Elon Musk se fait clasher par le plus grand fabricant de batteries au Monde
Par Vincent Lautier - Publié le
Les batteries 4680, un pari risqué ?
En 2020, Elon Musk annonçait fièrement ses batteries 4680, censées baisser les coûts de production de Tesla tout en boostant la capacité énergétique. Sur le papier, ça faisait rêver : cinq fois plus d’énergie pour 20 % de coûts en moins. Sauf que dans les faits, c’est bien plus compliqué. Production instable, pertes énormes (70 à 80 % des cathodes lors des tests), batteries qui s’effondrent sur elles-mêmes… Bref, pas vraiment la révolution espérée.
Robin Zeng, le fondateur de CATL – le plus grand fabricant de batteries au monde – n’y croit pas une seconde. Lors d’une rencontre avec Musk en avril dernier, il a été cash : “Ça ne marchera jamais.” Selon lui, Musk ne maîtrise pas l’électrochimie, mais il “est bon pour les puces, le hardware, les trucs mécaniques.” Ça pique.
Elon Musk, roi des délais intenables
CATL équipe déjà des Tesla en Chine, mais avec des batteries LFP (phosphate de fer et lithium), moins performantes mais beaucoup plus fiables et faciles à produire en masse. Zeng mise sur la sécurité et la simplicité, là où Musk veut innover coûte que coûte. Problème : les innovations de Tesla peinent à tenir leurs promesses.
En interne, Musk a même fixé une deadline à son équipe pour régler les problèmes des 4680 d’ici fin 2024. Mais Zeng n’est pas impressionné. Selon lui, ces batteries n’atteindront jamais leurs objectifs. Et le comble ? Elles équipent aujourd’hui le Cybertruck, soit le modèle le plus cher de Tesla. Niveau économies, on repassera.
Autre point de friction : les délais. Robin Zeng accuse Musk d’annoncer des timelines irréalistes juste pour motiver ses équipes. “Peut-être que ça prend cinq ans, mais lui dit deux ans. Je lui ai demandé pourquoi. Il m’a répondu que c’était pour pousser les gens.” Du Musk tout craché. Mais cette stratégie, on la connaît bien chez Tesla : Roadster toujours aux abonnés absents, taxis autonomes repoussés à 2026… Et pour revenir aux batteries 4680, elles sont toujours en développement malgré leur lancement annoncé depuis des années.
Alors, échec ou vision à long terme ?
Les batteries 4680 divisent. Pour Musk, c’est une étape nécessaire vers des véhicules électriques moins chers et plus performants. Pour Zeng, c’est une impasse coûteuse. En attendant, Tesla continue d’essuyer les plâtres pendant que CATL multiplie les contrats avec d’autres constructeurs. On verra si Musk prouve encore une fois que ses paris fous finissent par payer… ou si cette fois, la réalité le rattrape. Pour l’instant, la bataille est loin d’être finie. Et comme dirait Zeng, croire Musk sur ses délais, “c’est un coup à attendre l’infini.”