Chronologie des médias : les menaces de Canal+ après l'accord de Disney+
Par Laurence - Publié le
un accord jugé inéquitable
Jusqu’à présent, tout le monde devait patienter dix-sept mois avant de proposer des films en streaming à quelques exceptions près. Netflix bénéficiait d'un petit avantage à 15 mois. Canal+, en échange d’un investissement conséquent dans le cinéma français (220 millions d’euros par an), jouissait d’un confortable délai de six mois.
Mais l’accord signé avec Disney+ relance la donne, et ce, pour des conditions financières inéquitables selon le groupe français. L'Américain a accepté de consacrer 25 % de son chiffre d’affaires réalisé en France au financement de la création locale. Pour 35 millions d’euros annuels, la plateforme américaines bénéficie
Face à cette situation, Maxime Saada, président du groupe Canal+, n’a pas caché son agacement. Lors de son audition devant les sénateurs le 29 janvier, il a souligné l’importance du rôle de Canal+ dans l’écosystème cinématographique français.
Le succès du cinéma français est unique et il n’existerait pas sans le soutien de Canal+.
Une remise en cause du financement du cinéma français
La question est simple : pourquoi continuer à verser 220 millions d’euros pour bénéficier d’une exclusivité de six mois, alors que Disney obtient neuf mois, soit un tiers en plus en contrepartie d'une somme six fois inférieure ? Un vrai sujet selon le grand patron. Et ce dernier sous-entend même que Canal+ pourrait revoir drastiquement sa contribution, évoquant une réduction possible de 50 millions d’euros.
Voici une menace qui n’est pas à prendre à la légère : Canal+ a déjà montré par le passé qu’il pouvait retirer son financement lorsqu’un modèle économique ne lui convenait plus. On se rappelle de la renégociation des droits de la Ligue 1, où la chaîne cryptée avait refusé de surenchérir, et ce, sans conséquence notable sur son nombre d’abonnés en France.
Bref, l'ultimatum est clair : soit l’industrie du cinéma français continue à s’appuyer sur le financement de Canal+ (et à accepter une certaine dépendance), soit elle choisit de diversifier ses partenaires (en risquant de perdre tout ou partie des investissements du groupe). Autrement dit le secteur a-t-il les moyens de
perdre 150 ou 200 millions d’investissements du groupe Canal ?