Mac4Pro : Quand le Mac écoute les étoiles
Par Arnaud Morel - Publié le
les aurores polaires sont associées à des émissions radios. Les aurores polaires sur Saturne ne sont pas visibles directement, et pour cause : depuis la terre, nous ne voyons que la face de Saturne éclairée par le Soleil, mais nous pourrions observer les aurores sur la face non éclairée. C'est justement ce que fait la sonde Cassini, explique le chercheur.
Écouter le bruit qui vient de l'espace, et plus précisément les aurores polaires sur Saturne. Une bien joyeuse activité en vérité, dont le seul énoncé confine déjà à la poésie, conduite au sein du LESIA, le Laboratoire d’Études Spatiales et d’Instrumentation en Astrophysique, l’un des cinq départements scientifiques de l’Observatoire de Paris.
Dans ce but, l'homme dispose d'une armada de Mac. Autant dire qu'il est un candidat idéal pour faire revivre, un peu, la rubrique Mac4Pro, où Mac4Ever ambitionne à la fois de vous faire découvrir des usages spécifiques du Mac, des personnages originaux et des métiers rares. Alors, après Axel Andersson, le programmeur de Wired, ou Marc Boutavant, célèbre illustrateur, voici Baptiste Cecconi. Découverte.
Un poste de radio dont l'antenne fait 10 mètres
Dans son laboratoire de Meudon, un cadre magnifique au demeurant, Baptiste Cecconi écoute donc Saturne.
Je fais partie du "Pôle Plasma" du LESIA. On s'intéresse au milieu interplanétaire (ce qui se trouve entre le soleil et les planètes du système solaire). En particulier, je travaille sur les émissions radios naturelles des planètes. Pour être encore plus précis, je travaille sur les données radios de la sonde Cassini qui est en orbite autour de Saturne depuis 2004, et dont nous avons fabriqué le récepteur radio, explique-t-il.
Rien de très mystérieux, à l'en croire :
on conçoit des récepteurs radios, un peu comme celui de la radio de ta cuisine en un peu plus perfectionné : il change de fréquence en permanence et est plus sensible. L'antenne fait 10 mètres au lieu de 50 cm et il y en a 3. Et elle écoute le rayonnement radio des plasmas, les mêmes ondes que pour la télé ou la radio mais à plus basse fréquence.
Les données brutes sont disponibles sous forme de graphique, représentant l'intensité du rayonnement reçue à chaque temps et à chaque fréquence.
Ensuite, elles sont traitées avec des algorithmes qu'il a développés pour créer des cartes des aurores polaires saturniennes, susceptibles d'être projetées sur l'atmosphère de la planète puis comparées avec les données d'observation d'aurores polaires de Saturne, comme celles obtenues avec le télescope spatial Hubble.
Et ça sert à quoi ?
Le Labo effectue un travail de recherche fondamentale.
Il n'y a pas d'application directe à nos recherches. L'étude de la physique aurorale est quelque chose chose qui permet de comprendre comment les planètes interagissent avec le champ magnétique du soleil, et notamment avec le vent solaire, un flot de particules électriques que notre étoile émet en permanence. En cas de grosse protubérance solaire, une grande quantité de matière est éjectée très violemment, ce qui créé une onde de choc qui atteint les planètes, explique Baptiste. Et oui,le soleil bombarde, et pas seulement Saturne.
Les planètes qui possèdent un champ magnétique sont protégées grâce à celui-ci. Et c'est justement l'interaction entre onde de choc et champ magnétique de la planète qui créé les aurores. Ces éjections de matières peuvent être dommageables, elles peuvent par exemple griller les systèmes électroniques des satellites, ou provoquer des coupures de courant à l'échelle de tout un pays.
100GHz de puissance CPU mobilisable
Au Pôle Plasma du LESIA, le Mac est omniprésent chez les chercheurs, et ce depuis longtemps.
Dans notre groupe, on a de bons financements grâce aux expériences spatiales, on a un peu plus de sous que le commun des chercheurs affamés. On peut donc se payer des Mac. Et clairement, le nombre de switcher a beaucoup augmenté depuis le passage à l'architecture Intel, se félicite Baptiste qui recense pas moins de 14 Mac pour 24 étudiants et chercheurs.
L'équipe en elle-même est vraiment équipée Mac: 3 Mac mini, 3 iMac, 2 PowerMac G4, 3 PowerMac G5 (dont 2 sous Mac OS X Server) et 4 Xserve . Côté sauvegarde des postes de travail/portables, nous utilisons Time Machine depuis l'un des serveurs. Côté espace de stockage: 5 baies RAID en rack dont 4 NAS, pas cher de chez Macway… Les solutions pro étaient trop chère à l'époque (mais je regrette un peu), comptabilise le scientifique.
Pour les besoins de calculs des scientifiques, XGrid d'Apple est mobilisé. L'API permet de distribuer les calculs sur plusieurs machines et fonctionne très bien sur les calculs relativement simples mais en très gros volume traités à LEISA.
Nous alignons 100 GHZ de puissance processeur au Labo, commente le scientifique.
OS X Serveur à tous les étages
Globalement, c'est Mac OS X Server qui gère le parc, avec parfois quelques anicroches.
J'essaye de mettre en place la gestion Open Directory pour la gestion des comptes. Un serveur de mot de passe et de compte qui permette un même login pour un utilisateur quelque soit soit la machine sur laquelle il veut travailler. C'est un truc très prometteur. Mais j'ai, pour l'heure, vraiment du mal à le faire fonctionner de manière stable, déplore Baptiste.
Niveau logiciels, peu de particularismes :
j'utilise quotidiennement Mail, Safari, Carnet d'adresse, iCal, TextEdit et Aperçu. Pour le surf, Firefox parce qu'il le faut bien pour certains sites, Coda pour coder mes pages web et Transmit pour le FTP (mais je suis aussi adepte du Terminal). Sinon, Pages et Keynote, Adobe Illustrator pour les figures de mes articles, le Terminal (que ferais-je sans lui !) et X11 qui va avec, Textwrangler, l'éditeur de texte principal pour mes codes. Pour rédiger mes articles, j'utilise LaTeX, un outil d'édition scientifique largement répandu. La distribution MacTex est très bien. J'utilise TexShop pour rédiger et BibDesk pour gérer mes citations.
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