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La Suisse se réveille enfin sur l'installation des bornes de recharge électrique

Par Didier Pulicani - Publié le

En Suisse, il suffit de marcher quelques minutes dans le centre-ville de Lausanne, Genève ou Zurich pour apercevoir quantité de véhicules électriques.

La Suisse se réveille enfin sur l'installation des bornes de recharge électrique


La Suisse en avance sur l'électrique !



Même si les helvetes ont toujours été de vrais fans de grosses cylindrées thermiques, ils n'ont pas attendu l'impulsion des directives européennes pour franchir le pas des voitures à batterie. Le parc installé est estimé autour de 110 000 véhicules (pour 8 millions d'habitants) fin 2022 et ne cesse de grossir.

La Suisse se réveille enfin sur l'installation des bornes de recharge électrique


L'an dernier, 40 245 voitures 100 % électriques ont été immatriculées dans le pays, contre 31 889 en 2021, soit une augmentation de +26,2 %. Il se vend même plus de véhicules électriques que de Diesel depuis un an ! Malgré sa petite population, la Suisse se positionne déjà au huitième rang européen des ventes de VE.

La Suisse en retard sur les bornes !



Problème, le marché semble freiné par l'implantation des bornes, qui reste assez modeste dans le pays.

Une ville comme Lausanne (~450 000 habitants avec l'agglomération) ne compte que quelques dizaines de bornes publiques extérieures, et pas beaucoup plus si l'on compte les parking couverts. Actuellement, le pays ne recense en effet que 10 000 emplacements au total -contre près de 100 000 en France voisine.

La Suisse se réveille enfin sur l'installation des bornes de recharge électrique


L'Office fédéral de l'énergie (OFEN) estime que 2,8 millions de véhicules électriques seront en circulation en 2035 et qu'il faudra avoir adapté les capacités de recharge d'ici là. Il faudra également pouvoir produire 7,3 TWh contre 4,1 TWh d'électricité actuellement, un comble lorsqu'on sait que la Suisse refuse pour le moment d'augmenter son parc nucléaire, et qu'avec le réchauffement, l'hydraulique (majoritaire dans le pays) risque de moins produire durant les prochaines décennies. Sans parler de la France, qui peine à exporter soin courant ces dernières années, faute d'investissement dans son parc de centrales...

Un manque de bornes à domicile



Contrairement à ses voisins du Sud, la Suisse n'est pas vraiment un pays de propriétaires, dont une grande part de population vit en immeuble.

Avec certaines politiques anti-voiture (comme à Lausanne), les nouvelles constructions ne bénéficient d'ailleurs pas toujours d'un grand nombre de place sous les bâtiments, obligeant les habitant à occuper l'espace public. Le client idéal pour ce type de mobilité -une petite villa hors de villes- reste pour le moment limité.

La Suisse se réveille enfin sur l'installation des bornes de recharge électrique


Pour pallier ces problématiques, l'OFEN recommande ainsi de viser les 84 000 points de recharge en libre accès d'ici 2035, un chiffre qui reste assez modeste au regard des besoins en ville notamment. Aujourd'hui, on compte rarement plus d'une dizaine de places dans les parking publics, alors qu'il faudrait en équiper la quasi-totalité d'ici les prochaines décennies.

La Suisse se réveille enfin sur l'installation des bornes de recharge électrique


Autre piste envisagée par l'OFEN, l'équipement des places privées, avec un objectif déjà plus ambitieux de 2 millions de bornes à domicile. Mais là encore, le pays se heurte à la problématique des bailleurs : actuellement, il n'y a pas de droit à la prise en Suisse, contrairement à d'autres pays -la France l'avait instauré dès 2021. L'OFEN va donc proposer un guide pour les bailleurs, visant à les conseiller sur le plan juridique, technique et financier.

Reste que les coûts sont importants (entre 1500 et 5000 CHF pour l'installation complète d'une borne) et que sans obligation légale, les propriétaires risquent de faire traîner les procédures en longueur... Actuellement, l'installation d'une borne sur une place de parking louée est à la charge du locataire, alors même qu'elle augmente pourtant la valeur locative du bien.