Non, le gouvernement ne veut pas interdire les abonnements illimités aux livres
Par Didier Pulicani - Publié le
L’offre illimitée de livres illégale en Francetitre aujourd'hui Le Monde,
Amazon non conforme à la loi françaiserencherrisent l'Express et le Figaro. Sauf que derrière ces gros titres alarmistes, se cache une réelle volonté du gouvernement de faire avancer l'offre illimitée de lecture sur le segment du livre numérique.
La médiatrice du livre, Laurence Engel, a rendu public son rapport sur lequel elle planche depuis des semaines, et déclenché par l'arrivée d'Amazon et de son offre Kindle Unlimited. C'est une coutume en France, lorsqu'un géant américain -type Google, Uber et j'en passe- arrive avec ses gros sabots, un signal retentit au ministère, pressé d'encadrer ces nouveaux usages -qui existaient pourtant depuis plusieurs années déjà.
Fleur Pellerin a un peu excité les médias ce matin en déclarant qu'Amazon devra, je cite,
se mettre en conformité avec la loi. Mais le rapport, lui, se montre bien moins vindicatif. Laurence Engel précise d'entrée de jeu que
ni l’abonnement dans son principe, ni évidement le streaming ne sont interdits par la loi. Les consultations menées jusque là avec les différents acteurs -dont Amazon, Nextory, IZNEO BD, Manga, Comics en HD ou encore YouScribe- vont d'ailleurs en ce sens, l'objectif étant d'aboutir à un cadre clair et lisible pour l'ensemble des forces en présence.
la loi du 26 mai 2011 s’applique bien aux offres de location de livres et en particulier aux services de lecture numérique par abonnement. [...] les offres d’abonnement dont le prix n’est pas fixé par l’éditeur ou dont le prix fixé par l’éditeur n’est pas porté à la connaissance de l’ensemble des détaillants ainsi que des usagers, contreviennent aux dispositions législatives.
Le rapport ne remet donc pas en cause le principe même d'abonnement illimité et les prochaines concertations se feront en ce sens. Hélène Mérillon, à la tête du français YouBoox, se dit d'ailleurs plutôt satisfaite de la tournure prise par les événements. En imposant un cadre commun aux distributeurs, le but est également de pouvoir rassurer la filière sur la volonté de développer une offre cohérente et adaptée aux nouveaux usages. Il faut dire que rares sont les grands éditeurs à avoir autorisé la publication de leur catalogue par les services illimités, une frilosité qui rappelle celle du monde de la musique vis-à-vis du streaming il y a quelques années.
Reste maintenant à trouver un compromis qui satisfasse l'ensemble des acteurs. Car comme le souligne Hélène Mérillon, le prix final proposé aux clients n'inclut pas seulement la rémunération des éditeurs, mais également les coûts lié à l'offre et au service, qui devront être pris en ligne de compte au moment de la négociation. A terme, il y a donc peu de chance que la France soit
le seul pays européen à rendre illégal l'offre illimitée de lecture, mais pourrait -comme c'est déjà le cas avec le prix unique du livre- permettre à la filière de se développer efficacement en prenant en compte les spécificités de l'ensemble des acteurs.