Elon Musk va-t-il vraiment "sauver" les communications à Mayotte ?
Par Laurence - Publié le
de bienveillance dans les commentaires.
Quels besoins pour Mayotte ?
Bien souvent critiqué ces derniers temps pour la politisation de ses prises de position, force est de constater la présence d'Elon Musk sur tous les fronts ! Dans le cadre de son plan ambitieux
Mayotte debout, François Bayrou a annoncé le 30 décembre 2024 son intention de déployer 200 stations sur l’île. Ce projet répond donc à plusieurs besoins spécifiques.
Il s'agirait tout d'abord de renforcer les communications d’urgence. En cette période de gestion de crise (qu'il s'agisse de régler la question des catastrophes naturelles ou des pannes réseau), le système Starlink permettrait de maintenir un accès fiable aux appels, aux SMS et à Internet.
Il permettrait également d'améliorer l’accès à Internet dans un territoire où les infrastructures numériques restent largement insuffisantes. Les réseaux traditionnels à Mayotte sont souvent saturés ou indisponibles dans certaines zones. Starlink proposerait une couverture stable et immédiate, notamment dans les régions les plus isolées.
Pour rappel, la solution de Starlink -la filiale de SpaceX créée par Elon Musk- repose sur des satellites en orbite basse. Contrairement aux satellites traditionnels, situés à des milliers de kilomètres, ces derniers évoluent à environ 450 km d’altitude, ce qui permet des connexions rapides et fiables, avec une latence faible, et ce, même dans des zones isolées. L’entreprise exploite déjà une constellation de 6 300 satellites actifs (chiffre à mi-septembre 2024) et compte désormais plus de 4 millions d’utilisateurs à travers le monde.
A quel prix ?
Cependant, cette initiative soulève des questions de coût et d’accessibilité. Pour bénéficier de Starlink, chaque utilisateur doit s’équiper d’un terminal, actuellement vendu à 349 euros, auquel s’ajoute un abonnement mensuel. Ces tarifs pourraient constituer un obstacle pour les foyers les plus modestes de l’île, sauf si des subventions ou des aides sont mises en place.
Par ailleurs, le projet pose des défis techniques et environnementaux. Les satellites Starlink ont une durée de vie d’environ trois ans, nécessitant un renouvellement régulier, ce qui implique là encore des coûts importants. Et certains ne manqueront pas de souligner la pollution spatiale générée, un enjeu de plus en plus préoccupant (Steve Wozniak a d'ailleurs créé une start-up
Privateer Spacespécialisée dans le domaine).
Si ce déploiement est réalisé, il pourrait transformer l’accès au numérique à Mayotte. Cependant, son succès reposera sur une gestion rigoureuse des coûts et sur la sensibilisation des habitants aux usages numériques.
Un choix contesté par Orange
La décision du gouvernement de privilégier Starlink suscite une certaine frustration chez Orange, qui dit avoir rétabli 75 % de sa couverture mobile dans les zones les plus peuplées de Mayotte, telles que Mamoudzou, Pamandzi et Dzaoudzi. Et ce, en seulement 10 jours.
Laurentino Lavezzi, directeur des affaires publiques d’Orange, regrette au passage l’absence de reconnaissance pour les efforts dans le discours du Premier ministre. Il rappelle également que les équipes déployées sur place doivent gérer des défis logistiques majeurs, notamment la sécurisation de leurs habitations et l’accès aux ressources essentielles comme l’eau et la nourriture.
Notre Test sur Starlink