Les keynotes de Google commencent à ressembler de plus en plus à celles d'Apple, à la grande différence que les équipes dirigeantes paraissent nettement plus jeunes que les Cue, Federighi et autres cinquantenaires qui monopolisent les conférences. On a même vu quelques femmes sur scène, un fait plutôt rare chez Apple, qui a encore bien du mal à confier les rênes d'un département à ces dames. Mieux, Google revendique 20% de femmes parmi les développeurs présents, une prouesse.
Même si le nombre d'annonces a été conséquent, on a senti une certaine mollesse dans cette conférence, qui n'a pas excité les foules. Le premier rang 100% hipsters et Google Glass sur le nez applaudissait aveuglément chaque soupçon de nouveauté, tandis que les intervenants avaient bien du mal à canaliser l'attention du public, qui ne cessait de se déplacer dans la salle. Tout juste a-t-il osé siffler une jeune femme parvenue à se glisser au milieu de l'assemblée pour protester contre le géant de Mountain View.
Google a donné quelques chiffres et a tenu, à nouveau, à nous prouver qu'Android dominait le monde. L'OS monopoliserait d'ailleurs enfin les tablettes, avec 60% de parts de marché avec un plus grand nombre d'installations d'applications. En tout, Android rassemblerait un milliard d'utilisateurs actifs !
Une nouvelle interface : Google réinvente CoreAnimation
On se serait parfois cru à la keynote de présentation de l'iPhone en 2007 ou du SDK d'iPhone OS une année plus tard : Google souhaite revoir en profondeur ses interfaces et leur donner plus de vie et de fluidité. Les ombres et les lumières seront automatiquement ajustées et l'interface est désormais pensée par couche. Le flat semble donc déjà (presque) du passé, même si les éléments restent malgré tout assez plats et épurés.
L'un des problèmes récurrents d'Android reste la fluidité des interfaces et la faiblesse des animations. Sur ce point, les ingénieurs nous ont refait un remake de CoreAnimation, version Google : des transitions entre les pages, des listes qui s'entrechoquent, et une plus grande homogénéité pour les développeurs. A vue de nez, on peut enfin espérer un peu de cohérence dans le design et l'animation des applications.
Enfin, Polymer -c'est le nom donné à Google à sa nouvelle UI- devrait arriver aussi sur le web et offrir aux développeurs un vrai SDK complet, capable d'animer des éléments avec autant de fluidité et de souplesse qu'en natif. Google s'est aussi bien inspiré d'iOS sur certains points clefs, comme la gestion des notifications ou encore la navigation entre les onglets, notamment.
5000 nouvelles API
Apple avait annoncé 4000 nouvelles API, ça sera 5000 chez Google !
On retiendra :
- l'arrivée d'une nouvelle machine virtuelle, ART (cross-plateforme, plus rapide, JIT…) - la prise en charge complète du 64 bit - Android Extension Pack (~ metal), une lib conçue avec les fabricants de GPU (tesselation, geometries, shaders…) - des optimisations en profondeur de la gestion de la batterie - une protection contre les malwares, contre le vol, et une gestion des données personnelles centralisée
Android Wear se montre enfin !
Google a enfin détaillé son programme Android Wear et annoncé quelques modèles compatibles. La fameuse montre de LG sera d'ailleurs disponible ce soir sur Google Play. Le SDK est lui-aussi finalisé.
Je vous avoue que la scène était assez comique lorsque le présentateur est arrivé en disant que Le style est important tout en se baladant en sweat à capuche bleu-Schtroumpf. Chacun des intervenants portait d'ailleurs une SmartWatch au poignet et Google a tenté de nous montrer ô combien ce genre de gadget va devenir indispensable. Commander une pizza, recevoir une notification importante ou encore... dire à son téléphone que c'est bien son propriétaire qui le tient, pas sûr que tout le monde trouve cela indispensable, mais à en croire Google, on aura tous bientôt ce genre de babiole sur le bras.
Android Auto à l'assaut de CarPlay
Apple a pris un peu d'avance avec CarPlay, mais Google risque de rattraper rapidement son retard. Le nombre de constructeurs partenaires de l'alliance est bien plus important et l'on retrouve des marques comme Volkswagen ou Renault, totalement absentes des partenariats avec Apple.
Android Auto conserve une interface épurée, comme son concurrent et permet un contrôle total à la voix. Les applications sont assez similaires et Google propose un SDK assez complet, ouvert, mais limité à certains domaines comme la musique.
Mais aussi : le grand retour d'Android TV, du Chromecast et des ChromeBooks
GoogleTV n'est pas mort et AndroidTV devrait rejoindre plusieurs modèle de grands constructeurs, notamment Sony, Sharp, et Philips dès l'an prochain. Le système se veut plus simple, pilotable avec des montres connectées et surtout très épuré. Très franchement, ça ressemble de plus en plus à l'Apple TV.
Enfin, le ChromeCast gagne quelques fonctionnalités sympathiques pour diffuser des photos et devrait se connecter plus facilement aux smartphones situés dans le secteur. Pas de grosse révolution ni de chiffres de ventes, mais la petite clef HDMI gagne quand-même une boutique dédiée d'applications.
Enfin, les Chromebook ne sont pas en reste, avec la possibilité de faire tourner des applications Android,
Mais aussi....
La keynote a un peu trainé en longueur, à coup de démos malencontreuses (de Cloud Dataflow), et d'éléments perturbateurs qui s'étaient glissés dans l'assemblée. Google en a quand-même profité pour détailler son HealthKit baptisé Google Fit Platform. A l'image de ce qu'a fait Apple, le but est avant-tout de rassembler les données liées à la santé via un grand nombre d'API communes.
Enfin, Google a terminé la conférence en remerciant chaleureusement les développeurs, une attitude qu'on retrouvait chez Apple début juin. On verra si les VP s'amusent à faire des selfies dans le hall en sortant de la keynote...
