Pour Tim Cook, la collecte de données ne permet pas d'améliorer la qualité des produits
Par Didier Pulicani - Publié le
Dans une apparition à la télé américaine, Cook a évoqué plusieurs sujets, comme le stockage iCloud en Chine, la vie privée ou encore la censure politique autour du fameux cas d'Alex Jones, le conspirationiste tant décrié.
S'agissant des relations entre Apple et la Chine, critiquées par plusieurs politiciens américains, Cook a toutefois expliqué que les données stockées sur ses serveurs n'étaient pas plus faciles d'accès dans un pays que dans un autre
Ce n’est facile pour personne d'obtenir [ces données]. Je veux dire que c’est chiffré comme partout. [...] Il n’est pas plus facile d’obtenir des données d’un pays à l’autre.Cook oublie toutefois de mentionner que la Pomme est capable de déchiffrer une grande partie des données iCloud et que les lois sur l'accès à ces informations diffèrent largement d'un Etat à l'autre.
Toujours fervent défenseur des données personnelles, Cook a réitéré ses convictions autour de la vie privée
l’un des problèmes les plus importants du XXIe siècle.
Je ne suis pas un partisan de la réglementation, mais lorsque le marché libéral ne produit pas un résultat positif pour la société, vous devez vous demander ce que nous devons faire. Nous devons trouver un moyen de passer à la vitesse supérieure et de changer certaines choses. [...] Dans la conception des produits, nous nous mettons au défi de collecter le moins possible. Nous nous mettons au défi de les rendre non identifiables. Nous ne lisons pas votre courrier électronique, vos messages. Vous n'êtes pas notre produit. Ce n’est pas le métier dans lequel nous sommes.Et Cook de tacler indirectement Google, qui justifie l'exploitation de ces données pour améliorer ses produits, notamment en intelligence artificielle où la quantité d'informations recueillie a son importance.
Le discours selon lequel certaines entreprises essaieront de vous faire croire que «Je dois utiliser toutes vos données pour améliorer mes services.» Eh bien, n’y croyez pas. Qui que ce soit qui vous le dise - c’est un tas de conneries.
En août dernier, Apple était l'une des premières entreprises de technologie à prendre des mesures contre Alex Jones, retirant cinq podcasts
Infowarsde l'application Podcasts. Un mois plus tard, Apple a pris d'autres mesures contre Jones et a définitivement interdit l'application Infowars de l'App Store. Cook a expliqué que tout cela faisait partie des efforts d’Apple pour fournir aux utilisateurs une plate-forme gérée manuellement, allant d’un contenu
très conservateur à très libéral, ajoutant qu’Apple ne prenait pas de position politique.
Ce que les utilisateurs attendent de nous et que nous leur avons toujours fourni, est une plate-forme organisée. Nous pensons que ce que l'utilisateur veut, c'est quelqu'un qui examine ses applications, quelqu'un qui examine les podcasts, quelqu'un qui, comme sur Apple News, sélectionne les meilleurs articles. Et c’est ce que nous faisons. Nous ne prenons pas de position politique. Nous ne sommes pas orientés d’une manière ou d’une autre. Vous le constaterez à partir de ce que vous trouverez sur l'App Store, dans les podcasts, etc. Vous verrez tout, du plus conservateur au plus libéral. Et je pense que les choses doivent être ainsi.Là encore, chacun entendra ce type de discours d'une façon bien différente, Apple appliquant plusieurs formes de censure dans sa boutique -notamment autours des contenus jugés violents,
inappropriésou en rapport avec le corps humain.
Quant à une éventuelle entente autour de la censure d'Alex Jones (qui a pourtant été toléré pendant de nombreuses années, ndlr), Cook se défend de toute coordination :
Je n’ai même jamais eu de conversation sur [Alex Jones] avec d’autres sociétés de technologie. Nous prenons nos décisions de manière indépendante et j'estime que c'est important. Honnêtement.
Enfin, interrogé sur son pouvoir immense en tant que CEO d'Apple et à un éventuel successeur, voici ce que Tim Cook a répondu :
En termes de pouvoir, je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir le moindre pouvoir. Ce n’est pas ce que je regarde et ce que je pense du monde. [...] si vous regardez ce que Steve disait à ce sujet, c'est exactement ça, c’est dans notre culture. Je pense que la prochaine personne [à devenir CEO], du moins pas dans mon imagination, dira juste que le temps était venu d'évoluer.