Adele absente d'Apple Music : et si le streaming n'était qu'un vecteur de promo ?
Par Didier Pulicani - Publié le
Il faut dire que pour les jeunes générations, le streaming s'impose désormais comme source principale d'écoute de musique, et que ce choix de l'artiste peut alors être interprété comme un gros pied de nez à la modernité. On se rappelle qu'aux débuts d'iTunes, certains groupes diffusaient d'abord leur musique sous forme de CD avant d'arriver -très tardivement- sur la boutique d'Apple, bien moins intéressante financièrement. Aujourd'hui, une telle stratégie les feraient passer pour des troglodytes, et ne serait d'ailleurs plus vraiment rentable.
L'affaire Adèlea certainement dû émouvoir Jimmy Iovine et tous les VP de Cupertino, obligeant la firme à publier un communiqué laissant transpirer un bon niveau de frustration. On imagine qu'Eddy Cue a tenté le tout pour le tout afin d'éviter de répéter le scandale initié par Taylor Swift, la jeune femme se plaignant qu'Apple ne rémunère pas les artistes durant la période d'essai d'Apple Music. Cette fois, la négociation a certainement dû se montrer bien plus compliquée : comment parvenir à rémunérer autant la chanteuse lors de la lecture au titre que sur l'achat d'un album, dont le tarif est le même qu'un mois d'abonnement complet au service ? Totalement impossible ! Pas même pour la grande Pomme !
Sur ElectronLibre, notre camarade Emmanuel Torregano livre une analyse intéressante sur les raisons de ce choix. Pour ce spécialiste de la musique numérique, la jeune femme considérerait peut-être Apple Music comme une nouvelle forme de radiodiffusion.
Comme avant, la radio diffusait des singles, et les magasins proposaient l'album à la vente. Mais en 2015, la radio c'est le streaming.Reste évidemment la question tarifaire (la radio a toujours été gratuite), mais l'idée qu'Apple Music devienne une sorte de radio cryptée (payante mais sans pub) constitue une analogie intéressante.
Le noeud du problème n'est donc peut-être pas à chercher du côté d'Adèle, mais plutôt directement chez Apple. Imaginez si à l'avenir, les artistes du Top 100 imitaient cette stratégie ? Le calcul sera assez rapide pour les maisons de disques, dont on ne connait toutefois pas les contrats exacts qui les lient à la firme de Cupertino. Adèle a en effet signé chez XL Recordings, un label de musique indépendant qui conserve donc une certaine forme de liberté et qui peut se permettre un tel affront. Avant le lancement de son service, Tim Cook a certainement dû verrouiller cette possibilité avec les principaux acteurs du marché.
Que les clients d'Apple Music se rassurent, l'album d'Adele sera certainement disponible d'ici quelques mois sur la plateforme. Reste qu'au moment du renouvellement de leur abonnement, ces utilisateurs se montreront peut-être plus hésitants face à un service qui ne leur garantit désormais plus l'exclusivité ni l'intégralité d'accès au catalogue d'iTunes.
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