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Steve Jobs sur Apple et ses concurrents

Par Arnaud Morel - Publié le

Surprise, surprise ! iPapy en personne est venu discuter des résultats d'Apple lors de l'annonce de ceux-ci. Habituellement, je ne participe pas aux conférences d'annonce de résultats, car vous êtes dans les mains très capables de Tim (Cook) et Peter (Oppenheimer). Mais je n'ai pas pu résister à venir vous annoncer moi-même notre premier trimestre à plus de 20 milliards de dollars. Et j'ai envie de vous parler de certaines choses. Et de fait, Steve Jobs va parler, longuement, et sans détours, des compétiteurs d'Apple et des failles de leur modèle.


RIM facilement battu



Steve Jobs sur Apple et ses concurrents
Nous avons vendu 14,1 millions d'iPhone sur ce trimestre, ce qui représente une croissance de 91 % par rapport à l'année dernière, et est très au-dessus des dernières estimations d'IDC tablant sur 64 % de croissance. Et nous avons facilement battu RIM et ses 12,1 millions de Blackberry vendus sur ce trimestre, celui-ci se terminant en août.

Nous avons désormais dépassé RIM. Et je ne les vois pas nous rattraper dans un futur prévisible. Ils doivent dépasser leur espace de force et de confort et débarquer sur le territoire plus hostile en devenant une entreprise de logiciels. Je pense que c'est un sacré défi pour eux de créer une plate-forme compétitive et de convaincre les développeurs de créer pour une 3e plate-forme après iOs et Android. Avec 300 000 applications sur l'App Store, ils se retrouvent devant une bien haute montagne à gravir
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Android et la fragmentation



Steve Jobs sur Apple et ses concurrents
Et Google ? La semaine dernière, Eric Schmidt a redit qu'ils activaient 200 000 téléphones Android par jour et disposaient de 90 000 logiciels dans leur app store. À titre de comparaison, Apple a activé environ 275 000 périphériques iOS par jour sur les 30 derniers jours, avec des pointes à presque 300 000 par jour sur certains de ces jours. Et Apple a 300 000 applications dans son AppStore.

Manque de chance, il n'y a pas de données solides sur le nombre de téléphones Android vendus chaque trimestre. Nous espérons que les constructeurs vont bientôt rapporter leurs chiffres de vente mais ce n'est pas le cas aujourd'hui. Gartner a estimé à 10 millions le nombre de smartphone Android vendus sur le trimestre de juin, et nous attendons de voir qui de l'iPhone ou d'Android sera le vainqueur de ce dernier trimestre/

Google aime se définir comme "ouvert", et iOs et l'iPhone comme "fermés". Nous trouvons ça plutôt déplaisant et de nature à cacher les vraies différences entre nos deux approches. La première chose à laquelle la plupart d'entre nous pensent lorsqu'on parle d'ouvert, c'est Windows (NDR: uh ?), qui est disponible sur une grande diversité d'ordinateurs. À la différence de Windows, cependant, où la plupart des Pc utilisent la même interface et peuvent faire fonctionner les mêmes applications, Android est très fragmenté. La plupart des intégrateurs, y compris les deux plus significatifs, HTC et Motorola, installent leur propre interface graphique pour se distinguer de l'expérience classique Android. À l'utilisateur de se débrouiller. Comparez ça avec l'iPhone, où chaque téléphone fonctionne à l'identique.

Un client Twitter (NDR Tweetdeck) est récemment sorti pour Android. Les développeurs ont expliqué avoir dû se débrouiller avec plus d'une centaine d'Android différents et 244 modèles différents de téléphone. Ces multiples itérations logicielles et matérielles mettent le développeur dans une position inconfortable. De nombreuses applications Android ne fonctionnent que sur certains téléphones. Et ceci, c'est pour des téléphones vendus il y a moins d'un an ! Comparez avec l'iPhone, où il n'y a que deux versions du logiciel, l'actuelle et la version 3.2.

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En plus du marché applicatif d'Android, Amazon, Verizon et Vodafone ont tous annoncé qu'ils allaient créer leur propre app store pour Android. Il y aura donc au moins 4 app store sur Android, que les utilisateurs devront couvrir pour trouver leur application et avec lesquels les développeurs devront travailler pour proposer leur logiciel et être payés. Ça va être un sacré bazar, pour les utilisateurs et les développeurs.

Ça contraste avec le système intégré de l'AppStore d'Apple, qui propose la plus vaste et la plus simple boutique mondiale chargée sur tous les iPhone. L'AppStore a environ 3 fois plus de logiciels et offre aux programmeurs une boutique unique pour proposer leur logiciel facilement et être payés efficacement.

Vous savez, même si Google était dans le vrai avec son "ouvert" contre "fermé", il est utile de se rappeler que les systèmes ouverts ne gagnent pas toujours. Prenez le "play for sure" de Microsoft, leur stratégie en matière de musique qui utilise le modèle Windows, utilisé par Android, et sépare logiciel et matériel. Même Microsoft a finalement abandonné cette stratégie "ouverte" et a copié le modèle d'Apple avec leur Zune, laissant malheureusement les fabricants de périphériques play for sure sur le bord de la route. Google a flirté avec cette approche avec son Nexus One.

En vérité, je pense que l'argument ouvert contre fermé n'est qu'un écran de fumé qui essaye de cacher le vrai problème : "qu'est-ce qui est le mieux pour le client : fragmenté ou intégré". Nous pensons qu'Android est très, très fragmenté et que cette fragmentation augmente chaque jour. Comme vous le savez, Apple pousse le modèle intégré pour que l'utilisateur ne soit pas obligé d'être un administrateur système. Nous voyons beaucoup d'avantage à ce qu'Apple soit l'administrateur système et pas l'utilisateur. C'est une grande force par rapport à Google : quand nous vendons à un client qui veut juste que son produit marche, nous pensons que l'intégré triomphe à chaque fois du fragmenté.

Et nous pensons aussi que nos développeurs seront plus performants à s'adresser a une plate-forme unique plutôt qu'à une plate-forme fragmentée. Ils peuvent mettre leur innovation dans les fonctionnalités plutôt que tester leur logiciel sur des centaines de téléphones. Nous sommes donc très dévoués à l'approche intégrée, peu importe si Google veut la qualifier de "fermée". Et nous pensons que nous triompherons de Google, peu importe le nombre de fois où Google qualifiera sa méthode d'ouverte.


Tablettes



Maintenant, j'aimerais vous parler de la "déferlante" de tablettes à laquelle nous allons assister dans les prochains mois.

D'abord il s'agit plus d'une poignée de compétiteurs crédibles que d'une vraie déferlante.

Ensuite, la plupart d'entre eux utilisent un écran de 7", comparé aux presque 10" de l'iPad. Commençons par là.

On penserait, logiquement, qu'un écran de 7" proposerait 70% de l'affichage d'un écran de 10". Manque de chance, ce n'est pas le cas : la mesure d'écran est une diagonale, donc un écran de 7" affiche 45 % de ce qu'affiche un 10". Vous m'avez bien entendu : 45 %.

Si vous prenez un iPad en mode portrait et divisez son écran en deux, vous obtenez un écran un peu plus grand qu'un 7". Nous pensons que cette taille n'est pas suffisante pour créer de bonnes applications.

On pourrait augmenter la résolution de ces écrans pour combler cette différence. Mais il faudrait alors que les utilisateurs puissent faire rétrécir leur doigt pour l'utiliser !

Apple a fait beaucoup de tests d'interface durant de nombreuses années, et nous comprenons bien ce domaine. Il y a des limites claires à la taille des objets sur un écran pour qu'ils puissent être saisis et manipulés via une interface tactile. C'est la raison clef pour laquelle nous pensons que 10" est la taille minimale pour créer une bonne tablette.

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En troisième lieu, chaque utilisateur de tablette est aussi un utilisateur de smartphone. Aucune tablette ne peut être compétitive sur le plan de la portabilité par rapport à un smartphone. Abandonner de l'espace écran au profit de la taille, pour une tablette, est donc sans sens.

Les tablettes de 7" sont assises entre deux chaises : trop grosses pour être aussi portables qu'un téléphone, trop petites pour être compétitives face à un iPad.

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En 4e lieu, presque toutes ces tablettes utilisent Android, même si Google leur dit de ne pas utiliser leur version actuelle, "Froyo", et d'attendre la sortie d'un Android spécial tablette au début de l'année prochaine. Qu'est-ce que ça veut dire quand un éditeur vous dit de ne pas utiliser son logiciel et que vous le faites quand même ?

5e, l'iPad a déjà 35 000 logiciels adaptés. Ces nouvelles tablettes n'en auront aucun ou presque.

6e et dernier point : nos concurrents ont du mal à approcher seulement le prix de l'iPad, même avec leur écran plus petit et moins cher. L'iPad intègre tout ce que nous avons appris à propos de la fabrication d'objets de valeur, nos iPhone, iPod et Macs. Nous avons créé notre propre processeur A4, notre propre logiciel, notre propre chimie en matière de batterie, notre propre coque, notre propre tout. Et le résultat est un produit incroyable à un prix incroyable.

La preuve se trouvera dans le prix de nos concurrents, qui proposeront moins pour plus cher. C'est pourquoi nous pensons que les prochaines tablettes 7" seront MAA, mortes à l'arrivée. Leurs fabricants vont apprendre la leçon cruelle que leur tablette est trop petite, et augmenter leur taille l'an prochain, abandonnant de fait leurs premiers clients et leurs premiers développeurs avec un lot sans utilité de tablettes 7". Beaucoup d'amusement en perspective !


L'iPad et la cannibalisation



L'iPad va clairement avoir un impact sur les ventes de notebook. Ce n'est pas une question de "si", mais une question de "quand". Et je pense qu'il y aura de nombreux développements dans les prochaines années. Déjà nous observons un intérêt énorme pour l'iPad, du côté du monde éducatif et à ma grande surprise du côté business également. Nous n'avons pourtant pas appuyé fort à destination du monde de l'entreprise qui s'est pourtant emparé de l'iPad. Je parle tous les jours avec des gens dans des entreprises, toute sorte d'entreprises. Ils utilisent tous un iPad, des directeurs qui prennent leur iPad plutôt que leurs classeurs, aux infirmières, docteurs et hôpitaux, ou d'autres petites ou grandes entreprises.

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Donc plus le temps passe, plus je crois que nous avons un tigre dans notre moteur, un nouveau paradigme informatique qui s'appuie sur les dizaines de millions d'utilisateurs entrainés sur leur iPhone. Et ça aura un impact sur de nombreux aspects de nos vies, personnellement, en matière d'éducation et de business. Je vois l'iPad comme un périphérique général qui va devenir vraiment énorme. On peut discuter du timing mais je pense que plus personne ne peut contester que cette révolution est la.

Transcription originale de Macworld