Opinion : 5 pistes pour le nouveau Mac Pro "modulaire"
Par Didier Pulicani - Publié le
Adieu le format "poubelle"
Physiquement, la machine ressemblera certainement à une tour, dans un format proche des modèles d'avant 2013 (ci-dessous), mais certainement plus compacte (j'adorais par exemple le format du Power Mac G4). Même s'il existe depuis longtemps (sur PC) des modèles plus réduits (mini-ITX etc.), une vraie modularité exige de la place : les disques durs 3,5" ne sont pas encore morts, les cartes graphiques puissantes sont toujours très imposantes et si Tim Cook souhaite ouvrir sa tour à des composants standards, l'ensemble doit pouvoir être ventilé convenablement.
Evidemment, Apple cherchera sans doute un peu d'originalité dans le choix des matériaux, des assemblages, et des systèmes d'ouverture. A ce petit jeu, les anciens Power Mac & Mac Pro sont toujours des modèles d'intégration ! On espère seulement que le
culte de la finesse(quelque peu remis en question avec l'iPad 5) n'aboutira pas à une tour trop réduite, elle qui finira dans tous les cas sous un bureau,
Des SSD m.2 et des baies de stockage
Depuis leur sortie en 2013, Apple n'a proposé aucune option d'upgrade SSD sur les Mac Pro, qui sont d'ailleurs toujours limités à 1To. Ces barrettes sont pourtant détachables, mais possèdent un format de connectique propriétaire. Depuis, les SSD ont adopté un standard sur PC -le fameux m.2- et ces connecteurs sont désormais intégrés sur la plupart des cartes mères... sauf chez Apple. Aujourd'hui, ces disques à mémoire flash évoluent à une telle vitesse qu'il devient criminel de ne pas pouvoir les faire évoluer : ceux qui ont acheté un Mac récemment en savent quelque chose ! Il y a de grandes chances qu'Apple capitalise sur ces barrettes, avec 2 ou même 4 connecteurs par machine.
On espère également que la firme de Cupertino conservera les emplacement pour les disques à plateaux -il y en avait 4 dans les anciens Mac Pro. En effet, malgré la popularité des SSD, ces gros disques restent indispensables pour stocker des données froides, comme des rush ou des photos. Pourtant, j'ai quelques doutes sur la présences de telles baies dans le futur Mac Pro, tant ils sont volumineux. Apple pourrait cependant capitaliser sur les modèles de 2,5", nettement moins encombrants, en proposant par exemple 2 ou 3 baies à ce format.
Autre possibilité, Apple abandonne totalement le stockage interne (hors SSD), et propose à ses clients d'opter pour les NAS ou des disques Thunderbolt/USB, comme c'est le cas aujourd'hui. Problème, les Mac Pro ressemblent actuellement à de petites araignées pas très design, qui imposent quantité de boitiers externes sur le bureau. Finalement, Cupertino pourrait opter pour un système entre-deux, avec des petits modules de stockage que l'on pourrait empiler sur une base plus compacte.
Un vrai choix de GPU PCIe
En dehors du stockage, l'une des faiblesses de l'actuel Mac Pro, c'est évidemment l'impossibilité de faire évoluer le GPU. Si les cartes sont remplaçables, leur format est propriétaire et Apple n'a proposé aucun moyen de les faire évoluer. A ce petit jeu, il semble enfin acquis qu'Apple proposera à nouveau des slots PCIe 16x dans ses machines. Je ne crois pas à l'idée d'un GPU externe pour le Mac Pro (mais pourquoi pas sur un iMac Pro ?), car cela n'apporte pas grand chose sur une machine fixe, tant en terme de coût, de performances que d'encombrement (et Apple l'aurait déjà mise en application sur ses
Tubes).
C'est un voeu pieux, mais il est désormais nécessaire de pouvoir choisir son GPU, et pas seulement entre trois modèles d'une seule marque. Apple a besoin de travailler avec AMD et NVidia, les deux leaders du segment, qui ont aujourd'hui chacun leurs qualités et leurs défauts. Beaucoup regrettent encore la disparition des GPU NVidia, dont CUDA reste aujourd'hui inégalé, surtout lorsqu'on travaille sous Windows et avec la suite Adobe. Enfin, la Pomme devra se pencher sérieusement sur les pilotes, et pourquoi pas, prendre en charge Vulkan, ce qui facilitera les portages tout en réduisant la dépendance aux drivers. Là encore, je n'y crois pas beaucoup, l'accent étant désormais mis sur Metal et rien que Metal.
Une connectique qui sort des dogmes
Six mois après leur sortie, on regrette toujours que les nouveaux MacBook Pro Retina n'embarquent que des ports USB C/TB3. Si l'on s'en accommode au quotidien, il ne se passe pas une semaine sans qu'on ait besoin d'y brancher un périphérique USB A, qui est devenu un standard pour au moins 10 ou 15 ans encore ! Apple aurait au moins pu glisser un port
classiquesur cette machine, en guise de dépannage. Plus gênant, le retrait du lecteur SD pénalise les professionnels de la vidéo et de la photo au quotidien, une décision incompréhensible pour des corps de métiers acquis à la cause depuis des décennies. Enfin, l'absence de port HDMI est très désagréable en entreprise, où les vidéo-projecteurs et autres écrans géants sont tous équipés de cette connectique... et jamais d'USB C. Là encore, on ne voit pas le HDMI disparaitre avant 10 ou 15 ans minimum.
Sur le nouveau Mac Pro, Apple devra donc en finir avec sa politique jusqu'au-boutiste en n'y plaçant que des ports Thunderbolt -peu importe leur nombre, d'ailleurs. Une tour professionnelle doit d'abord embarquer toute la connectique
du présent, y compris de l'USB classique, du HDMI, des entrées/sorties son, et même -on peut rêver- des ports en façade. On ne demande pas le retour du FireWire 800 ou de l'ADB, mais un professionnel utilise quotidiennement des périphériques issus d'un parc hétérogène et pas toujours très moderne.
Des tarifs et des puces pour toutes les bourses
Il fut un temps où le premier Mac Pro se négociait moins de 2000€ TTC
mais ça c'était avant. En 2013, les prix ont flambé, et certaines configurations dépassaient alors allègrement les 8000€. Si le design de la machine ne convenait pas à tout le monde, c'est souvent le prix qui terminait le travail : pourquoi aller mettre 3 000 à 5000€ dans une machine dont les composants et la puissance se retrouvent dans un PC à moins de 2000€ ?
Il faut dire qu'Apple se montre parfois un peu extrême : à l'image du double-GPU la présence de Xeon et de mémoire ECC n'est pas forcément utile pour tous les travaux. Une version d'entrée de gamme à base de Core i7 -dont certains se déclinent à 6 ou 8 coeurs sans trop faire grimper la facture- serait largement suffisante pour certaines professions. Rien n'empêche ensuite Apple de proposer des configuration bi-Xeon à 20 000€ ! Schiller l'a bien rappelé, devant l'hétérogénéité des domaines d'activité, le plus important, c'est d'avoir le choix !