Test de l'Apple Watch Ultra (2022)
Par Didier Pulicani - Mis à jour le
Après avoir réorienté l'Apple Watch vers le sport et la santé, Apple assume enfin un positionnement plus
aventurieravec cette version Ultra, qui a enfin les épaules assez solides pour s'expatrier loin des villes. Mais la Pomme en a-t-elle fait assez ? Peut-elle réellement se frotter à Garmin ? S'agit-il d'une vraie baroudeuse ? Après une semaine sur nos poignets, il est l'heure du verdict : la réponse dans notre test !
En un coup d'oeil
Le test complet
Design : tout a grossi !
Depuis la Series 0, l'Apple Watch n'a que très peu changé : seul l'écran a vraiment grossi, elle s'est un peu affinée, mais rien de transcendant pour un produit qui fête déjà ses 8 années. L'arrivée d'un peu de fraicheur fait du bien, avec ces courbes plus affirmées, de quoi donner un léger coup de vieux au modèle classique, vous ne trouvez pas ?
Durant les activités sportives, il faut pouvoir interagir vite, qu'on ait des gants, les doigts humides, une combinaison de plongée ou de ski... La
couronne numériquechausse enfin les pneus 4x4, les crampons en avant et ne glisse plus entre les doigts boueux.
Enfin un écran utilisable !
L'écran de l'Apple Watch a toujours été un facteur limitant pour utiliser les interfaces tactiles. Même sur la version 45mm, je peine à taper sur ce petit clavier, j'écorche toujours l'icône de l'application voisine de celle que je devais lancer, et j'ai abandonné l'idée d'utiliser un plan... trop de perte de temps par rapport à l'iPhone. C'est sans doute cela qui a poussé de nombreux éditeurs à s'en désintéresser, faute d'usages.
Les 49mm de l'Ultra ne rendent pas la navigation aussi fluide qu'un iPhone 14 Pro Max, mais l'expérience est moins frustrante : taper un message, lire rapidement un mail, lancer une destination sur Plans deviendrait presque utilisable. Comme pour les téléphones, faire grossir les écrans a toujours du bon, d'autant qu'Apple ne fait que mettre au niveau sa montre aux standard (sportifs) du marché.
Plat et lumineux
Finie la face bombée, l'écran de l'Apple Watch Ultra est tout plat, ce qui est un peu déstabilisant au début, d'autant qu'il est cerclé par un cordon métallique très saillant, faisant office de protection. Après seulement quelques jours, j'ai déjà quelques marques et je me demande ce que donnera ces courbes taillées à la serpe et aussi exposées sur la durée !
L'autre révolution concerne la luminosité : en passant de 1000 à 2000 nits, l'Apple Watch Ultra est certainement la montre la plus lumineuse (en OLED) du marché ! Dehors, la différence est saisissante face à une Apple Watch Series 8 et même avec notre Garmin -pourtant d'un bon niveau également. En plein soleil, comme ici dans les calanques, jamais on a du protéger l'écran avec ses mains, pour faire un peu d'ombre.
Des matériaux haut-de-gamme... mais pas inédits
Verre en saphir (artificiel), boitier en titane... Ces matériaux haut-de-gamme sont à la fois légers et résistants, mais pas inédits. Notre Garmin Epix 2 offre exactement les mêmes caractéristiques (en
Edition Sapphire) que l'Apple Watch Ultra à un détail près : le dessous du boitier est en céramique, un matériau intéressant pour la connectivité et les capteurs, mais qui reste potentiellement fragile en cas de chute. Méfiance, donc.
Enfin, la bonne surprise vient du poids : seulement 61g, c'est à peine plus que la Garmin (56g), mais avec un bracelet très léger (comme la version Alpine), la montre n'est pas du tout gênante, même sur un petit poignet.
Un mode "commando"
Il fallait bien de nouveaux cadrans à cette Apple Watch, et surtout, quelques fonctions inédites. C'est le cas de ce
mode nuit, qui fait basculer toutes les interfaces en rouge via un petit tour de molette. Dommage que cela ne fonctionne qu'avec des nouveaux cadrans, et pas avec toutes les versions ! Il n'y a pas non plus moyen de l'automatiser... Un peu gadget, donc.
En revanche, j'aime bien ce nouveau cadran WayFinder, inédit, qui permet d'alterner entre les fonctions et la boussole. Avec ses huit complications, il est même hautement personnalisable.... à défaut d'être très lisible.
Ce qui manque est plutôt un travail sur les cadrans existants : pourquoi ne pas rajouter quelques lignes/colonnes dans un cadran modulaire par exemple ? On a l'impression qu'Apple empile les couches au lieu d'optimiser l'existant, surtout quand il fonctionne très bien.
Un bouton (presque) personnalisable
L'idée de ce gros bouton orange, bien large, bien visible de nuit, c'est tout ce qu'il manquait à l'Apple Watch ! Utilisable avec des gants, il a quand-même tendance à s'activer aussi un peu facilement -il aurait sans doute fallu rajouter des renforts sur les côtés, peut-être pour la v2 !
Démarrer une activité, mettre des points de repère, activer la lampe torche, le chronomètre, lancer une plongée... Les possibilités sont cependant limitées, et définies par Apple. Il n'est pas non plus possible de programmer ce bouton en fonction de l'activité : lancer la Torche la journée n'a aucun intérêt, et il n'est pas possible de l'utiliser pour lancer une app, genre Strava ou Nike+, chasse gardée par Cupertino !
Il est d'ailleurs assez ironique de voir qu'Apple lâche un peu le tactile pour des boutons, mais change le fonctionnement de la boussole : il faut aller cliquer dans les coins pour voir l'altitude ou les coordonnées GPS. Avant, un glissement de la molette était bien plus pratique !
Enfin, gros
big-uppour la lampe torche, avec ses 2000 nits sur 49mm, qui éclaire presque comme un iPhone ! Pour le coup, avec le raccourci sur le côté de la montre, plus besoin de prendre son téléphone pour se déplacer la nuit ! Vraiment génial !
2 capteurs pour les plongeurs
Inédit sur cette Ultra, Apple a rajouté deux capteurs bien pratiques pour les plongeurs : un profondimètre et un thermomètre -vraiment utilisable cette fois. Vous pouvez connaitre la profondeur et la température de l'eau à la moindre plongée -même dans votre baignoire.
On a testé la chose dans une petite piscine hors-sol de 1m30 de haut et à 20,1 degrés -dixit notre sonde IOPool. La montre indiquait 1m10 et 20 degrés, ce qui semble dans la fourchette acceptable de ce type de mesure. Même en piscine, c'est sympa de savoir la température de l'eau et à quelle profondeur on a réussi à plonger !
Un véritable ordinateur de plongée (à venir)
Durant la keynote, Apple a annoncé la sortie de l'app Oceanic+, un véritable petit ordinateur de plongé certifié, et déjà testé par la profession, aux USA. Pour le moment, l'app reste à l'état d'annonce, personne n'ayant réellement pu la tester.
Autour de nous, certains professionnels nous ont émis quelques réserves sur les capacités réelles de cette montre à remplacer réellement leur ordinateur de plongée. Les normes françaises et américaines, la possibilité (ou non) de connecter la montre aux bouteilles... il reste encore beaucoup d'inconnues. Il est d'ailleurs possible que l'app ne soit disponible qu'aux USA dans un premier temps et compatible qu'avec certains matériels.
3 micros décevants et une petite sirène
Vous l'avez vu dans la vidéo, l'arrivée de 3 micros et du beamforming n'améliore pas vraiment la qualité du son, ni la gestion du vent. C'est une promesse récurrente sur l'iPhone, qu'Apple n'arrive jamais à tenir ! En extérieur, le son est vite étouffé par la moindre brise, ce qui est vraiment gênant en randonnée.
Apple a également amélioré les haut-parleurs, avec une double enceinte bien plus performante pour les appels (c'est vrai), et qui permet même de lancer une petite sirène de 86dB, audible à 180m -dixit Apple.
En pratique, ce n'est pas vraiment le cas en extérieur s'il y a beaucoup de vent (comme dans les calanques lors de nos tests) mais ça fait son effet à petite distance. Encore une fois, je pense que vu l'usage, ça restera assez gadget, car dans une crevasse ou une avalanche, le son sera trop faible pour être entendu à plus d'une grosse trentaine de mètres -et encore.
Des accessoires toujours compatibles
Un galet propriétaire et pas très rapide
C'est la bonne nouvelle de l'année : l'Apple Watch Ultra ne brise pas l'écosystème de l'Apple Watch. Tout (ou presque) est compatible !
Elle est toujours livrée avec le galet propriétaire, avec un embout USB C certes, mais sans chargeur. Vraiment dommage qu'à 1000€, on n'ait pas un petit adaptateur dans la boite : prétexte écolo, qui permet à Apple d'économiser quelques euros sur le packaging.
Si votre chargeur offre une puissance correcte (au moins 20W), la montre passe de 0 à 80 % en 45 minutes environ et à 100% en 1H30. Rien de très rapide, donc, si vous oubliez de la charger le soir, difficile de partir au boulot avec plus de 30% de batterie...
Enfin, elle tient bien sur les Docks existants, que ce soit celui de Belkin ou le Duo d'Apple. Je n'ai eu aucun souci avec un seul accessoire (montre trop lourdre ou qui glisse), ce qui est rassurant pour ceux qui ont investit dans ces couteux supports.
Dommage, contrairement aux AirPods Pro 2 par exemple, que l'Apple Watch Ultra ne soit pas compatible MagSafe ET avec le galet ! Il ne faudra donc jamais oublier ce dernier avant de partir en week-end, sous peine de voir sa montre s'éteindre définitivement. Encore un câble de plus à mettre dans le sac, aux côté du MagSafe des MacBook Pro, du Lightning, de l'USB C et toutes les déclinaisons de l'USB !
Enfin des bracelets innovants !
Alors que les déclinaisons saisonnières des bracelets d'Apple Watch sont aussi originales que la nouvelle Golf de Volkswagen, on est heureux de retrouver enfin un peu d'innovation pour la version Ultra.
Déjà, premier constat, les bracelets sont (presque) interchangeables avec les modèles de 44 et 45mm. Ce n'est pas parfait, ça dépasse un peu si vous mettez un bracelet Ultra sur une Apple Watch Series 8, mais à peine ! L'inverse est également vrai, l'attache rentre légèrement dans le boitier, mais de loin, rien de bien méchant.
Apple propose seulement 3 modèles :
- Alpin, pour les sports de montagne
- Océan, pour la plongée (ou avec une combinaison)
- Trail, pour les sports d'endurance
- Océan, pour la plongée (ou avec une combinaison)
- Trail, pour les sports d'endurance
La version Alpine semble la plus populaire, surtout dans ce coloris Orange qui sied très bien avec le gros bouton latéral. Légère et respirante, cette boucle est idéale pour le sport en extérieur.
Seul reproche, elle reste moins facile à attacher qu'un scratch, et je crains que les crans d'attache ne s'abiment avec le temps. A 100€ pièce, on aimerait que ça dure plus que quelques sorties.
La version Océan offre un design plus discutable, rappelant sans doute le corail marin avec ses petits trous latéraux. Avec ses boucles en titane, et ses possibilités d'extensions, elle est censée offrir un niveau de résistance optimal pour la plongée.
Malheureusement, le maillon faible n'est sans doute pas là où l'on croit : en moins de 2H, l'une des deux attaches du boitier s'est défaite. Un petit ressort et deux ergots ont alors roulé sur le bureau. Mauvaise série ou pas, c'est peu rassurant, d'autant qu'on change souvent de bracelets sur ce genre de montre.
Nous n'avons pas encore reçu la version Trail, mais elle semble se rapprocher d'une boucle Sport, plus facile à enlever souvent et elle ne risque pas de tomber lorsqu'on défait le bracelet.
Tous les atouts de la Series 8
On ne reviendra pas ici sur les nouveautés de la Series 8 que l'on a testé récemment, mais l'Apple Watch Ultra reprend stricto sensu toutes les nouveautés de cette année, à savoir :
- la détection des accidents de voiture,
- La gestion des cycles chez la femme
- Le Bluetooth 5.3, idéal pour les AirPods Pro
- La gestion des cycles chez la femme
- Le Bluetooth 5.3, idéal pour les AirPods Pro
Autonomie : "déçu en bien !"
Les horlogers suisses ont l'habitude de se moquer de l'autonomie des montres connectées, qui ne dépassent que très rarement la journée -mais les utilisateurs, eux, sont se fait une raison.
La donne change lorsqu'on passe dans le
monde à l'envers, celui des montres sportives. Polar, Garmin... si certains se vantent d'avoir une autonomie de plusieurs mois, c'est rarement avec toutes les fonctions actives. Reste qu'une Garmin tient facilement la semaine, voire même un mois pour certaine, y compris avec un peu de sport au milieu.
Apple annonce 36H d'autonomie en usage normal, soit le double d'une Series 8. Mieux, la montre atteindrait 60H, y compris en activité sportive, mais en limitant l'accès aux capteurs.
iFixIt a démonté l'Apple Watch Ultra et a trouvé une batterie de 2,1wh contre 1,19wh sur la Series 8. Ce n'est donc pas
le doublede capacité, d'autant que notre Ultra affiche un plus grand écran, plus de capteurs et des ambitions sportives plus riches que sa petite soeur. Le marketing a donc un peu exagéré -mais c'est un pléonasme.
En pratique, nous avons constaté environ 50% d'autonomie en plus, dans le meilleur des cas. En clair, avec l'écran allumé, les notifications, quelques heures de sport au milieu, elle tiendra 2 jours pleins (2 jours et une nuit), voire peut-être une seconde nuit si vous ne l'avez pas trop sollicitée.
Durant notre randonnée de 4H, avec les 4 montres à 100%, écran toujours allumé, bluetooth désactivé, 4G inactive, et GPS au maximum, voici les résultats à l'arrivée :
• Apple Watch SE 2022 : 49%
• Apple Watch Series 8 : 50%
• Apple Watch Ultra : 64%
• Garmin Epix 2 : 80%
• Apple Watch Series 8 : 50%
• Apple Watch Ultra : 64%
• Garmin Epix 2 : 80%
Garmin caracole donc toujours loin devant, même si notre Ultra ne s'en sort pas si mal : elle pourra endurer une journée d'enregistrement sans trop de souci, là où la Series 8 s'arrêtait dans l'après-midi. En désactivant l'écran, et en limitant les points GPS ou en utilisant celui du téléphone, on peut espérer gagner quelques heures supplémentaires.
En revanche, l'Apple Watch consomme beaucoup trop en veille : même sur un bureau, elle perd presque autant qu'à votre poignet ! La frugalité de la Garmin est a contrario impressionnante : depuis notre randonnée, je ne l'ai toujours pas chargée et à l'heure où j'écris ces lignes (presque 3 jours après), elle affiche encore plus de 50% de batterie -entre temps, j'ai déjà chargé 2 fois les Apple Watch !
La promesse de 60H semble donc assez loin d'autant qu'Apple risque de dégrader largement les mesures. Reprenant le mode
Aventuredes Garmin, ce système devrait largement espacer les points GPS, les relevés cardiaques et limiter la luminosité de l'écran. Pratique pour un trail
à platou en mer], inutile en montagne ou en randonnée.
Un GPS double-fréquence, plus précis
Le passage du GPS L1 aux fréquences L1 et L5 est censé améliorer le positionnement -ça tombe bien, la concurrence est également équipée depuis belle lurette !
Apple n'a donc rien inventé, mais offre à ses clients exigeant ce qui se fait de mieux sur le papier. Durant notre randonnée, difficile de départager la Series 8 de l'Ultra : les traces se fondent presque l'une dans l'autre, malgré les corniches, falaises et autres dénivelés qui auraient pu favoriser le nouveau modèle.
Apple précise que les environnements urbains compliqués (avec des immeubles très hauts, par exemple) ou des feuillages denses, auront le plus d'impact sur l'amélioration du signal. On testera sans doute cet hiver dans un fond de vallée ou dans des forets très couvertes, mais je ne m'attends pas à des miracles : les GPS actuels fonctionnent quand-même très bien.
En revanche, sur certains passage de nos traces Garmin semble ponctuellement mieux se placer : regardez ici, les deux Apple Watch nous positionnent en haut d'une falaise, tandis que l'Epix 2 semble plus juste, et nous met bien sur le chemin en contrebas. Mais pour le reste, il faut bien le dire, tout ça se joue dans un mouchoir de poche.
Garmin (la trace claire) est la seule correcte devant cette falaise : les deux Apple Watch sont ont placé bien au dessus du chemin !
Dernier point intéressant, durant nos relevés, j'ai noté une différence assez significative du nombre de points GPS effectués par nos différents protagonistes :
• 632 chez Garmin
• 698 pour l'Apple Watch Ultra
• 794 pour l'Apple Watch Series 8
• 698 pour l'Apple Watch Ultra
• 794 pour l'Apple Watch Series 8
Vous noterez que plus la montre affiche une autonomie élevée, moins elle semble effectuer de points GPS ! Rien d'étonnant sur le papier (chaque relevé
coûtede l'énergie), mais assez amusant au sein d'une même gamme, de voir une Series 8 plus
préciseque sa grande soeur, surtout sur un tracé sportif.
2 montres, 2 ambiances
Effectuer un test comparatif entre deux modèles en apparence assez proches, permet de se rendre compte de philosophie parfois à l'opposé -chacun avec ses atouts, comme ses faiblesses. C'est parti pour les départager !
Tactile vs gros boutons
Comparer Nokia/Blackberry et Garmin ne me parait pas très pertinent, même si sur le papier, on serait tenté de le faire : là où Apple a totalement pensé sa montre pour le tactile, son concurrent hérite d'un monde plus physique, où la présence de boutons rassure, souvent à raison.
C'est vrai, l'Apple Watch a des années d'avance en matière d'ergonomie, de réactivité, de fluidité même... et sans doute de puissance (je doute que la Garmin puisse jouer une vidéo YouTube en H.265 par exemple). Bien que tactile, notre Epix 2 ne fait pas le poids, surtout avec son écran arrondi, qui ne facilite pas l'affichage des menus verticaux.
Pourtant à l'usage, beaucoup préféreront quand-même la Garmin : en désactivant le tactile, on gagne non seulement en autonomie, mais cela permet surtout de
verrouillerses actions. Sur l'Apple Watch, il y a sans-cesse des alertes qui apparaissent (pour la boussole, le détection d'une pause etc.) et l'on clique parfois au mouvais endroit -où l'on oublie de cliquer sur
continueret Apple nous stoppe notre activité.
Les intempéries, les mains mouillées, le froid... Dans ses sublimes films publicitaires, Apple a sans doute oublié que le tactile n'aimait pas l'eau ni les doigts gras ou humides. Ce n'est pas le bouton supplémentaire (qui ne sert que de raccourci pour UNE fonction) qui viendra vous sauver ! Seul le mode plongée permet de bloquer l'écran, Apple ne propose pas de fonction similaire en dehors de ces activités.
Alors que l'automne s'installe doucement, on aura vite compris (pour reprendre ma métaphore) que l'Apple Watch Ultra a des allures de SUV urbain lorsqu'elle déboule chez les gros 4x4 franchiseur ! La montre des beaux quartiers n'est pas vraiment taillée pour la boue et la pluie, Apple n'a pas fait le travail pour être utilisable dans ces environnement, un poins probablement bloquant pour de nombreux sportifs.
Apps intégrées : pas dans la même cour
En partant en rando, j'avais pour dessein de n'utiliser que les apps intégrées à la montre. Pas de Nike+, de Strava, Workoutdoor ou d'iphigénie sur l'Apple Watch, et pas de connectivité. Même si toute activité se prépare un minimum, je voulais surtout voir ce que chacun avait à proposer nativement.
Sans surprise, Garmin impressionne. Par défaut, vous avez déjà toutes les cartes Offline ! C'est peut-être un détail pour vous, mais pour un sportif, cela veut dire beaucoup. Perdu au fin fond du maquis corse ou d'un fond de vallée alpine, vous avez oublié de précharger iphigénie et vous n'avez plus qu'à demander votre chemin ! Mais les lacunes de l'Apple Watch ne s'arrêtent pas là, elles concernent aussi les données en activité.
Par exemple, Apple ne gère pas la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC) -c'est à dire, votre niveau de récupération. Une fonction bien présente sur la Garmin, qui survole littéralement la discipline -Apple vient seulement d'intégrer les paliers cardiaques à ses apps ! On précisera d'ailleurs que chez Garmin, on peut les confronter à ceux d'autres coureurs, pour se faire une idée de la course en cours. Il est même possible d'importer ses tracés avec Climb Pro, chose impensable sur l'Apple Watch, en dehors d'apps spécialisées, comme WorkOutDoors.
L'Apple Watch se rattrape avec quelques nouveautés bien pratiques, comme la fonction "backtrack" (Retour au point de départ) qui permet de semer des petits points GPS (comme des cailloux) pour faire demi-tour en cas de besoin. Ou encore la fonction
point de repèrequi permet de marquer des lieux (à vie). Cela fait bien maigre face à Garmin, vous ne trouvez pas ?
Enfin, comme nous le faisaient remarquer certains lecteurs, Garmin possède de solides partenariats avec les équipementiers : ceinture cardiaque, capteur de puissance, cadence de pédalage, dérailleurs Shimano, capteurs de vitesse... Apple cible ses partenaires (machines de salles de sport etc.) mais mettra des années avant de proposer autant de matériels compatibles. Ne sous-estimons pas Apple, mais rien n'ayant été annoncé à la keynote, il n'est même pas dit que la firme s'y intéresse vraiment !
Apps iOS, Cloud : Apple a encore du boulot !
Apple n'a pas non plus compris qu'un sportif un peu geek a aussi besoin d'un niveau de granularité plus important dans les données recueillies, qu'un coureur du dimanche à Central Park.
Déjà en fin de course, la Garmin affiche au moins trois fois plus d'informations que l'Apple Watch ! Durant notre randonnée, impossible par exemple, d'avoir notre vitesse en activité -Apple compte les pauses dans la vitesse moyenne globale. Aérobie, moyennes relatives, maximum/minimum, dénivelés positifs/négatifs, calories au repos... L'inflation est peut-être parfois excessive, mais c'est aussi le but de ces petits traqueurs.
C'est encore pire au niveau des cartes et des graphes, les dessins très
playskoold'Apple ne font pas oublier qu'ils manquent cruellement d'informations essentielles. Là où Garmin permet d'afficher votre trace en fonction de l'allure, l'altitude, la fréquence cardiaque, Apple manque de légende et d'options.
Même chose pour les graphiques : chez Garmin, on peut passer en plein écran, zoomer, mixer les données et les exporter de façon très complète. Apple affiche des vues macro et il faudrait un microscope pour en tirer la moindre information -c'est d'autant plus aberrant sur de longs parcours.
Garmin propose également un portail web encore plus complet que ses applications mobiles. On y retrouve toutes les sortie, les données de santé, mais bien plus encore. On peut y exporter et importer des trace GPX, préparer des futures activités, gérer son calendrier et consulter chaque domaine (fréquence cardiaque, hydratation, respiration...) de façon indépendante... et sur grand écran !
Pour les sportifs, mais pas que !
Après une semaine à mon poignet, l'Apple Watch Ultra sera clairement mon Apple Watch du quotidien : j'adore le fait qu'elle ait grossi sur tous les aspects, écran, luminosité, batterie... C'est vraiment l'Apple Watch que j'attendais, bien au delà des fonctions sportives.
C'est d'ailleurs peut-être ce qui la différencie de la Garmin : pour beaucoup, le design de l'Epix est rédhibitoire pour un usage de tous les jours. A titre personnel, je ne la trouve pas repoussante, certains cadrans sont même très réussis, et ses matériaux relativement nobles. Je la trouve aussi plus discrète, moins saillante sur un poignet.
La question de savoir si Apple a rattrapé Garmin ne se pose même pas : même affublé de son sigle Ultra, cette nouvelle Watch fait effectivement penser à un 4x4 des périurbains. Elle a des capacités, très nettes, de bons capteurs, mais elle manque cruellement d'écosystème sportif. Apple doit impérativement développer un portail web, un système de carte offline, améliorer le détail des informations pendant et après la course et envisager de s'allier avec des équipementiers pour espérer faire changer de braquet des millions de sportifs confirmés.
Un mot sur l'autonomie, qui pourrait se résumer ainsi : une belle promesse sur le papier. En attendant le mode économie d'énergie, il faudrait surtout que la Pomme travaille sur la consommation
au reposde sa montre, qui ne permet pas de la laisser de côté plusieurs jours, comme la Garmin, sans qu'elle ne se vide totalement. Si vous partez deux jours (et 3 nuits) en trek, l'Apple Watch Ultra s'éteindra probablement au milieu de la deuxième journée, la Garmin étant encore à 60%. Vous voyez le souci ?
Le
problème(coucou Léo Duff) avec l'Apple Watch, c'est qu'elle est trop polyvalente : CarKey, Apple Pay, la 4G, la puissance de calcul... Tout ça coûte cher et un objet qui fait trop de choses à la fois peine à se concentrer sur une seule activité.
A plus de 1000€, et contrairement à ce que j'ai pu lire/entendre, l'Apple Watch Ultra n'est pas spécialement chère. Vu les matériaux utilisés (Titane, céramique technique, verre en saphir...) et le nombre de capteurs, elle est même plutôt dans les prix de la concurrence. En revanche, pour un usage
Apple Watch, c'est à dire, changée tous les 2/3 ans, le tarif picote un peu, en effet. Et en pratique, je pense qu'elle sera surtout achetée par ce second groupe d'individus, et Apple le sait bien : les belles images en Trek sont là pour la promotion, mais l'on en verra probablement plus à Paris que pendant l'UTMB !
Ne sous-estimons pas Apple, personne n'aurait pensé qu'elle remplacerait quelques belles montres suisses dans les beaux quartiers, et il n'est pourtant pas rare de voir un propriétaire de Porsche Taycan ou de BMW iX sortir de son véhicule avec une Apple Watch : ouvrir sa voiture, payer, faire du sport le week-end, aucune autre montre n'offre autant de polyvalence, dans un si petit boitier. Si l'Apple Watch n'a pas tué Patek Philippe et n'aura probablement pas la peau de Garmin, elle peut se positionner comme un compromis acceptable entre les deux mondes. Après tout, ce n'est pas ce qu'on lui demande ?
En conclusion
Avec l'Apple Watch Ultra, Apple affirme enfin sa volonté de monter en gamme chez les sportifs, mais pas seulement ! Avec des capacités supplémentaires (écran, autonomie, robustesse), cette Apple Watch 4x4 permet enfin de sortir des villes, mais pas encore sur tous les terrains. Son autonomie reste limitée et l'écosystème (hardware/logiciel) est encore bien loin de celui de Garmin.