer de belles animations entre des personnes ou des objets improbables, à vos souris !
N'oubliez pas de poster vos créations artistiques dans le forum du même nom.
Liens :
Morph Age, de Creaceed
MorphX, de Norrkross
Le forum de Mac4Ever, pour y poster vos œuvres