Tesla et Stellantis font alliance, mais ça ne va pas vous envoyer du rêve
Par Vincent Lautier - Publié le
Une réglementation plus stricte en 2025
Depuis le 1er janvier 2025, les constructeurs automobiles sont soumis à des seuils d’émission de CO2 renforcés par la réglementation européenne. Les véhicules neufs doivent respecter une moyenne de 81 grammes de CO2 par kilomètre, soit une réduction de 15 % par rapport à 2021. En cas de dépassement, une amende de 95 euros par gramme supplémentaire et par véhicule est prévue.
Pour éviter ces sanctions, les constructeurs doivent augmenter la part des véhicules électriques dans leurs ventes. L’objectif est qu’un quart des modèles commercialisés en 2025 soient électriques. Sauf que voilà, ce marché reste en difficulté : en 2023, les voitures électriques représentaient seulement 15,5 % des immatriculations en Europe.
Comment fonctionnent les crédits d’émission ?
La réglementation européenne permet aux constructeurs en difficulté de former des « pools » avec des fabricants plus respectueux de l’environnement. Ces regroupements permettent de mutualiser les émissions moyennes des véhicules. Tesla, dont les véhicules 100 % électriques affichent des émissions nulles, peut ainsi vendre des crédits d’émission à des constructeurs comme Stellantis, Toyota ou Ford.
En intégrant ces crédits dans ses calculs, Stellantis peut réduire artificiellement sa moyenne de CO2 et éviter les lourdes amendes. De son côté, Tesla en tire un bénéfice financier important, estimé à près d’un milliard d’euros en 2025 grâce à ces ventes.
Une transition écologique ralentie
Si cette méthode est légale, elle suscite bien sûr de nombreuses des critiques. Selon plusieurs spécialistes, les constructeurs ont les moyens techniques de respecter les normes sans avoir recours à ces crédits, mais Stellantis privilégie la production de véhicules thermiques et hybrides à fortes marges au détriment de la transition vers des modèles électriques plus abordables. Cette stratégie, en retardant l’électrification, pourrait aggraver les inégalités. Les ménages modestes risquent de rester dépendants de véhicules thermiques plus anciens, plus polluants et plus coûteux à utiliser.
Les experts appellent à encadrer davantage ces rachats de crédits pour éviter que cela devienne un moyen systématique de contourner les objectifs. Les constructeurs devraient être obligés de justifier leurs efforts et de montrer pourquoi ils n’ont pas atteint leurs cibles. La réglementation européenne prévoit d’ailleurs un durcissement progressif : 49,5 g/km en 2030, puis zéro émission en 2035 pour les véhicules neufs. Ces évolutions doivent permettre d’accélérer la transition, mais elles reposent toujours sur l’engagement réel des entreprises.
Stellantis a choisi une solution à court terme pour éviter des amendes, mais la transition vers l’électrique reste inévitable à moyen et long terme.