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Apple face à la justice : 12 000 femmes dénoncent l'inégalité salariale

Par Laurence - Publié le

Apple fait face à un recours collectif intenté au nom de 12 000 femmes, qui sont actuellement employées ou l’ont été en Californie. Elle est en effet accusée de pratiques salariales discriminatoires à leur encontre. Cette affaire pourrait avoir des conséquences majeures pour la marque, mais aussi, plus largement, pour les pratiques salariales dans le secteur technologique.

Apple face à la justice : 12 000 femmes dénoncent l'inégalité salariale


Une procédure chaotique



La décision d'Ethan P. Schulman, juge de la Cour supérieure de Californie, n'est pas vraiment en faveur d'Apple. Pour lui, il existait une possibilité raisonnable qu’Apple ait payé illégalement moins les femmes que les hommes. Cette décision permet de poursuivre cette procédure contre Apple, malgré les tentatives de l’entreprise de faire rejeter l’affaire. Selon le juge, les premières preuves évoquent des inégalités salariales systématiques au sein des divisions d’ingénierie, d’AppleCare et de marketing basées en Californie.

Pour comprendre ce dossier, il faut revenir un peu en arrière. En effet, la question des inégalités salariales chez Apple a émergé en 2021 avec #AppleToo, lorsqu’une enquête interne, menée par des employés, a révélé une disparité salariale de 6 % entre hommes et femmes dans des fonctions techniques. Cette étude a noté des écarts ethniques avec des différences de 5,06 % de moins pour des employés de minorités. De même, les primes en actions auraient été en moyenne octroyées 11 % plus tard pour ces dernières.

#AppleToo est un mouvement initié par des employés d’Apple en 2021 pour dénoncer des problèmes internes tels que le harcèlement, la discrimination, les disparités salariales, et d’autres dysfonctionnements liés à la culture d’entreprise. Ce mouvement s’inscrit dans la lignée d'autres initiatives du moment #MeToo et #TimesUp. Ces dernières cherchaient à donner une voix aux employés confrontés à des injustices au sein de leur emploi et à exiger une plus grande transparence et responsabilité de la part de l’entreprise.


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Que repproche-t-on à Apple



Au vu de ces résultats, Apple a interdit toute nouvelle analyse interne de ce type, tout en déclarant être engagée en faveur de l’équité salariale. Mais le mal était fait et le procès dans les tuyaux. Dans ce recours, on retiendra trois accusations principales formées contre Cupertino.

1. Des pratiques de recrutement ; Apple aurait demandé un historique des précédentes rémunérations et les attentes salariales des candidats lors des recrutements, ce qui aurait contribué à perpétuer les inégalités préexistantes. Par la suite, l’entreprise a continué de solliciter les attentes salariales, un facteur qui pourrait défavoriser les femmes, souvent moins confiantes dans leurs demandes de rémunération.

2. Évaluations des employés : Il est reproché à Apple de mener des évaluations de performance qui favorisent les hommes au détriment des femmes pour des comportements similaires. Par exemple, des comportements assertifs pourraient être perçus positivement chez les hommes, mais interprétés comme agressifs chez les femmes.

3. Pratiques d'évaluation internes : Les tests de compétences (tels qu'ils étaient menés) auraient conduit à des inégalités salariales entre hommes et femmes ayant des compétences comparables.

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A travail égal, salaire égal ?



De son côté, Cupertino a déclaré s'être engagée fermement et de longue date en faveur de l’équité salariale. Elle affirme qu’à l’échelle mondiale, les employés de tous genres et ethnies reçoivent une rémunération équivalente pour un travail similaire et des performances comparables. Elle indique également revoir chaque année la rémunération de ses employés pour garantir l’équité salariale.

Cependant, la question reste de savoir si les pratiques passées et actuelles d’Apple satisfont les exigences de la loi californienne sur l’égalité salariale, qui impose aux entreprises de s’assurer que leurs processus de recrutement et d’évaluation ne génèrent pas involontairement des disparités salariales.

Cette affaire illustre une problématique récurrente dans l’industrie technologique, où les inégalités salariales continuent de faire débat. Le recours collectif contre Apple pourrait créer un précédent juridique important, incitant les entreprises à revoir leurs politiques salariales et leurs méthodes d’évaluation. En attendant, l’issue de ce procès pourrait redéfinir les attentes en matière d’équité salariale dans le secteur technologique américain.


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