Mac App Store : l'avis des développeurs
Par Arnaud Morel - Publié le
Apple va lancer, d'ici 3 mois, un Mac App Store, copie conforme de la boutique d'applications iOS mais pour Mac. Installation & maintenance faciles, point centralisé pour les achats et... Contrôle plus ou moins strict de la Pomme. Qu'en pensent les programmeurs ?
Pour le savoir, nous avons sollicité certains d'entre eux, soit qu'ils officient sur Mac, soit sur iOS, soit les deux. Dans l'ordre, Yves Schmid Dornbierer, de AntZéro, les programmeurs Mac de l'excellent AtomicView, Elodie, de VinotekaSoft, éditeur de Vinoteka, un logiciel de gestion de cave sur Mac et iOS, Raphael Sebbe, programmeur de Creaceed, éditeur d'Hydra, MorphAge ou Prizmo sur Mac et/ou iOS, Frédéric Bayle, de iPhoneCode, programmeur du très bon gestionnaire de bases de données isort sur iOS et Vincent Dondaine, de Bulkypix, éditeur de nombreux jeux iOS ainsi que Romain Goyet, d'Applidium, éditeur, notamment, de VLC sur iOS et Eric Brunelle, PDG de Druide, éditeur d'antidote pour Mac et iOS.
Que pensez-vous du Mac App Store ? considérez-vous ceci comme une opportunité ou pas ?
Cela dit, lorsque l'on regarde le monde iPhone, on se rend compte que l'AppStore n'est pas du tout un moyen de faire de la promotion, à part si l'on se retrouve dans les applications "recommandées" d'Apple (ce qui est totalement imprévisible). Cela peut être un plus, mais pas une solution unique pour promouvoir et vendre un logiciel.
Sur le plus long terme, il y a cependant la crainte que cela devienne l'unique réseau de distribution, fermé, opaque..
ingrédients nécessaires pour une expérience utilisateur optimale, un super écran et une interface tactile. Il ne manquait plus qu’une boutique digne de ce nom pour trouver du contenu sur Mac. C’est chose faite. Le marché existe déjà car il va juste nécessiter une
mise à jour d’OS. Des millions d’utilisateurs vont pouvoir se jeter sur le store. Et je peux vous garantir qu’ils vont pouvoir se jeter sur les jeux Bulkypix.
Je pense que le Mac App Store est une très bonne opportunité pour l'éco-système Apple, en particulier celui des développeurs indépendants. En revanche, je pense que l'offre proposée ne cadre pas avec les logiciels plus "sérieux", pour plusieurs raisons (que je vais détailler dans mes réponses aux questions suivantes).
Est-ce de nature à changer le paysage applicatif sur Mac ?
Le mac Appstore va révolutionner l’accès aux jeux. Bénéficiant potentiellement du catalogue conséquent déjà présent sur iPhone et iPad, c’est un succès assuré. A quand les applications sur l’Apple TV ;-)
Que pensez-vous des restrictions mises en place par Apple ?
Il y a aussi des incohérences dans ces restrictions; certaines ne reconnaissent pas la spécificité de Mac OS: pas de pref panes, pas de plugin, etc.
Il y a juste des gardes fou et il ne faut pas oublier que l’App Store est une boutique pour toute la famille très simple d’utilisation, il faut donc protéger le jeune public d’un certain contenu qui demeurera accessible par tout moyen classique.
Avez-vous l'intention de placer vos logiciels sur la boutique ?
Nous sommes déjà au travail pour être présents très rapidement sur cette nouvelle plateforme, avec trois jeux à court terme. Je laisse planer le suspense sur les titres.
Pensez-vous qu'à terme le Mac App Store concentrera la logithèque Mac à un seul endroit où que de nombreux logiciels resteront à aller chercher sur l'internet ?
Mais ce modèle n'est peut-être qu'une transition vers un App Store qui serait le seul moyen de distribuer sur Mac. Qui sait ce qu'Apple a derrière la tête...
- Tout d'abord et de fait, certaines applications ne sont tout simplement pas compatibles avec la licence du Mac App Store.
- Enfin et surtout, reste le problème des 70%. Pour un développeur indépendant ,cela peut faire sens d'acheter une boutique en ligne et de la visibilité contre 30% de ses revenus - car c'est de ça dont on parle, finalement. En revanche, cela devient clairement beaucoup demander pour des logiciels plus "gros". Je doute ainsi que Microsoft soit prêt à céder 30% des revenus de la suite Office pour une simple présence sur le Mac App Store. Idem pour la suite Adobe par exemple, et dans un cas plus général pour tous les logiciels générant un chiffre d’affaires important. Comment envisager dès lors de devenir un "standard" de distribution sans l'accord des acteurs majeurs ?
La gestion des licences comme sur iOS est-elle adaptable à tous les logiciels ?
Dans notre approche (et c'est le cas pour beaucoup d'autres développeurs Mac), nos applications ont un cycle de vie. Des updates majeurs sont proposés tous les ans (ou 2 ans), updates qui nécessitent un travail conséquent. Nous recontactons alors nos clients en leur proposant une mise à jour à tarif réduit pour avoir accès aux nouvelles fonctions. Dans le modèle App Store, ce n'est pas possible. Soit le client est lésé (il paye le prix plein à chaque fois), soit le développeur est lésé (il n'est pas rémunéré pour les updates). Cela n'encourage pas le développement d'applications de qualité, qui évoluent, mais favorise plutôt les one-shots, achats impulsifs.
D'autre part, le modèle le plus répandu sur Mac est de proposer une version démo de l'app, l'utilisateur l'essaie et si elle lui plaît, il peut l'acheter. Cela n'est pas prévu dans l'App Store. Donc cela implique que les prix de vente soient plus bas, et cela crée de la frustration chez le client qui achète qq chose qui ne lui convient pas.
D'autres pensées sur le sujet ?
- Le piratage risque fort d'augmenter, car les mécanismes prévus par les développeurs seront retirés. On le constate sur iPhone.
- Le développeur n'a plus accès aux données clients. Plus d'offres promotionnelles, plus de bundle...
- Pas de version démo des apps -> frustration du client
- Part d'Apple trop élevée: en Europe, le développeur ne touche réellement que 50% du prix de vente TTC ( (Sur le ratio de répartition des ventes App Store 30%/70% (Apple/développeur). En pratique, pour une vente sur le Tier 100 (100$), 80€ TTC, soit 60 HTVA, c'est 70% de 60€, soit 42€, qui sont versés au développeur. Donc voila, Tier 100 -> 42€. C'est relativement peu face aux systèmes de vente en ligne tels Plimus, FastSpring... qui donnent + de 90% du prix défini). C'est trop peu, et a fortiori si les prix sont tirés vers le bas.
On espère bien sûr être agréablement surpris par ce Mac App Store, il faut qu'Apple table sur la qualité, c'est très important... Ca, plus quelques correctifs de jeunesse (possibilité de versions démos, gestion des updates majeurs), et cela pourrait devenir intéressant.
De mon point de vue la prochaine extension logique est de faire interagir tout cela avec l’Apple TV, pour jouer et disposer de toutes les applications dans son canapé.
Reste un obstacle à dépasser, l’ergonomie, mais connaissant Apple ce sera excellent à n’en pas douter.
Un grand merci à tous pour ces réponses de qualité
Pour le savoir, nous avons sollicité certains d'entre eux, soit qu'ils officient sur Mac, soit sur iOS, soit les deux. Dans l'ordre, Yves Schmid Dornbierer, de AntZéro, les programmeurs Mac de l'excellent AtomicView, Elodie, de VinotekaSoft, éditeur de Vinoteka, un logiciel de gestion de cave sur Mac et iOS, Raphael Sebbe, programmeur de Creaceed, éditeur d'Hydra, MorphAge ou Prizmo sur Mac et/ou iOS, Frédéric Bayle, de iPhoneCode, programmeur du très bon gestionnaire de bases de données isort sur iOS et Vincent Dondaine, de Bulkypix, éditeur de nombreux jeux iOS ainsi que Romain Goyet, d'Applidium, éditeur, notamment, de VLC sur iOS et Eric Brunelle, PDG de Druide, éditeur d'antidote pour Mac et iOS.
Que pensez-vous du Mac App Store ? considérez-vous ceci comme une opportunité ou pas ?
• Yves Schmid Dornbierer, AntZéro
: Pour les petites sociétés comme la notre, cela peut être une opportunité, à condition que cela ne devienne pas une obligation.Cela dit, lorsque l'on regarde le monde iPhone, on se rend compte que l'AppStore n'est pas du tout un moyen de faire de la promotion, à part si l'on se retrouve dans les applications "recommandées" d'Apple (ce qui est totalement imprévisible). Cela peut être un plus, mais pas une solution unique pour promouvoir et vendre un logiciel.
• Elodie, VinotekaSoft
: Nous nous y attendions un peu étant donné qu'Apple avait laissé quelques indices depuis plusieurs mois. Nous pensons que c'est un canal de distribution supplémentaire pour les logiciels de la plateforme Mac et une manière d'offrir davantage de visibilité aux éditeurs de logiciels de cette plateforme.• Raphael Sebbe, Creaceed
: C'est intimidant. C'est certainement une opportunité, un canal de distribution supplémentaire avec la valeur ajoutée Apple. Cela peut apporter certaines facilités pour l'utilisateur (centralisation des apps, paiement aisé), il se peut que la visibilité soit bonne pour le développeur (mais l'inverse est possible aussi, cf. visibilité App Store iPhone qui est quand même assez mauvaise).Sur le plus long terme, il y a cependant la crainte que cela devienne l'unique réseau de distribution, fermé, opaque..
• Frédéric Bayle, iSort
: La grande différence entre un Mac et un iPhone, c'est que sur le Mac, le jailbreak n'est pas nécessaire. Autrement dit, si l'on n'est pas d'accord avec l'idée du Mac App Store, ou si l'on désire vendre une application qui ne respecte pas les préceptes établis par Apple, on n'est pas obligé de passer par ce canal. Du coup, les développeurs Mac ont un choix que les développeurs iOS n'ont pas. Compte tenu des contraintes de l'App Store, et notamment du très gênant délai d'approbation, je ne suis pas certain que tous se jettent dessus. D'un autre côté, l'App Store a permis aux petits de rivaliser à armes égales avec les grands, alors peut-être que certains choisiront d'oublier les défauts du système.• Vincent Dondaine, Bulkypix
: C’est une excellente nouvelle pour tous les développeurs de jeux et d’applications iOS. C’est une évolution tout à fait logique. Les gens sont désormais habitués à l’ergonomie de l’Appstore et on retrouve sur Mac tous lesingrédients nécessaires pour une expérience utilisateur optimale, un super écran et une interface tactile. Il ne manquait plus qu’une boutique digne de ce nom pour trouver du contenu sur Mac. C’est chose faite. Le marché existe déjà car il va juste nécessiter une
mise à jour d’OS. Des millions d’utilisateurs vont pouvoir se jeter sur le store. Et je peux vous garantir qu’ils vont pouvoir se jeter sur les jeux Bulkypix.
• Romain Goyet, Applidium
: L'élément à retenir du Mac App Store est que, contrairement à l'App Store iOS, il n'est pas a priori présenté comme le seul moyen de distribution d'applications sur Mac (sans surprise, le contraire ne serait jamais passé).Je pense que le Mac App Store est une très bonne opportunité pour l'éco-système Apple, en particulier celui des développeurs indépendants. En revanche, je pense que l'offre proposée ne cadre pas avec les logiciels plus "sérieux", pour plusieurs raisons (que je vais détailler dans mes réponses aux questions suivantes).
• Eric Brunelle, Antidote
: Le succès phénoménal de l'App Store laisse penser que le Mac App Store constituera lui aussi une mine pour les développeurs, en particulier les moins connus, dont les applications sont plus difficiles à découvrir. Cette meilleure visibilité, cette plus large diffusion, sont des aspects positifs. Mais il y a de nombreux dangers en contrepartie. D'abord, contrairement à l'App Store, le Mac App Store n'arrive pas dans le vide: il y a déjà des réseaux de distribution de logiciels en place, tant "en dur" que sur le Web. L'un des plus grands dangers serait de tuer ces réseaux, alors que le Mac App Store ne couvrira pas tous les besoins, comme on va le voir ci-dessousEst-ce de nature à changer le paysage applicatif sur Mac ?
• Yves Schmid Dornbierer, AntZéro
: Pas pour les poids lourds comme Adobe et autres, mais sans aucun doute pour les petites structures. Le risque c'est de voir disparaître toutes les applications qui ne correspondent pas aux standards d'Apple. Mais bon on reste dans un modèle quand même plus ouvert que dans le monde iPhone.• Elodie, VinotekaSoft
: Pas vraiment, les éditeurs de logiciel peuvent toujours vendre via le canal de distribution classique, le leur et rester avec leurs distributeurs s'ils le désirent. La seule chose, c'est que les utilisateurs Mac iront avant tout voir sur le Mac AppStore, autant donc faire en sorte que cette première impression soit la bonne.• Raphael Sebbe, Creaceed
: Il est probable que de nouveaux développeurs débarquent de l'iPhone, avec des idées nouvelles, etc. Mais le gros risque associé est une inondation de crapware qui étoufferait le paysage des applications sur Mac, et nivelle tout par le bas. C'est un peu irrespirable sur iPhone, pour s'en convaincre, il faut juste essayer de trouver une bonne application qui fait quelque chose de précis. Pas facile (impossible?)... C'est le piège qu'il faut éviter.• Frédéric Bayle, iSort
: Je ne pense pas. Certaines applications seront plus simples à trouver, mais celles qui ne rentrent pas dans le cadre garderont le système de distribution actuel. Je vois mal les grandes compagnies comme Adobe ou Microsoft vendre leurs logiciels sur ce store, en perdant un certain contrôle sur ce qu'ils ont le droit de faire, et en octroyant, en prime, 30% de la vente de leurs logiciels à Apple... Sans parler de la communauté de l'Open Source, qui n'y mettra certainement pas les pieds.• Vincent Dondaine, Bulkypix
: Oui totalement, c’est un bouleversement, car dans quelques mois des dizaines de milliers d’applications seront disponibles pour les utilisateurs de Mac. C’est une totale inversion de tendance. Le PC va devenir has been ! Il faut cependant apporter une nuance, il perdurera deux marchés distincts. Les applications ou logiciels avancés ne passeront pas de mon point de vue par le mac App Store (tels que les logiciels professionnels de musiques, dessins…)Le mac Appstore va révolutionner l’accès aux jeux. Bénéficiant potentiellement du catalogue conséquent déjà présent sur iPhone et iPad, c’est un succès assuré. A quand les applications sur l’Apple TV ;-)
• Romain Goyet, Applidium
: Avec un peu de chance, cela devrait favoriser le développement "indie". Je suis toutefois un peu craintif quand à la qualité des logiciels proposés. Au début je pense que la qualité sera vraiment très bonne, mais j'ai peur qu'avec le temps on assiste à une prolifération d'applications médiocres à un euro (un petit peu comme à une période sur l'AppStore). Mais Steve a dit "We don't need another fart application", donc peut-être qu'il y aura un filtrage plus sérieux.• Eric Brunelle, Antidote
: À mon avis, oui. Il devrait y avoir rapidement plus d'applications, dans plus de domaines; on n'a qu'à songer à tous ces nouveaux développeurs déjà sur l'App Store pour l'iPhone et l'iPad, qui connaissent déjà Cocoa et le Store. L'un des changements que nous craignons, toutefois, est la dévaluation des logiciels. Il y a une incroyable fuite vers le bas sur l'App Store, qui fait que des gens à priori raisonnables utilisent des termes comme "cher" et "exorbitant" pour des logiciels à 5 ou 10 euros! Or le prix des logiciels pour Mac est bien supérieur. Il faut le dire: si le Mac App Store a pour effet de décimer le prix des logiciels, la qualité et la pérennité en pâtiront. Malheureusement, Apple elle-même donne le mauvais exemple, en réduisant sa suite iWork à 45 euros; elle peut se le permettre: elle n'a pas à se couper des 30 % de frais de Store, et elle fait son beurre sur le matériel de toute façon.Que pensez-vous des restrictions mises en place par Apple ?
• Yves Schmid Dornbierer, AntZéro
: C'est toujours délicat, surtout du point de vue des logiciels concurrents à ceux d'Apple. Maintenant tant que l'on peut utiliser d'autres canaux de distribution (ce qui n'est pas le cas pour l'iOS), cela reste acceptable.• Elodie, VinotekaSoft
: Ce sont sensiblement les mêmes que celles mises en place pour l'AppStore, donc pour les éditeurs habitués à soumettre des applications iPhone/iPod Touch/iPad, c'est un peu la même chose. Leur système est fermé et leur est propre, il est assez restrictif mais c'est le leur, donc si on veut en faire partie, pas le choix que de s'y soumettre (rien ne nous oblige à en faire partie). C'est le même débat que lors de l'ouverture de l'AppStore...• Raphael Sebbe, Creaceed
: Pour celles qui ont pour vocation d'augmenter la qualité, j'espère qu'elle seront appliquées. Mais d'autres clauses sont imprécises et sujettes à interprétation, et cela est évidemment problématique.Il y a aussi des incohérences dans ces restrictions; certaines ne reconnaissent pas la spécificité de Mac OS: pas de pref panes, pas de plugin, etc.
• Frédéric Bayle, iSort
: Certaines étaient ridicules sur iOS, elles le sont tout autant sur le Mac. La différence, encore une fois, c'est que, dans ce cas, les développeurs ont le choix de ne pas y aller, sans pour autant se retirer de notre plateforme.• Vincent Dondaine, Bulkypix
: Rien d’étonnant pour l'éditeur de jeux iOS que nous sommes. Nous sommes en terrain parfaitement connu, puisque c’est la même chose. On adhère ou pas, cela peut paraître excessif mais dans les faits Apple sait se montrer souple pour ne pas rendre ses limites complètement ridicules.Il y a juste des gardes fou et il ne faut pas oublier que l’App Store est une boutique pour toute la famille très simple d’utilisation, il faut donc protéger le jeune public d’un certain contenu qui demeurera accessible par tout moyen classique.
• Romain Goyet, Applidium
: Rien de bien surprenant, on n'est pas très loin de celles en vigueur sur l'App Store iOS. J'aurais été étonné qu'il en soit autrement !• Eric Brunelle, Antidote
: Elles sont similaires à celles pour l'iPhone et l'iPad. Et quoi qu'en pensent certains développeurs, je crois que le gage de qualité qu'apporte le filtre d'Apple n'est pas étranger au succès de l'App Store: on achète avec plus de confiance. Mais le Mac OS a toujours été plus ouvert que l'iOS, et ces restrictions excluront d'emblée plusieurs logiciels pourtant fort populaires, à commencer par notre propre Antidote HD. C'est pourquoi il faudra tout faire pour éviter que le Mac App Store devienne le seul point d'achat de logiciel reconnu par le public. Idéalement, nous préfèrerions qu'Apple lève les restrictions techniques qui bloquent Antidote afin que nous ayons le choix d'utiliser le Mac App Store ou non.Avez-vous l'intention de placer vos logiciels sur la boutique ?
• Yves Schmid Dornbierer, AntZéro
: Trop tôt pour le dire.• Elodie, VinotekaSoft
: Nous allons y réfléchir et voir si c'est possible techniquement.• Raphael Sebbe, Creaceed
: On y réfléchit. C'est à double tranchant.• Frédéric Bayle, iSort
: Je ne développe pas d'applications sur Mac.• Vincent Dondaine, Bulkypix
: Absolument ! Je dirai que c’est « The place to be » pour rencontrer de nouveaux joueurs. L’Appstore est une montagne de créativité et de nouveaux concepts de jeu que les utilisateurs de mac vont bientôt pouvoir découvrir ou redécouvrir.Nous sommes déjà au travail pour être présents très rapidement sur cette nouvelle plateforme, avec trois jeux à court terme. Je laisse planer le suspense sur les titres.
• Romain Goyet, Applidium
: Pourquoi pas. Cela dit, ce serait peut-être cautionner un mécanisme que je ne trouve pas forcément très sain. En effet, si le Mac App Store connait le succès qui l'attend, la question du "mais pourquoi telle application n'est pas sur le Mac Store ?" se posera. De fait, les utilisateurs n'auront plus le réflexe d'aller chercher sur le net leurs applications. Et je trouve cela relativement ennuyeux - tout d'abord parce qu'Apple aura encore plus la main mise sur les softs tournant sur sa plateforme. Ensuite et surtout, je trouve que l'AppStore est bien, mais pas parfait. En effet, sur les appareils iOS, l'application AppStore est relativement adaptée à un usage en mobilité. Sur iTunes en revanche, l'interface est assez pauvre, avec une mise en avant arbitraire par Apple, et un "TOP 10" qui est un peu "tout ou rien". Mais après tout le Mac App Store sera une application dédiée, donc peut-être que nous aurons droit à une interface plus adaptée à un environnement de bureau !• Eric Brunelle, Antidote
: Pour le moment, ce n'est pas possible à cause des restrictions d'Apple. Techniques, d'abord, mais commerciales aussi: le Mac App Store coupe tout lien entre notre clientèle et nous. Nous ne pouvons même pas répondre à leurs questions et commentaires sur le Store! Nous tenons absolument à conserver un lien avec notre clientèle, parce qu'Antidote est un logiciel complexe qui évolue constamment. Avec le mode de distribution actuel, nous établissons ce lien d'abord par un code d'activation et ensuite par la qualité de notre service après-vente. Or Apple interdit l'usage de codes d'activation. C'est aussi la perte de ce lien qui nous empêche de créer des mises à niveau payantes, qui constituent pourtant une part importante de nos revenus et qui soutiennent notre développement continu.Pensez-vous qu'à terme le Mac App Store concentrera la logithèque Mac à un seul endroit où que de nombreux logiciels resteront à aller chercher sur l'internet ?
• Yves Schmid Dornbierer, AntZéro
: Je pense que la plupart des logiciels se retrouveront sur l'AppStore.• Elodie, VinotekaSoft
: Difficile de savoir quel point cela va influencer les logiciels de la plateforme Mac à long terme...• Raphael Sebbe, Creaceed
: Il est possible que les applications les plus populaires s'y retrouvent. Cependant, les grosses boîtes préfèreront savoir à qui elles vendent leurs produits. Je vois mal Adobe ou Microsoft vendre toutes leurs apps au travers d'Apple. Peut-être les apps grand public, et encore...Mais ce modèle n'est peut-être qu'une transition vers un App Store qui serait le seul moyen de distribuer sur Mac. Qui sait ce qu'Apple a derrière la tête...
• Frédéric Bayle, iSort
: Non, je ne pense pas. Le formatage imposé sortira de facto certaines applications de ce store, mais déplaira aussi probablement à certains développeurs. Il me semble évident, pas exemple, que Firefox, pour ne citer que ce logiciel, ne sera pas disponible de sitôt sur le Mac App Store.• Vincent Dondaine, Bulkypix
: Je pense qu’il restera toujours deux marchés. Les logiciels pointus, spécialisés ou professionnels vont difficilement trouver leur place dans ce système. Il y aura par contre des applications proposant un service efficace et instantané, peut être moins en profondeur mais plus accessible à l’ensemble de la famille. Le mac va devenir un hub familial de jeu.• Romain Goyet, Applidium
: Je pense que le Mac App Store ne contiendra jamais la quasi-totalité des applications. Je peux me tromper, mais voilà mes deux raisons :- Tout d'abord et de fait, certaines applications ne sont tout simplement pas compatibles avec la licence du Mac App Store.
- Enfin et surtout, reste le problème des 70%. Pour un développeur indépendant ,cela peut faire sens d'acheter une boutique en ligne et de la visibilité contre 30% de ses revenus - car c'est de ça dont on parle, finalement. En revanche, cela devient clairement beaucoup demander pour des logiciels plus "gros". Je doute ainsi que Microsoft soit prêt à céder 30% des revenus de la suite Office pour une simple présence sur le Mac App Store. Idem pour la suite Adobe par exemple, et dans un cas plus général pour tous les logiciels générant un chiffre d’affaires important. Comment envisager dès lors de devenir un "standard" de distribution sans l'accord des acteurs majeurs ?
• Eric Brunelle, Antidote
: Le risque d'une telle concentration est très grand. Même si certains développeurs préfèreront rester hors du Mac App Store (ou n'y seront simplement pas admis), la clientèle pourrait ne plus vouloir quitter le confort et la sécurité de celui-ci. Si les restrictions ne changent pas, il faudra absolument que nous réussissions à conserver un autre canal de vente de logiciels. J'aimerais beaucoup, en particulier, que le précieux réseau de partenaires que nous avons construit au fil des ans puisse continuer son excellent travail, tant auprès du grand public que des entreprises.La gestion des licences comme sur iOS est-elle adaptable à tous les logiciels ?
• Yves Schmid Dornbierer, AntZéro
: Je ne pense pas. Mais sans doute que les logiciels qui ne correspondent pas à ce modèle trouveront d'autres canaux de distribution. Le risque c'est que l'AppStore devienne une norme absolue, pas forcément imposée par Apple, mais par le choix des consommateurs.• Elodie, VinotekaSoft
: Cela dépend comment est conçu le logiciel à la base. Chaque éditeur doit évaluer la faisabilité en fonction de son/ses logiciel(s).• Raphael Sebbe, Creaceed
: Non, pas du tout.Dans notre approche (et c'est le cas pour beaucoup d'autres développeurs Mac), nos applications ont un cycle de vie. Des updates majeurs sont proposés tous les ans (ou 2 ans), updates qui nécessitent un travail conséquent. Nous recontactons alors nos clients en leur proposant une mise à jour à tarif réduit pour avoir accès aux nouvelles fonctions. Dans le modèle App Store, ce n'est pas possible. Soit le client est lésé (il paye le prix plein à chaque fois), soit le développeur est lésé (il n'est pas rémunéré pour les updates). Cela n'encourage pas le développement d'applications de qualité, qui évoluent, mais favorise plutôt les one-shots, achats impulsifs.
D'autre part, le modèle le plus répandu sur Mac est de proposer une version démo de l'app, l'utilisateur l'essaie et si elle lui plaît, il peut l'acheter. Cela n'est pas prévu dans l'App Store. Donc cela implique que les prix de vente soient plus bas, et cela crée de la frustration chez le client qui achète qq chose qui ne lui convient pas.
• Frédéric Bayle, iSort
: Probablement pas. Sur l'App Store, vous ne pouvez pas proposer une mise à jour à un tarif préférentiel pour les possesseurs de la version précédente de votre logiciel : c'est soit gratuit, soit plein pot. A mon avis, c'est l'un des nombreux problèmes de ce Store.• Romain Goyet, Applidium
: Sans aucun doute, il y aura certains logiciels pour lesquels cela ne conviendra pas, mais je pense que la solution proposée devrait satisfaire une majorité de clients.• Eric Brunelle, Antidote
: Pas au nôtre, en tout cas, pour les raisons mentionnées ci-dessus.D'autres pensées sur le sujet ?
•Elodie, VinotekaSoft
: Si certains pensaient ralentir ou s'ennuyer, ce n'est pas pour cette fois :-) Encore de quoi faire pour les prochains mois !• Raphael Sebbe, Creaceed
: Il y a des désagréments à prévoir:- Le piratage risque fort d'augmenter, car les mécanismes prévus par les développeurs seront retirés. On le constate sur iPhone.
- Le développeur n'a plus accès aux données clients. Plus d'offres promotionnelles, plus de bundle...
- Pas de version démo des apps -> frustration du client
- Part d'Apple trop élevée: en Europe, le développeur ne touche réellement que 50% du prix de vente TTC ( (Sur le ratio de répartition des ventes App Store 30%/70% (Apple/développeur). En pratique, pour une vente sur le Tier 100 (100$), 80€ TTC, soit 60 HTVA, c'est 70% de 60€, soit 42€, qui sont versés au développeur. Donc voila, Tier 100 -> 42€. C'est relativement peu face aux systèmes de vente en ligne tels Plimus, FastSpring... qui donnent + de 90% du prix défini). C'est trop peu, et a fortiori si les prix sont tirés vers le bas.
On espère bien sûr être agréablement surpris par ce Mac App Store, il faut qu'Apple table sur la qualité, c'est très important... Ca, plus quelques correctifs de jeunesse (possibilité de versions démos, gestion des updates majeurs), et cela pourrait devenir intéressant.
• Frédéric Bayle, iSort
: Je ne suis vraiment pas sûr que cet App Store s'imposait. Sa rigidité ne me semble vraiment pas adaptée au Mac.• Vincent Dondaine, Bulkypix
: C’est avec grand enthousiasme que nous avons accueilli cette nouvelle extension de l’univers iOS. C’est dans la logique des choses : Eduquer les consommateurs puis leur offrir une plus grande richesse de périphériques avec une expérience utilisateur similaire.De mon point de vue la prochaine extension logique est de faire interagir tout cela avec l’Apple TV, pour jouer et disposer de toutes les applications dans son canapé.
Reste un obstacle à dépasser, l’ergonomie, mais connaissant Apple ce sera excellent à n’en pas douter.
• Romain Goyet, Applidium
: Je suis très curieux de voir l'avenir réservé au Mac App Store. Par exemple, à moyen terme, ne deviendra-t-il pas un medium "semi-exclusif" (une appli sur le Mac App Store ne peut pas être distribuée ailleurs) ? Pire, complètement fermé (i.e. la seule source d'application sur Mac) ?Un grand merci à tous pour ces réponses de qualité