Microsoft va-t-elle réellement pouvoir acheter Activision Blizzard ?
Par June Cantillon - Mis à jour le
Un rachat historique à 69 milliards de dollars !
Petit rappel des faits, en janvier 2022, et après s'être offert Bethesda, Microsoft annonçait son intention d' acheter Activision/Blizzard et King pour la somme record de 68,7 milliards de dollars. Il faut bien prendre en compte qu'avec un tel rachat, Microsoft acquiert des licences comme Call of Duty, Starcraft, World of Warcraft (ces deux titres étant les derniers du catalogue à être disponibles sur Mac), Diablo, Overwatch, Candy Crush et bien d'autres. Microsoft fait ainsi jouer un de ses avantages par rapport à Sony/PlayStation, à savoir une puissance économique sans aucune mesure avec celle de son concurrent. Si l'acquisition est entérinée, Microsoft pourrait offrir les jeux Activision/Blizzard/King au sein du Game Pass, qui en deviendrait d'autant plus intéressant, ou jouer de sa position pour s'offrir un avantage grâce à ces licences extrêmement importantes sur le marché du jeu vidéo.
Une acquisition sur la sellette
Toutefois, la concurrence ne l'entend pas de cette oreille. Si Nintendo a accepté de signer un accord de dix ans afin de pouvoir profiter de la franchise Call of Duty sur ses consoles actuelles et à venir, cette proposition est surtout un moyen pour Microsoft de calmer les esprits et de montrer patte blanche, tout comme le contrat passé avec Nvidia afin de proposer les titres de Microsoft sur son service GeForce Now. Ces arguments (les contrats ont été officialisés il y a quelques heures) seront d'ailleurs certainement servis aux régulateurs de la concurrence de la Commission européenne.
Sony, qui ne dispose pas du tout des mêmes moyens financiers que Microsoft, semble avoir refusé un contrat similaire, et se plaint auprès des diverses autorités de la concurrence des effets néfastes de ce rachat pour son économie (tout en ayant de son côté également payé, selon Microsoft qui contre-attaque, certains studios pour s'assurer que leurs titres ne finiraient pas sur le Game Pass). Phil Spencer avait assuré en début d'année dernière que
les jeux Activision Blizzard sont appréciés sur une variété de plates-formes et nous prévoyons de continuer à soutenir ces communautés à l'avenir. Aujourd'hui, la Commission européenne reçoit à Bruxelles les dirigeants de Microsoft et Sony, la fédération européenne des développeurs de jeux, ainsi que le CEO d'Activision Bobby Kotick, et les têtes pensantes de Google, Nvidia, Valve, Electronic Arts afin d'examiner la possibilité d'adouber ou non le rachat.
Si la commission européenne donne son feu vert, il restera à convaincre la CMA du côté britannique et la FTC aux US, cette dernière ayant déjà émis une objection en évoquant une possible action en justice. De son côté Brad Smith de Microsoft a répondu à cette menace en indiquant que
bien que nous croyions qu'il faut donner une chance aux pourparlers, nous avons une confiance totale dans notre cas et nous nous félicitons de l'opportunité de le présenter devant un tribunal. Ce rachat historique est donc encore loin d'être dans la poche pour Microsoft, qui espère tout de même pouvoir boucler l'affaire avant cet été, bien que cela semble un brin optimiste.