Le temps semble s'arrêter entre Bern et Cupertino ces dernières années. Pour mettre au point son Apple Watch, la société de Tim Cook espérait fraterniser avec la filière horlogère, qui s'est montrée quelque peu hostile à tout projets avec la Pomme. A écouter certains responsables, le savoir-faire et la réputation locale n'avait pas à craindre l'arrivée d'un américain hautain et inexpérimenté.
La grosse Pomme s'est donc contentée de débaucher en terre helvète et de fabriquer sa montre dans son coin. Ultime punition pour la Suisse, le pays ne fera pas partie de la première fournée, une attitude qui n'est pas nouvelle avec les produits Apple, mais l'on aurait pu imaginer Tim Cook plus taquin.
Après avoir regardé les projets d'Apple avec suffisance, les grandes marques horlogères changent tout à coup leur fusil d'épaule. Elmar Mock, co-fondateur du groupe Swatch (Omega, Longines, Tissot, Balmain...) s'est exprimé chez Bloomberg et son discours n'est pas très tendre avec nos amis suisses. Apple va avoir rapidement du succès [...] tout ce qui est vendu entre 500 et 1000 CHF est vraiment en danger [...] Je prédis une période glaciaire qui arrive vers nous. Mock fait l'analogie que beaucoup ont déjà citée, à savoir revivre la période de l'arrivée du quartz, qui a bien failli avoir raison de tout le marché suisse.
Pour autant, l'homme pense que tout n'est pas perdu et relativise. Nous avons la technologie, et l'industrie horlogère suisse n'a pas perdu la compétition. J'espère juste que le management de ces sociétés va réagir en conséquence. Apple ne mourra pas si sa smartwatch n'est pas un succès. Mais dans les 2/3 ans, une partie du marché suisse risque de souffrir de manière brutale..
La semaine prochaine démarre le BaselWorld, le plus gros salon mondial dédié à l'horlogerie. Pas sûr qu'Apple fasse le déplacement, mais la concurrence s'organise déjà...
