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Une étude bidon sur le WiFi prétendument dangereux continue d'alimenter les fake news

Par Didier Pulicani - Publié le

L'histoire remonte à 2013 et l'un de nos rédacteurs de l'époque avait d'ailleurs relayé cette pseudo-étude sans se méfier : des jeunes étudiantes avaient soi-disant démontré la nocivité des ondes WiFi sur la culture du cresson.

Pour rappel, l'expérience avait été menée dans une université danoise, où plusieurs jeunes filles avaient mis en culture des graines de cresson, avec et sans exposition au WiFi, puis observé leur développement jour après jour. Les plantes placées à proximité des routeurs WiFi auraient alors eu bien plus de mal à se développer, images à l'appui :

Une étude bidon sur le WiFi prétendument dangereux continue d'alimenter les fake news

Impressionnant, non ? Pourtant, cette image est bidon !


Aujourd'hui encore, cette pseudo-étude est largement relayée par un grand nombre de sites, notamment santeplusmag (Je ne mets pas de lien pour éviter de les favoriser dans la recherche Google). L'AFP est d'ailleurs récemment revenue longuement sur le sujet qui n'en finit plus d'alimenter les fake-news. Certains articles sont partagés plusieurs centaines de milliers de fois, encore en 2018.

Tout d'abord, l'image utilisée par ces sites (ci-dessus) est fausse. Les vraies sont juste en dessous, et sont déjà beaucoup moins parlantes :

Une étude bidon sur le WiFi prétendument dangereux continue d'alimenter les fake news


La différence de biomasse est donc beaucoup moins importante que celle suggérée dans les différents articles ou par les photos truquées. Par ailleurs, il semble que les jeunes femmes aient volontairement stoppé l'expérience dès que les résultats obtenus leur ont donné satisfaction Le cresson témoin ayant atteint sa hauteur maximale au bout de 13 jours, le choix est alors fait d’arrêter l’expérience. Cela revient à fixer la durée de l’expérience a posteriori. C’est une autre erreur régulièrement rencontrée chez les pseudo scientifiques. Ça n’a l’air de rien mais peut parfois être très pratique. Une fois l’expérience terminée, il est très facile de fixer un paramètre pour maximiser les écarts entre le groupe témoin et le groupe test. Ici, arrêter l’expérience quand le cresson témoin a atteint sa hauteur maximale ne nous permet pas de savoir comment aurait évolué le cresson test. Peut-être que quelques jours plus tard les différences auraient disparu. souligne Nima Yeganefar, enseignant-chercheur à l’université de Poitiers.

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Nos confrères rappellent également à juste titre que toute cette affaire ne repose en réalité que sur une incroyable manipulation médiatique. D'une part, les chercheuses étaient en fait des collégiennes, peu habituées aux procédures scientifiques. Quant à la différence de croissance entre les graines, elle ne découlerait en réalité que de la chaleur dégagée par les routeurs, où étaient directement exposées les graines soi-disant impactées par les ondes WiFi. On le voit d'ailleurs bien sur l'image issue de l'expérience (qui n'apparait jamais dans les articles à sensation) La suggestion des scientifiques interviewés à propos de cette expérience est que les routeurs produisent de la chaleur, ce qui a probablement séché le cresson dans la pièce avec les routeurs, donc la même quantité d’eau n’était pas suffisante

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Finalement, l'expérience n'a jamais pu être reproduite (une autre, publiée en 2016, a même "démontré" exactement le contraire). Il faut dire que la rigueur scientifique n'était pas vraiment au coeur de leurs préoccupations, comme le souligne à nouveau Nima Yeganefar Il semblerait que nos scientifiques en herbe aient pris soin de contrôler certains paramètres, comme la luminosité et la quantité d’eau reçue dans chaque groupe, mais une différence majeure entre les deux groupes saute aux yeux sur certaines photos détaillant l’expérience.. Leur enseignant avait également pris soin de manipuler les jeunes femmes avant leur expérience. il semblerait que leur professeur soit fâcheusement orienté anti-ondes: la bibliographie à laquelle il a soumis ces lycéennes est totalement orientée. Elles ont pris connaissance du rapport écrit par un danois Thomas Gronborg connu pour ses positions militantes anti-ondes. Ce dernier s’appuie sur les travaux d’un certain Olle Johansson, anti-ondes aussi et qui a d’ailleurs fait partie du comité qui a décerné le prix si je ne me trompe pas. Enfin, les journaux se recopiant en boucle affirment que « de nombreux scientifiques » sont très intéressés par cette recherche alors qu’il s’agirait que d’une minorité d’opposants aux ondes.

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Enfin, concernant la prétendue nocivité des ondes non-ionisantes (tels que le WiFi ou les ondes émises par les téléphones portables), comme le rappelle l'AFP, l'OMS suit le sujet avec attention et les conclusions sont pour le moment sans appel : environ 25 000 articles scientifiques ont été publiés sur les effets biologiques et les applications médicales des rayonnements non ionisants [...] L'OMS a conclu que les données actuelles ne confirment en aucun cas l'existence d'effets sanitaires résultant d'une exposition à des champs électromagnétiques de faible intensité.

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