Fin 2016, LaCie dévoilait son Bolt 3, un SSD externe en Thunderbolt 3 taillé pour les nouveaux MacBook Pro. Design haut-de-gamme, performances fulgurantes et encombrement réduit, les promesses sont-elles à la hauteur des attentes ? La réponse dans notre test complet !
Un boitier "design", mais sédentaire
LaCie a depuis toujours soigné les finitions de ses boitiers et la marque n'a pas l'intention de céder sur ce plan, surtout depuis son rachat par Seagate dont elle occupe désormais le segment haut de la gamme.
Pour le Bolt 3, le constructeur s'est une nouvelle fois associé au designer Neil Poulton, qui cultive avec Jony Ive, le culte du minimalisme. Le boitier ressemble donc à un gros rectangle de dimensions comparables à un disque dur 3,5" du commerce, mais tout d'aluminium vêtu :
L'utilisation de métal n'est pas là que pour l'esthétique, puisque la structure participe aussi au refroidissement du boitier. Et oui ! Un gros SSD très rapide, ça chauffe fort !
Sur la tranche dorsale, on retrouve l'ensemble de la connectique -deux ports Tunderbolt 3- ainsi que l'alimentation. Les prises sont cachées par une trappe orientable, que l'on peut refermer tout en laissant passer les fils :
Vous êtes donc libres de le placer sur une table ou d'utiliser le support fourni (fortement lesté), dans lequel le disque vient se clipper grâce à un système magnétique assez élégant :
Dans la boite, LaCie fournit donc le câble Thunderbolt ainsi que l'alimentation, mais également un petit chiffon de nettoyage :
Même s'il est relativement compact au regard de ses capacités, le Bolt 3 n'est pas vraiment prévu pour être déplacé. L'alimentation est indispensable à son fonctionnement et il ne s'allumera donc pas en mode auto-alimenté (on y reviendra plus bas). Par ailleurs, son poids reste élevé (~800g), et il n'est donc pas question de le transporter tous les jours dans son sac à dos... A l'arrivée, il s'agit donc bien d'une solution de stockage sédentaire, qui viendra trôner élégamment sur le bureau.
Thunderbolt 3 : enfin mature !
Si les PC intègrent des contrôleurs Thunderbolt 3 depuis plus d'un an déjà, la connectique n'a vraiment pris son envol que depuis l'arrivée des nouveaux MacBook Pro. LaCie précise d'ailleurs dans son manuel, que les PC achetés avant l'été 2016 risquent de ne pas fonctionner avec le Bolt 3, la faute à une implémentation trop précoce du protocole. Et même sur les machines récentes, il faut veiller à avoir son BIOS et ses pilotes bien à jour, sinon, le disque pourrait ne pas être reconnu ! Malgré cet imbruglio, ce sont bien les PC qui pourraient permettre au Thunderbolt de se développer dans les années à venir et faire baisser les prix sur les accessoires : alors que le Thunderbolt 1/2 se faisait rare sur les machines Windows, il équiperait déjà 10% des PC du commerce ! Du jamais vu ! Il faut dire qu'Intel a vu juste en proposant une intégration facilitée notamment par l'utilisation du même connecteur que l'USB C, déjà très répandu.
LaCie a donc longuement travaillé avec Apple et Intel, pour obtenir la certification officielle. C'est d'ailleurs l'un des rares fabricants à proposer un modèle qui a été testé et homologué par les géniteurs du Thunderbolt 3, un gage de fiabilité indispensable pour les professionnels prêts à investir dans ce type de solution durablement.
Le Thunderbolt 3 offre un débit record de 40Gbps, et double ainsi celui de son prédécesseur. En réalité, contrairement au signal vidéo, les données ne peuvent exploiter toute la bande passante et sont limitées à environ 22Gbps. Le protocole exige en effet de réserver une bande passante de 4 lignes de PCIe pour faire transiter un signal DisplayPort 1.2, même si aucun écran n'est branché ! Du coup, même les meilleurs SSD externe ne pourront jamais dépasser les 2,8Go/s théoriques... alors que le Thunderbolt 3 sait délivrer 5Go/s si l'on cumule l'affichage et les données.
Du coup (c'est le côté pratique), on peut venir chainer des écrans sur le Bolt 3 (qui offre un second port) et n'avoir qu'un câble à brancher en arrivant au bureau le matin. Mais les écrans USB C/ TB3 fournissent souvent déjà l'alimentation au Mac et il serait dommage (voire inutile) d'aller les chainer sur un accessoire... A choisir, on aurait préféré avoir l'intégralité du débit pour les données sur ce type de solution, mais le consortium autour du Thunderbolt en a décidé autrement.
Pour l'heure, il reste de toute façon difficile de trouver des contrôleurs et de la mémoire dépassant les 3Go/s. Apple s'arroge d'ailleurs la plupart du marché pour ses disques haut-de-gamme, que l'on retrouve dans nos MacBook. Même LaCie n'arrive pas tout à fait au niveau de ce que propose Apple : 2,8Go/s en lecture et seulement 1,3Go/s en écriture pour le Bolt 3, là où le dernier MacBook Pro parvient à écrire à 2,3Go/s et à lire les données à plus de 3Go/s.
Ces débits restent néanmoins conformes aux attentes des professionnels de l'image, qui peuvent ici traiter de la 8k RAW sans sourciller ou gérer du multi-cam en 4k par exemple. Il faut d'ailleurs être clair : ces solutions visent avant tout des publics très ciblés, qui ont des besoins très particuliers. Chez LaCie, on ne se le cache pas, le public du Bolt 3, ce sont essentiellement les monteurs, dont les fichiers vidéo grossissent d'année en année, et les besoins avec.
Voici par exemple une petite vidéo filmée avec une RED 8k par mon camarade et talentueux Emmanuel Pampuri (abonnez-vous à sa chaine !). Pour traiter ce type de séquences, on a besoin de SSD très rapides et avec de bonnes capacités de stockage. Le Bolt 3 offre des caractéristiques vraiment intéressantes pour monter ce genre de clip rapidement et sans une armada de boitiers externes spécialisés :
Sous le capot : un moteur de Ferrari (suralimenté)
Il existe aujourd'hui plusieurs solutions permettant d'offrir des débits élevés sur un SSD externe. Certains, comme SanDisk, utilisent des disques SATA en RAID0 ; c'est le cas avec l'Extreme Pro 900 que l'on avait testé il y a quelques semaines. Mais cette solution dépasse rarement 1Go/s, c'est à dire, deux fois le débit du SATA 6Gbps : c'est suffisant pour de l'USB 3.1 (10Gbps) et surtout pas trop coûteux.
Le câble Thunderbolt 3 est fourni
Pour passer la seconde, il faut obligatoirement utiliser des disques PCIe, ce qu'a donc choisi LaCie pour le Bolt 3. Le constructeur utilise en fait 2 modèles m.2 montés en RAID0, ce qui permet d'atteindre les fameux 2,8Go/s. En écriture, en revanche, le contrôleur n'arrive pas à fournir plus de 1300Mo/s, soit la moitié de sa bande passante maximale. LaCie nous a avoué à demi-mot qu'il était très difficile d'obtenir de la mémoire aussi rapide et il est bien probable qu'Apple monopolise aujourd'hui une grande partie du marché. Il faut aussi savoir que ce type de cellule coûte extrêmement cher à produire, il n'y a qu'à voir le coût du stockage sur les Mac ces dernières années, malgré les volumes importants qu'Apple parvient pourtant à négocier !
Si vous comptiez changer les disques m.2 en cours de vie du SSD -pour augmenter la capacité par exemple- sachez que l'opération s'avère délicate. En effet, ces disques chauffent et consomment beaucoup, ce qui a nécessité un gros travail sur la ventilation. Il reste donc envisageable de changer les puces (en cas de panne hors garantie par exemple), mais il faudra sans doute avoir une petite expérience, notamment pour jongler avec la pâte thermique et le système de ventilation... LaCie préconise tout de même de contacter en priorité leur SAV en cas de panne.
L'alimentation externe n'est... pas très discrète !
J'ai été assez surpris de voir une alimentation externe assez massive, et pourtant indispensable au fonctionnement du Bolt 3. En réalité, le MacBook Pro ne délivre pas assez de puissance sur ses ports pour alimenter correctement le SSD : l'ordinateur ne fournit que 15W, ce qui n'est apparemment pas suffisant pour notre RAID PCIe. Du coup, impossible de l'utiliser dans le train par exemple, sauf à avoir une prise de courant pas loin.
Bon à savoir, le Bolt 3 peut aussi charger (un peu) votre MacBook Pro -à condition d'être en Thunderbolt 3. La fiche technique annonce 20W en moyenne, ce qui n'est pas suffisant pour un usage même basique d'un 15", mais ça peut éventuellement suffire sur un petit 13" sans GPU, si l'écran n'est pas réglé à la luminosité maximale. Il s'agit -vous l'avez compris- surtout de dépannage, au cas où vous auriez oublié votre chargeur. Ordinateur éteint, on peut même envisager de recharger la machine entièrement, ce qui en fait un petit adaptateur d'appoint. Précisons enfin que si votre Mac a déjà un chargeur (ou l'écran LG) branché, les puissances fournies ne s'additionnent pas : un seul (généralement, le premier) sera pris par défaut pour remplir les accus de votre Mac.
Les benchs !
Le Bolt 3 tient-il vraiment ses promesses ? C'est ce que nous allons voir maintenant dans notre labo !
Les tests séquentiels sont assez représentatifs de l'utilisation de ces disques en vidéo, où l'on vient copier de gros fichiers les uns à la suite des autres sur le disque. Ici, le Bolt 3 reste légèrement moins performant que le SSD interne de notre MacBook Pro, mais propose des débits déjà impressionnants. Dès que l'on dépasses de blocs de 100Ko, les débit affichent déjà autour de 1Go/s en lecture et 800Mo/s en écriture :
On notera ici l'écart important entre le Thunderbolt 2 et le Thunderbolt 3, alors même que l'on est loin des débits maximaux de ces deux connectiques. Le TB2 fait à peine mieux que notre SanDisk en USB 3.1 (dont le tarif est nettement moins élevé).
Lecture/écriture aléatoire
En lecture aléatoire, le Bolt 3 est tout simplement le SSD le plus rapide que l'on a pu tester jusque là. Les débits dépassent les 2Go/s dès que l'on copie des blocs de 512Ko ! Même le SSD interne d'Apple ne fait pas aussi bien. On notera également les très bons scores en Thunderbolt 2, qui explose ici notre SanDisk.
En écriture, Apple reprend le dessus, mais le Bolt reste nettement plus performant que tous les SSD externes que l'on a pu tester en labo.
A fond, à fond !
Vient donc le moment de tester de plus gros blocs, et les débits maximaux, là où le Thunderbolt 3 exprime toute sa puissance.
Sur les fichiers de 1 à 10Mo, on dépasse allègrement les 2Go/s de moyenne, comme avec le SSD d'Apple. En revanche, notre Bolt est un peu à la peine en lecture, presque deux fois plus lent que le disque de notre MacBook Pro :
Les débits maximum sont toujours obtenus sur les fichiers de grande taille. Ça tombe bien, en vidéo, les rush RED/BlackMagic/ProRes à des résolutions élevées (4k, 6k, 8k...) pèsent rapidement plusieurs gigaoctets et les logiciels de montage passent leur temps à effectuer des copies de ces fichiers et des lectures simultanées.
Les 2,8Go/s promis ne sont pas tout à fait atteints mais l'on se rapproche très nettement, avec 2,66Go/s en lecture et 1193 Mo/s en écriture :
Autre test avec l'outil de BlackMagic, qui confirme que l'ensemble des formats testés fonctionnera parfaitement avec ce modèle :
Chez AJA, on plafonne autour des 2,5Go/s/1,1Go/s mais je n'ai jamais trouvé cet utilitaire vraiment précis :
Bilan : un produit complet pour une cible exigeante
Les professionnels qui ont investi dans de coûteux MacBook Pro 2016 attendaient avec impatience des périphériques à la hauteur de ces nouvelles connectiques. Et sur ce point, le Bolt 3 ne déçoit pas, en proposant en lecture, des débits proches du maximum théorique offert par le Thunderbolt 3. Evidemment, on aurait aimé pouvoir en dire autant en écriture, mais ce n'est pas la priorité des vidéastes : les temps passés à enregistrer des données sont souvent secondaires et surtout dépendant des calculs CPU/GPU. C'est réellement en lecture directe que les besoins sont importants.
Pour le reste, LaCie offre ici un boitier élégant et de qualité, pour un encombrement réduit. On regrette évidemment la présence obligatoire de l'alimentation, mais Apple ne délivre apparemment pas assez de puissance pour y brancher des RAID aussi performants directement sur ses ports Thunderbolt 3.
Le tarif -environ 2400€ pour 2To- peut paraitre élevé, mais sur ce segment de gamme, LaCie est dans les prix (1000€/To).
Notez enfin qu'avec l'arrivée de l'USB C à 10Gbps sur Mac, vous pouvez également opter pour des modèles un peu moins chers, qui proposent tout de même des débits élevés (~1Go/s), comme avec l'Extreme 900 de SanDisk que nous avons récemment testé. Mais sur le plan des performances, le Bolt 3 reste -pour l'heure- le SSD externe le plus rapide du marché !
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